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 On the other side -Clémentine

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Militant Contre les Dragons à Poudlard
Duke E. Osborne


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Duke E. Osborne





On the other side -Clémentine
29.08.16 20:16

Il y avait deux Duke ; celui qui marchait et celui qui suivait, apparaissait calmement d'un miroir à un autre avant de s'évaporer encore mais de toujours revenir. Alors parfois les deux plissaient leurs paupières de la même façon, de ce regard étroit et sévère, similaire à l'autre, parfois oui, ils se regardaient, accéléraient le pas ralentissaient soudain pour se séparer, pour se semer ; mais l'autre ne disparaissait jamais, immuable, reflet qui narguait de l'autre côté du miroir. Et les quelques élèves de passage dans la galerie des glaces l'auraient trouvé bizarre. Ils auraient eu raison. Duke était obnubilé par sa propre image, ne se redécouvrait pas mais semblait en avoir assez, assez de lui-même.

Il s'était soudain mis de face. Il avançait mais reculait de suite, et l'autre l'imitait à la perfection, alors il ne se lassait pas de recommencer. C'était comme s'il se voyait pour la première fois, comme s'il n'avait jamais pris mesure de ce mimétisme que l'objet lui imposait. Et quelles merveilles encore, qu'elle supercherie, quel arrogant portrait cette vilénie lui offrirait encore ? Car même cet autre lui -il s'en rendait compte- lui apparaissait quelconque. Duke prit conscience de manière tout à fait lente, comme on dessinait pauvrement ses idées et ses réflexions,  comme il ne rayonnait jamais par sa vivacité ; il se rendit compte oui de sa propre banalité. Enfin, il n'était pas seulement banal mais bien affreusement banal. Il aurait pu se trouver beau oui, parce que pour un garçon il avait les traits doux, la gentillesse brune, de ses yeux, de sa couleur pas assez noire ni assez claire, de son physique pas assez grand pas assez petit,  pas assez gros pas assez mince. Il était une fondue. Une fondue dans la masse. Il était ce morceau de fromage fondu, englobé dans un tout, indissociable de dizaines d'autres tranches de fromage fondu. Il attendait son morceau de boeuf.

Il n'était plus qu'à quelques ridicules centimètres de lui-même. Il se scrutait. Et Merlin seul sait ce qu'il aurait vu en lui, en regardant dans ses prunelles si noires mais si sympathiques. Se serait-il alors reconnu lui-même ?  Aurait-il saisi l'essence même de son existence ? Non. Car pour cela, il aurait fallu penser. Et Duke n'était pas philosophe.

Mais ce fut à ce moment-là qu'il la vit. La silhouette frêle juste devant lui, juste derrière son autre, dans ce monde si semblable. Ses doigts avaient caressé son  visage sur la paroi lisse, son reflet si identique. Elle l'aurait rassuré sans le savoir, d'un regard. Puisque dans ce miroir, elle veillait sur lui, sur son double si inanimé, si pauvre. Et ne le sauverait-elle pas, de cette prison encadrée ? De cette contemplation vaine d'un inexistant, de lui-même. Il jura que sans la toucher vraiment, il pouvait poser sa main sur sa figure. Elle était dans le miroir, comme la plus belle image qu'on lui aurait donné de voir. Il n'aurait pas soufflé son nom, ne se serait pas retourné non plus, de peur peut-être qu'elle ne soit qu'une illusion. Et qu'aurait-il fait alors de sa folie, si elle n'avait pas été elle. Clémentine.

- Je te vois.

Oui il la voyait, clairement. Sans la regarder pourtant. Son sourire avait alors été bienveillant. Il avait tendu son bras vers elle, sans se retourner pourtant, la paume ouverte. Viens. Prends ma main si tu veux, viens regarder, juste à côté de moi ce que je vois. Et que voyait-il alors ?

- Viens voir comme tu es belle, Clémentine.
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Clementine Miller


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Re: On the other side -Clémentine
30.08.16 20:13

Je ne me suis jamais trouvée belle.

Enfin, ne vous méprenez pas s'il-vous-plaît, je ne voudrais pas sembler comme une de ces interminables adolescentes en manque de considération. Je me trouve jolie, parfois, je me regarde dans le miroir et je ne me déplais pas. Je ne passe simplement pas des heures à me contempler sous toutes les coutures à la recherche du moindre défaut qui pourrait me faire pleurer des heures entières. Je n'ai pas le temps pour ça. Je comprends, je veux dire, vraiment, je comprends ces filles et ces garçons qui se sentent mal, qui n'arrivent pas à entrer en résonance avec leur corps et qui ne savent finalement plus tellement quoi en faire. Je comprends à quel point cela peut être douloureux. C'est d'ailleurs pourquoi je n'ai pas le temps. Je suis une maman. Une maman n'a pas le temps de s'apitoyer sur ses défauts. Une maman regarde ses enfants et les trouve beaux, tous, tout le temps, indubitablement, follement, presque passionnément. Mon rôle n'est pas de me regarder le nombril, oh non! Mon rôle est de fixer ces enfants droits dans les yeux, de contempler ces corps perdus, et de leur faire sentir qu'ils me sont indispensables. Leur faire sentir à quel point, vraiment, vraiment, vraiment, ils sont formidables. Leur prouver que tous ces défauts qu'ils pensent avoir, toutes ces choses qu'ils détestent en eux, sont en réalité précisément ce qui les rend uniques et ce qui leur apporte l'amour des autres. Tout ce que tu détestes en toi, je te promets de l'aimer. Et je l'aimerais encore et encore, jusqu'à ce que tu l'aimes, toi aussi. Voilà ce que je fais. Je n'ai pas le temps de me regarder. Je n'ai pas le droit de me regarder. Quel intérêt y-a-t-il à se regarder quand il y a tant de visages différents à portée de vue. Je ne sais pas.

