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 Ode au pétrole || ft. César

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Ode au pétrole || ft. César
19.12.16 21:13

Tu patauges, titubes hors des dortoirs improvisés, du bout de tes chaussons feutrés. Ce n’est pas sans peine que tu t’extirpes de la torpeur tranquille et ambiante : le froid t’enlace, mal adhésif dont tu ne sais ni n’essaies de te défaire. Tu sais en revanche que plus tu te débattras, plus durablement, il s’emparera de toi. En tout état de cause, tu n’es pas de ceux qui se contorsionnent sous la brise glaciale, ou sous quelqu’autre emprise que ce soit, ni même à lui tordre le poignet. Tu constates, simplement, éternelle perdante, en vertu de quoi tu ne t’insurges contre rien. Voilà une exhortation que tu t’es appliquée à enfreindre, ces derniers temps, pourtant. Grand bien te fasse : désormais, c’est ta peine difforme qui en doit récolter les pots cassés. Il faut bien que tu presses le pas, cependant : à trop tergiverser, tu finiras par être débusquée. Baguette, cigarettes, briquet. Tu décolles, puis dégringoles.

Dorothea dévale doucement les escaliers, autant que faire se peut, consciente que sa combine risque d’être, à tout temps, percée.

Pense à moi. Pense à moi. Non, pas tout de suite. Tu pantelles déjà, Dorothea. Pense à moi. Pense à eux.

Il lui semble passer une éternité avant qu’elle n’arrive enfin aux décombres annonciateurs que sont les restes des dortoirs de sa maison. Ce n’est là qu’une étape de sa descente, mais elle prend le temps de s’y percher sur quelques débris. En voilà une injustice, se dit-elle: que sa maison soit ainsi écrasée, réduite aux sous-sols, comme si l’on voulait museler la fervente ambition dont ses disciples dégoulinaient. Une omnipotence de plus face à laquelle elle reste muette. Peine perdue. C’est un corps amorphe et indifférent, bercé par une houle obscure, lessivé par l’écume des jours.

Moyennant soupir et tremblements, une cigarette vient bientôt se loger à sa juste place, entre ses lèvres. Les mêmes spasmes y viennent pendre une flammèche orangée et, bientôt les réconfortantes arabesques de fumées se dessinent devant ses yeux humides et dans sa gorge.

Elles te font pleurer les arabesques, soit dit en passant.

Merde !”

Tu les déloges d’un revers rageur, ces perles sordides. T’as un genou et une paupière qui tremblent, ils te font fausse route lorsque l’orage fulmine, déployant ses éclairs tentaculaires au travers des fenêtres. Vite, bouge. Tu détales à nouveau, dévales les décombres cette fois-ci. Tu manques de tomber, te rattrapes de justesse et puis te voilà à nouveau lancée dans les escaliers. Il y a quelque chose à tes trousses, et quelque chose d’enfantin dans ta course. Gamine égarée, l’air hagard et déphasé. Tu es un hors d’œuvre désœuvré. Ton bras libre maintenu plié au niveau de ta taille, ton regard baissé, obstinément concentré sur tes pas. Tu batailles. L’immonde cotylédon se forme déjà, maculé et suintant de terre et de goudron. Il te talonne, te poursuit de son vol capricieux et erratique. Et les fissures ne vont pas tarder. Tu t’évertues à la taire, cette petite voix qui te tourmente, insidieuse.

Tu baisses la tête et tiens ta cigarette dans la bouche, le temps de pousser une lourde porte que tu ne prends pas soin de refermer derrière toi. Et puis tu fonces. T’as l’habitude de ces choses-là, pourtant, Dorothea. Qu’est-ce qui t’arrive ? T’as fait l’erreur de t’accoutumer à tes récentes et joyeuses épopées. Sans surprise, la chute est rude. Tu n’es même pas prête que ça commence à craqueler. T’as déjà des litres de cambouis au bord des lèvres, sous ta main, dans tes artères qui s’affolent, alors que tu t’appuies, pliée en deux, contre le mur. De l’asphalte en fusion, bouillant, que tu n’arrives pas à vomir. Ça te calcine méchamment le poignet quand tu viens y planter tes dents pour réprimer tes gémissements et sanglots affolés.

