Speed Dating [Dae-Jung & Louise]

« Et lorsque mes mains s’étaient bloquées contre ce mur invisible, j’avais réalisé que plus rien n’irait. Il m’avait suffit de me retourner, de me demander si j’étais seule mais je ne l’étais pas car tu étais là mais est-ce une bonne chose que tu sois là. Toi Dae-Jung toi qui j’étais sure m’abandonnerais mais n’y croyais pourtant pas. Pourquoi a-t-il fallu que tu le fasses, pourquoi a-t-il fallu que tu confirmes mes soupçons, me tranches la gorge ? Moi je t’aimais tu sais et peut-être pas de ces amours fous et chauds mais d’un amour profond à sa manière je le sais. Je n’ai jamais rêvé de t’embrasser mais de saisir tes poignets oui je l’ai fait : j’ai voulu que tu restes à mes cotés car je ne l’avouerais jamais mais j’ai si peur de la solitude. Alors j’aimais être à tes cotés tout en sachant que ça ne durerait pas : car je m’évanouirais de ce monde avant que tu te lasses, avant que tu me jettes.

Mais il a fallu que tu le fasses avant que je ne puisse m’enfuir, il a fallu que tu me brises et moi je ne sais pas quand je vais mourir. Et voilà que nous sommes bloqués ensemble et que tu me fais face et j’ai si froid et tu me demandes si c’est moi : moi coupable. Mais me penses-tu si basse, me penses-tu si toi ? Moi je ne te veux du mal et m’en veux-tu vraiment ? Es-tu si méchant ? J’avais des termes si peu florissants à t’offrir alors que tu étais avec moi, mais maintenant que tu es contre moi je ne sais plus je veux être faible, je veux croire que tu es bon que tu n’es pas si horrible, si terrible. Dae-Jung sais-tu aimer ou n’es-tu que caprices ? Moi j’aimerais taper du pied et j’aimerais que ça suffise à te faire revenir mais jamais ça n’arrivera n’est-ce pas ?

Je suis si distante je suis si lasse je suis si tout et je veux qu’à jamais tu sois aveugle à mes faiblesses. Mes bras se croisent le long de ma poitrine et je frissonne (encore), pourquoi n’ai-je pas pensé à prendre de veste ? Pourquoi suis-je coincée là avec toi, sans rien si ce n’est le silence ? Et je sais que tu ne me connais pas et que tu crois me connaitre mais peut-être au fond as-tu raison. Moi qui semble si distante moi qui semble si Ryan alors que je reste Louise : Louise avant tout et contre tous. Vous êtes tous si chanceux et moi je suis si en colère, mais pas contre vous mais contre moi et contre cette connerie qui souvent m’habite. Des fois j’aimerais ne plus ressentir et ne plus penser à vous et ne plus me prétendre si malheureuse. Des fois j’aimerais arrêter de dire que j’ai raté ma vie et que c’est de votre faute mais également de la mienne : car il s’est agi de mes choix n’est-ce pas ?

Qu’ai-je fait Dae-Jung, qu’ai-je fais que nous ai-je fait. Pourquoi es-tu parti pourquoi ne m’as-tu rien dit pourquoi m’as-tu arrachée de toi et pourquoi sembles-tu si content de ne plus être là. Moi je suis si dévastée par ce vide, par cette absence : je suis si fébrile face à ta présence mais également si révoltée. Je veux sonner glaciale, je veux sonner indifférente; je veux te prouver que tu n’es qu’un gamin mais comment le faire. Quand tu en es déjà un.


Tu es passé et je ne t’ai pas retenu car comment le pourrais-je. Toi qui m’a lâchée, toi qui a laissé tomber ma main avant qu’elle ne se détache d’elle-même. Tu réalises mais tu réalises toujours mal car tu crois tant être le centre du monde alors que tu n’es rien, tu n’es rien et moi non plus. Nous ne sommes que deux pions, que deux êtres sur cet échiquier qu’est la vie. Mais dis-moi Dae-Jung, qui se souviendra de nous quand nous ne serons plus là ? Moi je serai morte toi tu seras seul. Moi je serai effacée, je me serai rendue inconnue de tous mais toi; toi que dira-t-on ? Toi que sans doute on déteste, on évite : toi qui ne t’avoueras pas. Jamais.

