Evidemment qu’elle ne comptait pas abandonner. C’était une Nails après tout, stupidement bornée comme son frère. Bref, je devais faire avec, autant laisser tomber cette peur qui me paralysait avec toutes les méthodes que je connaissais. Après tout Aileas comptait aussi sur moi. Et je ne savais pas si elle mesurait l’implication, ni le danger de ce que nous étions en train de faire, mais il n’y avait pas que des acromentules et des centaures. Non la forêt interdite recelait de créatures bien plus terrifiantes. Et puis bon, je ne citerai pas les araignées géantes comme étant les plus triviales. Mon sort en revanche, bien que parti d’une bonne idée ne révéla rien. Calmons-nous. Ce résultat pouvait signifier plusieurs choses. Dans le pire des cas, Kieran était tout simplement décédé. Ou il était simplement hors de portée. Au mieux il avait déjà quitté cet endroit. Prions pour les deux dernières possibilités.
Aileas trépignait pour qu’on continue à avancer, je m’apprêtais à le faire quand un bruit d’aile et une voix s’éleva au dessus de nous. La chouette du directeur. Merde. Avant que je puisse prononcer la moindre exclamation, nous nous retrouvions devant la forêt Cela faisait 30 points en moins pour notre maison. Par ma faute. Pas très joli pour un préfet. Pendant quelques secondes j’en voulais à Aileas et Kieran. Pendant ces quelques secondes avant que je réalise que c’était ma faute. C’était moi qui m’était laissé embarqué par son émotion, par sa stupidité. Non. Ma stupidité. En l’occurrence, c’était moi l’idiot dans ce scénario. La mine sombre, je ne disais rien et je ne bougeais pas d’un poil. Ma jeune comparse, en revanche, tentait de m’attirer de nouveau vers la forêt. Je la retenais par la main.
C’était ma faute, j’avais tort, certes. Et oui, je pensais toujours que quelques stupides points n’avait pas de poids comparés à la vie de Kieran. Mais je réalisais à quel point j’avais été stupide et que j’aurai dû suivre ma première intuition. Ce fut donc d’un ton sévère et déterminé que je lui dis :
« Non.»
Il était temps de revenir à la réalité. La bonne, dure réalité.
« Reviens sur terre, Aileas. On nous a retrouvé. Et on y retourne et puis quoi ? On retourne à la case départ à l’infini ? Ca ne sert à rien. On ne fait que perdre du temps. Si cette chouette nous a trouvé, elle cherche sûrement après Kieran. On ne ferait qu’empirer les choses.»
J’avais probablement était trop gentil, trop mou, trop malléable. Trop à chercher à plaire. En tout cas cette chouette venait de me mettre une gifle. Pas juste en me rappelant mes attribution, juste en me rappelant au bon sens. Comment faisait-elle pour ne pas voir à quel point y retourner était stupide? A quel point ça n’aidait pas Kieran, mais au contraire, compromettait sa sécurité ? Ah oui. La peur. La panique. La détresse, l’émotion. Et comme je savais déjà quel genre d’accusation elle allait me lancer, j’ajoutais d’un ton beaucoup moins calme :
« Et ne vas pas t’imaginer que je dis ça juste parce qu’on vient de perdre des points ! Parce que si tu as l’audace, oui l’audace, d’y retourner, crois-moi que je t’enlèverai des points jusqu’à ce que serdaigle ait un compte négatif. »
Je lui lançais un regard furieux pour lui signifier que je ne plaisantais pas. Si je devais utiliser ma baguette pour l’en empêcher je le ferai - sans utiliser de sortilège blessant. Je la transporterai chez le dirlo s’il le faut. J’étais en colère, mais pas contre elle même si malheureusement cela se percevait dans ma voix.
« Je sais que c’est difficile mais pour une fois dans ta vie, réfléchis. Aie confiance aux autres. Personne ne va abandonner Kieran dans la forêt. Laisse-les secours s’en occuper.. »
Rief ne voulait pas bouger, il restait planter là me retenant par la main alors que je le relâchais. Son ton sévère me surpris et je m’arrêtai un instant. Non ? Il me disait non ? J’essayai de m’arracher de son emprise alors que le garçon essayait de me raisonner. Je ne l’écoutais plus car tout ce que je voulais c’était retourner dans la forêt. Que cette maudite chouette me ramène autant qu’elle le veuille, je n’abandonnerais pas mon frangin. Rief avait peur, normal, mais il ne voulait surtout pas se faire réprimander un peu plus. Son image de préfet paraissait plus importante que de sauver Kiki. Ça me dégoûtait tellement. Tout ça pour de putains de saphirs dans un sablier quoi.