Et je pense, je ne m'arrête pas de penser, de me rappeler que je n'ai pas le temps, tout en marchant vers la galerie des glaces que je n'ai, à vrai dire, jamais encore traversée. Je ne sais pas si je me suis empêchée inconsciemment d'y aller, ou si je n'ai simplement véritablement jamais considéré la question. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a au creux de mon ventre cette légère appréhension que j'ai chaque fois que je m'apprête à être notée sur un sujet dont je ne connais rien – soit la plupart du temps, quand je n'ai pas purement oublié que j'allais être notée, mais c'est une autre histoire. Je ne cesse de faire quelques pas, et puis de revenir en arrière, et puis de repartir vers la galerie, ne sachant ni ce qui m'y pousse ni ce qui me rebute tant à l'idée de me confronter à cette salle, si lumineuse qu'on n'y peut rien cacher. Et je pense, je ne m'arrête pas de penser. Je pense tant que je m'y retrouve sans bien trop réaliser. Et lorsque je réalise.
Lorsque je réalise, il est déjà trop tard pour s'enfuir.

Je te vois.

Moi aussi, moi aussi je me vois, droit devant moi. Un autre moi tout identique et tout entier, et pourtant vide, je le sais, tout le monde le sait, vide. Et je vois Duke. Duke qui se tient si près du miroir qu'on pourrait le croire prêt à s'y fondre. Duke qui tend sa main, comme ça, comme pour saisir quelqu'un qui serait presque moi et pourtant pas tout à fait.

Viens voir comme tu es belle, Clémentine.

Je le regarde encore un peu. Je regarde ses cheveux noirs qui se noient dans le nombre, je regarde sa peau lisse et son dos droit, je regarde ses yeux qui fixent l'autre moi. Et puis je pense, encore un peu, juste une seconde avant de sourire et d'aller tenir sa main dans la mienne. Il m'a tendu sa main. Une maman ne refuse jamais la main tendue vers elle.

C'est très gentil de me dire ça, vraiment, ça me fait très plaisir.

Une maman ne refuse pas un compliment tendu vers elle.

Mais regarde.

Et je souris plus encore, je souris et je fixe mon regard dans son reflet dans le miroir, parce que je veux qu'il me remarque, je veux qu'il sache que je suis là pour lui et que je ne lâcherais pas sa main s'il veut encore de moi, s'il a encore besoin de moi.

Regarde plutôt comme on est beaux tous les deux. On serait sûrement le roi et la reine de la promo. Tu es très bien coiffé aujourd'hui, c'est joli.

Et je souris encore en passant mon autre main dans ses cheveux. Je souris encore. Encore, encore, encore. Pour ne plus penser, ne plus penser du tout. Pour ne plus être autre chose que cette entité d'amour, prête à donner toute son attention à l'être, si doux, encore trop fragile pour savoir s'aimer seul.
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Duke E. Osborne


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Duke E. Osborne





Re: On the other side -Clémentine
04.09.16 12:17

Il continuait d’observer fixement son reflet, comme si réellement, elle aurait pu ne pas exister derrière lui. Sa bouche n’avait pas souri, son esprit peut-être avait essayé. Il n’avait pas voulu être gentil, enfin, il l’était naturellement, cela était ancré en lui, cela lui était attaché, de son éducation, de sa nature profonde aussi. Mais là, de suite, il ne l’avait pas dit pour être gentil, un compliment n’avait pas juste pour visée d’être gentil ; il l’avait dit parce que c’était vrai. Mais Clémentine ne savait sans doute pas à quel point il aimait les blondes, à quel point elle le mettait dans l’embarras, dans l’embarras invisible qui consistait à contempler pour la raison la plus embêtante, mais aussi la plus valable qui soit ; car y’avait-il meilleure façon de regarder quelqu’un que de le faire avec le respect induit à sa beauté, ou tout du moins à ce que cette dernière évoquait chez lui. Et Duke ne regardait pas souvent les gens, pas de la manière dont on imaginait. Duke était un aveugle, ses yeux bruns erraient dans la foule, erraient dans un paysage trop plein, trop surchargé pour qu’il puisse y discerner quoique ce fut. Mais il y avait toujours de l’or pour capturer sa maigre attention, il y avait la chevelure dorée de Clémentine oui, si proche de lui à cet instant précis. Il savait avec certitude que cela lui plaisait, car il y avait cette fascination étrange qu’exerçaient sur lui ces quelques mèches. Cela lui paraissait lumineux. Et plus encore en raison qu’ils se trouvaient dans la galerie des glaces. Alors il pourrait dire qu’il y avait des choses qu’il aimait, dans son quotidien de tous les jours, il aimait Louise par exemple, il aimait voler sur un balai, et puis aussi, il aimait la blonde Clémentine.