Tu essaies de te redresser, mais rien n’y fait. On rugit des ordures à tes oreilles tandis que tu avances, courbée par un souffle qui ne se laisse pas aspirer. Et tu avances, tu avances en titubant, en t’esquintant les ongles sur les murs qui s’enchaînent et se déchainent sous ta paume. La pierre se désagrège, la pierre se fait redoutable solfège. Tes yeux s’égarent entre tes doigts écartés ; il s’en échappe une véritable marée. Quelque chose de gluant, de noir et de bouillonnant. Mélasse incertaine qui fissure la porcelaine, celle-là même qui contient tes peines.

Comment veux-tu que tout ça tienne dans un emballage si délicat ? La larve est arrivée à maturité. Et elle est énorme, c’en est presque inadmissible. Maintenant, tu t’en veux d’avoir attendu si longtemps, de t’être prêté une audace qu’il ne t’appartient pas de t’attribuer. Une audace qui ne t’est pas conforme. Pas de conformité, avec toi. Non, pas cette fois. Simplement, un abject conformisme contre lequel tu t’es absurdement révoltée. C’est pourtant ton essence, à présent, tu le sais. Probablement que tu l’oublieras à nouveau, entêtée que tu es. Mais toujours, toujours, tu seras rappelée à l’ordre, rattrapée.

Cours.

Cours, Dorothea. Toi d’abord eux après. Eux, embourbés dans ce sillon de haine et de dégoût déposé par tes semelles. Ceux-là même qui ne te laissent jamais en paix. Tes pensées, tes succubes, tes démons. Et finalement, ils parviennent à empêtrer tes pas, triomphent de toi contre une cloison de pierre. C’est toi, l’immonde cotylédon. Et c’est ce dernier que tu contemples avec horreur, tandis qu’il s’affaisse au sol. Tu ne t’es pas trop avancée dans les cavités, parce qu’une peur sourde s’est insinuée en toi ; il y a tout juste assez de lumière pour que tu puisses voir le bout de tes pieds. Tu parcours fébrilement de tes dents tes bouts de doigts, à la recherche de peaux récidivistes à arracher, en vain.

Ils te délaisseront tous, tu sais ? Un par un. Adélice, Parfait, Cole, Juniper, et même Luna, et puis tant d’autres encore… Ces presqu’amitiés, ces dettes et dépendances que tu as contractées. Parce que tu es une triste et lisse surface que rien n’accroche, une brindille engourdie et délavée dans une mer colérique. Les prénoms et les visages se succèdent derrière tes paupières obstinément fermées. À chaque évocation, le cylindre carcinomateux, que tu as préalablement défait de ses cendres, vient embrasser ta peau. Le dos de ta main. Ton poignet. Ton avant-bras. À chaque prénom, une pleine lune fulminante sur ton épiderme. Et sais-tu ce qu’il s’en écoule ? Bingo, Dorothea. Du pétrole. De l’essence. Du mazout. Du naphte si tu préfères. Ça te brûle rudement, d’autant plus que tu n’y vas pas de main molle et puis ça te rend nauséeuse, ça te terrifie autant que la pénombre et les bruits étranges qui t’entourent. Un fantôme, réminiscence d’un passé trop impunément oublié ? Une âme en peine ? Quelque créature malintentionnée ?
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Hibou & Sigma
C. Parfait Jdanov


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Date d'inscription : 06/11/2016

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C. Parfait Jdanov





Re: Ode au pétrole || ft. César
30.01.17 0:42

It's just a cigarette and it harms your pretty lungs
Well it's only twice a week so there's not much of a chance
It's just a cigarette it'll soon be only ten
Honey can't you trust me? When I want to stop I can

Je n'arrivais plus à dormir convenablement. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, en fermant résolument les paupières et adoptant un souffle régulier. Pourtant, à chaque fois que le fil de mes pensées déraillait et que je me sentais prêt à plonger dans le royaume des limbes, quelque chose m'en empêchait. Un grincement de lit, une odeur nauséabonde de chaussette mouillée, un ronflement tonitruant. Tous les moyens étaient bons pour m'arracher aux bras de Morphée. Et ça me foutait en rogne. Car je ne faisais pas partie de ces chanceux au sommeil de plomb, non. Mon corps préférait s'abonner aux cernes violettes et aux coups de fatigue intempestifs.