« Lâche-moi. Si tu savais comment je m’en branle des points. Il y a rien de plus stupides que ça. Enlève autant de points que tu veux, je m’en fous. Faudra m’attacher pour m'arrêter. Il y a personne, ni toi, ni cette chouette, qui m’empêchera d’y retourner. »
Qu’il me regarde avec ses yeux noirs aussi longtemps qu’il le voulait, sa colère était le cadet de mes soucis. Puis, il n’impressionnait personne.
« L’unique individu en qui j’ai confiance ici c’est mon frangin, alors ne me demande pas d’attendre patiemment ici et laisser faire les secours. Je peux pas, je dois agir. »
Sans m’arrêter, je continuai à vouloir me libérer. Des larmes de rage et de désespoir coulaient sur mes joues. Rief, la situation, la peur, ils me mettaient hors de moi. Pour une fois, j’aimerais être Bruce Banner et me transformer en Hulk. Je chasserais alors le préfet d’une pichenette tel un moustique. Mais j’étais faible et je ne réussissais même pas à le faire lâcher prise. Fait chier.
Peu à peu, mes forces m’abandonnaient pour ne laisser qu’un immense vide. J’en arrivai au point où je restai planter là, à pleurer comme une idiote sans aucune possibilité de me sauver. Je ne demandais pas la lune, je voulais uniquement que Kiki soit sain et sauf.
Je me faisais petit, je crois que c'est encore ce que j'avais de mieux à faire pour le reste de la journée, ou de la semaine.. peut être même du mois en faite. Le rendez vous dans le bureau du directeur demain matin allait déterminé de cette durée, mais je n'étais pas pressé d'y être, loin de là. J'avais encore toute une nuit pour m'y préparer et je savais d'avance que je n'allais pas fermé l’œil. Peut être que si je vais me coucher maintenant ce sera plus simple, je me laisse pas le temps de trop réfléchir comme ça, en générale ça marche pas trop mal et de toute façon ça servait à rien de traîner ici. J'avais pas faim, le repas s'achevait et la moitié des élèves étaient déjà retourné dans leurs salle commune, alors je ne prend même pas la peine de retirer mon sac et fait demis tour jusqu'au grand hall.
Je pensais que cette histoire ce finirait là, qu'on entendrait deux trois rumeurs demain matin, mais bon, on en entant toujours de toute façon, c'est comme ça ici, tout le monde sait ce qu'on fait, et même ce qu'on fait pas ! J'aimais bien les ragots, c'était toujours amusant, même quand ça parle de moi. Je m’appète alors à monter l'esprit tranquille quoi que brusquement fatigué de tout ça. L'adrénaline redescendait lentement, enfin jusqu'à ce que deux élèves ce mettent à parler un peu trop fort en ce dirigeant vers l'escalier. Quelque chose sur le préfet des Serdaigles et cette rouquine à l'air blasé. Vraiment. Pas besoin de plus que ça pour savoir que ma sœur avait fait des siennes. Rief par contre je dois dire que c'était plutôt surprenant.. sauf s'il la suivait pour l’empêcher de faire des conneries. Le pauvre, voué à chaperonner les Nails, si ça ne me faisait pas autant plaisir je crois que j'aurais trouvé ça un peu triste. J'écoutais d'une oreille pour savoir ce qu'elle avait encore fait jusqu'à ce que le mot « foret » pop dans la conversation. Ils ce disputaient à propos de la foret ? Bien entendu, ça ne pouvait pas être un hasard.
Évidemment qu'elle allait dans la foret.. On est jumeau, on a un radar intégré qui clignote à chaque fois que l'autre est plus dans les parages ou qu'il ce met en danger. Elle avait certainement croisé Bertie qui remontait seul ou quelque chose comme ça. C'est la merde. Je me pris un nouveau coup de pression tout d'un coup, une panique similaire à celle ressenti dans la foret. Je pouvais pas resté là alors qu'elle allait me courir après alors que je suis ici.. c'était trop compliqué et trop dangereux quoi qu'il arrive.