« Oh oui Dae-Jung, tu me manques tellement. » Et il y a de l’ironie dans ma voix alors que mes doigts se crispent contre mes bras, alors que le vent se lève et que je me demande si je vais survivre à cette soirée. Car n’est-ce pas le soleil là-bas que je vois, bien bas ? S'il-vous-plait qu’un élève approche ! Qu’on lui dise d’aller chercher le directeur; qu’on fasse quelque chose à notre place car j’en suis certaine même ensemble nous ne pourrons pas briser ce sort. Et je te souris, je te souris et dans mon regard je ne te montre rien si ce n’est ton propre reflet. Regarde-toi Dae-Jung et réalise comme tu es seul comme tu n’es rien comme tu es tout ce que tu ne seras jamais. Tu n’es qu’une illusion et si je ne peux pas avoir d’explications je ne sais pas ce que je ferai.

Je t’en veux tellement.
Et je m’en veux tellement, aussi. D’y avoir cru, d’avoir cru en toi, en nous : en le fait que tu ne m’abandonnerais pas tant je me répéterais que tu allais le faire. Tu sais comme en arithmancie deux négatifs s’annulent ? Je pensais que nous serions pareils, mais nous n’avons rien donné de positif. Mais je me retrouve sans toi et toi tu ne m’as jamais considérée comme avec toi. Je me suis battue seule sur toute la longueur et je le savais mais je ne voulais pas le voir. « Crois-tu vraiment que je déciderais de mourir de froid pour toi ? Moi je ne pense pas, où du moins je ne pense plus. » Car j’aime l’idée qu’un jour peut-être je l’aurais fait. Avant, avant quand tu n’étais qu’un soupçon d’amertume, qu’une prémonition. Avant quand tu étais méchant mais avec les autres et pas encore avec moi. Avant quand tu jouais un jeu et que je jouais avec toi.

Avant quand j’y croyais. Avant quand tu riais.
Mais Dae-Jung, ne trouves-tu pas ça injuste ? Tu ris encore.
Moi pourtant je n’y crois plus.
Douleur.

« Et si tu savais comme tes mots sont blessants et si tu savais comme je ne veux pas faiblir. Tu t’attends sans doute à quelque chose mais Dae-Jung… Je ne cherche plus à te comprendre. Tu l’as toi-même dit nous ne sommes plus rien alors pourquoi devrais-je encore faire des efforts ? Pourquoi devrais-je te montrer mon affection, répondre et te divertir ? Pourquoi devrais-je me montrer sous mon plus beau jour alors que je ne suis plus rien, si ce n’est une fille et une histoire. Peut-être que tu ne m’as jamais aimée, et cette pensée me fait si mal. Dae-Jung n’ai-je donc rien été pour toi ? Jamais ? Pour moi tu as été quelqu’un, pourtant. Tu as été une présence pavant mes journées, un prénom qui comme un bouton a éclos en moi, dans mes habitudes. Sauf que n’es pas devenu une fleur, tu es devenu un vide et une absence : tu t’es avorté. Tu as décidé de mourir en moi comme je me meurs déjà d’être moi. Tu m’as habituée puis tu m’as giflée de ton désintérêt.

Je me rends compte à quel point j’ai été naïve.
Pourtant je le savais, pourtant j’ai toujours su oui; qui tu étais. Toi serpentard, toi dans la même maison que moi, toi si hautain. J’aimerais te qualifier de superficiel, mais si je me suis attachée à toi c’est sans doute car j’y ai vu une fracture. Quelque part tu as mal et c’est pour ça que je t’aime, n’est-ce pas bizarre ? Car tu es humain, tu es comme moi. Tu n’es pas que connard comme diraient d’autres. Tu es Dae-Jung Bae et tu m’as rendue si misérable.  

