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 Les pensées reposées — Rosabel

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Préfet & Président du club de duels
Anton V. Lawliet


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Anton V. Lawliet





Les pensées reposées — Rosabel
12.08.16 15:09

Il n’avait vu qu’elle le temps d’une nuit sans sommeil — il s’était retourné dans des draps un peu froissés; il avait eu chaud et froid, avait rêvé et cauchemardé. Entre deux mouvements, il avait essayé d’écouter son souffle, essayé de savoir si elle aussi pensait un peu trop pour trouver un sommeil approprié, pour se relâcher à la nuit qui les enveloppait. Il avait deviné sa silhouette dans la nuit, les draps tombant sur son corps et ses cheveux sur ses épaules; sur ses coussins. Et d’aussi loin qu’il lui semblait être, il s’était demandé ce que cela aurait été, ce que cela aurait pu être — s’il n’avait pas été un homme de droit. S’il n’avait pas été de cette droiture et de cette fermeté, de cette sévérité avec lui-même; s’il avait osé l’effleurer. Oui, il s’était demandé : ce que cela faisait que d’embrasser le cou de Rosabel Northrop — de mélanger son parfum au sien. Anton avait mal dormi; un peu trop fantasmé, un peu trop pensé, peut-être; avait surtout été curieux. Alors il s’était mordu la lèvre, s’était retourné — avait tenté d’oublier ses regrets.

Anton n’avait pas dormi.
Anton était fatigué.

Aussi s’était-il levé de son lit aux premières couleurs de l’aurore et s’était enfui en une discrétion certaine, presque inhumaine. Il s’était reculé de ce fléaux de pensées et avait observé le sable; les tables encore vides de tout élève au réfectoire. Puis il était allé réveiller Darwin — espérant peut-être parler, se soulager; mais les mots étaient restés bloqués, le nom de Rosabel n’avait pas même été mentionné. Et le regret avait laissé peu à peu place à la culpabilité; à celle de l’avoir fait s’excuser sans qu’il n’ait sur l’instant réellement compris. « Ne le sois pas » avait-il dit si froid, une main sur son épaule qui se voulait réconfortante, qui avait été si distante. Et ils n’avaient échangé un mot de la soirée, un regard des heures qu’il restait de la journée — s’étaient-ils seulement regardés, chacun surement trop honteux pour assumer. Main dans ses cheveux, serviette sur l’épaule, pas en avant. Et finalement, après s’être énervé contre lui-même, puis contre elle, après s’en être voulu et lui en avoir voulu, après s’être détesté et l’avoir détestée, après la culpabilité et le raisonnable, Anton s’était finalement décidé à lui parler. Ni de ce qu’il s’était passé, ni de ce qu’il se passerait — cette glace qu’il lui semblait installer seul devait être brisée. Et que pensait-elle, elle ? Belle et fière, la tête haute, les lunettes arrogantes et les manières arrangées; sur sa serviette de plage, elle semblait toujours l’intouchable, l’inaccessible. Mais il savait. Qu’est-ce que Rosabel Northrop en pensait ? L’avait-il touchée, dérangée, blessée ? La dernière idée lui semblait bien trop saugrenue pour être envisagée oui; ils n’avaient que si peu partagé. Verres ou regards, quelques caresses égarées et jamais l’on aurait cru à un impact illogique; cela échappait à la raison même, surement à ses amis, aux spectateurs. Car lui même ne comprenait pas tout à fait; n’aurait jamais du s’en vouloir de ses mots qui respectaient sa carrure; sa stature. Anton savait où il allait — et il n’allait surement pas vers un quelque chose d’attirance pour Rosabel Northrop. Le refusait catégoriquement.

Pourtant ses pas le menaient droit à elle — serviette posée à ses côtés, il s’était assis sans dire un mot, s’était allongé le ventre contre terre et le silence aux lèvres. Sa joue s’était posée sur la serviette, et il la regardait, presque amorphe, attendait peut-être une réaction, attendait de la voir agir avant de n’oser quoi dire; quoi faire. Il avait attaqué gentiment d’un doigt l’une de ses côtes, pour la faire réagir, parler, peut-être — et sa main était retombée sur le sable qui séparait deux serviettes de plages aux couleurs si différentes. Regards qui s’attrapent. Doux sourire.
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Militant contre les Dragons à Poudlard & Préfète & Sigma
Rosabel Northrop


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Rosabel Northrop





Re: Les pensées reposées — Rosabel
12.08.16 17:50



Les pensées reposées
Rosabel & Anton
Elle semblait s'être endormie, immobile sur sa serviette, les yeux fermés derrière les épaisses lunettes. Elle semblait paisible, et son corps donnait l'impression d'avoir été déposé, de s'être échoué d'une façon ou d'une autre. Un bras replié au-dessus de son crâne, un autre ouvert sur le côté, et Rosabel ressemblait à une poupée vulgairement abandonnée, déjà pleine de sable. Brûlante de chaleur.

Elle n'avait pas l'air d'une fille dont un garçon la veille n'avait pas voulu. Elle n'avait pas l'air d'une fille qui s'embarrassait d'un non. Elle n'avait pas l'air d'une fille à connaître le refus.

Elle pensait encore à Anton. Mais il disparaissait déjà dans son esprit, et elle ne le désirait pas. Car cela faisait parfois cette impression avec les gens; on les pensait très clairement et l'instant d'après on ne les pensait plus, on ne reconnaissait plus l'exactitude de leurs traits après les avoir pourtant vu des centaines de fois. Et cela semblait grotesque à Rosabel, que leur relation se termine dans la brume après avoir commencé dans l'ivresse. Cela ne lui allait pas, car elle considérait avoir bien suffisamment contemplé le visage de cet imbécile pour l'oublier à présent. Quelle perte de temps cela serait-il, quel intérêt alors, à l'avoir rêvé toute une nuit, de ce garçon qu'elle n'aurait pas, qui n'avait pas voulu d'elle, qui ne voudrait pas d'elle. Et elle fut prise d'une étrange émotion en y songeant, se pinça les lèvres, amère.
Elle avait désiré Anton comme elle n'avait jamais désiré personne, depuis si longtemps déjà, avait rêvé de ses doigts sur ses courbes, de baisers sur ses cuisses, de son corps entre ses jambes, de ses lèvres sur sa peau, de son souffle dans son cou, d'un va et vient entre ses reins aussi peut-être. Elle avait tout voulu d'Anton Lawliet, absolument tout, mais n'avait rien eu, rien eu qu'un baiser qu'elle lui avait volé, qu'il ne lui avait même pas donné.
Il ne lui avait rien offert; hormis son rejet, sinon ce sentiment grotesque qui l'avait envahi depuis la veille, depuis qu'il avait refermé ce peignoir, la sensation de ne pas être assez bien pour lui. Et cela avait remué en elle bien plus d'interrogations. Car si Rosabel Northrop n'était pas assez belle pour Anton Lawliet, alors qui le serait ? Qu'avait-elle de moins qu'une autre aurait de plus ? Subsistait l'incompréhension de ne pas avoir obtenu ce qu'elle désirait tant, si ardemment, avec tant d'urgence. Anton Lawliet avait été une urgence, oui. Un besoin.

Et ce n'était pas tant normal de ressentir un besoin même bestial même d'instinct, envers quelqu'un qu'elle connaissait à peine.

Mais cela avait un goût de fini, et quoiqu'un peu triste, quoiqu'un peu déçue, quoiqu'un peu trop seule sur sa serviette, Rosabel s'était dit que cela sonnait la fin d'un mauvais film. Mais elle avait encore envie, encore envie de lui, et elle avait tu ce fait derrière ses épais verres fumés, derrière ses silences, derrière ses regards échappés, comprenant que trop bien que cela ne serait jamais voué, que son désir resterait enterré.

Elle n'avait pas eu besoin d'ouvrir les yeux pour savoir que c'était lui qui s'étalait à côté d'elle dans ce bruissement indistinct, soulevait un instant le sable, cachait furtivement la lumière pour ce peu d'ombre sur sa peau, comme un instant de repos. Et elle n'avait pas trouvé quoi lui, n'avait pas su ce qu'elle aurait dû ajouter, ne comprenait pas même ce qu'il faisait à côté d'elle, si peu habituée qu'elle était.