Demis tour, je sais pas si c'était très intelligent de retourner rôder là bas mais honnêtement j'en avait rien a faire. Je laisse pas Aili toute seule dans une foret bourré d'acromentule. Elle est pas capable de sprinter sans ce prendre les pieds dans ses lacets.. alors une course poursuite à travers les bois les plus flippants du pays.. Même pas en rêve. Et puis Rief, lui était plus agé, peut être que j'avais meilleur espoire qu'il s'en sorte même si je me sentais soudainement affreusement coupable de le savoir en train de trainer dans la foret interdite par ma faute. J'en aurait paniqué trois fois plus si je n'étais pas en train de courire. Je cours sans même m'en rendre compte, j'étais toujours couvert de terre, j'en avait jusque sur le bout du nez ce qui laissais tout le monde un peu surpris quand je manquais de les renverser pour passer. Des pardons crié à droites à gauches, et j'étais déjà dehors. La. Pres des escalier. Mon regard voulu ce porter sur l'étendu sombre des arbres mais s’arrêta simplement sur une tignasse bleu, ainsi qu'une rousse.
Ils étaient là. Vraiment. Sur les marches. Ici.. elle pleurait, elle essayait de partir je crois. Je senti mon coeur ce serrer au fond de ma poitrine, du soulagement et de culpabilité. Je manquais un peu de souffle maintenant que tout ça était vraiment finit. J'en avait les jambes tremblantes mais j'osais un sourire.
« Ou tu crois qu'tu vas comme ça ?»
je sais pas tellement si l’humour était approprié pour ce genre de situation... sûrement pas, mais c'était tout ce que je savais faire, et c'était ma façon de ne pas céder à la panique, ou juste de craquer. Et puis elle était en train de pleurer... je me sens complètement démunie face à ça alors fallait bien feindre un peu d’assurance.
Je sais que cela pouvait paraître bizarre, mais je pouvais comprendre. Quand quelque chose de si important que la vie de on frère était en jeu, on envoyait la raison par la fenêtre. La détresse émotionnelle, ce sentiment d’alarme constant l’empêchait de réfléchir et de réaliser à quel point retourner serait non seulement stupide mais aussi stérile. C’est pour ça qu’on empêche les médecins d’opérer sur leur propre famille. Ils n’ont pas les yeux en face des trous. Ils feraient n’importe quoi. Aileas comptait vraiment entrer et sortir de la forêt interdite pour rien ? J’imagine que pour elle, c’était mieux que de rester là à rien faire.
J’ignorais ses remarque, continuant de la maintenir par la main. Là, elle avait besoin de quelqu’un pour l’empêcher de faire des conneries. Peu importe si elle devait me détester par la suite. Oui, c’est un travail ingrat, mais c’est un travail qui doit être fait. Et au bout d’un moment elle s’arrêta de se débattre. Etrange, je m’attendais à plus de résistance de sa part. Qu’elle me frappe ou qu’elle me jette un sort. Mais non. Elle s’effondra, en larmes, impuissante. Ce n’était pas agréable à voir, mais c’était une façon plus saine de gérer son chagrin que se jeter de façon répétée dans la gueule du loup. Je ne la lâchais pas pour autant. Même si je doutais fortement que ce soit le cas, je craignais dans un coin de ma tête que cela soit une ruse. Et il ne fallait jamais sous-estimer Aileas Nails en terme de ruse.
C’est après que je le vis lui. Son visage et une partie de ses cheveux maculés de terre. En chair et en os, Kieran Nails. Mes yeux s’écarquillèrent. La surprise, la colère et le soulagement semblaient se mélanger dans ma poitrine. Mais un seul de ces sentiments pouvait sortir. Et même si j’avais très envie de lui faire le sermon de sa vie, jusqu’à ce que ses oreilles saignent, je savais que ce n’était pas à moi de le faire. Je poussais un soupir de soulagement et je lâchais la main d’Aileas et sans un mot je reculais.