Il ne serrait pas la main de Clémentine, il la tenait faiblement, assez pour qu’elle ne glisse pas du bout de ses doigts, mais pas assez pour qu’elle ne parvienne pas à s’échapper. Et sa grande main se serait noyée dans la sienne. Car c’était bien elle qui l’emprisonnait, et non l’inverse.

Duke regarda. Il regarda ces yeux qui le fixaient, et un instant il se surprit à écouter et à voir le tout, elle et lui dans leur globalité. Il se surprit à détailler l’écart respectif entre leur taille, la façon qu’ils avaient de se tenir, lui un peu droit mais détendu. Et puis ses sourires qu’il ne connaissait pas. Surtout. Ses sourires qu’il remarquait peut-être pour la première fois, et comment cela n’aurait pas pu lui sauter aux yeux plus tôt, comment cela avait-il pu lui échapper si longtemps ; elle avait des sourires de la même couleur que ses cheveux, illuminés et chauds. De cette chaleur qu’il avait lui-même lorsqu’il veillait sur les autres, de sa façon toujours. Et il n’avait peut-être jamais pensé qu’un jour on la lui retournerait si simplement, de cette myriade de couleurs, avec autant d’authenticité. Alors il se retourna vers elle, et la vit pour ce qu’elle était, en chair, de cette consistance, et elle ne semblait plus si éphémère derrière le verre, plus si inaccessible. Elle était là.
Il se sentit confortable, les doigts de Clémentine comme une caresse dans ses cheveux, aurait eu envie peut-être de se laisser aller un peu plus. Il se pencha légèrement, un rien, pour lui faciliter le geste, pour l’inviter aussi à continuer. Il n’avait jamais eu cette habitude, d’être presque pouponné. Cela lui paraissait tellement étrange, qu’on le touche avec tant de facilité, d’ingéniosité, avec tant de douceur aussi. Il pensa que cela devait être propre à Clémentine. Il pensa qu’il lui faudrait une Clémentine tout le temps, pour avoir ces gestes qu’il ne connaissait pas mais qu’il aimait tant. Car cela non, ne lui déplaisait pas.

_ Tu sais bien que ça n’arriverait pas…

Car ils n’étaient pas assez remarquables pour qu’on les élise, pour qu’on les regarde autrement. Et maintenant qu’il la voyait, maintenant qu’il pouvait à son tour la toucher, maintenant qu’il savait, que le monde réel était là, il pouvait le dire ; ils n’étaient que lui, et elle n’était qu’elle. Et tout Poudlard se fichait bien de le savoir. Quand bien même, à lui, cela lui suffisait. Il ne rêvait pas d’être roi, ni d’une reine. A dire vrai, une seule danse lui aurait suffi.

_ Il te faudrait un cavalier qui sache te mettre en valeur, qui s’occupe bien de toi. Il faudrait que toutes les filles t’envient, mais elles ne t’envieraient pas d’être avec moi.

Alors ses doigts avaient doucement attrapé les siens, les avaient repris, enlevés à ses bruns cheveux. Puisque les bonnes choses devaient aussi avoir une fin, puisqu’il arrivait peut-être trop bien à s’y accoutumer, et qu’il ne voulait pas s’y habituer, au risque que cette main aurait pu lui manquer, si elle continuait si bien, si elle souriait encore si bien, si elle le faisait se sentir trop confortable, presque aimé. Mais que lui avait-il fait pour mériter un si bel élan ? Pour avoir autant d’attention ? Mais ce n’était pas à lui de recevoir ces caresses doucereuses, ces mots. Il n’aurait pas prétendu être celui qui devait les lui prononcer, du moins, il lui semblait qu’il aurait dû être celui qui prenait soin d’elle et non l’inverse. Car à se comporter ainsi, elle l’ignorait mais elle lui remémorait de vieux souvenirs d’enfant trop brusquement arrachés. Il pensait à sa mère dont il avait oublié le visage, la douceur. Et elle lui rappelait par la délicatesse même de ses gestes… Il n’acheva pas ses pensées, et s’oublia un instant. Il oublia l’odeur de sa mère, il oublia Clémentine, ses mains dans les siennes, il oublia, ne se souvint bien que du vide, que d’un manque. Son visage oublié dans celui de Clémentine, il ne la vit plus. Et bientôt de Duke il ne resta plus que cette infinie tristesse qu’il avait toujours au coin des lèvres, dans le creux de ses regards. La mélancolie grise, et dans son cœur, une pluie fine.

Il n’oublia pas d’être tendre pourtant.
Et à son tour, ce fut sa main qui quitta la sienne et glissa sur son visage, un peu audacieuse sur sa joue, passa derrière l’oreille, emportant dans sa vague toute une mèche. Et ses doigts continuèrent leur exploration, se posèrent à l’arrière du crâne, soutinrent avec précaution, avec cette attention qu’on lui connaissait peu mais qui lui venait naturellement. Clémentine aurait été si importante, à cet instant. Il n’était pas soucieux, Duke, parce qu’il savait que tout irait bien.