Une jambe s'était relevée, et elle avait pincé un sourire pour l'empêcher complètement de crever son visage d'un rire qui ne lui serait pas allé, et ce doigt sur sa peau qui l'avait raidi d'envie au premier contact.
Alors seulement, tout son corps s'était penché sur le côté, et sa tête posée contre son coude, retirant d'une main lente ses lunettes de soleil, et dévoilant les secrets d'une agitation nocturne, elle l'avait regardé de ce regard qui n'en disait ni trop ni pas assez, comme elle profitait de la proximité que lui offrait son visage pour l'inscrire une nouvelle fois dans sa mémoire.

_ Bonjour, Anton. Je n'aurai pas pensé te manquer si vite. Son sourire n'avait pas répondu au sien, quoique son regard s'était intensifié avec le sien, quoique sa respiration était restée calme. Et elle l'avait regardé enfin, sans trop de délicatesse, oubliant une gêne qu'elle n'avait jamais eu, avait détaillé ce qu'elle pouvait voir de son corps, de son buste, de son dos, de ses épaules, quoiqu'elle aurait préféré son torse. Il fait beau, et je suis brûlante. Ses yeux sombres étaient revenus dans les siens, sa main avait cherché la sienne, et ses doigts avaient joué à ensevelir les siens sous le sable chaud.

_ J'ai passé l'après-midi là, et j'ai pensé à toi, comme j'ai aussi pensé à toi toute la nuit. Et je commençais tout juste à me détendre, j'avais presque oublié cet agaçant visage. Hier aussi. J'étais bien. J'étais presque en train de me dire que ce n'était pas grave que tu ne veuilles pas de moi.

Et sur ces derniers mots, elle avait eu un rictus, pas vraiment hostile, pas vraiment moqueur, mais d'une langueur propre, d'une sérénité appliquée, royale. Le rictus simplement satisfait de retrouver même un court instant même si ce n'était voué à rien l'objet de son obsession, de son attention.

_ Donc dis-moi, Anton, si tu ne veux pas de moi, si je ne peux pas t'avoir, à quoi me sers-tu ?

Délaissant sa main pour chercher à la place sa protection solaire, elle avait lentement commencé à masser ses jambes avec la crème, dans un geste ridiculement trop lent, ridiculement trop insistant, ridiculement trop sensuel.

_ Moi je peux peut-être encore t'être utile. Est-ce que je devrai te masser, sur cette plage, tout en te tartinant de crème solaire ?






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Anton V. Lawliet


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Anton V. Lawliet





Re: Les pensées reposées — Rosabel
12.08.16 21:44

Il lui avait souri, de ce sourire timide et flatté, un peu amusé; il avait presque enfoui son nez dans la serviette — il avait mimé un non de la tête, un refus un peu regretté, s’imaginant soudain sous un massage agréable, sous les mains soignées qui auraient glissées sur son corps. Anton, aussi tactile qu’il pouvait l’être, craignait qu’on lui touche le dos, la nuque; que l’on se rende compte de ses muscles contractés, de la façon qu’il avait de se crisper, à chaque fois que des mains s’aventuraient dans le creux dans son cou, qu’on lui demandait de se détendre. Il avait totalement tourné son visage de l’autre côté, fixant la plage de sa beauté, des rires et des autres élèves, plus loin — et la vie continuait tout autour d’eux. Anton se plaisait à regarder la vie; la voir exister ailleurs qu’en lui, prendre conscience des différences, des sourires différents et alors il lui arrivait de se demander, s’ils étaient réellement réels, où était la réalité.

« Est-ce que c’est grave ? » que je ne veuille pas de toi. Puisque c’est ce qu’elle avait semblé dire, à une phrase qui lui avait un peu fait oublier les autres. Et il se sentait d’un calme rare, l’un de ceux qui pompent toute énergie. Il restait immobile sur sa serviette; ne regardait plus les jambes qu’elle s’était amusée à masser, surement pour un peu le narguer — cela lui avait tiré ce sourire un peu amusé, un peu étranger. Anton s’était demandé un instant, s’il aurait du lui avouer ses rêves, reconnaitre qu’il l’avait rêvée comme l’on rêvait d’une amante — d’un être aimé. Qu’il l’avait peut-être étranglée aussi, sous ces fantasmes érodés; qu’il l’avait tuée, qu’elle avait tiré tout sommeil de sa nuit passée. Et certainement n’était-il pas allongé ici, sous ce soleil brulant pour lui parler de lui ou de ses regrets. Il avait fermé ses yeux sous ce calme envahissant; aurait pu s’endormir sur le champ, peut-être le rassurait-elle, peut-être savait-il qu’elle était bien vivante, ici et maintenant. Et elle avait bien raison sur tous les points; le premier étant qu’il ne lui servait plus à rien — avait-il un jour réellement été utile ? Car ce n’était pas une question d’utilisé, elle n’était pas un objet; pas un trophée, et alors l’idée d’en être surement un aux yeux de Northrop lui avait fait ouvrir les yeux. Il n’avait su dire, en arrivant à ses côtés, si elle lui avait manqué où si c’était une curiosité malsaine qui l’avait poussé à poser sa serviette aux extrémités de la sienne. Elle l’avait fait sourire, et Anton, souriant naturellement, se rendait compte qu’il y avait un air étrangement fatigué, un peu nostalgique peut-être aux encolures de ses lèvres, alors qu’elle brillait toujours autant derrière ses verres fumés — surement l’avait-il sous-estimée.

Anton, dans ce caprice immature qu’il reconnaissait, voulait la garder. Peut-être pas que pour lui, peut-être pas en amie, mais il la voulait près, il la voulait ici; parce qu’aussi seule qu’elle pouvait sembler, il n’apparaissait guère plus accompagné. Darwin, oui; était là, Percy, Charles, aussi — d’autres, encore; mais cela n’avait rien à voir que de se sentir désiré. Egoïstement, il ne voulait pas totalement l’oublier; pas totalement la voir disparaitre; elle l’avait légèrement écarté de ses bouquins, lui avait montré d’autres choses — et certainement ne fusse pas la meilleure chose qu’il lui soit arrivé, c’était pour sûr quelque chose de nouveau. Et la nouveauté rimait avec curiosité; envie, aussi. Ses doigts avaient agrippé discrètement sa serviette à elle;  sourire ignoré. Anton était bien — aurait voulu qu’elle le soit aussi. « Rosabel. » Le sérieux claquait de sa voix calme, alors qu’il gardait les yeux fermés, réprimait un soupire perdu; car ne l’était-il pas, incapable de prendre une décision, incapable de savoir quoi faire pour ne pas la blesser plus qu’il n’avait pu le faire, peut-être, éventuellement. « Qu’est-ce que tu voudrais ? Je peux t’ignorer, je peux te parler. » Il avait haussé les épaules, avait ri un bref instant, si bref et discret que l’on ne l’aurait qu’à peine deviner sur son visage amusé. Que pouvait-il faire pour ne plus qu’il soit responsable de sa frustration passagère. « J’obéirai. » Sentence, c’est au moins ce qu’il lui devait. Et peut-être alors, si on le connaissait assez, si l’on avait un jour percé ses barrières et ses boucliers, l’on aurait pu deviner une pointe de culpabilité déguisée, un soupçon de regrets amères. Mais Anton Lawliet était un homme sans regrets — un garçon qui s’assumait, n’était-ce pas ?

« Je suis aux ordres de sa majesté. » Et n’était-ce alors pas dit avec une certaine fierté. Main qui se pose dans ses propre cheveux; bras replié, coude qui la frôle surement — ou bien était-ce l’une de ses affaires, il n’en savait rien. Ne s’était pas encore retourné.