Ici, mes sentiments n’avaient pas leur place. C’était les siens qui devaient s’exprimer, pas les miens. Dans ce scénario je n’étais que le personnage secondaire et dans la séquence émotion, je devais faire partie du papier peint. Même si au fond de moi j’espérais franchement qu’Aileas s’énerverait un peu sur lui. Peut-être même lui coller une gifle. On pouvait toujours rêver.
Je vis d’abord la réaction de Rief avant de ne l’entendre lui. Brusquement, je me retournai vers la voix de mon frangin pour le fixer un long moment. Il était en vie, en santé et nous souriait bêtement comme s’il ne s’était rien passé. Oh non… Kiki ne se présenterait sûrement pas devant nous en nous posant cette fichue question à la noix. J’allais tellement lui éclater la gueule qu’il n’aurait plus une dent dans la bouche et serait pris à manger éternellement de la purée pour bébé. Plus de viande, c’était une assez bonne punition. Lorsque je sentis Rief me libérer, je m’avançai vers lui la main triturant le bas de ma manche.
« Où est-ce que j’vais ? Sérieusement ? » Je me retournai vers le préfet derrière moi avant de lui refaire face et lui enfonçai mon doigt dans la poitrine. « Je repartait te chercher dans la forêt interdite. Encore ! T’étais pas foutu de demander à quelqu’un de t’accompagner. Noooon. Tu t’y enfonces comme s’il s’agissait de la putain de forêt enchantée alors que c’est sûrement l’une des plus dangereuses forêts de Grande-Bretagne. Mais non Yolo la vie, Kieran Nails s’en branle les noix, il est trop cool pour s’en soucier et part chercher son sac tranquilou alors que nous, les pauvres cons, on se fait du souci pour toi et qu'on part à ta recherche. »
Je le frappai le plus fort que je pus au niveau de l’épaule. Ça lui apprendra à disparaitre comme ça. M’en fiche qu’il ait mal. Puis, plus je le regardai, plus le soulagement m’envahissait. La colère expiée, le stresse de la soirée pouvait aussi disparaître de mes épaules. Je me jetai dans ses bras pour le serrer le plus fort possible contre moi. Les sanglots secouaient mon corps et je cachai mon visage dans ses vêtements.
« Il y a quoi dans ce sac pour tant vouloir le récupérer… c’est qu’un sac. »
Bon. L'humour ça passait pas, enfin pas trop, disons que peut être ça m'a évité de m'en prendre une directe dans les dents, honnêtement je m'y attendais carrément un peu. Rief me regardait avec soulagement mais je sentais dans son regard qu'il m'en voulait aussi et que cette histoire en resterait pas là. Je me tassais un peu plus sur place histoire de me faire oublier ou du moins de minimiser ce qui s'était passé. Je suis pas certain que ce soit très efficace.
Aili s'était approché, furieuse, elle enfonçait son doigt dans ma poitrine avec une telle force que j'avais peut qu'elle de me poignarde de son ongle.. mais elle était grave en colère et je pouvais vraiment pas lui en vouloir même si j'aurais certainement préféré qu'elle me prenne dans ses bras. J'essayais de lui tendre le miens alors qu'elle continue de me repousser de son indexe en m'engueulant sauvagement. Je voulais lui expliquer mais elle me laissait pas en placer une... et elle criait beaucoup plus fort que moi aussi.. je sais pas si ça allait changé grand chose de toute façon mes explication, c'est certain qu'elle allait trouvé ça débile.. parce que ça l'étais sûrement un peu dans le fond.
Elle finit par craquer et me frappe à l'épaule de toute ses force. J'en recule un peu en me massant cette dernière dans un « aie » plaintif et lui fait mes grand yeux tristes. Elle y allait fort là mais je le méritais pour une fois, alors je la laisse me frappé avant de la prendre dans mes bras quand elle s'y jette en pleur. Je sentais mon coeur ce briser comme à chaque fois qu'elle pleurait, et c'était encore pire quand c'était ma faute. Je me sentais assez minable, sans vraiment savoir quoi dire pour me faire pardonner. Alors je reste silencieux et je la serre contre moi en posant ma tête contre la sienne en essayant de calmer ses pleurs par quelques paroles rassurantes.
