C'était un cercle vicieux, une véritable dégringolade en enfers. Trois attaques déjà, et la situation n'avait cessé de s'empirer. Chaque conséquence en entraînant au moins deux autres tout aussi dramatiques, le professeur Solberg ne savait plus où donner de la tête. Poudlard était devenue une jungle incontrôlable, un endroit hostile où les élèves étaient traités comme des prisonniers. Même leurs dortoirs autrefois si confortables leurs avaient été arrachés. À la place, on leur avait prêté ces lits de camp superposables qui grinçaient à peine quelqu'un se retournait dans son sommeil. Comme des détenus, ils étaient tous entassés dans la même pièce pour dormir, et surveillés H-24. Adieu liberté, adieu intimité. Bonjour, ambiance stressante.
Désormais, tout le monde soupçonnait tout le monde. Les Sigmas ayant réussi à pénétrer dans le château, ils avaient
forcément des alliés sur place. Mais qui étaient-ils ? Tout le monde avait la peur au ventre, et peu à peu la violence s’immisçait dans les consciences de chacun.
Les parents avaient beau vouloir retirer au plus vite leurs jolies têtes blondes de cette école, c'était désormais
impossible. Depuis la dernière intervention des Sigmas, les barrières avaient non seulement été coupées entre le monde magique et l'univers moldu, mais plus rien n'entrait ni ne sortait de l'enceinte de Poudlard. Les résidents étaient ainsi coupés du reste du monde, dans le théâtre des intervention des Sigmas. Jamais leurs lendemains n'avaient été si sombres. Pourtant, les masques dorés leurs avaient promis un avenir radieux.
Menteurs, hypocrites ! Alors forcément, les comportements se dégradaient et les élèves agissaient comme de véritables bêtes en cage. C'était laid à voir, vraiment. Toute cette souffrance, tout ce stress, toute cette angoisse latente. Dans les couloirs, on observait le pire de chaque personnalité. Ainsi, Marvel ne fut pas réellement surpris, en voyant une énième altercation entre élèves. Mais alors qu'il se rapprochait le cœur battant, il réalisa que ce n'était plus seulement de la violence verbale. Cette fois-ci, ils avaient utilisé leurs poings et ongles. Cette fois-ci, ils s'en étaient pris à une innocente.
Il devait intervenir.
Baguette en main, le directeur des Poufsouffles lança le maléfice du saucisson avec un peu trop de conviction. N'était-il pas censé être médiocre, en matière de sortilèges de défense ? À moins qu'une force nouvelle ne l'anime. Après tout, lui aussi avait beaucoup changé ces derniers jours. Incompréhension, fureur, tristesse, deuil. Tous ces sentiments avaient failli le détruire. Pourtant, aujourd'hui, Marvel semblait étrangement confiant. Presque
serein. Que s'était-il passé dans son cerveau, après la dernière intervention des Sigmas ? Avait-il trouvé une façon de canaliser toute sa rage ?
Les agresseurs confiés au concierge, il s’avança vers la gamine laissée à terre pour l'aider à se redresser. Et sans le moindre mot, le rouquin l'accompagna jusqu'à l'infirmerie. Dans le fond, quelque chose le
dérangeait dans son expression. Pourquoi n'avait-elle pas cillé une seule seconde ? Pourquoi n'avait-elle pas hurlé, pas essayé de mettre des mots sur ce qui venait de se passer ?
« Olympe » La voix était douce, enrobée de miel. Il ne voulait surtout pas la brusquer. Pourtant, on pouvait entrevoir son inquiétude.
« Raconte-moi. Dis-moi ce qui s'est passé. » C'était un bon début. Lui demander de lui expliquer, d'exprimer son ressenti. Il ne la forcerait pas à en dire plus que nécessaire. Mais Marvel savait aussi qu'elle devait extérioriser ses émotions, avant qu'elles ne la dévorent de l'intérieur.
« Pourquoi n'as-tu pas essayé de te défendre ? » C'était la question à mille galions.