C'était la fatigue, qui le rendait étrangement malléable.
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Rosabel Northrop


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Rosabel Northrop





Re: Les pensées reposées — Rosabel
13.08.16 10:13



Les pensées reposées
Rosabel & Anton
Rosabel aurait pu avoir un sourire attendrissant devant ce bout de timidité soudain qui en d’autres circonstances l’aurait agacé. Mais la timidité chez Lawliet avait un goût de différend ; elle n’aimait pourtant pas l’adjectif adorable, mais son visage le portait si bien tandis qu’elle le voyait à moitié disparaître dans sa serviette, tandis qu’elle ne pouvait s'empêcher de le fixer, sans gravité, sans envie, sans passion, juste avec son sérieux, juste comme on couve parfois les choses du regard, juste comme il était un peu tout ce qui pouvait attirer son attention, avec un intérêt marqué, presque dédaigneux pour tout le reste. Et elle ne demandait plus ce qu’il faisait là, elle acceptait naturellement sa présence, et escomptait à présent le gardait pour le restant de l'après midi, trouverait là une autre façon de le posséder, d’en profiter. Comme ce qui s’était passé la veille lui avait appris qu’il ne servait à rien d’avoir de l'audace.

Elle n’avait pas bougé, pas même lorsqu’il s’était retourné, lorsqu’elle n’avait bien eu que son dos dans sa ligne de mire. Et malgré tout elle s’était sentie apaisée et calmée, et cela ne résultait pas tant des vagues qui s’enroulaient les unes sur les autres plus loin, que le soleil sur sa peau, que sa vision presque endormie sur sa serviette. Rosabel n'aurait pas compris d’où lui venait cette tranquillité ; elle avait soudain eu envie de le sentir, d’enfouir son nez dans sa chevelure, de se coller contre son dos. Mais elle n’en avait rien fait, et la tentation n’était restée qu’une douce envie, sans but, sans ce besoin d’exister. Et le désir était devenu retenue.

_ Qu’importe la réponse à cette question, ça ne l’était pas pour toi.

Et que lui importait sur le moment que ce fut grave ou non tandis qu’elle ne se contentait plus que de sa présence, que les réflexions de la nuit passée l’avaient épuisée, qu’elle n’avait pas tant envie d’aborder plus en avant l’épineux sujet qui aurait pu la fâcher. Mais Rosabel n’avait plus de colère sur sa serviette, sinon de la fatigue, d’une torpeur aussi. Et ce dos contre lequel elle désirait encore se lover, elle aurait été encore indifférente. Elle se sentit bien en n’ayant plus rien à attendre de lui, puisqu’il ne l’avait pas voulu, comme elle savait pourtant que la frustration reviendrait, mais pas cette après midi n’est ce pas.

Elle était trop épuisée pour se disputer avec lui, lui en avait suffisamment voulu ces derniers jours pour ne pas juste profiter de cette accalmie, de leur présence qui pour une fois ne semblait hostile pour aucun.

_ Tu es une étrangeté, Anton, la plage n’était-elle donc pas assez grande ? Sourire amère contre son épaule. Si près d’elle entendait-t-elle, si proche, et sa voix avait murmuré un peu contre son cou comme elle s’était glissée vers lui, imperceptiblement, comme ses jambes touchaient presque les siennes. Mais ça ne me dérange pas, tu peux rester.

Elle avait alors fermé les yeux, ne pressentant aucun danger, s’était doucement laissée retomber sur sa serviette, face au soleil. Et naturellement ses lunettes étaient revenues trôner sur ses yeux éreintés, pliant de nouveau les genoux, ses deux bras étaient partis vers l’arrière, et le soleil tentait encore de lui cramer doucement sa peau alors qu’elle était déjà si halée, si caféinée. Et elle avait un peu souri contre cette source de chaleur, contre celle aussi qui se trouvait à côté d’elle, qui irradiait un peu, dont la masse la narguait aussi. Elle ne s'était pas retournée, l'entendant si bien. Et un gloussement particulièrement rauque et grave s'était échappé, expiré dans l'air chaud.

_ Ce que je veux ne figure pas vraiment parmi ces options. Intérieurement, elle en avait un peu ri, ce qu'elle voudrait. Cela semblait soudain si restreint, si peu important. Pour me parler, il faudrait déjà me regarder, Anton. A moins que je ne sois pas digne non plus d'être regardée ; faut-il donc que je sois devenue si laide en une nuit. Ou aurais-tu soudain mauvais goût.

Et elle se serait enfoncée dans le sable, s'y serait noyée si elle n'avait pas tant apprécié cette vie à cet instant précis. Et il y avait eu comme un râle inaudible de satisfaction, comme le ronron d'un chat impérieux qu'on venait de satisfaire de mille caresses, de mille attentions. Et désirait-elle présentement autre chose que son attention entière. Il obéirait. Et son sourire s'était si bien étendu à cette pensée, s'était si bien ouvert de ce carnassier qui ne lui ressemblait que trop. Et elle savait qu'elle n'obtiendrait rien de lui, que son obéissance ne signifiait rien, quand elle offrait si peu de possibilités, si peu d'infinités, si peu de choses.

_ Très bien, Lawliet. Je t'ordonne. Je t'ordonne de ne plus jamais m'ignorer, même lorsque tu seras fâché, même lorsque je t'énerverai tant que tu n'auras que l'envie de me fuir, mais tu n'auras plus le droit, tu devras me supporter, tu devras me parler. Et son visage s'était retourné vers le sien, quoiqu'on n'aurait su dire derrière ses épais verres si elle le regardait vraiment, si elle le cherchait vraiment. Et son coude s'était doucement laissé à aller tout contre son coude qui l'effleurait. Elle lui avait soufflé un peu bassement aussi, un peu comme elle lui livrerait un secret, ou peut-être plus, ou peut-être moins.

_ Et toi, Anton, qu'est-ce que tu voudrais de moi ? Que pourrai-je t'offrir de plus que ce que j'ai déjà proposé de t'offrir ?
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Anton V. Lawliet


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Anton V. Lawliet





Re: Les pensées reposées — Rosabel
13.08.16 20:36

Et certainement avait-elle raison; car quelle importance, quel changement à ce que cela soit grave ou pas - il n'en aurait retiré aucune fierté. Aucun plaisir; pas même un sourire. Il n'avait pas bougé, s'était contenté de sourire doucement quand le soleil s'amusait tout juste à chauffer sa peau tannée. Et alors qu'elle lui tirait un nouveau sourire qui empêchait le dernier de s'effacer totalement, il avait tourné sa tête de son côté, avait ouvert les yeux sur les siens; et n'était-ce pas surprenant, de les découvrir de ce vert doré, réagissant à la lumière de l'instant. L'instant. Ils étaient là; maintenant - aussi parler d'hier et d'un autre jour semblait dérisoire, incertain. Car c'était l'instant qui les réunissait; "Tu es jolie, Rosabel." avait-il soupiré, peut-être déjà lassé de le lui rappeler; elle qui le savait déjà très certainement, sous ses verres foncés, elle qui lui demandait de le lui dire sous des airs d'indifférence. Surement le serait-elle. Il lui semblait en réalité le lui répéter, comme si la pensée jamais ne l'avait quitté, comme si elle l'avait entendu des milliers de fois venant de sa voix - et n'était-ce pourtant pas la première, qu'il le lui disait. Il n'avait pas souri; aurait peut-être dû le lui avouer plus tôt; ce n'était pas qu'elle lui plaisait, qu'elle n'était belle qu'à ses yeux non. Il lui semblait qu'elle l'était à tout le monde, comme il aurait été de vérité universelle que Rosabel Northrop, de son élégance et son arrogance, était jolie. Mais peut-être était-ce encore l'instant, cet instant qui la rendait si différente; si belle. Elle devenait un tableau qu'il aurait pu regarder quelques heures oui - le calme lui allait bien.