« J'suis désolé.. je voulais pas t'inquiéter, je pensais que ça me prendrait deux minutes.. c'était débile... excuse moi. »
J'attendais qu'elle ce calme un peu et caressa distraitement ses cheveux. Aprés quelques secondes elle calma ses sanglots mais semblait toujours m'en vouloir. Tout ça pour un sac. C'est vrais que ça semblait débile comme ça... mais j'avais l'espoir qu'elle comprenne. Je la relâchais lentement en faisant glissé mon sac de sur mon épaule pour l'ouvrir sans mot et y farfouiller quelques secondes avant d'en sortir une baguette en plastique de princesse. Le genre de jouet qu'on offre aux petites filles pour qu'elle jouent les bonnes fées ou les princesses mignonnes. Je lui tendis dans un sourire, après tout c'était la sienne à la base.
« J'avais perdu ça.. je pouvais pas repartir dans la retrouver.. »
C'était gênant parce que je suis certain qu'elle devait ce dire que je l'avais paumé depuis le temps ou simplement perdu dans un tiroir chez nous. Mais non, elle était dans mon sac avec moi, tout le jours, comme tout un tas d'autres machins inutiles mais sentimental que je gardais bien à l’abri dans mon sac.
Mon regard glissa vers Rief une seconde. J'imaginais sans peine le préfet en train de ce demander ce que c'était que ce bordel.. mais peut être que la vision d'un Kieran avec une baguette de princesse dans la main le fera sourire, ou chassera juste un minimum la petite lueur sombre de son regard.
Pour l’instant je décidais de rester en dehors de ça. La famille d’abord, tout ce que je pouvais dire Kieran aurait moins d’impact que si cela sortait de la bouche de sa soeur, qui entreprit de le sermonner. C’était pas mal comme sermon d’ailleurs, qui sait, peut-être qu’Aileas était une graine de préfète. Mais elle devait encore s’améliorer. Son discours n’était pas assez poignant à mon goût. Pareil pour le coup à l’épaule. Si j’avais été le frère de Kieran, je l’aurai carrément tabasser jusqu’à ce qu’il me supplie d’arrêter. Enfin presque. Hm. En fait, il vaudrait mieux que je reste enfant unique. Ensuite elle se jeta dans les bras de son frère, ce qui n’arrêtait pas ses sanglots pour autant. Je regardais ailleurs durant leurs retrouvailles. Pas que ça me dérange, juste que ça me donnait l’impression d’agir en voyeur, d’assister à cette scène touchante entre les deux rouquins. Donc, non, je me sentais vraiment pas à ma place. Mais dans le doute je restais là. Je ne pensais pas qu’ils songeraient à faire de nouveaux une bêtise mais on ne sait jamais avec les deux Wonder Twins.
Afin de se justifier Kieran sortit de son sac une baguette magique à paillettes. J’haussais un sourcil. Tout ça pour un jouet en plastique ? Non. J’imagine que cela devait signifier quelque chose pour ces deux-là et ça avait intérêt d’être quelque chose d’important. Quoi que...rien ne pouvais justifier de se mettre en danger de mort comme ça. Non, rien. Et si c’était touchant de voir les deux rouquins se faire des câlins et se dire des gentillesses pour une fois, je ne perdais pas de vue que c’était de leur faute à tous les deux. Et si Aileas avait des circonstances atténuantes pour sa connerie, ce n’était pas le cas de son jeune frère qui méritait de se faire redresser les bretelles un bon coup. Mais pas tout de suite, pas ce soir, j’étais fatigué. Et il méritait de mariner un peu. D’un ton froid et sérieux je me contentais de dire :
« Rien ne mérite de risquer ta vie, Kieran.»
Je lui lançais mon regard mauvais de préfet tout en croisant les bras. J’avais conscience d’être un intrus et un rabat-joie mais pendant qu’ils se réjouissaient d’être tous les deux en vie, il fallait bien que quelqu’un leur rappel à quel point ce qu’ils avaient fait était stupide. Je poussais un soupir de lassitude :
« Vous êtes deux idiots et vous vous méritez.»
