les regards qui lèchent tes courbes féminines tellement délicates qu'elles en deviennent dégoulinante de perfection
((pourquoi s'admirer ainsi, rosabel quand on sait très bien que les autres nous fixent ?))
ton égo s'est-il fatigué endormi lassé de toutes ses superficialités es-tu devenue une mesure plus humaine
dis-moi
((ressens-tu ?))
car je ne vois en toi que le mépris car je ne vois en toi que tout ce que je hais du plus profond de mon myocarde
mais te détester serait une perte de temps
car je n'existe sans doute pas à ces yeux car je ne suis qu'une sang de bourbe une fureur lancinante et qui nous indiffère qui nous glisse dessus et qui n'arrive qu'à nous décrocher un rire de mépris
((je ne suis que ça n'est-ce pas ?))
je jalouse ton prénom sur les lèvres de tous
je jalouse ta grandeur les rumeurs tes humeurs
((tes désirs et tes soupirs))
qui deviennent aussitôt une réalité
un claquement de doigt suffit n'est-ce pas
et tapie je t'observe
tapie je regarde tes doigts qui parcourent sans découvrir qui parcourent et qui cherchent un frisson
et pour ça j'ai pitié
((ressens-tu, rosabel ?))
ou tes doigts sont autant endormis que tes émotions semblent l'être
((es-tu heureuse, rosabel ?))
car tes sourires sont rares et affreusement dévastateurs
et c'est terriblement malsain obscène sans doute vraiment étrange mais je me complais dans cette figure de spectatrice de contempler ce que je ne serai
j a m a i s
((dans le reflet des miroirs))
car tu es la grâce et je suis la rudesse
car tu es la tenue et je suis les rires trop bruyants
car tu es l'assurance et que parfois
j'ai l'impression de ne rien être
car nous comparer serait terriblement gênant car je n'oserai ô jamais te faire un affront volontairement sauf si tu le provoques
car j'ai peur, ici
car je te crains comme je tremble ((fébrile ne suis-je pas ridicule)) face aux grandes personnes comme toi
car je suis une enfant dans ce monde (de merde) à qui on flatte gentiment la joue et qu'on murmure qu'elle est mignonne mais qu'elle ferait mieux de fermer sa jolie et ravissante gueule
j'aimerai qu'on m'explique la satisfaction d'enfoncer les autres de siffler des injures et des bassesses de rendre d'actualité ce qui n'était qu'archaïque
((mais rosabel, tu n'as pas le temps pour les gens comme moi n'est-ce pas))
ridiculement
h o n t e u x
de ne pas être assez pour une conversation
pas assez belle pas assez sans imperfection pas assez anglaise pas assez sorcière pas assez serpentard sans doute aussi
((as-tu déjà vu mon visage et mes yeux, au moins ?))
je ne bouge pas ; ombre immobile et placide
un sursaut
((ta voix))
ne peux-tu pas s'il te plaît
posséder quelque chose de laid
et tu annonces ma présence et je crains car il est trop tard pour s'enfuir
((je suis prise au piège))
pas assez discrète trop longue trop moi peut-être tout simplement
et une demande qui s'accentue aussitôt d'un ordre inévitable de ceux qui n'appellent qu'à l'acceptation et sans rétorquer
un pas
((je m'avance))
mon coeur me fait mal tant il bat fort sourd et je crois que je ne respire plus
je pénètre dans cet univers à l'infini de réalités
et je t'observe
(toi la femme)
et je m'observe
(moi l'adolescente)
ton sourire n'est pas ravissant, je déteste mentir
et d'une voix qui se veut nette claire sans doute avec cet accent qui va te percer les tympans
je vais m'exprimer
((je suis perdue dans cette abysse avec toi))
triste sort n'est-ce pas
d'être coincée avec une personne aussi insignifiante que moi
un sourire un peu amer et j'ai peur j'ai peur
et j'ose enfin
pourquoi se regarder ainsi quand on a tous les regards rivés sur soi au quotidien ?