Alors oui - Anton la regardait, d'un regard précieux, si rare. Il ne l'ignorerait plus; elle lui avait tiré un sourire amusé, un peu heureux aussi, que ce ne fut que ça; et il s'était attendu à tellement pire, tellement plus que la demande de Rosabel semblait un douce utopie. Et si la fatigue n'avait pas été là, si ses pensées n'avaient pas été aussi reposées, surement se serait-il exclamé; C'est tout ?. Aussi n'avait-il rien dit; aussi se demandait-il s'il l'avait réellement ignorée, ou s'ils s'étaient ignorés ; ils s'ignoraient toujours - se voyaient sans se voir; se parlaient sans s'écouter, sans n'essayer de se comprendre oui - Anton lui promettait, de ce silence, de ce sourire qu'elle ne voyait pas, de ne plus jamais l'ignorer. Et il n'ignorait pas non plus le coude venu toucher le sien, il n'avait pas bougé. Et pourquoi l'aurait-il fait, quand la contempler semblait suffire; une mèche de cheveux qui s'échappait, un brin de beauté qui semblait ne pas lui appartenir. Il ne voulait plus ignorer Rosabel en tant qu'humain; elle qui n'était ni objet, ni trophées, elle qui pouvait rire, pleurer ; sensible aux chatouilles; il l'avait remarqué.

Et la question l'avait surpris, et il aurait voulu lui dire qu'il n'avait rien à désirer d'elle; qu'elle ne lui devait rien - contrairement à lui. Mais ses lèvres restèrent muettes un instant dans un silence qui se prolongeait; car Anton était là plutôt qu'ailleurs, parce qu'il lui avait voulu sa compagnie plutôt qu'une autre. Elle lui avait offert son corps, son désir, ses lèvres, son obsession même; elle lui avait offert pouvoir, elle lui avait offert façades. Mais Anton n'avait pas voulu d'un corps, si parfait - et qu'en aurait-il fait; avec son inexpérience avérée; ce n'étaient pas ces seins arrondis qu'il voulait, ni ces jambes aux allures parfaites; ce n'était pas son rouge-a-lèvre sur son cou ou son souffle sur le sien. L'alcool l'avait tenté un jour; et la sobriété l'avait refroidi; presque désintéressé. Pourtant Anton recherchait ses regards, il voulait sa présence; ce Coco Chanel flottant à ses narines; Anton voulait l'ivresse qu'elle lui apportait; les sourires qu'elle lui tirait. Ce coude contre le sien, ce tableau sous les yeux. Rosabel lui offrait son corps; sa féminité; mais Rosabel ne se dévoilait pas. Et cela avait donné comme une sentence à son esprit. Elle aurait eu beau faire tout ce qui était en son pouvoir, Rosabel Northrop, de sa fierté, de sa grandeur - jamais ne lui apporterait ce qu'il désirait; cela semblait alors plus facile, que de mettre un mot dessus; savoir qu'elle ne le lui donnerait pas. Son entièreté. Et Anton aimait ce moment; cet échange presque étrange quand on leur connaissait la provocation et les disputes; la tentation et l'envie. Ici il n'y avait rien, rien de similaire: juste une conversation, un échange - l'un de leurs premiers, l'un de ceux qu'il préférait. Il avait passé son coude au-dessus du sien, avait fait tomber son avant-bras de l'autre côté; du sien. Profitait de ce dernier instant alors qu'il savait tristement, qu'elle lui échapperait. Sourire. "Toi."
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Rosabel Northrop


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Rosabel Northrop





Re: Les pensées reposées — Rosabel
14.08.16 10:27



Les pensées reposées
Rosabel & Anton
Naturellement que je suis jolie, aurait-elle pu lui dire encore. Elle l’avait toujours été. Et malgré l’évidence, il demeurait si simple de flatter Rosabel, de la faire se sentir si particulière de quelque chose qu’elle connaissait déjà. Elle savait sa beauté, n’avait jamais eu besoin qu’on lui murmure ; l’avait toujours vu. Et il y avait de l'arrogance dans ce savoir, dans cette beauté qui se vivait indifféremment du reste, dans cette beauté qui se moquait qu’on la trouve belle, qui n’avait que le dessein d’exister. Pourtant Rosabel se retrouvait si bien dans cette estime, Rosabel comprenait si bien qu’on la désire, qu’on la trouve belle. Mais elle n’aurait pas remercié Anton pour cette évidence, pour ce naturellement, quoiqu’elle avait désiré le compliment, quoiqu’elle avait voulu se l’entendre dire, avait même consenti à cette fierté qu’elle ressentait. La fierté de plaire, d’arracher cet adjectif de la bouche de celui qui lui plaisait tant. Mais que cela signifiait-il encore tandis que la beauté et la plastique ne suffisaient pas, qu’Anton était si difficile. Elle aurait pu même grimacer après tout, comme être seulement jolie à côté de lui ne voulait rien dire.

Et Rosabel n’avait rien dit alors, rien de trop tandis qu’il la connaissait plus prompte à jacasser, mais qu’aurait-elle ajouté de plus à ce constat si parfait ? Un petit gémissement satisfait, sans doute pour marquer ce contentement pure, cette efficacité dans la véracité exacte de ses propos, et puis aussi, le plaisir. Puisque qu’étendue là, et comme le reste du monde n’existait plus, qu’elle n’était plus que Rosabel assoupie, assoupie du monde qu’elle aurait pu engloutir dans son indifférence, dans ses soupirs d’aise emportés par le rejet des vagues sur le sable, dans cette nonchalance paisible, cet havre qu’elle offrait soudain, l’univers tout entier avait soudain semblé se taire pour le repos de Rosabel. Il s’échouait d’ailleurs à ses pieds, mais elle ne l’entendait pas, ne le sentait même pas, car la serviette de Rosabel demeurait cruelle si loin du rivage. Et n’était-elle pas Calypso échouée sur la plage, comme une déesse oubliée là pour égarer les marins imprudents, vers cette épave abandonnée.

_ Je crois que je pourrai me laisser dépérir au soleil. Et mourir.

Et ne serait-elle pas morte de sa belle mort, tandis que le soleil la vidait de ses forces, de toute sa colère, de cette frustration, de toutes ses envies. Elle s’évaporait sous la chaleur, elle s’asséchait. Elle s’asséchait de ces tourments que lui, Anton Lawliet lui avait fait vivre. Elle se sentait bien néanmoins, tellement, qu’elle aurait pu lâcher prise, tellement qu’elle aurait renoncé à tout pour n’être qu’elle dans sa forme la plus pure, l’originelle.

_ Continue à me regarder, Anton Lawliet, car si je meurs, je veux mourir devant toi. Qu’il se souvienne éternellement de sa beauté, de son paisible, de son sourire gorgé. Car elle l’était, gorgée, nourrie comme une plante à la photosynthèse, se complaisant dans l'attention qu’il lui offrait, dans ces regards qu’elle ne voulait que pour elle.

Et il y avait eu ce bras comme un intrus dans sa zone de confort, un bout d'Anton dans ce tableau si parfait, une tâche.
Et ce fut comme s'il l'assommait soudain, de son exigeance, d'une suffisance. Comment aurait-elle pu s'offrir, tandis qu'il s'était si bien efforcé à la rejeter, à lui faire sentir que tous ses efforts seraient vains ? Elle n'avait pas réagi de suite, et ce fut comme si elle ne l'avait pas entendu, comme si sa requête était tombée du haut d'une falaise, dans son gouffre d'indifférence, avalée par la mer, ensevelie sous le sable, comme s'il ne s'adressait plus tout à fait à un être de chair sinon à une nature morte, objet du décor.

Rosabel ne pouvait rien pour Anton. Car que lui aurait-elle dit ? Tandis qu'elle ignorait même si elle serait capable un jour de s'offrir à quelqu'un comme il le désirait, tandis qu'il lui semblait qu'elle n'avait pas la maturité nécessaire pour ce faire, la confiance nécessaire en lui pour se dévêtir de ses artifices. Et savait-il à quel point son être pouvait être fade, le soir, quand elle-même ne supportait pas son propre reflet dans une glace, quand même l'élégance savamment construite durant son enfance ne parvenait pas à la consoler de ce désintérêt pour le monde et pour ses êtres, de cette sensation étrange de ne pas être née à la bonne époque, de ne pas appartenir au bon monde, de s'être trompée d'existence. Et ne l'avait-on pas mise au monde pour mieux la laisser s'échouer et dériver, sans enchantement, sans promesse, sans passion. Lui aurait-elle dit qu'il contemplait en vérité une photo en noire et blanc, une vieillerie déjà lassée, lavée de ses couleurs, de son intérêt. Tout ce qu'elle pouvait lui offrir, ce qu'elle aurait jugé digne, il n'en avait pas voulu.