Evidemment je laissais de côté la partie comme quoi moi aussi j’avais agi comme un crétin. Mais ça, Kieran n’avait pas besoin de le savoir. Je me contentais de cette dernière phrase pour conclure car me connaissant, si je commençais à lui faire des reproches ça n’allait pas arrêter et avec Aileas à côté je risquais de me prendre des retours de flamme d’amour fraternel. J’attendrai qu’on soit seul pour lui passer un savon.
L’avantage d’être petite se manifeste surtout lorsque nous devons faire des câlins de réconfort. Kiki pouvait ainsi poser sa tête sur la mienne et ce simple contact me ramenait à la réalité; mon frangin était belle et bien vivant. Je retrouvais enfin l’odeur familière identifiable parmi tous les parfums et les caresses d’un jumeau aimant et attentionné. À ce moment là, je ne voulais plus le relâcher. Je m’en branlais tellement les noix d’être vu totalement dépourvue de mes moyens puisque j’étais trop soulagée d’avoir Kiki dans mes bras pour me soucier des autres.
Doucement, mon frérot me relâcha pour fouiller dans son sac. Ce qu’il est sorti fit manquer un battement à mon cœur. Mes yeux s’arrondirent alors que je fixai la baguette en plastique que Kiki me présentait. Jamais je n’aurais cru la revoir dans un moment pareil. Ce jouet à la con avait été mon préféré quand j’avais quatre ans. À l’époque, elle faisait du bruit lorsque je l’agitais et je pouvais transformer toutes choses en ce que je voulais. ‘Pa devenait toujours le plus majestueux dragon de la planète, mais aussi le plus dangereux. Kiki et moi devions alors le terrasser pour ramener la paix dans la maison. Lentement, je la pris dans mes mains la faisant tourner entre mes doigts. Plus aucun son n’en sortait.
« Tu l’as toujours ? »
Je ne m’y attendais pas. Pour moi, c’était un objet oublié depuis ultra longtemps parce qu’on grandit. Le souvenir reste, mais l’objet disparait. Je lui avais donné la baguette quand il avait perdu son Power Ranger – celui qu’il traînait partout avec lui, même dans le bain – pour qu’il arrête de pleurer. Un Kiki triste équivaut à la fin du monde. Aussi bien vouloir arrêter une tornade de détruire sa maison. Du coup, j’avais utilisé ma magie de gamine pour qu’il retrouve son sourire. Un jour, elle avait disparue de la surface de la terre et j’étais certaine qu’il l’avait paumé comme le reste de ses trucs.
J’en avais oublié Rief et je me retournai vers lui, le jetant un regard noir. Pourquoi devait-il aussi sérieux dans un moment comme celui-là. Du coup, je pointai la baguette vers lui l’agitant un peu pour lui rappeler qu’il m’avait suivi.
« T’étais aussi inquiet que moi et c’est pour ça que tu m’as suivi. Mais j’sais pas qui est le plus idiot, celui qui avance le premier, ou celui qui le suit ? »
Elle avait l'air tellement étonné de voir sa baguette, dans d'autre circonstance j'aurais peut être put m'en vexé, mais à cet instant précis ça m'avait simplement fait sourire. C'est vrais que j'avais tendance à paumer beaucoup de trucs mais quand c'était des objet avec une valeurs sentimentale derrière alors je lâchais rien, je les garerais toute ma vie même ça c'était certain. Ça faisait plus de dix ans que je l'avais et j'allais la gardé encore longtemps. J'avais tout un tas d'objets inutile de la même sorte qui encombrait mon sac, la plupart étaient aussi vieux que machin même si au fil des années j'avais amassé un sacré petit trésor. Un trésor inutile mais un trésor quand même, surtout pour moi. Je lui lance un sourire un peu gêné peut être, mais elle semblait vraiment troublé que j'ai put gardé ça. Je crois qu'elle en oubliait carrément de m’engueuler encore un peu, ce qui était pas le cas de Rief. Même s'il avait eu l'air un peu gêné par nos démonstration d'affection, il hésitait pas à nous rappeler qu'on était des idiots. Mais j'assumais complètement d'en être un même si du coup ça me faisait culpabilisé encore plus.
