Hearts starve as well as bodies (siham)

Siham El Aoudi

FEAT Korra (Legend of Korra)

JE SUIS Siham El Aoudi, J'AI 20 ans. JE SUIS anglaise mais dotée d'origines d'Afrique du nord ET MES PARENTS SONT des sorciers tout comme le reste de ma famille. JE SUIS EN quatrième année seulement, à cause d'un redoublement ET J'ÉTUDIE en L.L.C.M. OPTION langue des trolls. JE FAIS PARTIE DES hiboux ET MA MAISON EST attendre la répartition. J'AIMERAIS RAJOUTER QUE il y aurait une petite malédiction de rien du tout qui courrait dans la famille depuis une bonne dizaine de générations.

❝ tout a une fin, sauf la banane qui en a deux ❞

Caractère.

Tu es un colibri.

Tu n'y ressembles pas. Pas avec cette peau foncée, ces épaules larges, cette présence écrasante, ce rire qui résonne.

Mais tu voles comme lui.

Tu es un oiseau enchanteur, que l'on recueille de ses paumes avec émerveillement. On admire tes couleurs, on admire ton énergie, on chérie la joie toute simple que tu éveilles en chacun puis on te laisser partir avec un sourire.

Toujours libre, jamais apprivoisée, qui oserait mettre un tel oiseau dans une cage dorée ?

Ton petit cœur bat à mille à l'heure, comme si le temps allait trop vite, comme si la vie t'était comptée. Tu aimes comme si plus jamais tu n'allais aimer. Tu aimes les sourires des inconnus et tu traverses le parc au pas de course pour venir le leur dire. Tu rattrapes cette fille pour lui dire que tu n'as jamais vu de cheveux aussi beaux, tu poursuis ce garçon pour le féliciter sur la longueur incroyable de ses cils, tu interromps le professeur parce que les rayons du soleil tombent sur le lac avec une splendeur qui devrait être connue de tous. Tu leurs dis, parce qu'il le faut, parce qu'ils méritent de le savoir. Tu leurs dis parce que, si tu n'apportes pas de joie, alors à quoi sers-tu ?

Les gens sont des fleurs. Leurs couleurs t'attirent, leurs parfums t'enivrent et tu ne comprends pas comment ils ne se rendent pas compte du bouquet qu'ils forment tous ensemble. De tout ce qu'il y a de bouleversant, tout ce qu'il y a d'unique dans chacun des pétales qui les composent, du mélange harmonieux et irréel qui les enlace tous. Tu t’enivres de leurs fragrances, tu voudrais te vouer à l'un d'eux jusqu'à la fin mais ne peux résister à l'appel du voisin. Tu butines comme l'oiseau que tu es, amoureuse de toutes les fleurs et incapable de n'en aimer qu'une.

Tes ailes battent si vite, comment pourrais-tu t'arrêter ?

Parfois pourtant ton bourdonnement continu énerve, ton intangibilité irrite, tu cesses d'être oiseau pour devenir mouche. On tente de t'écraser sous une main, de t'asphyxier dans un verre, on veut t'arracher tes plumes pour en faire des poils. Mais tu es trop légère, trop aérienne, la brise t'emporte loin de leurs coups et tu ne réalises même pas qu'ils te voulaient du mal. On te dit des horreurs, on tente de te clouer au sol par les mots, mais ils te glissent dessus comme de l'eau sur une plume.

Tu es dans le ciel, comment veulent-ils t'atteindre ?

Tu n'es pas stupide, tu n'es pas insensible. Tu es fascinée. Tu aimerais tout savoir de tes fleurs, qu'elles t'embaument ou qu'elles te mordent. Elles saturent tes sens de leur présence, illuminent tes journées et il n'y a pas une chose que tu voudrais ignorer d'elles. Tu voudrais tout savoir. Tout.