_ Je ne veux pas entendre ça.

Elle s'ennuyait, elle s'ennuyait depuis son tout jeune âge. Elle n'avait pas de centres d'intérêts, pas de passe-temps, pas quelque chose pour laquelle elle se serait donnée corps et âme. Elle n'avait rien, rien que sa beauté à entretenir comme on le lui avait appris, rien qu'une famille désunie, rien qu'une famille qui s'aimait tout en ne s'aimant pas, rien qu'une fille qu'elle regardait à peine, dont elle s'occupait à peine, qui n'arrivait même pas à accaparer son attention, à lui prendre un peu de tendresse, ou pas assez peut-être. Elle était une mauvaise fille, une mauvaise soeur, une mauvaise mère, une mauvaise amante aussi, une piètre amie. Et qu'aurait-elle pu lui offrir tandis qu'elle n'avait rien de beau pour lui.

Elle retira une fois de plus ses lunettes de soleil ; et la lumière fatiguait tant son regard. Passant en-dessous ce bras intrusif, son corps bascula lentement vers le sien, de sorte à ce qu'ils puissent s'observer vraiment, et elle s'était approchée si près, pour qu'il puisse contempler plus loin en avant, pour qu'il ne rate rien surtout de cet accablement profond, de cette colère pénible envers ce même accablement aussi, pour qu'il contemple enfin les eaux tumultueuses en elle, certes, mais il les connaissait déjà, mais et surtout ce climat aride et désertique.

_ Je suis si fade, Anton. Ne vois-tu pas que je n'ai rien pour toi, que même si je voulais bien me montrer dans mon entièreté, il n'y aurait rien pour te retenir. Qu'est-ce que tu pourrais bien faire de moi ?

Alors elle avait battu des paupières, doucement refermé ses globes comme il aurait pu s'agir d'une porte menant jusqu'à ses entrailles, jusqu'à ce bout d'elle-même qu'elle lui avait laissé entrevoir, furtivement. Et elle avait gardé cette mince distance entre eux, la séparation de deux serviettes. Un sourire avait finalement éclos timidement sur le coin de ses lèvres, une rose noire un peu malade, riche de tristesse.

_ Je ne t'offrirai pas quelque chose de si laid.
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Anton V. Lawliet


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Anton V. Lawliet





Re: Les pensées reposées — Rosabel
14.08.16 23:17

Il avait souri, imperceptiblement — Anton n’aurait pas voulu la voir mourir, dans toute sa beauté; comme l’une dernière image qu’il aurait pu se faire. Et dans ses caprices il aurait voulu figer cette image dans ses pensées, la voir s’éterniser; un peu plus longtemps — s’il vous plait. Elle lui échappait comme le sable entre ses doigts; elle s’en irait à mesure que le temps passerait, et Anton, dans sa fatigue, dans l’absence de ses barrières, dans la volonté de se dévoiler; aurait voulu lui dire, lui crier — qu’il pouvait l’aimer. Qu’il la voulait elle, entière, parfaite — qu’il la voulait triste comme à l’instant, provocatrice comme hier — puis femme comme demain. Et ne voulait-elle pas l’entendre; surement, quand lui voulait se laisser aller, lui donner ce qu’il avait, son tout à lui — ses caprices, son amour, sa timidité. Regard dans le sien, il avait souri; il s’était rapproché. Bras sur son cou, corps dans le sable qui les séparait; il était à sa frontière, il était au bout de son regard, de son nez; de son tout. Elle n’avait rien pour le retenir ; mais qui retenait Anton — le libre, l’indescriptible. Si elle n’aurait pu le retenir, il se serait accroché, comme il le faisait parfois avec ceux qu’il aimait oui; il se serait agrippé à sa peau, il aurait été sa seconde peau. Ce n’était pas ce qu’elle voulait. Et aurait-il la suffisance de prétendre vouloir lui infliger un caprice égoïste ? Peut-être, et il avait relevé son demi bras; ses doigts étaient venus jouer avec une mèche.

Il y avait tout un imaginaire.
Que pourrait-il bien faire d’elle.

Il l’aurait faite sourire, l’aurait embrassée; il lui aurait dit qu’elle est belle, qu’elle l’énerve; ils se seraient disputés — il n’aurait plus voulu d’elle. Il l’aurait embrassée, encore — il lui aurait fait l’amour avec tendresse, puis avec passion. Il l’octroierait de couleurs au matin, l’illuminerait de rires désillusionnés, il l’aurait trainé dans ses bouquins; l’aurait enlacée quand elle s’y attendait le moins. Il aurait niché son visage dans son cou, se serait délecté de son parfum; il lui aurait dit qu’elle était indispensable, il lui aurait dit qu’elle était de insupportable. Il lui aurait montré qu’elle était quelqu’un, si ce n’était aux yeux du monde elle l’aurait été pour lui — oui. Il lui aurait fait l’amour; encore. Et il lui aurait dit je t’aime, quand le temps les aurait entrainés dans une routine, quand il n’aurait plus pu que ne l’apprécier elle dans toute sa splendeur, car elle aurait gommé le reste du monde d’un rictus. Il aurait — avait alors perdu son sourire. Anton aurait pu la rendre heureuse; l’aurait voulu. Être celui qui la sauverait, mais n’était-ce alors pas trop arrogant, pas trop osé de penser pouvoir penser sauver quelqu’un de lui-même. Ce n’était pas au futur, qu’il pensait. C’était à ce ’et si’, à des fantasmes assumés; et n’était-ce pas le privilège de la jeunesse, que de pouvoir s’imaginer. Quelle irrationalité.

« Que pourrais-je bien faire de toi. » Un soupire amusé, désespéré s’échappe; s’empare d’un sourire; et n’était-ce pas triste, que de se dire oui, qu’il aurait pu tant lui donner; qu’il aurait pu faire tant et si peu — car jamais il n’aurait osé la changer; main sur sa joue. Il s’approche encore, un peu; lève son visage, légèrement. Et ça lui avait traversé le corps, les bras, cela raisonnait dans ses tempes. Ses lèvres touchent les siennes. S’attardent une seconde, deux — une infinité de micro-secondes, une infinité de temps. Et il n’y avait ni passion, ni désir (peut-être un peu des deux, refoulés juste ici depuis trop longtemps, mais qu’étaient-ils comparés à cette douceur !) — il y avait un partage de ce fantasme exaspéré; une envie de lui dire sans mots; de lui montrer — car un baiser n’était-il pas la façon la plus sûre de se taire en disant tout ? Sa main avait glissé dans sa nuque — cela n’aurait pu être qu’une préface, l’une de celle que l’on repense sans cesse;

Et soudain, tout était fini.

Il n’y avait plus de ce goût incertain, il n’y avait plus de baiser, tout était déjà passé; tout était déjà consommé. Et peut-être, surement regrettait-il déjà cet acte, irréfléchi, impulsif — fougueux. Alors — alors oui seulement, il avait posé un baiser sur son front, comme s’il voulait la protéger, la protéger de quoi, de quoi — mais de qui si ce n’était de lui-même, de sa cruauté, de son erreur.  « Tu ne voudrais pas entendre ça non plus. »
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Rosabel Northrop


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Re: Les pensées reposées — Rosabel
15.08.16 10:27



Les pensées reposées
Rosabel & Anton
« Et si j’avais envie de te l’entendre dire ? Et si je voulais... » et sa phrase était restée en suspend, de ce baiser encore sur ses lèvres. Et n’avait – elle pas que trop apprécié, que trop aimé, que trop désiré ses lèvres, sa bouche, et tout son être. Ne l’avait-elle pas aidé en tendant encore ses badigoinces  lorsqu’il l’avait touchée, et lorsqu’elle l’avait senti, lui, seulement lui. Qu’elle avait souhaité qu’il s’attarde auprès d’elle, de cette infime chose, de ce baiser à moitié dérobé ; car comment le lui voler tandis qu’elle le lui aurait encore donné. Et cette douceur passionnée, pressée tout contre elle. Et cela était venu lentement, ses yeux clos pour empêcher tout aperçu, elle l’avait soudain vécu, et si la surprise avait soulevé ses cils, Anton pour quelques infimes secondes qui ne voulaient rien dire dans toute une vie de minutes, avait fait battre son cœur.