Alors je te souris.
Je t’offre un sourire comme je t’en ai toujours offert avant : solaire et innocent. Pourtant je sais que tu y verras une différence, certes infime mais bien présente. Celle de l’ironie, celle de l’ironie qui dissimule tout au fond une douleur, une amertume. Enfin. Je m’en moque et voilà que je dénoue mes bras les tends vers toi et te lance comme si c'était là la chose la plus naturelle à faire : « Tu as raison, faisons-nous donc un câlin. »

Tu sais que je ne le pense pas. Tu sais que je ne le pense pas et pourtant il y a ce doute qui persiste, ce et si. Que ferais-je si tu venais, si tu m’enlaçais ? Si tes mains se posaient de nouveau sur mes épaules, tout contre mon poignet ? Moi si tactile, moi qui t’accaparais à ma manière et qui d’un coup ne te connais plus, ne te sens plus. Il n’y a que ce froid mordant qui me frappe, me déstabilise et m'accompagne. « Faisons donc comme avant. » Et je ne peux réprimer ce cynisme qui remplace l’humour, qui s’éraille et se tord. Et mon visage ne sourit plus, il grimace; et ce masque revient et s’empare de mes traits. Et je suis de nouveau si distante, tant bien même mes bras encore restent tendus comme dans le souvenir d’une vieille étreinte. « Tu es un menteur. » Chuchoté tout doucement, plus à moi-même qu'à toi : vu que toi tu le sais déjà. Tu es toi.

Dae-Jung ne pense pas gagner.
Tu as tout ravagé.

Je n'ai plus rien à t'offrir : si ce n'est l'absence, le trou béant que tu as laissé en moi. Toi si horrible, terrible. Toi que j'aimais pourtant tant.

« Je l’avoue mes mains se sont serrées quand tu es venu à moi. Je ne m’y attendais pas et tout d’un coup je n’ai plus su quoi faire : mes épaules se sont raidies mais il ne s’est rien passé. Je n’ai pas pleuré; suis restée froide, si blessée et si vexée. Comment as-tu pu m’abandonner comme si de rien n’était ? Comment as-tu pu agir si gratuitement quoique si méchamment ? Pourquoi ne suis-je rien pour toi alors que pour moi tu es une part de ma vie ? Aussi je lutte pour ne pas enfouir ma tête contre ton épaule, aussi je reste là comme une poupée et j’essaie de ne pas me rappeler les milliers de souvenirs qui se déversent en moi. Car même si cela n’était qu’un jeu, même si cela était voué à l’échec Dae-Jung un jour nous avons lié nos vies. J’ai été ta camarade, ton amie : j’ai été là pour t’accompagner et t’aimer. Tu es si cruel.

Et quand tu te retires tu ne le fais pas tout à fait, tu m’accapares : tu fais ce que je fais aux autres mais tu le fais différemment. Il n’y a aucune tendresse, juste toi et toi qui me saisis et toi qui me réduis à néant. Je ne suis que débris et je réalise que je suis Louise mais aussi une femme et toi un homme et qu’un monde d’émotions nous sépare. Je réalise que je ne te comprendrai jamais tout à fait mais que j’aurais aimé pouvoir t’aider, tu sais. « Oui je t’en veux. » Et ma voix est froide, fermée : et il y a ce quelque chose d’un peu féroce sur mon visage. Moi d’ordinaire si paisible, si insaisissable. Que m’as-tu fait pour me faire aussi mal ? Que m’as-tu fait Dae-Jung si ce n’est me trahir et me laisser ainsi périr. Alors j’ai cette douleur en moi et je sais qu’elle se reflette sur tout ce que tu vois quand tu me regardes. Pourtant j’essaie d’être de glace, pourtant j’essaie d’être indifférente : mais c’est impossible. Toujours subsistera cette plaie que je suis bien incapable de te cacher vu que tu l’as créée, ouverte et remuée. Dae-Jung tu es un assassin, tu m’as poignardée et encore à ce jour tu le fais; tente de m’achever.

Sais-tu comme il est horrible de se faire trahir, jeter ? Sais-tu comme il m’est dur de ne plus pouvoir te voir, de ne plus pouvoir te parler et ne plus pouvoir être là à tes côtés.

