{{ il a toujours brillé un peu plus et tu as toujours trouvé ça légitime ; il était aveuglant et toi vilain petit canard ne pouvais que l'admirer tu t'estimais chanceuse tu t'estimais heureuse de pouvoir te tenir à ses côtés être celle qui était la plus proche de lui sans vraiment l'être olympe petite soeur olympe porte-malheur olympe on te regardait avec pitié ((un peu)) beaucoup et et tu ne sais même pas s'il s'en est ne serait-ce que rendu compte qu'il était le préféré
mais ça n'était pas grave
tu comprenais si bien
toi aussi tu le préférais à toi-même
maman et papa aussi tu le savais quand dans un ton las et désemparé ils soufflaient qu'on ne pouvait pas y faire grand chose - il n'y a pas grand chose à dire si ce n'est qu'au fond c'était ta faute olympe généreuse olympe amoureuse amour amour pour ton grand-frère ton modèle ton héros qui ne t'aimait pas forcément plus que ça alors jamais jamais tu ne pourrais voler sa place blasphème que dis-je infamie alors olympe tu t'es éteinte toute seule de tes dix petits doigts tu as tué ce petit éclat qui naissait en toi et tu t'es assise dans son ombre pour ne jamais le dépasser ne jamais ne serait-ce même que l'égaler - c'en aurait été trop prétentieux de ta part après tout olympe amour olympe dévotion olympe olympe olympe dont les gens ne voyaient que l'ombre facile à chasser avec un peu de lumière alors on riait on se moquait parce que tu marchais la tête basse on te pointait du doigt olympe qui préférais user de tes quelques mots pour se faire juste assez aimer afin qu'on te laisse tranquille ((les adultes sont si simples à tromper)) olympe olympe rusée olympe délaissée olympe harcelée aussi parfois parce que c'est bête un enfant et encore plus méchant dans son innocence alors olympe fragile petite olympe tu t'es un peu brisée entre deux mots qui résonnent parfois encore dans ton occipital et à force d'être poussée sur le goudron faible faible et triste olympe
vilain petit
canard
du peloton
tu t'es résignée à porter ton nom ;
{{ tu n'avais pas même encore dix ans quand ils ont jeté tes jouets et déchiré ce cadre si parfait que vous connaissiez blanc et noir famille harmonieuse pour plaire plaire plaire à son si grand public et dès que le rideau s'abaisse ce sont les cris sous les masques qui s'ôtent et les hurlements d'un amour éteint oh douce mélodie qui a bercé ta tendre enfance brisant ainsi ta dernière notion de famille mais ils ont choisi de ne plus vendre de tickets d'arrêter de se faire pierrot pour redevenir un peu humains authentiques - du moins tant qu'ils le pouvaient. alors ils ont posé leurs alliances dans de jolies boîtes rouges et tu l'as regardé pour une dernière fois sur le pas de la porte - lumineux éclatant peut-être un soupçon de rouge sous ses yeux mais ça n'était sûrement pas pour toi qu'il les avait frottés et sur ces quelques mots tu es partie envolée disparue loin de l'asie qui t'avait appris à marcher. tu étais triste mais pas autant que maman elle oh pauvre maman qui se retrouvait avec un nouveau boulet au pied pauvre maman qui allait devoir t'élever quelle tragédie elle n'a rien demandé - injustice que le monde lui a fait et elle te te te te regardait avec ces yeux que tu n'oublieras jamais un mélange de rancoeur et un vieil amour desséché en rien n'étais-tu responsable de tout cela mais elle t'en voulait quand même au fond
parce que tu n'étais pas lui
parce que tu n'étais que toi
et que ça ne suffisait pas
parce qu'elle ne t'a jamais autant aimée et que tu étais vaine et un peu inutile sans talent ni avenir - on le savait tous déjà et toi-même quelque part tu t'en doutais. mais tu ne voulais pas que maman soit triste tu voulais que maman sourit tu voulais qu'elle te prenne la main et conte sur ton lit le soir des histoires par milliers comme elle le faisait, avant
avant quand tout allait " bien "
avant quand tout était " beau "
avant quand vous étiez deux
mais il n'y aura plus jamais rien ;
{{ l'angleterre n'était pas aussi jolie que séoul ; elle ne le sera jamais - séoul magie séoul enfance séoul souvenirs un peu utopiques un peu transformés pour les modeler à la perfection que tu souhaitais qu'ils atteignent mais séoul la douce séoul à ses côtés et c'est tout ce qui comptait - angleterre tristesse angleterre soltitude angleterre amertume. tu as eu du mal à apprendre leur langue mais maman t'a aidée tu as eu du mal à t'intégrer tu as eu du mal à surpasser la solitude et malgré tout tout tout olympe tu n'as pas pu
te résigner
à briller
tu as continué à te conformer à ce que ta mère estimait que tu étais - moins que rien retardée légèrement et oh olympe olympe olympe tu as continué de jeter de l'eau sur la petite flamme qui persistait en ton sein - tu pensais avoir trouvé son nom ((non tu le sais)) tu as voulu remettre un peu de bois dans son brasier pour voir un jour entre deux moments de silence avec toi-même ((qui d'autre seulement)) et tu as posé des couleurs sur une feuille