_ Qu’est-ce que tu fais à être si gentille, Clémentine… Comment je pourrai me passer de toi si tu t’occupes si bien de moi, à quoi je sers moi, si tu es celle qui s’occupe de tout ? Et il avait eu ce soupir un peu désespéré, loin d’être agacé. Car aurait-il pu en avoir assez ? Il avait eu pour elle un sourire pauvre, trop fin, trop subtil, mais uniquement pour elle, peut-être un peu fatigué, mais indéniablement affectueux. Est-ce que tu sais te défendre, Clémentine, de tous ces gens qui s’attacheraient à cette gentillesse, de tous ces gens qui te demanderaient tant au point de t’écrouler à ton tour, d’épuisement. Moi je n’ai pas besoin de tout ça, Clémentine. C’est moi qui te porterai quand tu te sentiras fatiguée, c’est moi qui empêcherai tous les autres de te faire du mal. Parce que le monde n’est pas assez gentil pour toi, Clémentine.
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Re: On the other side -Clémentine
18.09.16 20:18

Je n'ai jamais su vraiment réagir à une attention portée sur moi. Je suis la personne qui accorde son attention, non pas celle qui la prend auprès d'autrui. Je ne demande rien. Je n'ose pas demander. Une femme demande. Une maman, ce n'est plus pareil, ce n'est plus vraiment une femme. D'ailleurs, un homme pourrait être une maman, s'il le voulait vraiment. Une maman voue toutes ses pensées, toutes ses attentions à son enfant. Ça ne veut pas dire qu'une maman ne peut pas aussi être une femme. Ça signifie seulement que j'ai, dans mon esprit, là, bien accrochée, cette idéalisation du rôle qui ne me quitte pas. Ça signifie seulement que parfois, on est maman, et on est femme, ou on est homme, ou on est autre. Ça signifie seulement que, moi, souvent, tout le temps, je ne sais pas être femme, ou homme, ou autre. Je suis mère, je suis biologie, je suis amour, je suis maman. Je suis désolée.

Je suis désolée d'être face à tant de gentillesse, et de rester désarmée.

Je voudrais fuire, presque, absolument, peut-être, je ne sais pas. Je voudrais trouver les mots justes, les gestes capables, de répondre. Je voudrais que cette main contre ma joue, mon oreille, mes cheveux, ma nuque, me paraisse naturelle. Je ne sais pas si Duke sait. S'il sait toute la gentillesse qu'il a en lui. Duke pourrait être une maman, probablement, s'il n'était pas si occupé à chercher l'homme qu'il est. S'il cessait de se questionner, s'il prenait confiance en lui et se voyait comme je le vois. Je le vois en grand. Je le vois de près, aussi, positionnée comme ça, je vois les détails de sa peau et je vois ses yeux, et son sourire, fin, à peine, à peine mais quand même. Est-ce qu'un sourire pourrait être plus fin, et plus affectueux? Est-ce que je pourrais cesser d'observer, pour écouter, pour comprendre ce qu'il me dit, ce qu'il énonce avec soin et que j'essaye à tout prix de ne pas entendre parce que si je l'entends, si je comprends, je devrais répondre. Et je ne sais pas répondre. Et il y a ce silence, lorsqu'il cesse de parler, ce silence qui se prolonge sans que personne ne cherche à le briser. Je préferais briser chaque miroir de cette galerie plutôt que ce silence. Je sais que lorsque je laisserai les mots s'échapper de ma langue jusque mes lèvres, jusque cet air suintant d'attente, je sais que je ne pourrai que m'exprimer à l'envers. Il faut que je sois méthodique, sans doute, cela doit être, la meilleure solution. Reprendre ses paroles et tenter quelque chose, n'importe quoi, pour ne plus rester dans ce silence. Respirer profondément, et répondre, agir, réagir.

Ça ne me dérange pas de m'occuper de tout, tu sais. Ça me rassure, même, je pense. Ça te dérange si je m'occupe de tout?

Est-ce que ça te dérange, ça te dérange, ça te démange, je ne sais pas, je ne veux pas déranger. C'est le dilemme, sûrement, quand les enfants grandissent. Être une maman, et ne plus vraiment savoir où est sa place, ne plus savoir où l'on en est, quand on a tout donné, que l'on ne peut plus rien faire, et que l'on doit se recréer. Mais je ne peux pas me recréer.

Je ne peux pas m'épuiser, je ne pense pas. Je suis moi, en étant comme ça. Prendre soin des autres, c'est moi, c'est ce que je fais.

Et tous ces mots, ces mots qu'il a prononcé, distinctement, ces mots que j'essayais de refouler, de ne pas entendre, ces mots me reviennent un à un et me heurtent un peu plus chacun. S'il n'a pas besoin d'attention, s'il n'a pas besoin d'amour, s'il n'a pas besoin que je sois là pour lui, qui suis-je? Je ne peux pas me recréer. Je ne veux pas me recréer. Je veux rester dans ce rôle réconfortant, ce rôle que je connais, par coeur, ce rôle que j'ai inventé parce qu'il représente tout ce que j'aimerais être. Tout ce que j'aimerais être. Je n'imagine rien d'autre, je n'arrive pas à imaginer quoi que ce soit d'autre, l'autrement, c'est loin, c'est si loin. Je ne veux pas penser.

