ergastule ▬pv. percy & pixel

La journée s’était déroulée sans aucune nouvelle de Pixel, étrangement. Et Zachary s’en portait plutôt bien, même si une pointe d’inquiétude montrait parfois le bout de son nez. Globalement, les cours s’étaient enchaînés, et si l’angoisse se faisait sentir lors des pauses, celle-ci passait rapidement lorsque le Serpentard était en compagnie de ses amis. Si bien qu’en fin de journée, il en avait presque oublié qu’il n’avait pas précisément le droit de faire tout ce qu’il voulait, et qu’il servait encore les Hingsley.

Il n’allait hélas pas pouvoir négliger ses fonctions bien plus longtemps.
L’appréhension revint lorsqu’il reçut un origami, plutôt mal plié, voire franchement négligé, et recouvert d’une écriture tremblante, bien que raffinée. Rien qu’à l’apparence des mots, il pouvait deviner sans mal le nom de l’expéditeur. Pixel Hingsley. Il haussa un sourcil, se demandant si cette fois elle réclamerait un oreiller ou un pull pour dormir plus confortablement. Ou si elle se plaignait du manque d’attention qui lui avait été porté aujourd’hui.

« Froid. Prison. Perdue. »

… Ah oui. Ça n’annonçait en réalité rien de bon. Après quelques secondes de réflexion, les yeux rivés sur ces trois petits mots, Zachary fronça les sourcils et, soufflant du nez, se mit directement en marche pour les sous-sols. Son pas, au départ mesuré, mais décidé, se transforma bien vite en course. Elle devait avoir cherché un endroit calme pour dormir. A moins qu’elle ne soit partie une fois de plus à la recherche d’un « truc cool », comme elle le faisait souvent, suivant les conseils de ses camarades. Comme avec la rumeur, là ; y entrer habillé de bleu. Et puis, la connaissant, la possibilité que la demoiselle tombe en hypothermie n’était pas à écarter, surtout si le Serpentard n’avait pas veillé à ce qu’elle prenne ses repas correctement de la journée.
Traversant les couloirs en courant, le jeune homme ne reconnaissait même pas un visage sur trois, jusqu’à ce qu’il passe près d’un groupe, et qu’il repère l’homme de la situation. Perceval. Il se sentirait un peu mal de l’ennuyer avec ça, mais il pouvait toujours tenter. S’arrêtant net, il lui donna une tape sur l’épaule pour l’interpeller. Dans tous les cas, il se pourrait qu’il ait besoin d’aide. Surtout si Pixel avait décidé de s’enfermer seule – ce qui était malheureusement envisageable. Et s’il parvenait à s’en sortir seul, ça n’aura été qu’une simple promenade entre amis.

« Hé. » fit-il, tâchant dans le même temps de reprendre son souffle. « Elle s’est perdue… Les cachots… Tu peux venir ? »

A vrai dire, on entendait pas mal de choses sur les cachots, surtout en première année. Des choses terribles, un poil effrayantes ; et tenter de sortir des geôles tout en portant le poids mort qu’était la Hingsley comme un sac à patates, ça pourrait s’avérer compliqué. Elle n’aurait sûrement aucune volonté d’aider, que ce soit marcher d’elle-même, ou simplement éclairer les environs d’un petit Lumos. Dans tous les cas, Zachary adressa un signe de la main au petit groupe, se remettant à courir sans fournir davantage d’explications, ni même attendre de réponse. Il n’avait pas vraiment le temps, et dans tous les cas, il ferait ce qu’il faut pour s’en sortir – seul, s’il le fallait.

hrp:

Et Perceval l’avait suivi. Evidemment, pensa Zachary, on pouvait compter sur lui. Ce n’était pas le genre de gars qui l’aurait laissé tomber, qui l’aurait regardé courir jusqu’au bout du couloir avant de détourner le regard. Pourtant, dans sa course folle, les pensées du Serpentard se mélangeaient, tourbillonnaient, pour finalement perdre toute rationalité. Alors sur le moment, que son ami l’ignore semblait chose probable, à ses yeux.
Voilà pourquoi les bruits de pas le rattrapant paraissaient si rassurants. Le jeune homme ne serait pas seul au monde, écrasé par le poids de ses responsabilités, par son manque de maturité, et par la certitude qu’il n’était pas fait pour prendre soin des autres. Légèrement plus lucide, apaisé malgré l’angoisse de savoir la demoiselle en danger, Zachary reprit un rythme viable, moins fou, moins sauvage.