« Et toi, Dae-Jung; t’en veux-tu ? Aimes-tu te sentir seul ? » Et mes lèvres frémissent alors que je te regarde, de l’audace plein les yeux. Evidemment que je suis méchante, évidemment que je suis terrible : moi capable d’aimer quelqu'un comme toi. Moi toute aussi menteuse que toi, toute aussi affreuse. J’ai tant à me faire pardonner, tant à effacer mais tu sais comme moi qu’on ne peut pas changer le passé. Je sais que je ressemble à ces femmes de fer, parfois; mais je sais aussi à quel point c’est faux. En moi tout est si sensible, si prêt à s’écrouler; s’effondrer. Il suffit de tes bras autour de moi pour me faire douter, de ton doigt inquisiteur au niveau de mon menton pour ne plus rien contrôler. Et je suis cassante et je suis froide mais également un peu fébrile; et je te regarde et je ne cille pas alors que je te dis : « Moi je trouve qu’il fait si froid. Si froid lorsqu’on a personne, si froid car même si on ne peut décevoir on ne peut non plus être tout à fait heureux. C’est une vie de chien que de vivre coupé des autres, que de croire qu’on est mieux ainsi. Car tu sais Dae-Jung j’ai essayé et au final c’est la solution des lâches, des peureux et des blessés. »

Et je te confie là mes pires secrets.
Je te lâche mes jugements, mes états d’âme. Et j’essaie d’être égoïste et je m’en fous de ce que tu penseras : je me fous de toi. Je te veux loin de moi je te veux si loin que plus jamais je ne faiblirai. Je me maudis d’avoir un jour été si naïve. Pourquoi avoir choisi quelqu'un comme toi ? Pourquoi avoir cru en notre histoire, notre camaraderie ? Toi si menteur toi n’étant hors la loi car effectivement tromper n’est pas puni. Car ce monde n’est qu’une mascarade et que tous sont si avares, si connards. Ce présent est fichu et tous s’indignent et se trompent : tous se donnent des coups puis s’accusent et se coulent. Mais tu sais je croyais que nous étions différents, je croyais que tu étais quelqu’un. Et évidemment tu es Dae-Jung.

Mais pour un instant tu m’avais semblé tant.
Un ami mais aussi une part de ma vie.
Maintenant je regrette et je ne regrette pas et je ne sais pas. Et je dis que je veux te jeter mais tu l’as fait le premier, mais je ne peux plus le faire et en vrai le ferais-je si tu revenais ? Je ne sais pas.
Je ne crois pas.
Idiote.

« Et j’ai envie de tousser et le froid mord ma peau et je réalise que peut-être je t’ai blessé. Dae-Jung as-tu mal, souffres-tu comme il m’est déchirant de te voir ? Ai-je touché un point sensible sans le savoir ? Ou au fond de moi l’ai-je fait exprès ? Suis-je si méchante, suis-je si comme toi ? Ou tout l’inverse. A se prétendre gentille alors qu’au fond je ne suis qu’un monstre, alors que je vous veux tous à mes pieds tous me regardant et m’aimant ! Peut-être est-ce ça oui, ma vraie nature. Peut-être suis-je la plus terrible : pire que toi et Demeter. Pire que vous qui me malmenez me torturez et me faites agoniser. Sans vous serais-je heureuse ? Ou serais-je si seule, si fragile et si au bord du vide ? Pourquoi ai-je envie de vos regards, pourquoi ne puis-je plus me contenter de mon affection pour deux : pour nous ? Avant j’étais si généreuse mais maintenant que ma vérité m’a frappée je ne sais plus.

Maintenant je veux vivre et je veux profiter, je veux croire au futur même si demain je ne me réveillerai probablement pas. Et qui sait Dae-Jung peut-être vais-je même m’effondrer maintenant ! Peut-être mon corps va-t-il se dire que cela fait trop longtemps, qu’il est fatigué de cette bataille contre lui-même et qu’il va me lâcher, m’abandonner comme vous le faites tous ! Tous tous tous. Même mes parents m’ont laissée, et à force je me demande si je ne suis pas le problème. J’ai envie de me prendre la tête entre les mains et de crier et de pleurer et de ne plus jamais vivre ni ressentir. J’ai envie que nous retournions à notre avant, à notre jeu où l’on s’appréciait et se connaissait. Je veux de nouveau ta main sur mon épaule, sur mes cheveux : je veux de nouveau mes doigts contre tes bras. Je veux être à tes côtés et veiller à ce que tu ne te blesses pas !