Mais si tu t'occupais si bien de moi, tu pourrais être mon cavalier au bal, et toutes les filles m'envieraient, c'est certain! Il faudrait danser, est-ce que tu sais danser? Je ne sais pas tellement danser mais je pourrais sûrement tout de même t'apprendre.

Et je ris, je ris un peu, et j'ai honte. Honte de ne pas affronter les difficultés, honte de ne pas savoir accepter l'attention qu'on peut me porter. Je ris et je couvre ma honte de ce rire, je ris en dégageant ma tête de cette étreinte jusque là prudemment conservée, je ris en balançant légèrement ces mains que l'on tient l'une dans l'autre, je ris pour la danse, je ris pour ne pas vivre de nouveau le silence, ce silence, que Duke ne mérite pas parce qu'il est grand. Je ris jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien pour rire. Je ris jusqu'à ce que ma bouche s'assèche, jusqu'à ce que mes yeux ne soient plus capable de fixer ceux de Duke en face. Mes yeux, ils ne fixent plus que mes pieds, et un peu ces mains qui ne cessent de se balancer. Peut-être que mon bébé aurait eu mes yeux.

Est-ce qu'on pourrait danser?

Et oublier, un peu, toute cette faiblesse que je pensais en toi, et qui, pourtant, s'accumule toujours plus, en moi.
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Re: On the other side -Clémentine
22.09.16 2:54

Il avait une tendresse profonde, une affection sincère pour les gens qui comme Clémentine n’avaient pas peur de dire ce qu’ils étaient, d’aller jusqu’au bout d’eux-mêmes, de cette bienveillance. Il avait une inclinaison certaine pour la bonté, pour le don de soi, ce formidable élan qui le laissait un peu perplexe, un peu tout lui, un peu étrange, un peu de rien, un peu de tout. Clémentine le rendait sensible. Il ressentait naturellement une forme  d’attachement mélangé à un soupçon d’admiration, et son regard devint tendre, ainsi penché sur la douceur de la jeune fille, ainsi précipité ; c’était un gouffre de chaleur lui semblait-il, c’était le reflet de sa propre gentillesse sans doute et devant laquelle il se sentait étranger. Un peu docilement, il s’était laissé faire, envoûté par tant d’onctuosité, de velouté. Duke eut envie d’un contact physique, non pas barbare, non pas brute, ni même spontané, cela l’avait au contraire frappé avec une piété lente. Le visage dévoué, il avait senti ses doigts se crisper dans le vide, dans cette retenue douloureuse, le besoin de l’enfermer, contre lui, contre son lui rassurant, ses cajoles.

Comment aurait-elle seulement pu le déranger ? L’idée lui parut adorable et naïve, belle aussi dans cette obsession pour l’autre, cette générosité qui ne le laissait pas indifférent. Il aurait souhaité cependant que naisse en Clémentine une pointe un pic d’égoïsme, un presque rien mais une juste mesure, afin que la blonde puisse penser aussi bien à elle-même qu’aux besoins des autres. Duke aurait aimé oui apporter à Clémentine ce qu’elle-même donnait aux autres. Il aurait voulu s’offrir, il aurait voulu l’ensevelir sous son affection, étouffer sa tête contre son torse, la fermer, lui dissimuler le monde extérieur pour qu’elle n’ait plus que ce regard intrinsèque sur elle-même. Il aurait voulu être utile à Clémentine, il voulait, désirait plus que tout à cet instant précis la chérir comme lui-même se sentait choyé. Il n’en avait d’ailleurs pas tant l’habitude. Quelle sorcellerie, quel envoûtement était-ce donc là ? Juste sous ses yeux. De l’amour au sens propre, le plus pur ; elle en irradiait. Il se sentit dorloté, puisqu’elle était ce nuage un peu tiède, apaisé, il lui semblait qu’elle le couvait. Il dégoulinait, de toute cette attention.

_ Je ne sais vraiment pas comment tu pourrais me déranger, Clémentine. Je veux seulement dire que, je serai là. Au cas où. Parce que tu ne peux pas tout prévoir, pas tout anticiper Clémentine. Et parce que moi aussi j'ai besoin de m'occuper, de toi.

Conservant cet intérêt calme qui lui sied si bien, il avait besoin de lui rendre cette tiédeur, de lui recréer un cocon d'infortune avec ses quelques sourires, ses quelques regards qu'il lui offrait tout juste, qu'il n'aurait offert à aucun autre. Et on n'aurait su réellement dire s'il s'agissait chez Duke d'une force ou d'une faiblesse, si toutes les filles en général ne révélaient pas en lui le protecteur qu'il devinait être, qu'il incarnait malgré ses défauts, ses incertains parfois, de simplement de tout ce qu'il était, de son imparfait.

_ D'accord, j'en ai trop dit. Evidemment que tu es toi Clémentine, et c'est parce que tu es comme ça que l'on t'aime. Car tu sais bien enfin, qu'il y en aura toujours pour remarquer et apprécier tes efforts. Car si tu veux choyer les gens, Clémentine, alors la plupart voudront certainement te retourner ton affection. Et ce serait malvenu de refuser ce que l'on pourrait vouloir te donner.