Elle s’était agacée enfin, comme le baiser l’avait sorti d’une torpeur, un bouche à bouche salvateur. Et le calme avait été dérangé, et il la dérangeait,  il lui provoquait des remous d’ardeur. Et elle s’était soudain reculée aux autres extrémités de sa serviette, s’était débattue avec ses bras, pour s’éloigner de toute cette masse incompréhensible et égoïste. Car il devait l’être pour lui imposer tous ces changements d’humeur, tous ces états contradictoires, et on n’aurait su dire l’émotion qui la parcourrait, la satisfaction d’un baiser, d’un autre sur son front, et cette forme de rejet aussi, ce rejet de lui faire confiance, de croire tout juste. Elle avait les sourcils froncés, les lèvres pincées, de petits tremblements nerveux et colériques.

_ Ce n’est pas juste ! S’était-elle écriée, de ce timbre mauvais et assassin, de sa voix rauque dérivant dans les aigus. Pas juste ! Et elle aurait voulu le détester, et elle aurait voulu lui dire qu’elle ne l’aimait pas, qu’elle ne l’aimerait jamais, qu’elle ne lui avait pas autorisé ce baiser, qu’elle ne lui offrirait rien, mais n’était-elle pas déjà en train de lui donner, de ses états d’âme, de son impulsivité, puisqu’il était bien le seul à la rendre si fragile émotionnellement, si vivante. Elle aurait voulu se lasser de lui, elle aurait voulu perdre soudain tout intérêt, mais il avait tout gâché, d’un baiser trop bon sur ses lèvres.

Et sa longue silhouette s’était soulevée, sa main s’était emparée de la crème solaire, et d’un geste un peu rageur, un peu désespéré, un peu vain aussi, elle la lui avait jetée dessus.

_ Tu es un égoïste Anton ! Un égoïste ! Tu n’as pensé qu’à toi !

Car avait-il songé qu'un baiser si doux si savoureux la mettrait dans un tel état ? Que l'énervement se mêlerait au plaisir, que ses joues un peu creuses se rempliraient de couleur, rougiraient de ces deux émotions contraires, qu'il la rendrait un peu folle, et si faible, qu'elle voudrait déjà tout lui pardonner, qu'elle lui pardonnait déjà, qu'il la démunissait de toute volonté propre, et qu'avec lui elle ne savait plus que céder.

Naturellement elle lui était revenue un peu vivement, et ses bras avaient cherché son corps, sa nuque, et sa silhouette s'était étendue tout contre la sienne, et elle l'avait obligée un peu à l'accepter tout contre lui, si fort, toujours aussi capricieuse, toujours aussi agacée, toujours aussi terrible, et elle avait enfoui sa tête dans son cou, tandis qu'elle essayait encore de maîtriser son souffle en colère, sa voix déraillée, et puis le reste aussi. Et cela lui était finalement sorti sur un ton de reproche, quoique sa voix aurait paru si calme.

_ Tu n'as pas le droit de m'embrasser comme ça ; parce que si tu m'embrasses comme ça, ça me donne envie. Ca me donne envie de toi, de t'avoir, ça me donne envie de te faire confiance, et de tout te donner. Ca me donne envie de tout entendre, et de tout prendre. Si tu m'embrasses comme ça, ça me donne envie de croire que ce serait possible. Si tu m'embrasses comme ça, je ne vais penser qu'à toi. Tu n'as pas le droit de dire que tu me veux, de m'embrasser comme ça et de me rejeter ensuite, alors que tu sais que je ne sais pas te dire non.

Non, Rosabel ignorait. Rosabel ignorait comment se défaire d'Anton Lawliet. Rosabel ignorait comment faire taire ses envies, comment faire taire ses angoisses aussi, ses peurs. Et elle le craignait soudain, elle craignait l'influence qu'il possédait sur elle, elle craignait cet égoïsme capricieux. Et ô comme cela lui était doux, lui était bon, lui était tendre à ses oreilles, que de le craindre, que de craindre ses réactions. Et n'aimait-elle pas justement ce pouvoir qu'il avait sur elle, n'aimait-elle pas n'être qu'un rien dans le creux de sa main, n'aimait-elle pas éprouver sa résistance, sa force de caractère contre la sienne, n'aimait-elle pas cette sensation, celle de se faire dévorer. Et qu'il lui dévore son reste de raison, ses emportements aussi, ses tourments. Oui. Peut-être aimait-elle se soumettre à son égoïsme, à ce caprice qu'il lui imposait.

_ Je ne comprends pas ce qu'il te faut. Non, elle ne savait pas quoi faire, lui aurait bien donné tout son être en lui disant de se débrouiller avec, que tout était de sa faute de toute façon, qu'il avait bien mérité sa Rosabel, mais il y avait encore de la retenue, pour essayer de se protéger, de lui, et de tout ce qu'il représentait. Tu me fais peur, Anton.  

Et elle aurait voulu rester là plus longtemps, à penser à tout, à s'inquiéter de tout, de lui, tout en se sentant à l'abri de tout le reste, d'un tsunami. Mais avec une volonté qu'elle n'avait plus tant, un effort un peu trop grand, sa masse s'était doucement écartée de la sienne, et elle s'était levée, fatiguée.

_ Nous sommes quittes.

Et elle avait pointé ses lèvres du doigt pour lui faire comprendre, avant de s'éloigner. Elle avait besoin d'être rafraîchie, pour y voir plus clair peut-être. Fallait-il que le soleil ait fait un barbecue de ses neurones ? Elle avait à peine tressauter lorsque ses pieds avaient foulé l'écume des vagues, tandis que son corps était si chaud et que l'eau lui semblait si froide. Elle hésita un peu, mais se retourna vers lui, les serviettes ne se trouvant guère plus loin.

_ Tu pourrais continuer à me regarder, ou tu pourrais venir aussi.  
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Anton V. Lawliet


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Anton V. Lawliet





Re: Les pensées reposées — Rosabel
18.08.16 19:15

Et si elle voulait l’entendre, elle lui aurait menti. Ne lui avait-elle pas dit — Anton, je ne veux pas entendre ça. N’était-elle pas du genre à s’enfuir dès qu’on lui proposait plus que ce qu’elle n’attendait, n’avait-elle pas peur de ce qu’il lui proposait, de l’engagement que lui désirait. De la place qu’il prenait, indéniablement. Il suffisait d’observer son regard, ses manies qui avaient changées. Cela lui avait tiré un sourire léger. Mais qui était-il; finalement, pour dire ce qu’elle pensait, pour la penser car peut-être se trompait-il; peut-être ne savait-elle pas comme lui ce qu’elle voulait réellement. Car n’était-elle pas source de problèmes ? L’avait détourné du travail, l’avait perturbé dans ses révisions normales — oui; Anton n’était pas sûr de vouloir de Rosabel Northrop dans sa vie. Pourtant, pourtant il était venu là, l’avait embrassée; se sentait amusé, un peu décontracté — et depuis combien de temps cela ne lui était pas arrivé; depuis combien d’années ses épaules n’avaient pas été si relâchées ? Car surement avait-elle raison; ce n’était pas juste, et d’aucun des deux ne l’était avec l’autre. Le serpent se mordait la queue — retour à la case départ, ils étaient quitte avait-elle dit.

