“Le timide a peur avant le danger, le lâche au milieu du danger, le courageux après le danger.” ft Devin Travis

« Où a bien pu passer cet insecte? »

Je me répète cette question depuis un bon dix minutes. Oui, c'est ça, dix minutes que je cherche cette sorte de papillon. Me fuit-il? Je ne fais  pourtant pas partie de ces monstres qui ne souhaitent les torturer pour leurs propres amusements. Non moi, je suis plutôt amical avec eux, je voulais simplement l’examiner. C'est dommage, j'aurais tant aimé lui parler, échanger quelques mots avec ce spécimen, il aurait aimé mon sens de l'humour, ça je le parie. Tant pis, je vais continuer ma marche, d'ailleurs je ne sais même pas où je suis. Analysons la situation, regarde à gauche, regarde à droite. Aahh Il y a cette forêt là-bas, comment s'appelle t-elle déjà? Raahh je l'ai sur le bout de la langue. Ma mémoire me fait défaut, ce n’est pas vrai. Non Devin, ne commence pas à penser à ça. Cette forêt, oui, la forêt interdite. Et bien voilà quand tu veux. N'empêche, c'est tellement pauvre comme nom, ils auraient pu trouver mieux. Le seul bon point que je lui donne à ce nom, c’est qu’il est efficace. A force de rêvasser, je me retrouve immobile au milieu du chemin de terre qui m’amène à cette forêt. Heureusement que personne ne me regardait, ils me prendraient encore pour quelqu'un d'étrange.

Soudain, un bruit se fit entendre non loin de moi.

Quoi? Mon fidèle ami se serait-il prit une vitre? Je ne peux contenir mon superbe sourire: je l'ai enfin retrouvé ! Ah non.. C'est simplement une citrouille qui explose toute seule. Toute seule? Une minute, ce n'est pas possible Devin, rien ne se fait tout seul. Et le garde-chasse est surement en train de se dire la même chose vu qu'il vient de faire un bond en avant, je le vois très bien arriver vers la porte d’entrée !

Une petite pierre vient atterrir contre la botte droite du garçon, Devin baissa les yeux sur celle-ci et aperçut au loin un jeune homme qui lui fit des signes de mains.

Pas le temps de réfléchir Travis, caches-toi à côté de ce tronc. Dos au pommier, cul au sol, genoux contre mon torse, je me suis mis dans une position délicate. J’ai le chic pour ça, en plus, je vais perdre la piste du papillon.  Une bonne chose, je peux enfin me mettre à réfléchir. Regardons de plus près ce garçon. Non mais je rêve? Max Warmblood, encore lui. C'est une nouvelle qui m'enchante, mais récapitulons. Je suis occupé de me cacher pour une connerie que Max a surement faite. C'est absurde, mais il est trop tard pour reculer et me voila embarqué dans ses histoires. Et il continue de m'inviter à le rejoindre avec son air d'idiot. Oui oui, j'ai compris ! J'arrive. Agacé, je me dirige vers le vrai fautif pendant que le garde-chasse inspecte les environs, je suis pret à sermonner Max, oh-oh ce grand dindon va prendre cher, il va se prendre une taloche- KRACH ! Ne me dit pas que.. Si ! J’ai marché sur une branche, j’ai fait du bruit, mais quel maladroit, nous sommes repérés et nous ne pouvons pas rester là. J’attrape Max par la manche d’un geste rapide en disant.

« Il faut partir ! »

A partir de là, il n’y avait pas beaucoup de choix possible pour battre en retraite.  il a eu la brillante idée de m’attraper par la manche, m’entrainant avec lui. Quand on compare sa carrure à la mienne, nous ressemblons à une mauvaise blague théâtrale. Je n’ai pas la force de m’opposer à lui, alors j’ai subi. Il me traînait comme on promène un chien qui refuse d’avancer, sauf qu’ici, je ne courais pas assez vite pour lui, et le pire, c’est qu’il ne s’en rendait pas compte. Je sautillais et faisais de long saut accentué par l’élan de mon ami. J’étais tellement concentré à ne pas me casser la figure qu’une fois à l’arrêt, j’étais totalement déboussolé. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c’était éprouvant pour moi.


Je pose ma main en appuie contre un arbre, je fais le dos rond et récupère lentement, je ne suis pas habitué par ces longs marathons. On avait fait au moins dix kilomètres de course, Max affirma que ce n’était pas possible en seulement quelques minutes. Mais il dit des âneries, comme toujours. Laisses-moi récupérer à la place de vouloir me contredire.