Un rire lui vint, un de ceux qui n'étaient pas tant naturels, pas tant finis, pas tant surjoués non plus. Ce n'était qu'un éclat fortuné et fragmenté qui s'était mélangé à celui de la jeune fille. Et peut-être Duke n'était pas si opaque, pas si inconscient qu'il voulait bien le laisser croire ; il comprenait, agissait selon. Il riait pour Clémentine, il riait pour taire la gêne de Clémentine, pour que ne raisonne dans la galerie que son rire franc, que son rire brut de garçon, son rire qui n'a pas de plus belle durée de vie que la voix de Clémentine. Son souffle meurt en même temps que le sien ; il n'avait jamais eu aucune autre prétention. Il ne rêvait pas Duke. Il ne rêvait pas qu'on puisse avoir envie de lui, d'une proximité qu'il engageait sans même le savoir, juste de cette simplicité qui lui correspondait, de cette patience aussi. Elle avait chassé sa main, il n'avait rien dit. Et que lui aurait-il donc promis ?

_ On peut faire tout ce que tu veux. Il suffit de demander. Est-ce que tu es timide, Clémentine ?

Il s'élança finalement, de ce sourire dont il ne s'était pas départi, puisque malgré tout, l'idée de danser avec elle lui plaisait, lui qui n'était ni maladroit ni trop adroit, ni doué ni brillant ni mauvais. Lui, juste lui. Dans un équilibre mesuré.
Il serra le dos de la jeune fille contre la paume de sa main, et de celle qui était libre, il s'empara de celle de la jeune fille, entrelaça naturellement ses doigts dans les siens. Il ne demanda pas si elle était prête, décida que son sourire trop large faisait un parfait signal. Et il tourna un peu vivement, l'entraîna avec lui, et son regard surplombant leur deux corps, il vit comme leur reflet jonglait finement d'une glace à une autre, il reconnut la silhouette délicate qu'il tenait entre ses bras, il vit son dos. Lui vint alors à l'esprit qu'il y avait un charme obsédant dans ce dos, dans cette façon de se tenir, dans l'étroitesse même du gabarie. Il aimait le contraste entre sa paume large, ouverte, dénouée sur l'omoplate, désirait les épaules fines.
Ce n'était pas seulement une danse sinon un accomplissement, sinon une envolée hasardeuse de bonheur. Duke était subitement heureux, comme on ne vit cet épanouissement que quelques secondes hasardeuses dans une vie. C'était le repos de l'âme peut-être, c'était ses pensées évaporées, ce sentiment de plénitude, d'une satisfaction ancrée jusque dans sa chair, déformait ses traits d'un goût d'achevé. Il conduisait avec assurance, l'obligeait à le suivre, un peu rapide, un peu endiablé. Il aurait souhaité encore ce flot de fatigue, mais il était plein d'une nouvelle ardeur, d'une jeune pousse, inexpérimenté qui se complaisait dans le format de l'amusement le plus facile, le plus aisé.

_ Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?

Il se pencha un peu plus vers elle, sa figure touchant presque la sienne, sembla surgir devant, ses yeux dans les siens, son souffle se confondant doucement avec le sien, ce regard avenant, ce sourire charmant, attentionné quoique coquin, quoique trop espiègle pour lui, se voulant rassurant, et sans trop lui demander son avis, il avait eu ses mains baladeuses, avaient glissé avec nonchalance sur ses cuisses, puis, resserrant soudain sa prise, il la souleva brusquement dans les airs. Il leva son visage appuyé doucement contre son ventre, pour mieux la regarder tout contre elle. Son corps pivota, tourna avec adresse, l'enserra dans une étreinte un peu forte. Et cela avait brusquement écorché ses lèvres, cela l'avait rendu un peu fou, un peu de cette audace aussi, un brin de fougue, sa voix s'était élevée forte, ravie aussi, inopinée, imprévue. Il la trouva délicieuse encore. Ses pas assurés frémissaient.

_ Tu es si adorable.
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Re: On the other side -Clémentine
09.10.16 23:40

the echelon effect

Nos silhouettes se reflètent sur les miroirs. Ah. Nos silhouettes se reflètent sur les miroirs.
Et je te vois.
Je vois tes pas qui guident les miens, si vite que, bientôt, je ne sais même plus si mes jambes sont toujours rattachées au reste de mon corps. Je n'ai plus d'emprise. Mais je vois mes jambes qui se balancent, je les vois qui valsent, qui tournent, je les vois sur les miroirs, je sais qu'elles sont là. Je vois tes mains dans mon dos, sur mes cuisses, elles glissent, elles s'arrêtent parfois, juste un instant, je les vois. Je vois mon corps qui se soulève, mes chaussures qui se laissent pendre dans le vide sous elles, mon ventre qui se pose tout contre ta joue, ou ta joue qui se pose tout contre mon ventre. Est-ce que tu entends mon ventre? Est-ce que tu entends mon ventre, Duke, comme il est vide, comme il est creux, comme il est inutile et meurtri. Est-ce que tu sens mon ventre? Est-ce que tu sens mon ventre, Duke? Parce que je ne le sens plus. Je ne sens plus rien. Je ne fais que voir, encore, là, tout près, partout en réalité. Nos silhouettes se reflètent sur les miroirs. Je vole. Bien sûr que je te fais confiance; quelle mère ne ferait pas confiance à son enfant? Je sais que tu fais bien. Je sais que tu sais. Je sais. Je vole. Je vois.

