Come and rescue me || Sidney

Point de vue de Sidney.

Elle pleurait. Elle pleurait tellement que ton coeur loupa un battement. La seule chose que tu pensas à cet instant, c’est qu’elle était toujours aussi belle, même le visage ruisselant de larmes. La voir dans cet état te donnait envie de fuir à vive allure, pour ne pas être mal à l’aise davantage.
Tes lèvres tremblaient, tu n’osais rien dire, la contemplant d’un regard vide comme une nature morte. Tu ne fais pas un geste, ne bougeant pas d’un cil, continuant de la fixer comme si ton corps se décomposait lentement, comme si tu t’éloignais de ton enveloppe, flottant et vous observant tous les deux avec de la hauteur.

Finalement, une voix timide sortit de ta gorge enrayée.
— “Je.” Tes doigts se crispent. Tu ne sais plus ce que tu veux, au final. Fuir ou l’affronter ? Courir ou s’excuser ? Deux possibilités totalement opposées s’offrent à toi. Mais laquelle choisir ?
— “Je suis venue m’excuser pour ce qui s’est passé au bal. Sincèrement.” Tu détournes le regard, fronçant les sourcils. Tu l’avais enfin dit, tu avais enfin osé. Au risque de tout briser.

Elle te demande si elle peut te prendre dans ses bras. En temps normal, tu aurais dit non, car tu n’es vraiment pas tactile. Mais dans cette situation, tu ne pouvais pas vraiment lui refuser quoi que ce soit sans prendre le risque d’abuser.

— “.. Ouai, si tu veux.” Tu l’accueilles dans tes bras, contre toi, ton souffle effleure sa chevelure dorée et tu lui tapotes le dos amicalement sans savoir comment réagir.

Point de vue de Sidney.

Ce que ton frère m’a fait ? Cette phrase résonne dans ta tête comme les détonations de boulets de canon. Qu’avait-il bien lui faire ? Evidemment tu n’en avais aucune idée, personne n’avait pu lui raconter les détails à part Seth ou Elyon elle même. Tout ce que tu savais c’était qu’il t’avait menti, trompé, bafoué, pour pouvoir prendre ta place au bal et avoir l’occasion de traumatiser cette pauvre fille qui se trouvait être ton amie.

Ta voix tremble, tu reste comme pétrifié, la laissant t’enlacer, commençant à t’en lasser. Non, tu n’étais pas trop tactile. Mais l’heure n’était pas aux câlineries et autres niaiseries. Tu avais besoin de savoir, tu avais besoin d’alimenter à nouveau cette horloge à culpabilisation qui régissait ta vie.
Tu l’écartes de toi, la tenant fermement par les épaules.
— “Qu’a t-il fait ? Qu’a t-il fait Elyon ?” Sourcils froncés, tu paraissais comme déterminé.. mais tes pupilles tremblaient dans le fond de leur orbites, trahissant une angoisse de découvrir la terrible vérité.

Décidément, Seth était égal à lui même. Un égoiste et un petit merdeux dans toute sa splendeur. Maladroitement, tu essayais de la rassurer avec des petites tapes sur l’épaule, un sourire pas naturel aux lèvres.

— “Mais bien sûr Elyon que tu es mon amie, tu ne vas pas le lai.. je veux dire, on ne va pas le laisser décider à notre place.” tu détournas le regard, visiblement gêné de cette franchise mal placée. “Je suis sincèrement désolé s’il t’a fait des misères.”

Point de vue de Sidney.

Encore une fois, elle est trop gentille. Et trop c’est trop. Tu t’en voulais de devoir faire ça, surtout face à ses pleures. Mais elle devait s’armer face à la peur autre que par les larmes. Car les lames tranchent et alimentent la barbarie. Tu saisis ses épaules et la secoue un peu, veillant à ne pas lui faire mal puis la secoua à nouveau frénétiquement comme quand on veut réveiller un enfant qui a dépassé l’heure de la sieste.

—  “Arrête Elyon bordel ! Arrête d’être .. comme ça !” Tu te mords les lèvres, révolté de par l’ironie de la situation. Tu la lâches, remarquant tant bien que mal les séquelles qu’avait laissé ta moitié derrière lui. Elle était plus craintive, elle qui avait toujours été une personne joyeuse et positive, et surtout très tactile.

—  “Tu vois bien toi même que quelque chose a changé en toi non ? Bon sang, je t’adore comme fille mais..” tes joues s’empourprèrent immédiatement. “Tu es impossible. Arrête de vouloir protéger les autres au point même d’en oublier de te protéger toi même.”

Tu serras les dents. Les menaces de Seth étaient si théâtrales qu’elles en devenaient insipides, à force de les ré-entendre. “C’est du vent.” Ta seule arme, c’était de t’en persuadé toi même et d’avoir l’air convaincu en affirmant ces mots. Il fallait la rassurer, autant que toi.
—  “Et qu’il ose faire quelque chose, je ne laisserai pas faire. Et l’école non plus. Mais ne crois pas à ces mensonges inventés de toute pièce pour seulement avoir de l’emprise sur toi. Libère toi un peu bon sang !”