Il n’avait retenu un rire évasé lorsque le projectile avait cogné ses mains; qu’il avait protégé son front d’un headshot phénoménal. Dangereuse ! s’était-il exclamé alors qu’il s’était laissé tomber totalement sur le dos, alors qu’elle revenait, alors qu’elle revenait dans ses bras, s’y collait — et il l’avait un peu serrée, ne l’aurait pas laissée s’échapper, pas encore, pas une nouvelle fois. Mais Rosabel Northrop était de ces femmes libres, de celles qui faisaient ce qu’elles désiraient; de celles qui ne s’occupaient pas de savoir ce que l’on en pensait — elle ne savait pas ce qu’il voulait. Et n’était-ce pas évident; alors qu’elle s’éloignait de nouveau, alors qu’elle partait à l’eau. Anton voulait qu’elle s’énerve quand il serait sur son téléphone; qu’elle le jette peut-être. Il voulait qu’elle soit là quand il n’irait pas bien; il voulait réviser à côté d’elle dans un lit — oublier de prendre un déjeuner pour passer du temps ensemble oui; Anton voulait ne voir qu’elle, il voulait tomber amoureux; il voulait tant de choses à la fois, un rêve, des illusions. Et n’était-ce pas si égoïste, de se l’avouer soudain: il voulait ses bras, ses lèvres, il voulait sa compagnie oui — qu’elle l’aime.

Mais lui n’était pas amoureux — ne pensait pas l’être non; son ventre ne faisait aucun noeud, et si ses yeux dérivés trop régulièrement sur elle, entre deux lignes de code pénal, s’il était parfois un peu jaloux; beaucoup trop — Anton ne connaissait ni papillons, ni monde rose comme on le lui avait décrit. Il n’y avait que le désir qu’elle veuille de lui — et le désir d’elle, aussi. Et pourquoi elle plus qu’une autre ? Là était une question à laquelle il ne pouvait pas répondre; pas encore, car elle n’était pas la première à s’intéresser à lui ni la première qui l’intéressait oui — il n’y avait aucune explication rationnelle à cet intérêt. Peut-être son inaccessibilité. « Mais j’aime bien te regarder ! » avait-il plaisanté avant qu’un rire ne suive. Aussi s’était-il levé le sourire aux lèvres et avait trottiné jusqu’à l’eau, surement lui aussi avait besoin de se rafraichir les idées; et sans s’arrêter au contact froid; il avait plongé la tête la première, avait laissé sa tête ressortir l’instant d’après. Souriant comme un gamin, il avait secoué sa tête pour chasser l’eau de ses cheveux, l’avait regardée. « Tu viens ou je viens te chercher ? » avait-il menacé, envoyant beaucoup de gouttelettes d’eaux (l’on pourrait plus comparer ça à une vague) sur la jeune femme.
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Rosabel Northrop


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Rosabel Northrop





Re: Les pensées reposées — Rosabel
19.08.16 21:20



Les pensées reposées
Rosabel & Anton
« vraiment ? » avait-elle interrogé distraitement, sans réellement croire à sa propre question, sinon à une rhétorique un peu banale qui l’aurait cherché, le titillant d’une pose soudain équivoque ; une main jouant avec le bas de son maillot de bain, une autre relevée dans sa chevelure, ce profil qu’elle désirait soudain saisissant. N’aurait-elle pas souhaité au fond lui faire simplement ravaler sa plaisanterie ? L’ombre d’un sourire fripon glissa sur ses lèvres, ses yeux roucoulant. « es-tu sûr d’aimer juste bien ? »
Un léger gloussement éclata alors, rauque quoique léger. Anton la rendait sans doute trop joueuse, lui avait redonné goût à des plaisirs, à jouer de cette plastique. Rosabel aimait, se rendre désirable. Et c'était sans doute encore là quelque chose qu'elle lui devait, la seule torture qu'elle parvenait décemment à lui infliger. Il la faisait danser un peu trop facilement dans le creux de sa main, et elle le savait. Il la rendait faible comme elle n'aimait cependant pas l'être.

Mais cette après-midi prenait des allures de parenthèse, idyllique. Rosabel avait cette nouvelle certitude, de croire que depuis quelques minutes, ils étaient bien. Et comme se sentir juste bien lui arrivait au final assez rarement, elle porta soudain un regard exagéré et bizarre, littéralement bizarre sur Anton en se demandant comment il était parvenu à faire ce que personne n'avait réussi à faire. L'idée lui vint alors de se montrer plus méfiante envers cet ovni survenu un peu trop brusquement dans son ciel gris.

Même sa façon de trottiner. Même sa façon de se jeter si librement dans l'eau. Elle l'avait observé avec une impression qui se renforçait ; Anton était un antipode. Ce qu'elle avait cru banal lui semblait à présent singulier, particulier.

Chose étonnante, il l'avait faite un peu rire ; juste un brin. Naturellement, Rosabel n'était pas femme à rire à gorge déployée, à faire preuve de si peu de retenue. Mais elle avait ri dans un sourire sans promesse, sans joie, sans éclat, un peu trop avare et trop silencieux même, dans un sourire juste un peu simple et sans prétention vraiment, seulement dans le principe pure de l'existence. Et elle ne l'aurait adressé à personne, même pas à lui, quoiqu'il existait grâce à lui, mais le corps un peu penché, détournée des éclaboussures qu'elle subissait, il aurait semblé inattendu sur ses lèvres. Comme Anton ; cet imprévu. Spontané.

_ Viens me chercher, Anton. Les bras ballant dans l'eau étaient partis à la recherche d'un peu de ce sable épais et mou, et lorsqu'elle s'était finalement redressée, elle lui avait jeté son dû à la figure -pour la seconde fois en quelques minutes seulement qu'elle le visait. Quoique la raison cette fois-ci aurait paru bien plus légère. Elle s'éloigna de quelques pas sur le rivage, les lèvres pincées, de cette moquerie qui n'osait pas complètement éclater et cependant tellement bien vivante. Si tu y arrives bien sûr. Alors elle avait fui tout autour de lui.
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Anton V. Lawliet


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Anton V. Lawliet





Re: Les pensées reposées — Rosabel
22.08.16 21:48

Et l’on fut heureux à cet instant précis, à cette seconde même où elle posait pour lui; de ne pas voir toutes les images (quelles que fussent leurs natures) qui défilaient dans la tête du jeune homme au sourire en coin. Bien évidemment, il n’avait alors pas hésité — à aller la chercher, quand elle l’avait provoqué de son sourire, de ce sable envoyé en pleine tête. « Headshoooot ! » s’était-il d’ailleurs exclamé en se laissant tomber dans la mer, presque vaincu. Mais l’on savait bien qu’Anton Lawliet n’était jamais totalement vaincu non; qu’il se relèverait, toujours, aussi n’avait-il pas hésité à se relever pour commencer à lui courir après. Il ne fut d’ailleurs pas bien difficile de la rattraper, comme si elle appelait à être touchée, et n’était-ce alors pas tout le sens que prenait le jeu, la pause qu’ils semblaient s’imposer dans ces rires et sourires envoyés, irréfléchis, indifférents au passé et au futur oui; il n’y avait que le présent. Ils n’étaient plus Rosabel Northrop et Anton Lawliet, il n’y avait plus que deux jeunes gens s’amusant, s’oubliant un peu peut-être et la question de savoir s’ils étaient observés, s’ils intriguaient n’avait pas même effleuré ses pensées.