c'était laid
c'était maladroit
c'était euphorique
que tu aies oublié pour quelques secondes que c'était toi qui tenais le pinceau le faisais bouger sur le papier les couleurs qui apparaissent et changent et brillent et oh olympe olympe olympe tu l'as trahi trahi trahi tu as gardé au creux de tes mains cette petite toute petite lumière un peu colorée que tu as pu sauvé et olympe olympe olympe amoureuse olympe qui a touché du bout des doigts un moment de sérénité mais tu n'as jamais rien dit jamais rien fait tu as
juste
peint
pour créer ton havre de paix ;
{{ maman t'a parlé - en ces temps un peu troubles de jeunesse c'était assez surprenant - maman t'a parlé et tu l'as cru folle maman t'a parlé et elle t'a regardée avec un regard brillant maman t'a parlé et tu as cru voir un brin de fierté maman t'a regardée et tu t'es vue en reflet dans son regard aux paillettes dorées oh oh oh olympe tu n'étais pas prête olympe olympe
tu t'es mise à pleurer
tu t'es mise à pleurer
tu t'es mise à pleurer
olympe olympe olympe
tu ne pensais plus exister
mais elle a caressé ta chevelure aveuglée par ta naissance dans sa vie après un peu plus d'onze longues années - tu avais un peu de sens au final, un brin d'espoir qui s'appelait magie et elle n'y croyait plus pensait que ça ne coulait pas dans tes veines de misérable pourtant la preuve était éparpillée sur le sol dans des débris joli joli joli cadre qui t'a rendu triste quand tu l'as vu il était beau beau beau si beau dessus mais le verre éclaté a déchiré son visage maintenant oh olympe tu étais légèrement divine toi aussi. et maman t'a tout dit, tout raconté - elle t'a parlé de ce monde beaucoup plus grand que tu ne le pensais et maman maman maman tu t'es dit un peu peut-être parce que c'était doux et que ton coeur battait alors oui tu as osé penser doucement imaginer
que peut-être maman t'aimait
naïveté ;
{{ si ça avait été lui ça aurait plus simple ((tu le sais)) si ça avait été lui il aurait réussi si facilement ((tu le sais)) si ça avait été lui elle n'aurait pas eu à faire tout ça ((tu le sais)) si ça avait été lui ((tu le sais)) elle aurait été heureuse et fière mère comblée si ça avait été lui ((tu le sais)) il n'y aurait pas eu tout ça - elle n'aurait pas eu à ramasser ton corps meurtri qui traînait sur le sol la respiration sifflante et le coeur que tu aurais pensé battre battre battre fort et vite et qui pourtant semblait sur le point de s'éteindre ((tu le sais)) mais tu ne voulais pas de tout cela non plus tu avais juste voulu être une
bonne fille
ce dont elle rêvait
tu avais juste voulu plaire un peu être égoïstement aimée peut-être même acceptée mais mais mais tu étais si jeune si frêle et elle si exigeante alors elle brisait ton corps de sorts quand tu perdais à son petit jeu quand ton esprit si dense se faisait envahir par ses mots distordus dans le silence et olympe olympe
tu t'es sentie
mourir un peu
encore une fois
sous les mots
de quelqu'un
tu avais oublié cette sensation et oh la douleur physique n'était rien rien rien si douce à côté si plaisante et presque enviable parce qu'il suffisait de quelques jours pour qu'elle s'en aille mais eux ils ricochent et s'accrochent et te hantent et oh olympe pourtant
tu n'as jamais pleuré
jamais
plus forte quelque part
qu'elle ne l'eut pensé
il a fallu du temps à souffrir encore et encore et à apprendre et étudier à côté sans jamais vraiment se reposer à part quand tu t'effondrais mais olympe tu ne t'en es jamais sortie olympe tu n'as jamais réussi - trop longue trop lente à la traîne
le dédain
dans ses yeux
lassitude
d'attendre
tu as raté le train de son amour et il ne repassera plus alors olympe triste petite olympe qui n'était plus tout à fait enfant mais pas encore totalement adulte olympe frêle olympe qui n'était pas encore partie mais qui ne réussit jamais rien encore encore
tu t'es réduite
à porter
ce nom
que tu t'es mise
à haïr ;
{{ tu n'as plus à subir son regard et son indifférence ses sanglots la nuit dont elle ne s'est jamais lassée cette jolie étincelle dans ses yeux haine tu le penses c'est sûrement son nom non non il n'y a plus rien
rien
rien
rien
pas même elle mais surtout toi non tu n'es plus sur le seuil de la maison et les quais le quai même tu l'a passé la boule au ventre les yeux fermés tu es partie tu aurais voulu t'envoler tu aurais voulu disparaître t'éparpiller en des millions de cendres mettre un terme à cette existence ratée et probablement bâclée qu'est la tienne - sans intérêt petite olympe olympe qui n'a rien à espérer à attendre ni vouloir olympe olympe qui voudrait juste
sombrer un peu
pour se permettre d'oublier
eux
elle
et lui un peu
mais surtout toi
et les années sont longues les années sont tristes sans rien rien rien toujours rien pour remettre sur le tableau qu'est ta vie quelques couleurs l'éclat d'un rayon de soleil oh olympe si seulement seulement seulement
tu pouvais
oublier
ton nom ;
olympe à jamais
olympe ratée
olympe pour
l'éternité