Je m'étais tassé sur place en espérant disparaître. Il avait peut être raison quand il disait que rien ne méritait que je risque ma vie, du moins rien d'aussi futile. Mais vraiment, j'ai pas pensé une seul seconde qu'on pouvait tomber sur des trucs pareils dans la foret aussi. C'est de l'inconscience ! Ou alors faut au moins mettre un truc pour empêcher qu'on y rentre, qu'on me dise pas que c'est pas possible ça quand même ! Mais bon.. c'est vais que c'était simplement ma faute.. j'aurais pas due allé là bas, et même si je regrettais pas... C'était quand même une connerie.
Je voulais m'excuser auprès de lui. Dire quelque chose, n'importe quoi. Mais Aili lui avait brandi la baguette sous le nez en le traitant lui aussi d'idiot étant donné qu'il l'avait suivie pour me retrouvé. Il était parti dans la foret en sachant très bien que c'était interdit. Je me sentais un peu flatté d'un tel intérêt de la part du préfet surtout que rien ne l'avait obligé à le faire, mais la culpabilité que j'avais ressenti remonta brusquement jusqu'à me donner envie de me rouler en boule au sol en chouinant des excuses. J'étais à deux doigts mais je préférais quand même le remercier. Trépignant sur place je m'étais décidé à lui bondir dessus en l'attrapant dans mes bras pour une brève étreinte. Y'a pas de raison qu'Ali soit la seul à en profité. Je le gardais pas trop longtemps contre moi sinon il allait peut être en mourir. Mais cette fois il y échappe pas, je peux pas toujours être raisonnable. Puis après avoir faillit être transformé en kebab pour Acromentule j'avais très envie de serrer dans mes bras toutes les personnes que j'aime. On pouvait me laisser ça quand même !
Je le relâchais donc en plantant mes grand yeux triste dans les siens et essai de m'excuser sans avoir l'air d'un hystérique. Ce qui était pas gagné.
« J'suis désolé que tu te soit inquiété ! J'ai pas réfléchis mais je pensais faire vite ! Je suis désolé que ça t'ai créé des problèmes mais je suis content que tu ai veillé sur ma sœur. Je sais pas quoi dire pour me faire pardonné et je comprendrais que tu .. fasse la gueule.. genre vraiment.. même si.. je préfère quand on est pas fâché après moi.. »
mais c'est une situation qui arrive étrangement souvent ces dernier temps. J'ose un demis sourire avant de me tourner vers Aili une fois de plus. Je me sentais brusquement fatigué. Le pic d'adrénaline provoqué par al disparition de ma sœur et Rief prêt de la foret venait de ce disperser et ne laissait qu'une sensation de fatigue intense et un reste d'angoisse. J'ai failli mourir, c'était une évidence maintenant. C'était stupide et je suis passé à pas grand chose. J'en tremblait rien qu'à le réaliser. Ça m'aurait certainement terrassé sur place s'il n'y avait pas eu les deux Serdaigle avec moi. Je crois que je vais aller m'évanouir dans un coin et attendre que le soleil ce lève. C'était un bon plan.
« Peut être qu'on devrait rentrer maintenant ?... »
Je n’ai jamais été quelqu’un de matérialiste donc je pouvais difficilement comprendre pourquoi quiconque risquerait sa vie pour un stupide objet inerte. J’avais beau aimer les livre, leur odeur, leur utilité, jamais je n’échangerai une vie humaine pour le plus précieux de tous les volumes. Le seul artefact auquel je réservais de l’affection, c’était ma baguette magique. En même temps, c’était normal. Ce n’était pas uniquement mon outil de sorcier, c’était… plus que ça. Quand je m’étais retrouvé dans ce magasin de baguettes, surexcité à l’idée d’en obtenir une. Et puis, quand la bonne baguette s’était retrouvé entre mes doigts, j’avais ressenti ce souffle à l’intérieur de moi, cette soudaine sensation de calme. Le sentiment de faire partie d’un tout, plus grand que moi. Une sensation de vertige.. Le sentiment que le destin existait. Mais je pense que si une vie humaine était en jeu, je m’en séparerai. Je le briserai en deux. Mais pas sans tristesse.