Sais-tu comme j’ai envie de tous vous protéger ? Sais-tu comme il me fait mal de vous voir souffrir, comme cela me rend folle ? Moi tu sais Dae-Jung je n’aime pas beaucoup, je me fiche de ceux qui ne m’aimeront jamais. Je me fiche de ceux qui passent à côté de moi sans me voir car moi aussi je ne les vois pas. Nous n’avons rien à nous apporter alors je me moque bien de leur plaire : je sais que la vie est trop courte et qu’il vaut mieux chérir ceux qui sont là, ceux qui persistent et qui restent. Et toi Dae-Jung je suis venue tu es venu nous nous sommes acceptés. Et je voyais que tout cela était superficiel mais je me suis attachée, j’ai été prise dans le piège et maintenant je t’aime d’une amitié profonde quoiqu'un peu désespérée. Mais maintenant c’est trop tard.

Mais maintenant c’est fini car tu m’as dévisagée et dans tes yeux j’ai pu lire dégage. J’ai pu lire que je n’étais plus rien, que tu t’étais fichu de moi; que c’était game over : tu as cherché à m’humilier pour te sentir plus fort. Dis-moi que le problème c’est toi, dis-moi que c’est toi qui es détruit et toi qui te cherches et qui es si terrifié des autres et de n’être plus personne. Et tu parles et je t’écoute et je tremble un peu car le vent fouette mon visage et mes cheveux s’envolent et je veux un pull je veux une couette : je veux une chaleur qui ici n’existe pas. Même entre nous il n’y a rien, si ce n’est l’amertume et le doute. « Moi je suis juste fatiguée de mentir. »

Et je te regarde les bras croisés et tu vois n’est-ce pas cette lassitude profonde qui m’habite. Elle n’est pas dirigée vers toi, mais vers ce monde et surtout vers moi. Et je te confie là la chose la plus intime, te donne tous mes secrets. « Et toi ? N’es-tu pas fatigué ? De mentir, de jouer et de tromper. Moi j’en ai marre de ces peurs qui crèvent mon ventre et créent des tempêtes dans mon coeur. Il tambourine si fort des fois que j’ai l’impression qu’il va cesser de fonctionner. Alors Dae-Jung je n’ai pas de solutions à t’offrir, si ce n’est de finir par t’accepter comme j’ai longtemps refusé de le faire. Vis-a-vis de moi mais de vous surtout. Vous que j’aime mais que je ne voulais pas blesser. » D’un seul coup je le réalise : nous ne sommes peut-être pas si différents. Alors je te souris et j’ai mal de te sourire, je t’en veux encore et je me sens si minuscule alors que tu n’es pas si grand. Je me sens si infime dans cette nuit qui tombe et surtout cet univers qu’est notre relation. Qu’allons-nous faire de nos vies, mon ami; dis-le moi.

Qu’allons-nous faire nous qui nous sommes tués, supprimés.
Peut-être devrions-nous sauter, Dae-Jung.
Une bonne fois pour toute.

« Et Dae-Jung voilà que tu éclates et j’ai si mal. Je suis perdue je ne sais pas quoi faire, me noie dans tes paroles et si tu savais à quel point je ne m’y attendais pas. Alors je nous contemple et j’ai si froid et j’ai envie de te prendre dans mes bras et de te dire que tu peux te foutre de tout, que tout ira et que je serai là mais je ne le fais pas. Car je sais que c’est faux, je sais que cette vie ne sera bonne avec toi comme tu n’as été doux avec moi. Tu m’as bercée d’illusions tu m’as fait m’attacher puis d’un seul coup tu m’as brisée. Alors je te regarde et j’ai l’impression que je vais mourir, je sens mes jambes trembler mon ventre se tordre et je me demande si c’est la fin. Je me demande si nous n’allons pas crever tous les deux ici : je me demande si je ne vais pas te saisir te secouer et nous faire passer par dessus bord. Car il est fatiguant de se battre, car il est fatiguant de croire puis de se faire jeter. Car je te comprends et tes mots sont si justes et si forts et si puissants qu’ils me brûlent et me tabassent. Car je ne suis que la témoin de tes maux et non pas un médecin.

