évite-moi, s'il-te-plait
j'aimerais te dire, te répéter
non, je ne t'aime pas, ça n'a pas changé
j'aimerais te dire, te répéter
nous deux, c'est pas possible, désolé
(( oublie-moi, s'il-te-plait ))
Parfois la vie est injuste et il arrive, parfois, qu'elle le soit encore plus envers certaine personne. Semblerait que j'ai noyé une dizaine de petits chats particulièrement mignons ou que j'écoutais en boucle l'album de JUL dans une vie antérieure, vu la vie de merde que je me trainais, parce qu'à ce niveau-là, c'était illégal.
Quoiqu'il en soit, j'étais dans la merde. Une fois n'est pas coutume, comme on dit.
Bah, justement, ça devenait un peu trop une habitude à mon goût ! Devez bien se marrer là-haut, ces connards...
mangez vos morts... marmonnais-je inaudiblement dans ma barbe, d'un air blasé.
Il y a des gens que je n'apprécie pas, ou plutôt, je tolère un nombre limité de personne - genre pas des masses - et il se trouve que
ce mec n'en faisait
certainement pas parti.
On avait un nouveau devoir commun en potion et, une nouvelle fois, les pairs étaient imposés.
Okay, je savais que qui que soit la personne, ça n'allait pas le faire. Mais
lui. Genre,
lui.
C'était du foutage de gueule.
Assis à l'une des tables de l'immense bibliothèque du château, les yeux rivés sur sa petite personne, je l'observais alors même qu'il s'était dirigé vers une étagère au plafond inatteignable. Mes prunelles s'assombrir et sans m'en rendre compte, je contractais mes muscles avec une hargne au cœur qui semblait m'habiter depuis la connaissance de
ce garçon. L'air droit, le menton relevé, je semblait le mettre au défi alors même qu'il ne me regardait pas. Pourtant.
Pourtant. Je ne pouvais faire autrement. Il était là. Simplement
là. Si léger, si sensé, si...
lui. Ca m'horripilais. Ca m'énervais. Ca m'agaçais. Parmi tout les élèves, il avait fallut que ce soit
lui.
garçon perdu et abandonné
ne connaît pas la stabilité
alors d'une haine excessive
il sort les crocs de manière agressiveJe soupirais.
(délicatement)
j'aimerais crier, hurler au monde
j'aimerais tout arrêter, tout cesser
j'aimerais comprendre, juste comprendre
est-ce moi contre le monde ?
Je déportais mon regard de sa silhouette pour le laisser glisser sur le livre qui me faisait face sans la moindre conviction. L'air lasse et étrangement fatigué, mes doigts caressaient le papier jauni et abimé par le temps, mes pieds raclant le sol de la pointe des chaussures, alors que j'inspirais imperceptiblement comme si j'essayais d'endiguer une émotion que je ne contrôlais pas et qui me connaissais que trop bien : la colère.
nous n'avons pas la même chance
pas la même vie, pas la même existence
jaloux, envieux d'un air d'innocence
d'une vie sans douleur ni démencebon, tu trouves un truc ? lâchais-je, sans même le regarder, mes yeux incendiant le vieux bouquin sans raison aucune, alors que ma voix s'était élevé d'une façon un peu trop distincte dans le silence ambiant de la bibliothèque.
Parce qu'on a pas toute la journée Maurice, alors ça serait bien de grouiller ton cul. C'était l'idée générale à travers cette phrase et ça, même si j'en foutais pas une de mon côté. Comme si j'allais me fouler. La bonne blague. J'y arriverais tout aussi bien tout seul.
sale gamin, petit abruti
qui de haut de ses talons
pense que le monde est à lui
oubliant qui il est vraimentévite-moi, s'il-te-plait