Alors la main d’Anton s’était abattue sur l’avant-bras de la jeune fille qu’il avait tirée vers lui, « Je t’ai. » sourire — il avait totalement enroulée de ses bras, elle dos contre lui; et n’auraient-ils pas semblé couple, dans cet havre de paix, dans ces sourires et rires envoyés, mimés. Il était resté ainsi un instant, peut-être plus longtemps (car Anton n’arrivait réellement à définir l’instant, si tant est qu’il le vivait); il l’avait un peu plus serrée contre lui avant de plonger avec elle dans l’eau qu’il trouvait à présent chaude, si chaude qu’elle semblait l’envelopper d’un confort soudain; et plus rien ne comptait, plus rien, ni les disputes, ni les piques envoyées, ni même les rires et tentations. Le passé était passé. Il l’avait alors lâchée, était remonté à la surface en posant ses pieds dans le sable gluant; avait d’un réflexe certain balayé ses cheveux de quelques mouvements de tête, passé une main sur son visage — et tout était bien. Il avait ri — encore — en la voyant à son tour sortir de l’eau; car Anton avait ce rire facile; ce rire naturel qui collait à sa peau, à son sang; qui ne le quittait qu’en ces circonstances où elle le mettait en doute, où elle jouait de ce qu’il était; et puis, n’était-ce pas bien, aussi. « L’eau n’est pas trop froide pour Madame ? » avait-il plaisanté, Roger revenu soudain au galop, mais déjà sa bouche se positionnait sous l’eau et son regard se posait sur la jeune fille.

Anton ne savait pas ce qu’il faisait — ni ce qu’il allait faire, en réalité; il était perdu, totalement. Il n’y aurait alors pas cru, ne se serait pas reconnu, sur des photos ou vidéos, aurait plaisanté de son incompétence à être quelqu’un d’intéressant, d’original, surement. Aussi avait-il commencé à faire des bulles avec sa bouche, ouvrant ses bras en s’approchant d’un air tout à fait menaçant (ou ridicule, l’on aurait réellement su le dire) vers Rosabel Northrop. Et c’est arrivé à son niveau qu’il s’était redressé d’un coup, un peu brusquement, avait tapé l’eau du plat de sa main. « Allons au restaurant ensemble ! » s’était-il à moitié écrié, à moitié enjoué, lui souriant à moitié, car tout ne semblait plus que de moitié en Anton Lawliet. Et se rendant peut-être enfin compte de ses propos, il avait posé une main sur sa nuque et son regard s’était un peu écarté de Rosabel, dérivant sur l’horizon de la mer. « Enfin, quand on sera à Londres »; la Londres qui lui manquait tant, la civilisation, la possibilité de s’occuper (d’aller au cinéma, de voir des gens, de se rendre dans une bibliothèque ou de parler art avec sa mère, de voir ses grands-parents et son père — de se disputer avec son frère, sa demi soeur, etc.).
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Rosabel Northrop


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Re: Les pensées reposées — Rosabel
23.08.16 20:15



Les pensées reposées
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Oui, il l’avait. Elle s’était laissée faire, son corps se jetant volontiers contre le sien. Oui, il y avait eu cet instant où tout son être avait frémi ainsi prisonnier entre ses bras, où elle se détendait complètement, se donnait presque, comme si elle ne s’appartenait plus. Rosabel ne s’était pas offusquée de se sentir si bien, si libre. Rien ne comptait plus que cette parenthèse qui prenait des allures d’éternelle, que ce moment où elle n’avait pas besoin de s’interroger sur le reste, sur ce qui se passerait une fois que cette après-midi plage se terminerait, si elle oserait encore se tenir si proche de lui, dans leur bungalow, sur un canapé, sur un lit. A Poudlard aussi. Ne comptait que l’instant présent, où pour quelques minutes seulement, elle avait la sensation d’être comblée, d’avoir quelque chose derrière lequel elle courrait depuis un trop long moment à son goût, pour trop d’impatience, trop de désir ; elle eut l’impression que pour quelques infimes secondes, Anton Lawliet lui appartenait. Elle se gonflerait certainement d’orgueil en y repensant ce soir, cette nuit, lorsqu’elle n’aurait que les souvenirs pour se mélanger à la chaleur étouffante de la nuit, lorsqu’elle se croirait mourir sous sa tonne de draps, lorsqu’elle discernerait ses contours à l’autre bout de la pièce, lorsqu’elle aurait envie de le rejoindre, mais ce qu’elle ne ferait point, lorsqu’elle s’endormirait en songeant qu’il avait osé, l’embrasser, et la serrer comme si vraiment, il y aurait pu avoir un nous.

En se sentant glissée, emportée par ce fou, elle avait eu un petit cri surpris. Et l’eau avait rafraichi ses pensées, ses songes indécents, ce bout de fantaisie qui ne lui allait pas tant, qui semblait si étrange. En effet. Comment y aurait-il pu avoir un nous ? Comment Anton Lawliet et Rosabel Northrop parviendraient à rester unis, parviendraient à montrer autre chose que de l'animosité maladroite l'un envers l'autre, où ils parviendraient seulement à tenir vraiment l'un à l'autre. Elle ne voulait pas tomber amoureuse, elle ne voulait pas aimer ; mais Anton lui donnait envie du contraire. Anton lui donnait envie de faire des choses qui ne lui ressemblaient guère, comme étaler ses longues jambes contre les siennes, poser une main sur son abdomen, reposer sa joue contre la sienne, reposer son âme contre la sienne, s'oublier contre lui et le laisser faire, le laisser gérer ses émotions qui la dépassaient parfois, le laisser lui faire croire qu'avec lui, oui, elle pourrait.

Mais elle chassa ces images de bonheur ; le bonheur l'aurait rendu moins belle. Il y avait quelque chose de beau dans ce refus obstiné de la joie d'exister, de la joie d'amour. Il y avait son être qui vibrait dans la colère, dans l'ennui, dans l'agitation, dans ses crises de nerf. Il y avait cette complaisance dans l'idée d'être malheureux. Et comment lui aurait-il donné des couleurs tandis que son ciel n'était que grisaille ?

_ Oh, Anton... Elle avait fermé un instant les yeux, sortant à peine de l'eau, cette vision trop audacieuse, son décolleté qui lui faisait face, une cambrure, à quatre pattes. Le soupir aurait voulu dire que l'illusion était trop belle. Et jamais elle n'avait prononcé son nom ainsi, avec autant d'insistance, de ferveur. Elle aurait pu oui, être cette femme si dévouée. Elle aurait pu oui, lui consacrer chaque minute de son précieux temps. Si la douceur avait pu se loger si aisément dans chaque parcelle de sa peau, dans chacun de ses regards coulant sur lui, s'il y avait eu ce pitoyable pittoresque en elle, on aurait pu dire que, oui, Rosabel Northrop aurait regardé Anton Lawliet avec une infinie tendresse. Ce fut le cas. Puis c'était passé presque trop rapidement, puis son regard s'était perdu encore dans les hautes sphères de l'arrogance.

_ Et si ce n'était pas le cas, Roger, comment ferais-tu plaisir à ta maîtresse ?

Il y avait eu ce sourire moqueur, tandis qu'il s'approchait ainsi, les bras ouvert vers elle, le visage à moitié immergé. Quelle curiosité. Il l'aurait un peu fait rire, ses lèvres pincées. Mais que faisait-il cet énergumène ?
Elle se laissa tomber en arrière, alors qu'il battait soudain l'eau de sa main. Elle l'éclaboussa naturellement.

_ Idiot.

Puis il y avait eu cette demande qui l'avait étonnée. Aller au restaurant ensemble. Quelle étrange idée. Elle ne répondit pas de suite, fit mine de réfléchir.
Sur ses fesses, elle tendit enfin une jambe, un pied qu'elle posa à plat sur son torse pour le maintenir à distance. Elle joua à le repousser un peu.

_ Je ne te savais pas si romantique. Peut-être que je viendrais.

Oui, elle viendrait sans doute si cette idée parvenait à exister dans la durée ; s'ils avaient toujours cette envie de l'autre. Si cette parenthèse voulait bien être un peu plus que passagère, si quelques résidus, une parabole, voulaient bien les accompagner à Londres.

_ Nous faisons les choses à l'envers ; tu aurais dû me voir à moitié nue après le restaurant, et non pas avant. Comment me trouveras-tu belle dans ma plus chic des robes, comment voudras-tu me désirer, si tu sais déjà ce qui se trouve en-dessous.  

Car ne l'avait-il pas déjà vu trop souvent en maillot de bain, dans ses tenues légères, en serviette.

_ Tu es très indécent, Anton.

Alors, d'une pression beaucoup plus forte du pied, elle le fit basculer en arrière.  


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