J’aimerais tant t’aider et je dois être folle que de le penser. Après tout ce que tu m’as fait, après cette colère bouillonnant en moi, mes traits ravagés par le froid, par la douleur et l’envie de ne plus exister. Tu ne m’as jamais expliqué Dae-Jung tu as juste été gratuit dans ta méchanceté et pourtant pourtant si seulement tu savais à quel point tu m’émeus. Je désire de tout mon coeur que tu sois heureux, je serais prête à me balancer du haut de ce pont si cela pouvait t’aider : je serais prête à tout renoncer. Tu sais je n’ai pas grand chose, je suis si seule et si lasse de tout; tu as fracassé ma confiance et maintenant je le sais tu ne seras pas le dernier à me laisser. D’autres le feront et toute ma vie je me suis exilée alors c’est normal n’est-ce pas ? Des fois cela me frappe et je me rends compte que je le mérite. Que j’ai cherché à ne pas m’attacher, à ne pas faire de bruit : que j’ai cherché à me dédier aux autres sans attendre qu’ils me le rendent. Car tu sais Dae-Jung demain peut-être je ne me réveillerai pas. Alors je me dis qu’il ne serait pas juste de vous faire vous lier à moi pour par la suite disparaitre sans même avoir eu le temps de tout vous avouer. Car je n’ai pas envie de vous le dire, je n’ai pas envie que votre vision de moi change : je n’ai pas envie que vous voyez la maladie et non plus Louise. Enfin.

Je me perds dans mes pensées alors que tu es là et tu es si présent et te voir me donne envie de devenir aveugle. Car j’éprouve une telle affection pour toi et savoir que tu l’as jetée et que jamais tu ne l’as estimée m’assassine et Dae-Jung dis-moi que t’arrive-t-il. Pourquoi as-tu choisi d’être ainsi, pourquoi mens-tu pourquoi vis-tu dans ce monde si bancal, si froid et solitaire ? Que ressens-tu quand tu te regardes dans le miroir ? Moi je ne me vois pas, moi je ne sais pas : moi j’aimerais être là à tes côtés et nous observer et nous le demander. Qui sommes-nous ? Puis tes mots me reviennent et j’oublie tout ce que tu viens de vomir : et j’oublie toutes tes peines. Je n’ai que ce je ne veux plus te faire souffrir, je n’ai que cette excuse et cela fait monter en moi une vague de mépris et je te toise et je te dis d’une voix douce mais vide : « Dae-Jung tu ne peux plus me faire souffrir. Car lorsqu’on brise quelqu’un, lorsqu’on le réduit en poussière et qu’on lui fait réaliser qu’il n’est rien, qu’il a été bien con d’espérer et d’aimer… Il ne s’attend plus à rien. Alors tu peux bien faire ce que tu veux, tu peux bien rester avec moi ou me quitter : tu peux bien vivre toute ta vie à mes côtés ne t’inquiète pas tu ne me blesseras pas. Car tu l’as déjà fait et la plaie est si énorme qu’elle me dévore et m’engloutit et tu sais quoi je ne suis plus personne. » Et je te souris et un acide consume mes entrailles et j’ai envie te venir à toi de me fondre tout contre toi de refermer mes bras et de t’emprisonner et de ne plus jamais te lâcher. Car je suis ainsi Dae-Jung car tu me tendrais la main qu’encore une fois je la prendrais. « Ce monde est terrible et jamais il ne nous attend ni ne nous demande notre avis. L’homme est égoïste et dès qu’il le peut il trahit, poignarde et s’enfuit. Et Dae-Jung je ne sais pas quoi te dire hormis que je t’aime et que je t’ai aimé. Je ne peux pas te dire que d’un seul coup la chance te sourira car elle est factice et que pour un peu de bonheur on a souvent son lot de malheur. Et je ne sais pas, non je ne sais pas ce que tu peux faire. Au final tu pourrais décider d’y croire encore et tendre tes bras vers moi ou qu’importe qui d’autre mais… Le veux-tu seulement ? Moi je te regarde et je ne sais pas, je ne sais plus. Il me semble que tu ne souhaites plus rien car tout est trop compliqué et qu'agir entraine toujours des conséquences et que donner une chance à l'autre c'est lui donner des choix et tu n'en veux pas. Il est plus simple de tout contrôler, après tout. C'est moins risqué. » Alors je croise mes bras une nouvelle fois et le vent tape tout contre nous et je crois que nous allons attraper la fièvre et que nous ne nous en remettrons jamais complètement. Mais je me fiche de tout car je te fais face et ce que tu as admis m’a terrassée et j’en ai perdu tous mes moyens même si je ne te le montre pas forcément.

Que t’es-tu fait Dae-Jung.
Et pourquoi, pourquoi es-tu resté ainsi.