« Salut Devin ! Alors, ton gros nounours te manquait ? »


Il est clair que j’attendais des explications et lui me regarde comme s’il voulait me câliner. Je n’aime pas courir et il m’a forcé à le faire. J’espère que nous ne tomberons pas sur le garde-chasse. Oui je m'inquiète plus par cet homme qui peut m’attirer des ennuis alors qu’il y a bien des créatures dans cette forêt. Mais je ne pense pas à ça. Je l’observe en coin, attendant des explications, restant bien ferme pour le moment.


« Cesse tes pitreries, qu’est-ce que tu faisais à cette pauvre citrouille? Maintenant, nous sommes dans la forêt interdite. »

Respire Devin, ça va, je commence à récupérer de notre énorme course. Le voila qui arrive en marchant comme un pingouin venant d'attraper son premier poisson, il se trémoussait, ridicule. Mais bon, c'est Max, je ne peux pas m'attendre à voir marcher une princesse. Que va-t-il encore me dire..?

«Et bien vois-tu, la citrouille était un dommage collatéral pour me permettre de rentrer ici. En fait à la base j'étais censé attirer le garde-chasse plus loin pour pouvoir me faufiler dans la forêt, mais tu as fait capoté mon plan de génie, alors j'ai dû improviser. Mais ne t'en fais pas...»

Attends, attends attends. Tu viens de faire du mal à une pauvre citrouille pour entrer dans la forêt interdite? Elle avait encore tant de chose à faire et découvrir, c'est un monstre, je me devais de le remettre à sa place. Serre les dents, montre ton désaccord Devin, tu peux le faire !

«Mais Max..! Tu penses qu'elle a eu mal?»

Quoi? Qu'est-ce que tu viens de dire? T'es vraiment pas sérieux là. Espèce d'abruti, en plus, t'es occupé de baisser le regard, non mais je rêve, si je pouvais, je te giflerais moi-même. Des fois, je me sens nul, et là, bah c'est le cas. Et maintenant, voila qu'il fait le cowboy avec sa baguette magique.

«Tu ne crains rien avec moi. Les loup-garous n'ont qu'à bien se tenir, maintenant qu'on est là on va explorer les lieux. Imagine toutes les choses qu'on pourrait découvrir ici ! Allez, fais pas ton blasé je sais que tu adores explorer l'inexploré !»

En réalité, il avait vu juste, je me suis toujours posé des tonnes de questions sur ce lieu. Rien qu'à regarder tous ces arbres d'un air malade, pourquoi? Pourquoi ce lieu me donne des frissons dans le dos? C'était l'occasion rêvée. Mais je ne pouvais pas le lui dire ouvertement, non, je ne pouvais pas le laisser croire qu'il me connaissait et savait lire en moi. Il ne sait rien ! - Oua, je m'impressionne, tant d'energie. Un air mécontent sur mon visage, inspirant longuement pour remplir mes poumons d'air et tout relacher lourdement. J'acceptai d'un signe de tête.

«Bon d'accord, si tu veux, maintenant qu'on y est, autant regarder ce qui ce cache ici. je t'accompagne surtout pour ne pas tomber sur le garde forestier, ne vois pas là une envie quelconque.»

Je ne sais pas pourquoi, toujours cette même force qui m'oblige à me détacher des gens, c'est pour me donner un genre? Si si, j'ai lu ça dans un livre. Chaque personne essaye d'être unique, en bien, différencié des autres pour être facilement reconnu et apprécié. Moi, c'est l'antipathie.. T'es completement stupide parfois Devin. Hein? Reconcentre-toi sur la conversation, qu'a t-il dit?

«Ca te dit de faire un tour sur mon dos ?»

Qu'est-ce qu'il vient de dire? Je n'ai pas pu m'empêcher d'hausser les sourcils, il avait dû s'en rendre compte. Je ne vais pas aller sur ses épaules, ce serait humiliant. C'est quand je l'ai vu se transformer petit à petit en ours. C'était fascinant, oui extraordinaire. Les poils qui sont apparu petit à petit, la forme du visage qui se modifie, son corp en faisant autant. Les fines dents se changèrent en énormes crocs, je n'aurais pas aimé finir dans cette gueule. Et voila, je suis là, sans rien faire, aucun son ne pouvait sortir de ma bouche, ébaïs devant ce spectacle, je ne l'avais jamais vu se transformer devant moi. D'un petit sourire en coin, j'avançais vers lui, et étrangement, je n'avais aucune crainte. Finalement Devin, cette petite aventure tourne dans le sens que tu aimes.