Quelle bande d'incapables, aussi ! Ce n'était pourtant pas bien compliqué de réparer un dortoir à l'aide de la magie. Certes, la menace était à son paroxysme, mais cette bande de bras cassés plus communément appelés « le personnel de Poudlard » ne sauverait personne des griffes de Beta. Croyez-moi ! Ils ne réalisaient pas qu'une épée de Damoclès planait au dessus de chacune de leurs jolies boucles dorées. Tout n'était qu'une question de temps avant que les Sigmas fassent leur prochaine apparition. Et quand ce beau jour viendrait, je serai aux premières loges.
Non sans avoir écrasé le visage de celui qui partageait mon lit superposé, je me glissais hors de mon lit. Heureusement pour moi, c'était au tour de Bosart de monter la garde. Et celui-ci semblait bien plus captivé par son reflet dans le miroir que par la surveillance des dortoirs. Lorsque je refermais la porte derrière moi, il était encore en train de replacer ses cheveux parfaitement coiffés derrière son oreille. Méfait accompli.

Bien. Comment tuer le temps, à présent ? Un bon Poufsouffle profiterait de l'occasion pour se glisser dans les cuisines afin de quémander quelques muffins aux myrtilles ou à la banane. Un bon Serdaigle se glisserait dans la section interdite de la bibliothèque pour comprendre tous les secrets de ce monde. Un bon Gryffondor s'aventurerait dans la forêt interdite pour y provoquer des trolls et centaures. Mais que ferait un bon Serpentard ? Non, que ferait Cesar Parfait Jdanov ? Le sourire aux lèvres, je repensais à cette soirée de pleine lune en belle compagnie. C'est qu'on rencontrait les plus effrontés de l'école, en faisant le mur. Ou les plus inconscients.

Encore une fois, je m'étais laissé guider par mon instinct. Et cette nuit-là, mes pas s'étaient tout naturellement dirigés vers leur refuge désormais en ruines.
Arrivé à destination, je plissais des yeux pour mieux distinguer les formes dans la pénombre, mais je n'osais pas lancer un lumos. C'est que je ne tenais pas vraiment à me faire repérer par un professeur en rogne. Et le spectacle qui s'offrait à mes yeux me glaça le sang. En voyant cet amas de pierres d'où s'échappaient des pans de tissu et autres vieux livres poussiéreux, je sentis un frisson remonter le long de ma colonne vertébrale. Des ruines, voilà ce qu'était devenue la salle des Serpentard. En un coup de baguette magique, quatre ans de souvenirs s'étaient effondrés. Oh, gardez donc vos mouchoirs ! Ce n'est pas comme si j'étais venu les bras chargés de trésors. Mais la sensation était toute drôle.

Détruire.
verbe transitif. Démolir quelque chose, le mettre à bas, l'abattre, le raser ; anéantir.
C'est fou ce qu'il est facile de réduire quelque chose à néant. Construire prend du temps. Construire demande des années de travail et des efforts. Pourquoi se donner tant de peine, quand tout peut être brisé en un claquement de doigts ? Pourquoi accorder tant d'importance à tous ces biens matériels, à tous ces faux amis et à ce père si mortel, si moldu ? N'est-il pas bien plus simple de contribuer à ce chaos, de se rallier à cette cause ? Pourquoi chercher à comprendre ce qui nous blesse, quand on peut simplement le réduire au même état que cette salle ? N'est-ce pas une économie d'énergie ?  

Je décidais donc d'avancer, de tourner le dos à ce que je refusais de voir. Sauf qu'au lieu de revenir sur mes pas, je m'enfonçais vers les sous-sols. Durant une poignée de secondes, je me sentais même tout puissant. Moi, seul face aux ténèbres. Moi, tel Hadès descendant en enfer. Moi, dont l'âme était définitivement pourrie.

C'est à cet instant que je les vis. Ces brasillements, abîmant les bras d'une silhouette bien trop familière. Bien sûr que c'était elle. Comment aurais-je pu me retrouver seul dans ces catacombes ? J'avais besoin d'une Perséphone à mes côtés. Alors sans faire un bruit, je m'agenouillais à ses côtés, mon éternel sourire moqueur sur les lèvres.

« Si j'étais toi, j'aurais utilisé ma baguette. Les flammes sont bien plus impressionnantes. Mais je te donne un bon Effort Exceptionnel pour la mise en scène tragi-comique. » Avec une douceur presque fraternelle, je vins lui dérober l'arme du crime. « Je peux t'aider, si tu veux. L'incendio, c'est ma spécialité. » Le reste de cigarette coincé entre mes lippes, je laissais la nicotine faire son chemin jusqu'à mes poumons.

« Toi aussi, Morphée t'as foutu un râteau ? Tu veux qu'on en parle ? » La phrase voulait tout dire et son contraire. Mais elle devrait s'en contenter. Je n'étais pas de ceux qui consolaient en peine perdues. Moi, je les tirais vers le bas et les entraînais dans ma chute.


©Pando


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