« Non, je sais pas où exactement. » répondit-il à Perceval en grimaçant. C’est vrai qu’en y réfléchissant, il n’était pas vraiment un expert en labyrinthes et dédales sombres. Et ils n’avaient pas de carte pour les guider. « On va devoir chercher à tâtons, je suis désolé. » marmonna-t-il, franchement déçu par sa propre incompétence. Il lui faudrait réparer ses erreurs au plus vite. D’autant plus que si tu en croyais cet origami, il s’agissait bel et bien d’un appel au secours. Autrement dit, la situation pouvait rapidement se retrouver hors de contrôle.

Les cachots étaient plus sombres que ce à quoi il s’attendait. Par réflexe, sans même réfléchir, Zachary lança un Lumos, en même temps que Perceval, et ils s’engouffrèrent dans les catacombes, à l’aveuglette malgré la lueur qui brillait au bout de leurs baguettes. Comment pourraient-ils retrouver leur chemin dans ce chaos de couloirs, portes et cellules ? Et comment pourraient-ils atteindre la demoiselle s’ils ne savaient même pas par où commencer ?
Bien heureusement, alors que Zachary commençait à craindre que la jeune fille ne soit inconsciente, et donc dans l’incapacité de les aider, de les guider jusqu’à elle, elle éleva la voix. Presque instinctivement, le Serpentard releva la tête et, avisant Perceval qui semblait avoir entendu l’appel également, les deux amis se mirent à marcher rapidement, au coude à coude, vers la voix. Une nouvelle fois, les pas se transformèrent bien vite en petites foulées tandis que Zach se mit à trottiner dans les couloirs étroits, entre les geôles des cachots de Poudlard. Glauque.

Puis elle entra dans son champ de vision. La demoiselle en détresse. Les yeux écarquillés de surprise, Zachary eut l’air soulagé, avant de se reprendre et d’adopter une expression plus sévère. Il devrait la rappeler à l’ordre, une fois que les choses seront arrangées. Rapidement, il s’approcha de la grille et, une fois débarrassé de sa veste, il la tendit à Pixel au travers des barreaux. Puis, reproduisant l’attitude de Mademoiselle, il se tourna vers Perceval.

« C’est vrai… Euh, navré de t’avoir entrainé là-dedans. Vraiment, tu n’aurais pas dû. Je t’en dois une. » fit-il, l’air penaud. Lui qui était censé se débrouiller seul faisait vraiment mauvaise impression, à devoir emprunter la force de ses amis. A vrai dire, si Perceval n’avait pas été là, il aurait sans doute perdu tout son calme, et se serait décomposé, mais être indépendant faisait partie du but qu’il s’était fixé. Et là, il se retrouvait au même niveau de dépendance que Pixel, obligé de demander de l’aide. Il faudrait corriger cette attitude avant le prochain été.
Puis la Hingsley le rappela à l’ordre. « Maman », c’est toi, Zachary.

« Oui, bien sûr, une seconde. »

Il jeta un œil à Perceval, dont le Lumos était toujours activé, pour s’assurer de ne pas les plonger dans le noir total lorsqu’il éteindrait le sien. Le Serpentard prit une inspiration, et agita sa baguette en direction de la cage.
« Alohomora. »
...
La honte, Zachary. Le sort n’avait pas fonctionné. Inquiet, il jeta un regard à sa baguette, comme pour lui demander de ne pas être capricieuse, s’il te plait, mais peine perdue. Se planter comme ça devant Perceval et Pixel, il s’en serait bien passé. Il aurait bien tenté de soulever la grille manuellement, à la manière moldue, mais même à trois, ça risquait d’être compliqué. Une porte de prison, c’était loin d’être léger comme une plume, soyons francs. Pendant quelques secondes, il passa en revue ses options. Hors de question de tenter de faire fondre le métal, les lieux étaient trop confinés pour que ça soit sans danger. Ils ne pourraient pas non plus creuser un tunnel pour la demoiselle sans que ça abime les fondations, pensa-t-il. Alors quoi ? Devraient-ils couper les barreaux ? Les déformer ? Les transformer ?

« Lumos. » prononça-t-il, rallumant la lueur au bout de sa baguette. Il était bien tenté de dire à Pixel de se débrouiller, maintenant qu’elle ne risquait plus l’hypothermie, mais le jeune homme était toujours inquiet. Les sermons et jugements seraient pour plus tard.
« Percy ? On fait quoi ? »
Bah oui, tant qu’à faire, laissons tomber toute notre dignité au fond d’un trou, et comptons sur les autres pour nous tirer de ce mauvais pas.