Dark as midnight sun
Smoke as black as charcoal fills into our fragile lungs
Cause when our demons come
Dancing in the shadows to a game that can't be won
Je suis la colère.
Froide et inanimée, de celle qui dort et qu’on ignore, qui anime les éternels sourires narquois, moqueries glaciales et regards goguenards de Demeter. Peut-être ne me verrez-vous pas, derrière l’arrogance dépeinte par ses traits : l’indifférence feinte d’un être qui se voudrait roi. Pourtant, je suis toujours là, tapie dans l’ombre, tirant les ficelles, agitant avec entrain ce petit cœur mou qui adore se croire forteresse de glace alors qu’un rien ne l’agite, que la moindre étincelle l’enflamme. Un souffle suffit pour qu’il s’envole. Un mot de travers et je me réveillerai, pour me faire volcan ; Devenir le rouge colorant ses joues puis la main qui saisit la baguette, le rictus vicieux d’un mauvais coup, la maladie que ni le combat ni l’indifférence ne repousse. Je serai pugnace, pire que la peste et ma mission sera celle de faire de votre misérable existence un véritable enfer. Je transformerai Demeter en moucheron désagréable dont il est impossible de se défaire ou en en prédateur aux crocs longs ; Il deviendra un fléau. Mais c’est une chose dont il s’acquittait déjà bien auparavant, quand fort dans son ennui, superbe dans sa malice, il entourait quelques premiers années de ses bras avant de leur promettre milles malheurs, des plus bénins aux moins drôles. Certains se souviennent les cellules un peu froides des cachots et le rire nasal disparaissant au bout d’un couloir. Mais c’était avant. Avant que l’âge ne vienne recouvrir ce divertissement de poussières et le rendre tout de suite moins reluisant, même plus déplaisant et de lui donner la conviction qu’au final toucher la crasse même de sa chausse était se rabaisser à son niveau. Mais parfois je suis là, comme sur ce toit à Nukunonu pour rappeler la sensation grisante qu’est celle d’écraser, de défaire et détruire un sourire et à petite dose, lui rappeler ces jours d’insouciances avant que tout ne devienne compliqué. Car si je suis encore à ses côtés, si je coule toujours et encore dans ses veines, Demeter préfère le goût aigre et ennuyant de l’indifférence. L’air supérieur et hautain du dédain. Alors moi, je persiffle en silence et apostrophe toute cette population joyeuse et imbécile qui pratique le bonheur avec une facilité déconcertante, étalant ainsi sans vergogne un taux de stupidité complètement navrant.
Il m’arrive aussi de me taire quand las, il déclare vouloir se complaire de quelques douceurs. Et le temps de quelques discussions courtoises, il faut alors s’effacer pour qu’il puisse se montrer sous son meilleur jour ; Celui d’un garçon courtois avec ceux qu’il considère comme ses égaux. Celui d’un garçon à l’humour caustique et aux discussions pleines d’esprit. Il doit être vaguement agréable alors, presque sympathique quand il daigne se lier car aussi terrible qu’il puisse paraître, il a l’intelligence de reconnaître que ce serait bien idiot de se mettre le monde entier à dos. Et il est toujours agréable pour l’égo de se sentir apprécié, désiré et reconnu. Surtout quand il est aussi volatile et aussi vulnérable que le sien.
Car socialement aussi froid, aussi calculé que se désire Demeter, je suis là guettant le moindre de vos faux-pas, prête à réagir, prête à bondir.
Qui est-ce alors, qui gronde, explose, brise la mécanique faussement immuable de sa rationnelle ? C’est moi.
Je suis un caprice soudain. Un sursaut inattendu, toujours prête à tapisser vos noms d’un rouge sanguin, les estampiller comme indésirable, de le classer parmi les proies à abattre. Mais également prompte à faire le chemin inverse, quand je m’éteins abruptement. Alors vous pourrez rire de son inconstance.
Je suis la colère de ces fêlures dont il ignore encore la présence, souverain de sa tour d’ivoire, cherchant les fautes partout sauf en sa propre demeure. Etre aigri, insatisfait et imprenable ; Car il est toujours plus facile de maudire le monde, cracher sur les desseins du destin quand on subit le coup, plutôt que de se remettre en question. C’est qu’il faut le comprendre ; à s’être fait écorché une seule fois, il a déjà trop subi. A présent monsieur est intouchable, monsieur est exempt de tous reproches. Il ne doit plus rendre aucun compte, à un monde qui lui au contraire lui doit tout. Je suis alors le bandeau sur ses yeux, les mains sur ses oreilles et je lui répète en boucle qu’il n’a besoin de personne si ce n’est de lui et que tout, absolument tout lui revient de droit. Il a fini par me croire et c’est bien dommage car il aurait pu me quitter ; A de nombreuses reprises même quand il lui venait des moments de lucidité où l’amour lui évoquait quelque chose et qu’il finissait par comprendre le prix d’un bonheur simple. Mais Demeter a préféré faire le choix du vide et des chimères. Il se croit courageux et intrépide alors qu’il a peur du changement et de renverser toutes les croyances qui font de lui une contradiction. Alors il me préfère moi, là pour consolider ces bases bancales sur lesquelles il a grandi depuis gamin ; sur lesquelles il a grandi encore. Et si on venait à m’arracher de Demeter il s’effondrerait ; Colosse aux pieds d’argiles. Car je suis la réponse qu’il a préférée à toutes les autres. C’est dans la colère qu’il a décidé de tout oublier. Pour oublier sa douleur il préfère en vouloir au monde entier et c’est sans doute tant pis. Alors ne pleurez pas un gamin incompris en croyant qu’il a besoin de douceur, quand ce gamin a toutes les cartes en main pour se défaire de moi ; Mais qu’il a choisi de toutes les brûler afin de demeurer à jamais dans le cocon débilitant de ces croyances et donc de ne jamais se défaire de mon étreinte.
Si bien qu’à présent et depuis bien longtemps, je suis dans sa peau, dans ses veines, dans son sang. Il est moi. Je suis lui.
Je suis Demeter.
Je suis Demeter et la vision de leurs mains profanes et terreuse, à ces sangs-de-bourbe qui osent fouler l’illustre sol de mon école me révolte profondément. Alors je les châtie. Beaucoup trop oublient la signification du sang et l’importance des traditions ; Pas moi. Ils ont beau savoir lancer quelques sortilèges qu’ils ont l’inestimable chance de ne pas rater, toutes les prouesses dont ils pourraient éventuellement faire preuve ne pourront jamais les déraciner de la terre impure dont ils viennent. De ces sols et ces boues qui n’épargnent personne quand l’une après l’autre, les illustres et anciennes familles sorcières vacillent face au fléau, venant parfois à tomber. Aujourd’hui ils se comptent sur les doigts d’une main. Les Grant, les Hingsley, les Dewitte. Car oui, même nous, ne sommes plus à présent exempts de tout reproche. Et surtout pas moi dont le visage a la trace d’un être que je rejette, dont le sang est à jamais souillé, dont la naissance est le fruit d’une union qu’on abhorre.
Je suis Demeter Hydrus Green et je vous exècre.
If the morning light don't steal our soul
We will walk away from empty gold