Me voilà sur le dos d’une grosse bête, je crois bien que je ne réalise pas encore bien la situation. Mais on s’en fiche. Il est tellement géant, heureusement, il a fait l’effort de se baisser pour m’aider à grimper sur son dos velu. Mais je peux vous dire que j’en ai chié, j’ai du m’y reprendre à trois reprises pour escalader cette bête. C’était assez marrant au final, je faisais de petits sauts sur place pour tenter d'accéder à son dos. J’ai dû employer une technique qui manquait vraiment de classe. Elle était peu élégante mais efficace. J’ai fais un petit saut, posant mon ventre sur son dos en équilibre, puis j’ai fais passer ma jambe droite de l’autre côté de son corps. Une agréable sensation de ridicule, mais haut les coeurs.

Je regarde de gauche à droite, profitant de ce nouveau paysage, c’est drôle d’être à cette hauteur-là, ça donne envie d’être grand. Car actuellement, je ne peux rien faire à part regarder. Si je m’écouterais, j’irais partout pour me mesurer aux arbres, et gagner ce petit combat. Wow.. Il se met à grogner, un peu de calme mon grand. Nous voilà partis, et moi, je m’accroche comme je peux. J’ai l’impression d’être à la place de ces jeunes gens qui montent sur un cheval pour la première fois, tu vois à leur visage qu’ils ne sont pas à l’aise mais qu’ils apprécient ça, et bien je pense que je vis actuellement la même chose. Mes mains accrochés à ses poils, je ne me préoccupe pas si cela lui fait mal, ce n’est pas mon problème. Je tiens sur son dos, c’est déjà ça. Il me pardonnera.

Je commence à prendre le coup de main, ce n’est pas si difficile, je commence un peu à profiter du paysage, c’est vraiment lugubre. Sombre, il y a une belle petite brume, il ne fait pas très chaud. Les plus courageux auraient du mal à rester ici, je crois? Mais moi je m’en moque, c’est un endroit qui me fascine, pourquoi? L’interdit attire. Je découvre une nouvelle zone de l'île, et il n’y a rien de plus jouissif que ça, même si c’est avec Max. On ralentit le pas, il renifle et reprend sa course, avec une énergie démonstrative. Je la ressens cette force qu’il a en lui. Il a repéré quelque chose. Je perds un peu l’équilibre, je ne faisais pas le fier sur le moment, je serrais même les fesses et contractais mes deux jambes contre son corps.

Arrivé sur place, nous sommes devant une scène assez particulière, il avait pisté une biche, et elle était là, gisant dans son sang contre ce gros chêne. Pauvre bête, c’était terrifiant de voir comment elle se faisait grignoter par ces trois loups, mais ce qui me terrifiait encore plus, c’était que j’admirais le spectacle. Bien Sûr, je ne disais rien, je suis resté bouche mi-ouverte, sans savoir quoi dire ni quoi faire. En voyant Max faire la statue de marbre, je sautais alors au sol, sur mes deux pieds. Max s’approcha lentement après ma descente, peut-être avait-il peur pour moi. Il poussa un crie, on aurait dit qu’il tentait de montrer sa supériorité. Vous savez, comme ces types qui jouent à qui a la plus grosse, mais là, c’était avec des rugissements. Ils répondirent à leur tour et ne semblaient pas sereins.

Je ne pouvais pas m’empêcher de les fixer du regard, c’était la première fois que j’avais l’occasion de communiquer avec une de ces bêtes. Alors je m’avançais d’un pas lent, un fin sourire était dessiné sur mon visage, la main droite tendu vers ces montres. je ne sais pas si Max m’a vu avancé, mais qu’importe, l’envie d’en apprendre plus était plus importante. J’avais surement fait le pas de trop, celui à l’extrémité gauche se mit à bondir en ma direction, montrant les crocs, face à moi. Je n’avais pas ma baguette en main, je n’y avais pas pensé. Je détournais un peu la tête par réflexe, en grimaçant, l’adrénaline montait en moi. Impuissant face à ce monstre, l'excitation était à son apogée.