Et alors que je leur faisais gentiment remarquer qu’ils étaient deux idiots ( c’est un fait) et qu’ils se méritaient ( pas étonnant pour des frères et soeurs). En fait c’était presque gentil comme remarque. Mais le regard noir d’Aileas me faisait comprendre qu’elle ne l’avait pas pris de cette façon. Elle me traitait d’idiot en retour. Et elle n’avait pas complètement tort, par conséquent, je gardais les bras croisés dans baisser les yeux pour autant :
«J’ai essayé de t’en dissuader. J’aurai dû te laisser partir seule de toute façon ? Tu faisais moins la maline là dedans.»
Il était loin maintenant le moment où je serrais sa main dans les ténèbres. Cétait dur comme remarque mais c’était pour lui rappeler que cette petite escapade ne faisait pas d’elle une héroïne mais une idiote. J’avais conscience que cela faisait de moins un parfait idiot également. Mais peu importe. Peut-être qu’en lui rappelant sa peur, cela la dissuaderait de prendre ce genre d’initiative à l’avenir. On pouvait toujours rêver. Et puis soudainement je me faisais attaquer par Kieran. C’était comme ça que je l’ai perçu pendant les premières secondes, une attaque, une soudaine violation de mon espace personnel. Il faut dire, qu’élevé par un père britannique et une mère japonaise, les démonstrations d’affections familiales ne se faisaient pas forcément par des étreintes. Quand j’étais très petit sûrement, mais avec l’âge cela devenait différent. Une caresse sur la tête ou dans le dos. Mais plus de câlins. Et donc là, je vous laisse imaginer ma réaction.
J’étais resté parfaitement immobile, voire raide en mode Sa vision est basée sur le mouvement. Heureusement Kieran avait du percevoir que je ne me sentais pas à l’aise vu qu’il l’écourta assez vite. Dieu merci, je n’aurai pas su quoi faire. Parce que oui, s’il pensait qu’un câlin allait le tirer d’affaire, il se mettait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Ses excuses étaient un bon départ par contre. Mais pour m’avoir inquiété et fais faire des conneries à ce point là, cela ne suffirait vraiment pas. Je lâchais donc un :
«Mouais» franchement pas convaincu.
Par contre j’étais d’accord avec lui pour la suite :
«Ca serait préférable oui. On en a assez fait pour aujourd’hui, chacun dans son dortoir.»
Je ne m’attendais pas à ce qu’Aileas me suive directement, pas après ce que je venais de lui dire. Je me contentais d’ouvrir la marche en laissant un peu de temps aux deux jumeaux si jamais ils souhaitaient se lancer dans une nouvelle session de câlin. Moi de mon côté je montais les escaliers, ruminant intérieurement sur mon comportement et préparant déjà mon sermon pour Kieran Nails.
J’étais peut-être un peu dure avec Rief, mais je détestais me faire passer remonter les bretelles, même pour la plus petite des conneries. Pourtant, le préfet ne se laissa pas impressionner et il me rappela à son tour la peur qui me tenaillait sous le couvert des arbres. Automatiquement, mes lèvres se pincèrent légèrement durant une fraction de seconde. Toutefois, ma joute avec mon aîné s’arrêta quand Kiki lui sauta dans les bras digne de l’invasion de la terre par les aliens dans The World of War. C’était tout en violence et Rief resta immobile telle une statue. S’il n’aimait pas les câlins, il était mal barré en ayant mon frangin dans ses amis.
Bref, les deux garçons s’accordèrent sur le fait qu’il était temps de retourner dans nos dortoirs. Je laissai prendre Rief les devant et profitai d’être à nouveau seule avec Kiki pour le prendre dans mes bras.
« Faut commencer à se calmer. Le dirlo et sa chouette vont finir par avoir une crise cardiaque à force de nous surveiller. »
Pas que ça me dérangeait énormément, mais bon, vivre avec ça sur la conscience n’était pas dans mes plans. L’avantage d’être à Gryffondor et à Serdaigle était que nous pouvions faire un bout de chemin ensemble avant de se séparer.
« Bon, je vais te laisser, Rief doit déjà croire qu’on planifie un nouveau mauvais coup. Bonne nuit ! »
Je le pris rapidement dans mes bras une dernière fois pour le laisser sur le pallier et filer derrière Rief pour le rattraper. Nous avions encore une énigme à résoudre avant d’accéder à la salle commune et si je pouvais profiter du préfet pour ne pas penser, j’en serais excessivement heureuse.