Strong and Independant;
« Oh how I will leave you there again;
Deep within my head of stone. »
Elle porte sa tasse à ses lèvres, ses doigts gantés ressentant la chaleur émanant difficilement du contenant moldu dans lequel elle s'était versé un savoureux thé à la menthe poivrée. De sa bouche s'échappe un filament de brume, une expiration entremêlée d'un sourire satisfait, béat.
L'hiver, ici, n'avait rien à voir aux hivers connus en Norvège, malgré que le temps, à cette période de l'année, était généralement doux. Certes, il y avait par moments de la neige, mais elle ne restait jamais bien longtemps, les montagnes et les rivières chaudes empêchant celle-ci de rester.
La neige qui était présente à Poudlard et ses environs, surtout dans ces quantités, était plus que surprenante, surtout pour l'endroit où l'école était située, mais elle ne s'était jamais réellement penchée sur le sujet plus qu'il ne le fallait. Malgré la neige, il ne faisait pas intensément froid – pas assez pour que le froid entre dans ses os, martyrise son corps, la fasse trembler toute entière. Elle était agréable, tombait doucement, effleurait ses joues rougies, se perdait dans son manteau blanc, fondait contre ses gants.
L'enseignante avait pris l'habitude de marcher dans le parc afin de se retrouver seule avec elle-même, afin d'activer son corps lorsque le silence commençait à l'immobiliser, à atrophier ses sens, à faire valser ses pensées. Marcher lui permettait d'extérioriser, de remettre de l'ordre, de se retrouver entre toutes les pensées sinueuses et désagréables qui pouvaient l'assaillir.
En cet après-midi ensoleillée, plusieurs élèves – et enseignants – semblaient avoir suivi son exemple. Elles en voyaient certains discuter en petits groupes, tandis que d'autres ne faisaient que marcher paisiblement, ou riaient, se lançant des balles de neige.
Elle entendait au loin un chien japper, l'avait vu courir pour attraper une balle à plusieurs reprises dans des aller-retours énergiques. C'est cependant lorsqu'elle ne vit plus la bête courir, puis qu'elle l'entendit japper différemment, que son attention fut captée.
Cherchant l'origine du bruit, elle vit au loin deux silhouettes, dont celle de l'animal qui s'époumonait encore.
Galen.
C'était elle, là, par terre, qui gesticulait pour que son chien cesse de japper alors qu'il sautait autour d'elle, les oreilles bien hautes, le corps en alerte. Elle l'avait reconnue à sa chevelure, presque instinctivement, une étincelle dans sa tête.
Elles s'étaient croisées deux, peut-être trois fois depuis qu'elle enseignait à Poudlard. Celle-ci était souvent dehors, dehors avec les dragons, dehors, très haut dans le ciel, sur une créature ailée, avec ses élèves. Elle ne connaissait pas grand-chose de la dame; ne serait-ce que sa réputation, de ce que les élèves disaient d'elle et de son comportement, de ses méthodes pédagogiques. Elle l'avait déjà entendu parler : sa voix avait des tons plutôt forts, contrastant aux siens qui se voulaient plus doux. La voyant, peut-être par ce qu'elle dégageait, de par sa personnalité écrasante, elle s'était résolue que ce serait une mauvaise idée de même converser avec elle.
Inconsciemment. Très inconsciemment – par habitude, par les maints souvenirs d'élèves, de collègues et de connaissances de ce genre qui avaient fini par l'écraser, il y a de cela une éternité.
C'est ces pensées çà et là qui hantaient sa tête lorsqu'elle comprit la situation, ces mêmes pensées s'effaçant tout aussi rapidement qu'elles étaient arrivées lorsque le déclic se fut, lorsqu'elle comprit que la dragonnière avait besoin d'aide – qu'elle n'arrivait vraisemblablement pas à se relever. Ses mains toujours agrippées à sa tasse sans poignée, la Scandinave s'était dépêchée à venir à sa rencontre, s'agenouillant à ses côtés, la tête penchée légèrement, le regard scintillant d'une lueur inquiète.
▬ Est-ce que ça va? Enfin... Évidemment que ça ne va pas – elle ne resterait pas par terre si c'était le cas.
Qu'est-ce qui ne va pas? Puis-je te venir en aide?Léger gémissement du chien à côté d'elle, qui semblait observer attentivement la scène. Aignéis se racle la gorge, avale difficilement, prise d'une certaine – et imperceptible – angoisse.