Le Deal du moment :
Display One Piece Card Game Japon OP-08 – Two ...
Voir le deal

Partagez
 

 Purple rain -Darwin

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage


Hibou
Deborah Bolton


Messages : 54

Date d'inscription : 10/08/2016

Feat : original de Pippa McManus

Double Compte : Duduke et Rosavipère

Deborah Bolton





Purple rain -Darwin
04.01.17 12:45

Comme une jeune pousse qui s’ouvre au monde, le nom de Darwin avait éclos dans sa bouche comme un bouton de fleur qui se dore sous les rayons du soleil. Et la demande s’était envolée pour mieux se nicher dans les oreilles du garçon, un son éphémère, une pensée dérobée, une rêvasserie sans doute comme elle avait dû se demander à cet instant même quel effet cela devait-il être que d’être la cavalière de l’intriguant Darwin Moore. Alors elle avait un instant encore, de plus, sourit sans autre espoir. Car cela l’avait ainsi prise semblable à un doux caprice.
Mais Darwin lui avait dit oui, et il y avait eu cette soudaine irruption de la réalité dans sa vie.
Deborah Bolton et Darwin Moore.
Une tendre excitation avait égayé sa vie à cette idée, à peine plus en réalité mais bien suffisamment pour que cela devienne important aux yeux de Deborah.
Elle s’était appliquée pour que jamais son cavalier ne puisse penser « ah si seulement j’avais pu avoir quelqu’un d’autre », car il y avait cette envie normale d’être suffisante, d’être assez, d’être ce tout qu’elle ne serait néanmoins jamais comme leur nébuleuse relation ne leur permettrait pas cette fantaisie. Si Deborah était une brise éphémère, Darwin lui était un nuage. Deux êtres trop éthérés pour se saisir vraiment l’un de l’autre. Et peut-être que cela était mieux ainsi, peut-être que s’imaginer était tout ce qui devait leur suffire.
Et malgré tout, en pénétrant dans la salle de bal, lorsque leur nom avait été annoncé, Deborah avait retenu son souffle, un sourire discret, un mordillement des lèvres, un émerveillement, une appréhension. En balayant les convives dissimulés sous les artifices des masques, des toilettes exorbitantes, son regard était bien vite venu se réfugier contre l’épaule rassurante de son cavalier, une joue déposée. Une pensée encore lui était venue.

_ Regarde ! Tout ce monde, et ces belles robes, ces belles parures, certaines brillent tellement qu’on dirait de l’or ou des diamants ! Ces gens sont fous ! De quoi avons-nous l’air ? Oh Darwin c’est un conte de fée ou un habile jeu d’hypocrisie… Tu crois qu’on leur plait ? Comment allons-nous nous en sortir ? Je ne sais rien de ces mondanités, et toi Darwin, sais-tu ce qu’il faut faire ?

Car sous ces masques, de ces seuls regards inquisiteurs qui les dévisageaient sans qu’eux-mêmes ne puissent être entraperçus, ce fut comme un nouveau monde dont elle poussait à peine le battant de la porte. Un monde de rumeurs, d’intrigues et de complots où chaque geste et chaque parole compteraient, où tout serait déformé, où rien ne serait jamais la réalité. Deborah s’y sentit à la fois étrangement mal à l’aise et étrangement confortable.
Lui vint encore l’idée que sous le masque de son partenaire d’un soir, il s’agissait bien de Darwin Moore, l’insaisissable Darwin dont elle peinait aujourd’hui à suivre les traits du visage qui disparaissaient sous les reliefs du masque. Et qui était-il alors ? Lui qu’elle inventait sans jamais connaître plus que ce qu’il offrait, que ce qu’il retenait, que ce qu’il cachait. Cacher ? Et que lui cachait-il encore ? Quel était le Darwin qui se dissimulait si bien, qui se dérobait si bien à ses curieuses prunelles.
Soudain, elle aurait eu tant de choses à lui dire.
Elle s’en étonna.

_ Darwin, d’entre tous, tu es celui qui porte le mieux le masque.

