Au début, tu ne savais pas que la réserve était accessible aux professeurs. Durant toute ta scolarité, tu avais juste entendu qu'il était interdit d'y aller, sans avoir les petits détails utiles comme "sans l'autorisation d'un professeur". Ainsi, lorsque tu es revenue en qualité d'enseignante, pendant plusieurs mois tu t'es rendue à la bibliothèque en te tenant à bonne distance de la réserve. Cela t'ennuyait quelque peu, tu te demandais bien pourquoi conserver tous ces livres si c'était pour les garder loin de tous, mais tu n'étais pas là pour enfreindre les règles ni les remettre en question, alors tu faisais avec.
Jusqu'au jour où tu as vu un de tes collègues pénétrer dans la réserve, tout du moins. Tu as cligné des yeux, hausser les sourcils, tu t'es levée et tu as attendu à la porte. Il est sorti, et tu lui as posé la grande question, est-ce qu'on a le droit d'entrer dans la réserve. Il a écarquillé les yeux, il a souri, puis il a éclaté de rire, et tu étais bien embarrassée, ma foi. Mais il t'a tout de même répondu ; oui, c'était autorisé pour les professeurs, et les professeurs pouvaient aussi accorder à des élèves le droit d'y aller. Ainsi, depuis ce jour, tu te rends régulièrement à la réserve, toujours en quête d'informations sur de vieilles plantes. On ne sait jamais quand est-ce que ce genre de connaissances peut s'avérer utile.
Ainsi, aujourd'hui encore, tu entres dans la bibliothèque, qui est toujours trop bruyante à ton goût. Tu soupires ; s'il y a quelque chose que tu n'apprécies que peu dans le fonctionnement de Poudlard, c'est bien la bibliothèque. C'est peut-être pratique de faire venir les livres, quand tu connais le titre de ton livre mais ne sait pas où il est, mais, quel bruit ! Quel désordre ! Tu ne mens pas, il y a des jours où tu trouves presque cela amusant, ce ballet de livres, mais le reste du temps... Cela te donne plus envie de fuir qu'autre chose. C'est pour cela que tu n'allais que rarement à la bibliothèque et qu'à présent, tu fuis exclusivement dans la réserve. Aujourd'hui n'est pas une exception.
Tu n'as pas vraiment de but précis en poussant la porte de la réserve, ce qui te paraît, en soi, assez logique. Tu es ici pour apprendre, tu ne recherches pas une chose en particulier ; tu veux juste en connaître toujours plus sur les plantes magiques, afin de toujours pouvoir les gérer (et, accessoirement, tu te dis parfois que tu aimerais ramener des échantillons de certaines plantes rares à Poudlard, juste pour les montrer à tes élèves ; tu aimerais leur faire découvrir ce genre de choses).
En t'avançant entre les étagères, direction celle des plantes, tu aperçois une silhouette, t'arrêtes ; il s'agit là d'un de tes collègues, l'infirmier, Valces. Tu le salues d'un sourire, d'un signe de la tête et de la main, avant de reprendre ton chemin, ne souhaitant pas le déranger. Tu ne penses pas qu'il soit ici pour papoter.
Tu atteins ta section, et tu survoles les titres des yeux, en quête de quelque chose que tu n'as pas encore lu ; ton dévolu se porte sur un petit écrit aux feuilles reliées maladroitement ; il attise ta curiosité. Il n'y a pas de titre, et tu tournes les pages rapidement pour déterminer de quoi traitent ces feuilles : d'une plante, une seule. Une plante carnivore possédant une morsure toute particulière. Une morsure violente, qui vous arrachera facilement un large morceau de peau, mais, surtout, aux effets secondaires quelque peu... Dérangeants. Le mot est faible, en fait. Ton intérêt est piqué lorsque tu lis que la morsure de la dite plante maudit sa victime, semblant à priori détruire toutes ses relations. Tu continues ta lecture, intéressée par le processus.