demande de don orhan

Légilimens.

Immuable sensation de défaite. Écrasante force destructrice. C'est ce jour-là qu'une partie de ce monde s'est écroulé. Se dérobant sous ses pieds aussi violemment qu'un ouragan. Les souvenirs se sont effacés lentement, brûlant dans les flammes du néant. Orhan, tu ne sais plus ce qui est arrivé ce jour-là, mais tu sais une chose : quelqu'un t'as privé de ta liberté, de ton droit, d'une partie de tes souvenirs. Pourquoi ? C'est une question sans forme qui ne peut avoir de réponse concrète à ce jour. Peut-être que tu ne sauras jamais ce qui est arrivé, mais la défaite immuable de cet instant précis te restera en travers de la gorge. Comme le goût bien trop amer d'une défaite bien trop féroce. Et tu sais quelle est la cause de tout ceci, oui tu sais ce qu'il en est. Croiser le chemin d'un Légilimencien et oublier. Cette seule pensée engendre mille tourments dans ton esprit, broie furieusement le néant pour essayer de lui redonner vie, mais en vain. Toute la colère du monde ne pouvait changer cela et ne le change toujours pas aujourd'hui. Peut-être est-ce stupide de croire qu'obtenir ce même pouvoir pourra te rendre ce qui t'appartient, mais tu y crois. L'espoir fait vivre même dans la haine. Tu y as cru dur comme fer et cette détermination personnelle a consumé des années de ton temps dans l'espoir de remédier à cela. Tu ne sais pas s'il te sera réellement possible de retrouver ce qui t'appartient à la fin, mais la vengeance est déjà assez bien pour toi. C'est par un esprit de vengeance que tu en es là aujourd'hui et par instinct de survie.

Parce que tu le chasses cet être infâme qui a osé s'infiltrer dans les méandres de ton esprit jusqu'à le disloquer en partie. Comme une bête, tu le traques avec le sentiment vain que les réponses seront à porter de main à ce moment-là. Mais l'homme ne peut compter que sur soi. Pour trouver un homme dans le mensonge, il faut savoir voir la vérité. Alors tu t'infiltres dans l'esprit des gens à ton tour pour le débusquer plus aisément, pour avoir la vérité sans avoir à la demander. Tu espères que ces années de tourments, d'enfer pour réussir à obtenir ce « talent » en vaudront la peine à la fin. Mais tu sais déjà que lorsque tu le retrouveras, non savoir s'il est possible de récupérer son bien, tu espères simplement pouvoir te protéger ainsi. Car si l'homme s'infiltre à nouveau dans ton esprit, pourquoi ne pas le lui retourner également ? Tu as soif de le faire endurer ce calvaire à son tour. Ainsi tu lui feras oublier son don.

Vengeance. Haine. Détermination. Néant. Tu crains de ne pouvoir répondre à tes questions. Il est difficile d'entrer en contact avec autrui par ce biais, demandant autant de concentrations que de sacrifices parfois, avec cette sensation de perdre pied, de mourir lentement sous les battements bien irréguliers d'un cœur mis à l'épreuve. Avoir un don n'est pas toujours inné, avoir un don n'est pas toujours une bénédiction, mais tu l'as enduré. Férocement, tel un animal blessé qui cherchait ardemment à guérir pour vivre à nouveau dans ce bas monde. Violent. Tu n'as pas appris à entrer dans l'esprit des gens par passion, par envie, par curiosité. Tu as appris dans la souffrance pour la souffrance. Un apprentissage infiniment long. Six années de pratique intensive avec un homme dont la maîtrise de ce don dépasserait toujours la tienne et cette seule pensée avait eu de quoi te motiver un peu plus. Parce que l'homme est mué par une envie de surpasser autrui, surpasser les siens, surpasser son maître. Tu as cherché infiniment longtemps à le surpasser, mais rien. Tu n'es pas encore prêt.

Même après tout ce temps, tu n'es pas encore prêt, mais tu maîtrises assez bien ton don pour trouver les réponses que tu cherches, mais pas assez pour les extraire complètement. C'est le seul but de ton existence : devenir assez bon Légilimen pour faire oublier aux autres, une partie de leur souvenir. Quitte à en mourir d'imposer trop de contrainte aussi bien à ton corps qu'à ton esprit, ce n'est plus ce qui compte aujourd'hui.

Parce qu'un jour, cette personne le paiera de ta main. Comme l'ange de la mort s'abat sur vos vies, tu seras celui de ses souvenirs.