Et sous le compliment, le sous-entendu perçait. Mais elle savait qu’il comprendrait ce qu’elle désirait lui dire. Car il devait bien avoir conscience de l’impression, de la sensation trouble qu’il pouvait donner. Il devait, n’est-ce pas ? Puisque Darwin, ce soir-là, devait être son seul étranger. Cela lui plaisait. Car il était comme un homme venu d’une autre contrée et qu’elle serait la seule ce soir-là à deviner, à toucher du bout de ses doigts.
Elle effleura sa main.
Elle se demanda ; la ferait-il danser ? Darwin Moore savait-il seulement danser ? Et s’il ne voulait pas ? Alors la réponse lui vint avec évidence. Ce ne serait pas grave bien sûr, comme passer une simple soirée –simple ? non, car Darwin n’était pas simple. Deborah le devinait complexe. Cela lui suffisait. Car ce soir, malgré les envies, les rêves, elle ne désirait rien d’autre et se contentait de ce que la réalité avait à lui offrir.
Car Darwin en étant ce qu’elle connaissait le moins était tout à la fois celui qu’elle connaissait le plus. Tout en gardant sa douce euphorie, elle se délesta de quelques frémissements inquiets, détendue tout contre l’épaule de Darwin où il lui semblait que rien n’arriverait jamais.
Elle souffla une vérité, quelques mots murmurés.

_ Darwin. Comment se fait-il que nous soyons ainsi ? Comment faire pour te comprendre ? Oui. J'aimerai tant.

Mais déjà, alors qu’elle interrogeait, qu'elle s'interrogeait et que ses mots vraiment n'appelaient aucune réponse, comme elle savait en elle-même que cela n'était pas à sa portée, en raison de ce qu'il était, de ce qu'elle-même représentait, son buste s’éloigna enfin du garçon qu'elle contournait pour mieux se placer devant lui. Elle fit un tour sur elle-même, les tuiles de sa robe blanche voltigèrent autour de ses fines cuisses. D’un doigt distrait, elle lissa le toucher d’un énorme nœud papillon enroulé autour de son cou et qui complétait son étrange toilette. Car Deborah n’était ni fatale ni élégante. Deborah était féerique et suggérait tout un autre monde, imaginaire, merveilleux sans doute et irréel.

_ Je me suis faite belle pour toi.

Et elle s’amusa comme il y avait à la fois une part de vérité et une part de mensonge. Car Deborah s'était faite belle pour le monde entier. Et surtout dans ce désir bien simple de ne pas se noyer parmi la masse. Le besoin d'être unique et qu'on le lui reconnaisse. Sa main glissa sur ses lèvres entrouvertes, étouffa un rire de lutin qui eut pour effet d’éveiller de minuscules papillons qui ornaient sa coiffure et qui s’envolèrent comme par enchantement, quelques centimètres au-dessus de sa tête avant de rejoindre leur place initiale.  
Un sérieux qui n’en était pas un la saisit ensuite, un œil bleu et pétillant mystifié par les contours d’une innocence à travers un masque vénitien orné de cinq plumes blanches.

_ Darwin, Darwin. Il y a quelque chose que je veux faire. Parce que je me demande oui...

Et toute entière tournée vers l’iris insondable de Darwin Moore, elle lui tendit deux mains grandes ouvertes qui paraissaient vouloir tant promettre, tant dire.  Les commissures de ses lèvres étirées, elle ferma les yeux, espiègle, mutine, paisible encore. Elle brilla par cette remarquable ingénuité, une phrase en suspend, secrète. Elle se demanda oui, imagina dans l'espace infini de cette rêverie qui la saisissait toujours avec émotion, puisqu'avec émotion oui, elle songea qu'elle n'avait jamais entendu les vibrations de tous ces éclats de rire qu'elle ne lui connaissait pas. Et comment était donc ce rire ? Soudain, il n'y eut rien de plus intriguant, comme le luxe, comme les dorures n'arrivaient pas à la cheville de ce qui devait être le rire de Darwin. Et elle aurait voulu l'entendre badiner, s’esclaffer, tout en se disant oui, que cela ne lui allait terriblement pas.

Alors seulement, à cet instant précis, Deborah éprouva une infinie tendresse pour ce Darwin.

_ Je veux te donner du bonheur.




Excellente idée la robe en spoiler, j'en suis:
Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Rain of Madness
» Naïr Aquae ~Let's singing in the rain !~
» My head's above the rain and roses | Roméro
» ~Don't rain on my parade ! - Naïr Aquae ~
» What does the fox say — Darwin

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Firewhisky :: Ailleurs :: Londres :: Le Château d'Hiver-
Sauter vers: