| Les pensées reposées — Rosabel | |
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Anton V. Lawliet Messages : 839
Date d'inscription : 08/09/2015
| Re: Les pensées reposées — Rosabel | Et le sourire s'était fait étranger, de côté — un peu amusé, intrigué, aussi; quand on regardait son regard pétillant et plein de cet entrain, de cette moitié d'acceptation. Car oui — Rosabel Northrop avait accepté (plus ou moins) d'aller au restaurant avec lui. Et si Anton ne fut pas Anton, si le Serdaigle se laissait aller à chacune de ses émotions, l'on aurait pu noter ce sourire immense, cette joie mêlée à une pression se formant dans son torse. Mais il n'avait qu'à moitié souri — avait pris un air un peu satisfait, un peu surpris, aussi (car ne l'était-il pas, de voir qu'elle irait peut-être avec lui; comme si une fille pouvait réellement aller au restaurant en sa compagnie, comme s'il avait réellement demandé une telle chose). Anton se surprenait. Ne se reconnaissait qu'à moitié, en vérité — semblait s'être un peu perdu sous une insolation ou un bronzage intensif; n'était-il pas le premier à éviter la gente féminine, leurs courbes, leurs conversations ? N'était-il pas celui qui, depuis plusieurs années, les évitait au détour d'un couloir pour ne pas avoir les écouter ? C'était étrange, presque indescent, oui (elle avait trouvé le mot juste) — de se dire qu'Anton Lawliet invitait Rosabel Northrop, lui proposait un instant à partager. Comme s'il les comptait.
Alors Anton s'était laissé tomber à l'eau sous la pression de son pied, une nouvelle fois. S'était laissé flotter, le regard posté vers le ciel — Rosabel Northrop semblait l'avoir un peu transformé, lui avoir donné goût à des curiosités qu'il n'y avait pas eu lieu d'avoir, avant. Avant qu'elle le laisse explorer si peu son corps, le laisse s'enflammer de sa présence, de ses positions, de ses sous-vêtements, maillots, jambes, lèvres, d'elle. "Tu devras être créative." avait-il dit dans un pouffement, sa propre pensée l'amusant un peu; se laissant à moitié couler avant de se redresser. Pensait-il réellement à lui enlever la plus belle des robe ? Il n'en était pas tout à fait sûr, pas encore réellement concaincu de ce qu'il voulait entièrement. À l'instant, il aurait facilement dit qu'il voulait rester avec elle; voulait l'embrasser et peut-être plus; partager quelques nuits, dormir à ses côtés, rire de ses manies et passer du temps à en profiter — oui, Anton ne la voulait pas elle, il voulait être avec elle. Et là semblait la nuance qui les séparait, le gouffre qui s'installait toujours un peu plus entre eux. Il venait de lui faire un clin d'oeil amusé; le sourire en coin.
Il s'était alors allongé sur le sable, le dos sortant à moitié de l'eau et le sable chatouillant son ventre à chaque aller et venu des vagues. Et alors qu'elle ne voyait plus son visage, Anton s'était laissé à sourire à grande dents, mordant légèrement sa lèvre inférieure, ses poings se serrant de bonheur. Il était content. Indescriptiblement, il se sentait prêt à exploser, et c'était un peu étrange — comme sensation, pour une raison si absurde. Ce n'était pas pour des Optimal, pas pour des félicitations ou un coup bien goupillé. C'était pour Rosabel Northrop, et quel honneur il lui faisait ! (sans qu'elle ne le sache; cela aurait été trop facile). Aussi avait-il hâte oui, hâte de rentrer; de retrouver son Londres, sa famille — et puis, d'aller au restaurant avec Rosabel Northrop. Et il se demandait déjà, aimait-elle la nourriture française ? Et puis, il ne savait toujours pas. "Qui est Roger ?" avait-il demandé sur un ton curieux et amusé, en tournant légèrement son visage vers elle. |
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Rosabel Northrop Messages : 234
Date d'inscription : 19/04/2016
| Re: Les pensées reposées — Rosabel | Les pensées reposées Rosabel & Anton Et Rosabel avait eu une petite inspiration des narines tout à fait snob, même, la pointe de son ravissant nez aquilin avait semblé se dresser d’orgueil. Car pensait-il qu’elle ne saurait pas faire preuve de créativité, que sa robe ne serait pas suffisamment échancrée, que son parfum ne serait pas assez envoûtant, entêtant –qu’il le serait d’ailleurs trop sans doute- et ses talons, ses talons pas suffisamment hauts ? Vertigineux, oui. Rosabel serait vertigineuse. Et que valait encore la créativité quand on avait l’allure raffinée, quand on avait la prestance nécessaire, le charisme de ces belles. Et à quoi bon être créatif, lorsqu’on s’appelait déjà Rosabel Northrop ?
Appuyée sur ses coudes, une jambe repliée, une autre reposant sur un genou, en l’air, elle rétorqua sur un air d’indifférence –quoiqu’elle aurait en réalité eu l’air joueuse, un peu narquoise, une prétention exagérée peut-être :
_ Tu devras l’être aussi.
Sitôt dit, elle avait roulé dans l’eau, se mettant à son tour à plat ventre dans sa direction, non loin de lui ; ses pieds battant doucement l’eau. L’air marin avait frisé ses cheveux. Son maillot de bain lui allait bien aussi, taille haute comme dans ces vieilles années-là, satiné, n’engloutissant pas totalement son fessier, le décolleté carré. Bronzée. Un je-ne-sais-quoi qui lui allait à merveille.
Elle n'avait pas eu l'air plus enchantée, plus ravie, quoiqu'elle le fut sans doute à sa manière, contenue. Elle n'était pas tant de ces femmes très expressives qui se mettaient soudain à couiner, sous prétexte qu'on venait de leur faire plaisir. Au contraire, elle appartenait à la catégorie très sélective de ces femmes qui considèrent que tout, absolument tout, doit leur être dû. Enfin. Ce fut une petite victoire plus que satisfaisante ; elle en avait souri.
Et puis. Qui était Roger ?
Il y eut d'abord un sourire carnassier, une envie de rire soudain. Une furieuse envie, comme elle n'en avait jamais. Une hilarité qu'elle retenait d'un pincement des lèvres, mais ses lippes tremblaient, tremblaient follement. Elle tendit deux bras, deux mains qui vinrent s'enrouler autour des chevilles du garçon.
_ Je ne suis pas sûre que... Tu ais envie de l'entendre.
D'un geste un peu sec, Rosabel tira Anton sur quelques centimètres. Elle se hissa alors vers lui, rampa presque, reptilienne, prit position de son corps. Un genou entre ses cuisses, ses deux mains encadrèrent son visage. Elle resta un moment au-dessus de lui, à quatre pattes, sans le toucher pourtant, à jouer de cette proximité presque indécente, à le regarder juste. Que ne lui aurait-elle pas promis alors.
_ Mais je vais te le dire quand même, puisque tu insistes.
Et on aurait su l'effort que cette retenue réclamait, et malgré le sérieux qu'elle tentait d'imposer, comme si Roger avait pu être l'homme de sa vie, celui qu'elle aurait préféré et qu'elle aurait choyé ; dans son regard sombre brillait un peu de cette malice, une bagatelle. Alors elle pencha sa figure vers la sienne, joua un peu, son nez contre le sien, puisqu'elle aimait le contact, et s'amusant aussi de ce suspens ridicule. Alors elle avait murmuré sur ses lèvres.
_ Roger est l'être en qui j'ai le plus confiance dans ce monde... Tu devrais te sentir honoré d'avoir le même surnom... Mon fidèle et dévoué... Serviteur.
Et son rire avait retenti soudain, tranchant net avec le presque solennel de la révélation. En même temps, et sans se départir de ce sourire absolument fier, absolument ravi qu'elle lui destinait vraiment, et peut-être trop rare, -quel honneur était-ce alors que de faire rire aux éclats Rosabel Northrop, de la faire sembler si pimpante, quel talent aussi ; un bref instant elle aurait eu l'air d'une femme comblée. Alors, dans cet élan un peu euphorique -et quoique l'adjectif sonnait étrangement pour Rosabel, ses dents mordillèrent doucement les lèvres masculines, de cette infime précaution.
_ Voilà qui devrait te faire rêver, Anton Lawliet ! Veux-tu devenir mon esclave ? Je suis sûre que Roger apprécierait, il commence à se faire vieux.
Au même moment, une vague un peu forte éclata en même temps que son badinage, les prit assez par surprise, les engloutit presque.
Codage par Emi Burton |
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Anton V. Lawliet Messages : 839
Date d'inscription : 08/09/2015
| Re: Les pensées reposées — Rosabel | Il avait senti son corps tiré, s'était senti retourné; et soudain le ciel s'affichait devant lui, puis Rosabel Northrop. Cela le fit sourire, indéniablement; qu'elle ne fut pas sûre qu'il voulut l'entendre. Qui était ce Roger ? Son père - oui, ça réellement, il n'aurait pas voulu l'entendre. Alors un petit sourire était venu percer son visage et il avait levé les sourcils. « Ah oui ? » et ses bras s'étaient écartés, le regard jouant entre le bleu du ciel et celui de ses yeux; quoi qu'il n'arrivait pas tout à fait à leur définir une couleur, hésitant avec le gris, le vert. Comme si elle était un peu nébuleuse, abstraite encore; toujours. Et les bras ouverts, la jeune femme sur lui, Anton l’aurait avoué avec un certain amusement, avec un délassement — il était totalement à sa merci. S’était-il déjà habitué à la sentir si près, le contact de leur nez le faisant soudainement rire alors qu’il détournait déjà la tête, imbécile heureux.
Serviteur. Sa bouche s’était grande ouverte, le rire s’échappant par la même occasion, le rire un peu outré, un peu vexé mais surtout, amusé. Et leurs rires se mélangeait, une de ses mains venaient cacher ses yeux. Il ne s’y était pas attendu, jamais. Ne fut pas étonné, pourtant; qu’elle eut un esclave — un elfe de maison, certainement (le commun des sorciers). « Microbe ! » s’était-il exclamé comme étant la pire des insultes, le rire toujours aux lèvres. De nouveau, leur proximité fut trop infime pour qu’il ne rate pas un battement; n’était pas tout à fait sur de ce qu’elle faisait. Était-ce un baiser, un jeu, qu’était-ce exactement que ce mordillement envoutant qui se déroulait sous son nez ? Une main était passée derrière la nuque de Rosabel; surement cela ne lui convenait pas; pas assez. Aurait-il voulu la rapprocher, offrir quelque chose de plus tendre — mais l’eau sur son visage; dans son nez, aussi, l’avait ramené à la réalité alors qu’il se sentait à moitié noyé un instant.
Il avait ri, s’était redressé assis, avait passé une main sur son visage pour en chasser les gouttes. Avait toussé, une ou deux fois. Rire. « On dirait que la mer n’est pas d’accord. » avait-il ri. Anton n’était pas dur à vivre, rendait service assez facilement, quand on y réfléchissait de plus près; se fichait d’être considéré comme serviable ou autre chose.
Il s’employait à garder ce peu de distance qu’il leur restait; il lui semblait que l’instant fut alors trop parfait. Et qu’ils auraient pu les répéter, rendre l’instant constant, s’autoriser un brun de bonheur et pourtant — il lui semblait tant que Rosabel Northrop en fut incapable. Et voilà bien le talon d’Achille qu’elle lui présentait, lui tendait pour qu’il l’attrape: combien de temps s’autoriserait-elle le rire, l’insouciance ? Il avait passé une main dans sa nuque, le regard dérivant sur leurs serviettes, le sourire en coin toujours vivant. Ce n’était qu’un instant. « Je sors de l’eau, microbe. » avait-il dit en s’éclipsant de la jeune fille pour se lever et retourner sur sa serviette, s’y étaler de tout son long; ventre contre terre, il était fin prêt à faire la sieste. Il ferait de beaux rêves. Ce n'était pas parce qu'il avait froid ou parce qu'il n'aimait pas l'eau non; Anton sentait ce besoin de s'échapper, un peu plus. De ne pas trop s'attacher aux secondes qui se passaient; car bientôt elles disparaitraient. Il s'était demandé, ce que cela devait-être, qu'être l'esclave de Rosabel northrop. Il avait eu soudain un peu de peine, pour Roger; et le fait de partager ce surnom lui donnait l'impression de le connaitre si bien. Les yeux fermés, il somnolait déjà. |
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Rosabel Northrop Messages : 234
Date d'inscription : 19/04/2016
| Re: Les pensées reposées — Rosabel | Micobe, avait-il dit. Et cela lui avait arraché un sourire. Elle ne ressemblait pas à un microbe, et ce fut bien la première fois qu'elle entendait cette comparaison qu'elle ne comprenait pas. Alors Rosabel avait eu un sourire incompréhensible. Car cela aurait pu l'amuser encore. Elle s'était redressée à son tour, le lui avait dit, Anton je ne suis pas un microbe, elle aurait rouspété un peu. Protestant. Et comme il s'était levé, elle en avait fait de même, avait joui un instant de la mer, des vagues à ses pieds. Anton était déjà sur la serviette, mais elle n'était pas de suite venue. Enfin. Se serait-elle imposée ? Sûrement oui, si elle n'avait eu ce moment à elle, sans lui, sur cette plage. Elle avait fendu l'eau, sans s'effrayer. Et elle ne viendrait pas, sa main fouettant l'océan, oubliant un bref moment qu'Anton pour quelques secondes, un mordillement, l'avait rendu presque heureuse.
Elle aurait pu s'en aller, car il avait été le seul à rompre sa tranquillité, sa solitude. Mais elle était restée, proche et si loin. Elle n'était pas venue de suite. Elle avait eu une pensée pour Roger, s'était demandée s'il s'en sortait avec le bébé, avec elle aussi. Et quoi ? Avait-elle cru que cela serait possible, qu'on l'accepterait, elle, sa dote, son bébé. Elle avait eu ce sourire nostalgique. Quelle idée ne l'obligeait-il pas, à penser.
- tu ne sais rien, Anton Lawliet.
Et ce n'était pas à lui, que ces mots étaient jetés mais bel et bien à l'océan en face d'elle. Rosabel n'attendait rien de la vie. Elle n'attendait rien d'Anton Lawliet, plus rien. Mais elle n'avait pas le temps ni l'envie, d'être bien, heureuse simplement. Elle ne savait pas comment gérer l'arrivée, l'approche d'Anton. Elle ne savait pas quoi lui dire, quoi lui faire, quoi lui apporter. Et que lui aurait-elle apporté encore tandis qu'il ne voulait pas d'elle, puisqu'elle ne comprenait toujours pas ce qu'il fallait, ce qu'il attendait d'elle. Elle aurait pu l'aimer, si elle en avait eu l'occasion, un instant elle avait cru. N'étaient-ils pas bien ? ils auraient pu l'être, ne le seraient pas. Mais elle avait changé. Quoiqu'elle aurait réclamé un contact encore.
Doucement, ses pas avaient laissé des empreintes mouillées dans le sable. Et sa longue silhouette aurait-elle encore fait de l'ombre, à celle allongée d'Anton.
- Est-ce que tu dors ? Et s'intéressait-elle réellement à la réponse, probablement pas. Et elle avait hésité entre lui et sa serviette ; elle l'avait voulu lui. Cela avait été douloureux de s'en rendre compte. De se rendre compte qu'elle voulait s'allonger contre lui, prendre ses mains, se serrer encore. Et cela avait été difficile de se le refuser. Alors elle s'était détournée. Elle ne savait pas, ne pouvait pas, n'y arrivait pas. Anton. Elle voulait son odeur, ses bras, ce tout. Il est trop tôt pour dormir, Anton. Et elle s'était agenouillée une fois de plus au dessus de lui ; trop tôt oui, pour oublier son parfum, pour oublier qu'elle avait envie de lui, d'entendre sa voix aussi. Tu es bien timide aujourd'hui, tu ne parles presque pas. C'est comme si je parlais seule, comme si tu n'écoutais pas. Alors elle avait eu un sourire encore, tandis qu'il ne voyait rien, et sa voix grave mais suave l'aurait bercé. Cela lui plaisait, l'impression de ne pas l'avoir. L'impression que... Tu m'échappes, Lawliet. Et elle avait eu un petit rictus, presque invisible. Ses mains s'étaient égarées, avaient tiré sa peau, l'avaient massé. Ses doigts avaient tâté ses épaules, ses hanches. Et tout allait bien, il aurait pu dormir s'il voulait, ses doigts doux et lents sur son épiderme. Et le doigté n'était-il pas prudent, presque bienveillant. Presque. N'aurait-elle pas seulement voulu lui faire du bien. Tout n'irait pas bien, mais elle voulait bien, avoir cette impression qu'un instant cela irait.
- C'est toi qui est venu après tout.
Car il était venu après le rejet, lui avait fait espérer que cela serait différent, qu'ils iraient au restaurant. Un instant ils auraient pu être très bien. Même. Mais elle parlait trop comme d'habitude, comme une fille. Son buste s'était penché sur le sien, sa poitrine dans son dos. Et puis son souffle dans son oreille.
- Et puis Anton, je ne ressemble pas à un microbe. Je suis belle.
Alors seulement elle s'était laissée tomber sur le côté, ses jambes encore mélangées dans les siennes, tournée vers lui mais les yeux clos. Alors ses mains après son dos avaient cherché les siennes. Elle caressa ses doigts furtivement. Puis cela lui revint. Qu'elle ne devait pas. Et Anton n'était-il pas sI cruel ? Une autre qu'elle l'aurait rejeté après tout cela, une autre l'aurait dit méchant. Mais elle ne savait pas, ne savait plus comment s'en passer. Si faible. Alors elle lui avait totalement tourné le dos. Si difficile, Anton. Si exigeant. Elle ne l'avait plus touché, les yeux clos. Elle le séduirait encore d'une façon ou d'une autre. Ne sois pas si tranquille, aurait-elle souhaité dire. Ne sois pas si fort. Il la faisait se sentir si bien et si mal à la fois.
Elle n'aurait rien ajouté de plus, n'aurait pas trouvé le sommeil, le regard fixe. Il n'avait rien de particulier, et pour cela elle l'aurait boudé. Mais parfois elle se disait ;
- Tu es beau par moment.
Par moment seulement, un véritable compliment n'aurait pas été Northrop. Et puis ses jambes avaient quitté les siennes. Puis elle avait fermé les yeux. Et elle avait commencé à somnoler à son tour. La plage. Toutefois ;
- Et c'est injuste de s'endormir à côté de moi. |
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Anton V. Lawliet Messages : 839
Date d'inscription : 08/09/2015
| Re: Les pensées reposées — Rosabel | Les épaules s’étaient contractées, le réveillant de cette somnolence. Si mal à l’aise que ton son corps s’était rigidifié, alors qu’elle entreprenait un vague massage qui l’avait mis mal à l’aise. Et ce n’était rien, c’était pourtant beaucoup. Aussi avait-il ri, aussi son corps contrastait-il avec le laisser aller qu’il voulait laisser paraitre. Mais quand bien même appréciait-il Rosabel, quand bien même l’avait-elle charmé, des choses ne changeaient pas, même avec elle. Anton n’arrivait pas à se donner entièrement, et il avait attendu qu’elle se laisse tomber pour se relâcher alors, un peu, assez. L’impression de mains sur ses omoplates restant malgré l’absence de Rosabel le beau microbe. Rosabel était belle.
Et n’était-ce pas si vrai — aujourd’hui, Anton était timide. Aujourd’hui, Anton avait presque abandonné son sarcasme, son cynisme pour se laisser aller à la liberté. Pour se confier au bien-être de l’instant. Et qu’il aurait voulu qu’il dure, cet instant, qu’il reste si parfait. Il s’était dit qu’il aurait voulu, que Rosabel soit si près de lui plus souvent. Qu’il aurait bien voulu, partager d’autres après-midi si paisible, sans provocation, sans disputes, sans haine. Sans un besoin de plaire à l’autre, juste celui d’être eux-mêmes, de se croire uniques au monde, dans un confort qu’ils auraient créé. Ensemble. Et la présence de l’autre était alors, cette après-midi, si réconfortante, si normale, si évidente. Pouvait-il se dire que demain, il ne la verrait peut-être pas, que demain était un autre jour; mieux valait ne pas y penser, car Anton n’était pas amoureux. Anton ne faisait que s’emballer. Alors l’idée d’un restaurant lui tardait. Son corps avait basculé sur le côté, il faisait face à son dos à elle. Il lui échappait; comme elle lui échappait.
Mais Anton n’était pas beau; n’aurait jamais eu la confiance qu’elle arborait pour s’en vanter. Anton était un garçon banal, aux cheveux sombres et aux yeux de la même couleur. Anton n’avait rien à envier. Ni muscles, ni traits. Et certainement Rosabel Northrop jamais ne se serait retourné sur lui, s’ils n’avaient pas échangé un verre de whisky. Mais Anton souriait, idiotement. Se demandait pourquoi lui, ce qu’il lui avait fait; alors qu’elle l’avait nargué, alors qu’il devrait être le seul, à lui courir après, alors qu’elle aurait du être celle qui le repoussait. Quelle audace, que de refuser Rosabel Northrop. Son manque d’intérêt pour les filles avait eu quelques bienfaits. Avait peut-être un peu changé, aussi. Mais les livres resteraient une priorité, il le pensait. Demain. Aujourd’hui, Rosabel était dans ses pensées. « Les elfes de maison aussi ont une vie injuste. » Et parlait-il de lui, associé à l’esclave de Rosabel Northrop, ou de la réalité. Un petit sourire malin s’était dessiné sur ses lèvres, illustrant son amusement. Car sa vie à lui aussi, était si injuste ! Rosabel était injuste de son existence, de lui avoir montré des choses qu’il avait toujours évité. L’attirance et puis, le désir. Et en y pensant, Rosabel parlait tout autant que les autres. Avait quelque chose de si beau, cependant. Quelque chose qu’Anton n’avait jamais vu chez les autres, peut-être parce qu’il n’avait jamais voulu le voir réellement. Rosabel était belle.
Il avait passé son bras sur sa hanche, laissant tomber sa main sur son ventre. Et n’était-ce pas assez. La chaleur du soleil l’assommait, le léger vent frais sur l’eau encore sur son corps. Ou bien était-ce le sommeil qui lui avait manqué, la nuit précédente, qui se manifestait soudain, si brutalement. Et c’était injuste, de s’endormir à côté d’elle. « Ce n’est pas grave. » Ses yeux s’étaient fermés, et il s’était senti bien, moins seul depuis si longtemps. Comme s’il avait quelque chose à partager. Oui, la vie était surement injuste. Et peut-être l’était-il avec elle, comme elle l’était avec lui — mais que savait-elle. Surement plus que lui. Car elle n’était certainement pas une débutante, en matière de relations. Les yeux s’étaient fermés. Et il se trouvait soudain si arrogant, de penser pouvoir partager quelque chose avec la vipère. Lui parmi tant d’autres, alors qu’elle, elle était belle. Alors qu’elle, elle avait tout pour elle.
Il s’était endormi. |
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| Re: Les pensées reposées — Rosabel | |
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