Mais il y a tant de choses que tu ignores. Tu poses des questions, tu réponds à d'autres ; la gêne n'a pas d'emprise sur toi, tu n'as pas de temps pour elle. Tes professeurs soupirent car tu ne t’intéresses pas à ce qu'ils pourraient t'apprendre, tes leçons à toi ne commencent qu'une fois en dehors de la classe. Les gens sont tes livres, ils sont tes romans, tes contes, tes manuels. Tu les dévores sans respirer, tu surlignes les passages qui t’émeuvent puis tu les reposes avec soin. Tu les aimes trop pour les abîmer.

Le monde te semble vaste et attrayant. Le monde n'est qu'un infini jardin dont tu voudrais explorer les moindres recoins secrets. Tu voudrais en voir les étangs cachés, les belvédères romantiques, les bosquets ombragés. Voir ce qu'il a de plus merveilleux et de plus effroyable, sans jamais flancher parce que tu es si petite qu'un courant d'air pourrait t'emporter alors, pourquoi craindre l'obscurité ?

L'ombre ne t'effraie pas, tes couleurs sont trop vives, ton sang pulse trop vite. Tu sais les dangers qu'elle recèle, tu sais qu'il s'y cache bien pire qu'un coup de vent, mais tu ne peux avoir peur. Ton destin est d'être soufflée comme un fétu, emportée par la malédiction qui n'attend personne, alors pourquoi fuir ? Tu n'en as pas le temps.

La prairie est immuable, tu n'es que passagère.

Tu es si rapide, mais il te semble que c'est l'univers qui est lent. Tu admires l'immobilité de tes fleurs, cette conscience tranquille que même si elles fanent, elles pousseront et d'autres boutons éclorons au printemps suivant. Tu les envie parce que tu sais que, un jour, à leurs place se tiendront des arbres. Tu es triste, parce que toi aussi tu voudrais être là pour voir ça, mais tu ne leurs en veux pas – tu sais où est ta place. Tu sais que ce sont des fleurs et tu sais que tu n'es qu'un oiseau. Tu sais que la moitié de ta vie est déjà passée, tu sais que ton père a ton âge avait déjà deux enfants, tu sais que si tu veux laisser une trace de ton passage c'est maintenant. Mais quelle trace ?

Tu es un colibri.

Tu fais éclore des sourires sur les visages, tu reflètes des couleurs dans les regards, tu aimes chaque fleur et toutes les fleurs à la fois. Et tu es éphémère.

Histoire.

La plupart des histoires commencent avec l'amour de deux êtres, mais pas la tienne. La tienne remonte bien avant la rencontre de tes parents, bien avant leur naissance, bien avant même que tes ancêtres ne foulent la terre de Grande Bretagne.

Ton histoire débute dans les sables d’Égypte, avec la quête d'un homme déterminé et ambitieux. Un homme assoiffé de pouvoir et qui n'a reculé devant rien pour se l'approprier, pas même devant la colère de pharaon lui-même. Un homme qui a violé un tombeau sacré, ignoré tous les avertissements gravés aux murs par les sages, profané la sépulture d'un roi-dieu et emporté avec lui le talisman qu'il contenait. L'amulette volée augmenterait la puissance de son propriétaire, au point d'en faire l'égal des grands de jadis, et l'homme s'en serait sans doute servi pour accomplir ses pires desseins s'il n'y avait pas eu la malédiction. Du moins, c'est ce que l'on t'a raconté.

Toi, les pyramides, le désert, le talisman, tu n'en as jamais vu la couleur. Tu es née à Londres, sous sa pluie et son ciel gris, au point que l'on se demande par quel miracle tu as pu devenir une enfant si lumineuse. Cela fait bien des générations que ta lignée a quitté le sol d'Afrique pour l'humide Angleterre, et si tes racines sont là bas c'est bien sur cette île morne que ton cœur se trouve.