Tu es si adorable.

Pourquoi.

Pourquoi?

Ma voix si calme, si calme, elle n'est plus mienne non plus, je ne la reconnais presque pas. Similaire, mais autre. Il y a cette intonation que je ne lui connais pas, qui est apparue, lorsque j'ai disparu. Et mon reflet, là-bas, baisse la tête, baisse ses yeux, ses yeux calmes comme sa voix, jusqu'à ce que son regard rencontre le tien quelques centimètres plus bas. Pourquoi? Je ne suis pas adorable. Est-ce que j'ai seulement envie d'être adorable? Je ne me pose pas cette question, je ne me pose plus cette question, à quoi bon? Ça ne m'intéresse pas, pas vraiment. Je veux juste aider. Qu'on ne me questionne pas sur moi, qu'on ne me demande rien, si ce n'est d'être là. Être là pour toi. Ne me demande pas d'être autre chose qu'un réceptacle. J'aimerais pouvoir n'être qu'un réceptacle. Tandis que mon ventre est si creux, si vide. Excuse-moi, ma question a dû te désorienter, j'imagine que ce n'est pas le genre de chose à répondre dans de telles circonstances. Je devrais être capable de simplement te remercier. Pourquoi ne t'ai-je pas simplement remercié? Je te souris.

Merci, Duke.

Voilà. Souris, Clementine. Je suis tellement plus jolie quand je souris. C'est papa qui me l'a dit. Je dois cesser de faire l'enfant, cesser de poser des questions sans réponse, je dois cesser d'être une enfant parce que je n'ai plus le temps d'être une enfant maintenant. J'ai laissé filer le temps pour être une enfant je crois. Je crois qu'il est parti. Sans doute oui, qu'il est parti le temps. Je suis déjà maman. Ah. Duke, je sens! Ton souffle tiède contre mon nombril, à travers ce pull fin qu'ils nous font porter. Je pose mes mains sur tes clavicules pour me laisser glisser, lentement, pour ne pas tomber - si lentement - vers le sol. Et je sens, je sens, promis, juré, je sens mes pieds tout contre la surface dure et plane de la galerie. Je sens mes doigts contre tes épaules, qui glissent dans ton dos, mes paumes sur tes clavicules, à peine effleurées. Je sens ma tête sur ton thorax, qui se lève et s'abaisse avec ta respiration, sans heurts.  Je sens mes yeux qui se ferment, et mes lèvres qui s'étirent. Je suis tellement plus jolie quand je souris. Je sens ta respiration contre mon front et je me souviens de ces journées ensoleillées, lorsque mon père dormait, et que je venais me blottir contre son ventre. Son ventre se soulevait, et s'abaissait, juste comme toi, juste comme tout le monde, mais surtout, là, à cet instant précis. Juste comme toi.

Si je te laisse être là, si je te laisse t'occuper de moi, il faudrait que tu n'en parles pas. Pas trop.

Les yeux fermés, les idées envolées. Je ne veux pas paraître faible, je ne veux pas donner l'impression que je ne suis pas capable de m'occuper toute seule des affaires que l'on me confie, des personnes qui ont besoin de moi. Mais peut-être; peut-être que je pourrais aussi avoir besoin de quelqu'un. Quelqu'un qui m'aiderait avec moi, comme Darwin peut m'aider avec mes devoirs. Quelqu'un qui m'aiderait à me comprendre, qui m'empêcherait d'aller trop loin, de mal faire, quelqu'un pour surveiller mes arrières. Quelqu'un pour m'empêcher de tomber, pour me tenir fermement, lorsque mes pieds quittent le sol et que je n'ai plus que mon reflet pour me savoir exister. Quelqu'un pour me rappeler comment respirer.
Les yeux fermés.

Respire.
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Militant Contre les Dragons à Poudlard
Duke E. Osborne


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Duke E. Osborne





Re: On the other side -Clémentine
31.10.16 18:40

Les lèvres de Duke s’étirèrent doucement, avec elle dans ses bras, les larges miroirs autour d’eux, les vitres et la lumière du jour aussi, les dalles qui raisonnent mollement sous ses pas un peu lourds, la jeune insouciance, la vie, la vie devant soi. Cela paraissait évident, il savait pourquoi. Ce n’était pas seulement parce qu’elle était petite et blonde, et qu’il avait un penchant tout naturel pour l’adorable, non, cela venait aussi de ses mots, de cette manière qu’elle avait de vouloir s’occuper de tout alors qu’il se jurait lui-même d’en faire autant, alors qu’il semblait qu’elle tentait avec lui d’épouser ce rôle qu’il n’avait pas réellement envie de lui laisser au fond, c’était ce côté maternel bien trop grand pour elle, et bien trop lourd aurait-il encore dit. Il pouvait le sentir, comme Clémentine lui paraissait si légère, si fine, comme il la soulevait si aisément, comme il s’imaginait pouvoir la faire voler, comme une enfant. Elle n’en était pas une bien sûr, mais lorsqu’elle se comportait ainsi avec lui, il se sentait bordé par une petite fille qui se croyait sans doute plus grande encore que lui. Pour cela, il l’affectionna presque immédiatement. Voilà pourquoi.

