Seph.
Perséphone.
Perséphone Poltergeist.
Ma belle.On t’a appellé de bien des manières mais je ne me souviens plus quand était la dernière fois que les paroles furent intime. Que le nom par lequel on te désignait te colorait le coeur.
Sans doute parce que jusqu’à la fin, j’avais les yeux fermés.
Je n’ai jamais eu le temps de te dire au revoir.
Je n’ai jamais eu le temps.
De t’aimer.
Suffisamment.
Je t’ai toujours regardé de loin.
Sache-le. Qu’importe où tu te trouves.
Sache-le. On ne brise pas le lien qui uni une âme en deux coeur d’un coup.
J’ai essayé.
Je t’avoue.
Tu l’avais sans doute vu, que quelque chose clochait. Je ne sais pas si t’as vraiment deviné pourquoi. Parce que tu m’as toujours souris quand j’avais le dos tourné.
Je le sais. Quand j’essayais de m’éloegner, le vent t’amenait à mes côtés.
C’était comme si le monde.
voulait nous unir.
Et pourtant.
Pourtant.
t’es partie.
Et je m’en veux tellement.
De ne pas avoir eu le temps.
De t’aimer.
Suffisamment.
Tu méritais de vivre; tu méritais de sourire encore, un peu, au monde qui t’aimait tellement. Qui t’aimait, tellement plus que moi. Que tout ce que j’aurais pu t’offrir. Les bruyères et le houx sur ta tombe ne suffiront jamais.
Si je pourrais j’échangerais ma vie avec la tienne.
Si je pouvais.
Je tomberais. Pour que tu te relèves. Pour que tu marches. Parce que la Terre a besoin d’être découverte. Parce que tu avais ce besoin de vivre que je t’ai arraché.
Et je m’en veux.
Je m’en veux.
On m’a dit que ce n’était pas de ma faute. Mais j’étais là, Seph. J’ai vu ta tête par terre, j’ai vu ton sang tâcher la moquette, j’ai vu ton corps sans vie, je l’ai vu, je l’ai vu, je l’ai pris, je l’ai tellement secoué, tellement imploré. Peut-être que t’étais encore en vie à ce moment-là. Peut-être qu je t’ai tué avec mes gestes qui manquaient d’amour.
Ca me hante.
Ca me hante.
Ca me vide, ça me creuse, ça m’enfonce.
Tout ces peut-être dont je ne saurais jamais les réponses.
On m’a dit que je me faisait mal toute seule. Mais, Seph. T’as du avoir tellement mal. D’être seule, jusqu’au bout, jusqu’à la mort. J’aurais pu te suivre. Tu sais, j’y ai tellement pensé, j’ai tellement envisagé cette possibilité. Mais, Seph. Plus j’y pensais. Et plus je te voyais. Petite, souriante, dans ton fauteuil, avec tes yeux si lumineux et tes tresses. Toi qui chérissait chaque instant, toi qui respirait l’amour et inspirait du bonheur à chaque êtres vivants.
Tu sais, Seph, j’ai été tellement jalouse.
Tellement jalouse.
De tout l’amour qu’ils te portaient.
Du regard de
maman
sur toi.
De ses yeux qui ne se posaient plus sur moi.
Maman t’aimait tellement. Plus que moi. Si tu la voyais.
Si tu la voyais. Ca fait mal de la voir, ça fait mal de savoir. Elle est morte, maman, avec toi, avec nous, ce soir-là. Elle est vide, maman, elle attend ton retour. Je crois que le mariage de papa et maman ne tient pas à grand chose.
Elle t’aimait tellement et j’étais si jalouse, si malade, si irrationnelle.
J’aurais dû t’aimer du début à la fin.
Et je t’ai sans doute aimé. Mais pas assez pour te garder.
J’aurais adoré te montrer Poudlard. Je suis sûre que tu serais allée à Poufsouffle, que t’aurais été entourée, aimée, chérie. J’aurais adoré te présenter Argus, Siham, Jason, Spencer, Esther. Te présenter ceux qui m’ont aidé à m reconstruire, à me relever, à avancer, exister sans toi. Je suis sûre que t’aurais amadouée le monde. Peut-être même que Demeter aurait pu être moins horrible. Parce que le monde t’aimait et que t’aimait le monde.
J’aurais adoré te faire suivre les cours. T’aurais adoré celui sur l’étude des moldus, les créatures magiques, sur la divination, les sorts, peut-être même l’histoire. Je pense que tu serais partie en médicomagie. Je sais que t’aimais prendre soin des autres.
J’aurais adoré t’apprendre à voler.
J’aurais tant adoré te voir voler.
Voir ton sourire dans les airs.
Voir ta tête lorsque tu ne touches pas le sol.
C’est ce que tu voulais, non?
Puisqu’on ne peux pas marcher ensemble, on volera à deux.
Je m’en souviens, Seph. Je n’ai jamais dormi sans te tenir la main.
Parce que je vole.
Avalon, la petite Avalon qui trainait des pieds en fixant le sol, vole à dos de dragons.
Si tu me voyais.
Si tu me voyais.
Tu rirais.
Aux éclats.
Si fort.
Dieu que ton rire me manque. Le silence est pesant parmi les vivants. La solitude est si pressante.
Je me sens
si vide.
Et si entourée.
Et des fois, je me dis que je ne le mérite pas. Cette place que je t’ai volé; parce que même ton fauteuil roulant est posé dans ma chambre - à côté de moi, je pourrais le toucher en tendant la main- , en attendant que je m’écroule de fatigue. J’ai suivis des thérapie. J’ai réussis à marcher; mais ça fait si mal, des fois, quand les souvenirs dévorent ma conscience.
J’ai mal, Seph.
J’ai si mal.
Je n’avais pas compris à quel point c’était douloureux de perdre son coeur.
Et j’essaie d’avancer.
J’essaie de marcher.
De vivre.
De sourire.
D’aimer.
Comme tu le ferrais.
Mais, Seph. J’ai l’impression que tant que tu n’es pas là.
Rien ne va.
Et le monde s’écroule. Sous les attaques, sous la menace; je suis heureuse que tu ne sois pas là pour voir ça.
Seph.
Au moins tu seras partie avant que tes rêves ne soient anéantis.
Mais j’aurais aimée.
Te tenir la main
Cacher tes yeux
Embrasser tes joues
Te serrer contre moi
Au moins une seconde de plus.
Parce que je n’ai jamais pu te dire au revoir.
Et je m’en veux tellement.
De ne pas avoir eu le temps.
De t’aimer.
Suffisamment.
Alors voila.
Perséphone.
Je t’aime.
Et jusqu’à ce qu’on arrache mon dernier souffle,
Jusqu’à ce qu’on piétine mon corps, mon coeur et mon âme sous la violence,
Jusqu’à ce qu’il ne reste que de la poussière de nos souvenirs,
Je t’aimerais.
Jusqu’à la fin.
Du monde.
Ta soeur jumelle.