Personne ne sait si la légende du pilleur de tombe est réelle ou non. Il est vrai que les El Aoudi jouissent d'une puissance remarquable quand il s'agit de magie, bien que souvent parfaitement incontrôlée et incontrôlable, mais on l'attribue volontiers à des croisements heureux entre familles renommées. De même, personne ne partageant ton sang n'a vécu bien vieux, ton oncle établissant un nouveau record en s'éteignant à l'âge vénérable de quarante-et-un ans croqué par une chimère. Ton père, lui, en avait trente-six quand un accident de transplanage l'a mortellement désartibulé. Mais encore une fois cela peut n'être que la preuve d'une grande maladresse ou d'un goût prononcé pour les sensations fortes, rien ne prouve que la colère de pharaon en soit l'origine. Même si toi, en tous cas, tu n'en doutes pas.

Dans ta famille, personne ne veut jamais se marier, personne ne veut jamais avoir d'enfants. Personne ne veut rencontrer l'amour en sachant qu'il faudra le quitter prématurément, et personne ne veut donner la vie en sachant qu'elle sera de trop courte durée. Ton père ne faisait pas exception. Et pourtant, malgré une espérance de vie aussi faible, les El Aoudi sont toujours là. Car malgré toutes les promesses et convictions l'âme sœur fini toujours par avoir le dessus sur les bonnes résolutions et, avec le miracle de l'enfantement, on se prend à espérer. Espérer que la légende n'en soit qu'une. En vain.

La malédiction, c'est une épée de Damoclès avec laquelle on apprend à vivre dans ta maison. Tu as appris à marcher, à parler et même à courir sous le fil de cette épée, au point que maintenant tu ne la remarques même plus. Tu as grandi avec la connaissance de ta différence et tu l'as acceptée avant même d'avoir conscience de ce qu'elle signifiait. On pourrait s'attendre à ce que la perspective d'une mort précoce jette une ombre sur le quotidien, mais c'est tout le contraire qui s'est produit chez toi. Tu n'as jamais connu atmosphère plus chaleureuse que celle de ton foyer, père plus aimant que celui qui t'a quittée, mère plus tendre que celle qui lui a survécu. Le temps qui passe plus vite oblige à en apprécier chaque seconde, et même si parfois tu surprends de la douleur dans le regard que ta mère pose sur ton profil elle s'éloigne aussitôt de peur de manquer un instant de bonheur supplémentaire.

Toute l'injustice, toute la colère de ta situation c'est ta sœur cadette qui en a hérité. Là où tu as préféré voir le verre à moitié plein et profiter de ce que tu avais, Basma s'est entêtée à vouloir récupérer ce dont le pilleur de tombe vous avez privé ; votre existence. Tu aimes ta sœur et tu sais qu'elle te le rend, mais tu sais aussi qu'elle déteste la légèreté avec laquelle tu acceptes ton sort de la même façon que tu t'attristes de la voir chaque jour s'enfoncer un peu plus dans son obsession de briser la malédiction. Tu as peur que, le jour de sa mort prochaine, elle réalise qu'elle n'a pas vécu. Mais tu ne dis rien, car qu'y-a-t-il de plus horrible à dire à sa petite sœur ?

A Poudlard, le monde t'a paru trop enchanteur pour que tu prêtes attention aux cours. Tu as beau avoir grandi entourée de sorciers, personne ne peut rester insensible au charme de l'école de magie. Les escaliers qui bougent et te perdent, les tableaux qui te racontent leur histoire, les mystères qui planent sur certaines salles. Passer le restant de tes jours à en explorer chaque recoin ne serait pas une vie gâchée selon toi, si bien que tu as fini par rater tes BUSE par manque d'attention.

Tu aimes Poudlard mais tu veux voir le monde, alors tu décides que ce sera la seule et unique année que tu redoubleras. Le temps t'es compté et tu aimerais voir autre chose que ces murs avant la fin. Et puis l'attaque des Sigmas vient bouleverser ta rentrée.

Tu crois comprendre leurs arguments mais tu ne comprends pas leurs actions. Pourquoi tuer des êtres dont ce n'est pas le destin, pourquoi faire régner la terreur là où elle ne devrait pas se trouver ? À tes yeux, il n'y a que la joie qui se doit d'être vécue. Et c'est bien la joie que tu comptes répandre autour de toi.

jeliel

On se connait déjà, ma secrétaire fait régulièrement trembler les murs de l'école