Ses yeux fixaient les siens, enfin non, ils tombèrent plutôt dedans, juste comme ça, puisqu’ils avaient regardé en même temps. Et ça ne voulait rien dire du tout, la manière dont il la regardait sans même la détailler, sans même chercher à comprendre. Il aurait pu se dire qu’elle avait des beaux yeux, mais ça non plus il ne le remarqua pas. Dans les yeux de Duke habitait le vide, et ça ne voulait rien dire, non, rien. Il le pensa encore, leur deux têtes inclinées, son regard économe encore qui ne parlait pas, son sourire simplement gentil. Il n’existait aucun autre adjectif pour ce rictus tout fin et tout facile. Duke aurait eu l’air pensif, étrangement pensif. Il répondit de cette évidence qui n’appartenait qu’à lui, qui expliquait si mal, qui exprimait tant de choses silencieuses pourtant, tant de non-dits, tant de mots que Duke ne savait pas dire.

_ Parce que.

Il se satisfaisait volontiers d’un sourire et d’un merci, c’était là tout ce qu’il n’attendait pas des gens mais qu’il appréciait volontiers, comme une offrande, à lui, l’oublié, le perdu. De rien, avait-il soufflé, juste par convenance. Il n’était pas convaincu au fond de mériter un merci, il n’avait rien fait à Clémentine. Il ne s’agissait juste pas d’un compliment, puisqu’il reflétait sa pensée, ça devenait clairement une vérité. On ne remerciait pas les gens pour une vérité, pour une certitude que lui seul avait acquis. Et peut-être que l’élan qui l’avait secoué, qui avait porté ses bras autour des cuisses de Clémentine, qui lui avait donné la force de la soulever si haut, peut-être qu’il n’en était plus si certain. Duke se rendit compte qu’il avait dépassé sa place. Ce n’était pas une chose à faire, comme ça, sans même demander une permission, juste sous prétexte qu’il en avait eu envie.

Il ne savait plus vraiment ce qu’il faisait.

_ Pardon, y’a des moments comme ça, où je deviens un peu brusque.

Il ne savait pas au fond si cela suffisait à résumer vraiment ses états. Duke le bizarre. Il accompagna doucement la descente de Clémentine, puisque même ces moments-là, ces furtifs moments d’euphorie joie se devaient de trouver une fin. L’éternité n’existait pas.

Mais la chaleur de Clémentine vibrait tout contre sa peau, il la sentait malgré les tissus uniformisés. Le contact de ses bras passés dans son dos, et la tête blonde toute enfouie contre lui, et ce corps qui lui semblait si petit tout blotti, là, avec le grondement comme un doux ronflement des respirations. Y’avait les peaux collées qui se suivaient, qui vivaient avec le soulèvement de leur cage thoracique, les battements réguliers du cœur que l’on parvenait à entendre dans le silence. Une tiédeur encore qui se mélangeait naturellement à la sienne. Duke n’avait pas réfléchi longtemps, au contraire cela lui était venu avec un spontané presque trop déconcertant pour lui. Ses bras glissèrent autour des épaules de Clémentine. Il l’étouffa un peu, et sa tête partit naturellement se nicher tout contre celle de la fille, sa joue contre la sienne. Ce fut ainsi que Duke Osborne captura la chaleur de Clémentine Miller pour ne pas la laisser s’enfuir, pour la conserver tout contre la sienne.

_ Je ne le dirai à personne.

Sa bouche tout contre son oreille, il avait murmuré sa promesse. Il ne plaisantait pas avec ces choses-là, Duke. Il voulait bien, oui, s’occuper de Clémentine. Car qui n’aurait pas voulu de Clémentine ? Certainement pas lui. Naturellement, il n’était pas certain d’en comprendre le sens, d’en saisir toutes les subtilités de toutes ces responsabilités qu’il acceptait soudain. Et quoi ? Duke était confiant, Duke se croyait parfois capable de tout, Duke ne savait pas reculer, surtout lorsqu’il ne le voulait pas. Tout comme il ne savait pas non plus comment s’éloigner de Clémentine.

L’éternité n’existait pas. Cependant il avait perdu le fil des secondes. Existait-il un temps fixe qui dictait idéalement le début et la fin d’une étreinte, le temps acceptable pour deux corps serrés l’un contre l’autre ? Peut-être étaient-ils dans le fond restés trop longtemps comme cela, et que le temps avait passé. On ne retrouvait pas le temps passé.

Cela l’échauffait doucement. Alors à ses yeux cela sembla insolite. Que faisait-il déjà ? Il avait perdu le fil. Soudain, la proximité de Clémentine ne lui semblait plus aussi simple, plus aussi facile. Ce n'était pas normal. Dans la glace, sa pudeur égarée lui tirait la langue, le narguait. Enfin, il devinait bien dans ce reflet, comme Clémentine était pressée, pressée contre lui dans cette intimité qu'il ne reconnaissait pas. Il se sentit mal à l'aise, mal à l'aise comme il devinait trop le corps de Clémentine, de cette force qui la maintenait si fort contre lui. Et il rougit, de ce cramoisie qui écrasait ses joues sous de nouvelles émotions, plus gênantes, plus intenses.

_ On devrait peut-être y aller non ? Avant qu'un hibou nous mette à la une de la première édition.
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Re: On the other side -Clémentine

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