eastern boy

à la source du feu, il y a marek - un chien des balkans qui respire plus fort que tous les sauvages, écroulé sur la pierre de son pays où il reviendra probablement mourir. regard forcené enclavé dans des orbites trop petits pour tout ce qu'il essaye de voir, âpre profil de l’est taillé à la serpe dans le granit, ongles toujours trop courts car érodés par ses canines toujours trop longues. à force de mordre dans sa baguette mille fois cassée il élime l'émail aujourd'hui transparent. la main compulsive passe dans la calcédoine de ses cheveux et termine dans la poussière aux commissures de ses lèvres. impressionnants hématomes gravés sur divers coins de peau et veines enflées par l’air trop lourd respiré plusieurs fois. le regard du grigou se termine par un abîme et sa bouche s'ouvre sur un cri.

marek s'exprime par le cri parce qu'il est, dans sa pleine finitude, la manifestation la plus pure d'une émotion humaine. trop volubile pour garder dans l’un ou l’autre de ses poumons ses homélies et sa profusion de pensées instables, marek crie crie crie hurle crie pour tous les tympans qui se présentent et tous ceux qui se cachent à sa vue. marek parfois ne crie pas parce qu’il a une idée ; ça ne l’empêche pas de rire de son rire oxydé, dérangé, celui qui comme un filet de sang trouble lui sort par la bouche et le nez en lui secouant les épaules. on dit que le rire est le partage des dieu : trop turpide pour être un dieu et trop chaotique pour être un homme, marek est une bête, on le lui dit souvent ; un mâtin aux dents longues et aux pattes maigres qui court après sa queue.

marek est la somme de beaucoup d’absurdités amalgamées ensemble ; c’est ainsi que marek contre toute attente se dédouble. il n’y a qu’un seul être au monde à la mesure de marek : un deuxième marek. un marek mutant et multiple, dans l’impermanence dégoûtante du corps qui s’allonge ou se ratatine ou distille toute sa couleur. elle est souvent terrienne, vomitive, organique, et c'est en voyant ce camaïeu que chacun réalise qu'être métamorphomage est loin d’être élégant.

marek est pressurisé par sa propension à être plusieurs et dans ses épanchements incontrôlables il se perd souvent lui-même. son corps et son esprit se fondent dans un kaléidoscope qui vous égare avec lui : le seul répit qu’il trouve dans l’hyperactivité qui cuit son sang réside dans les intenses phases dépressives qui du bout de leur dard le piquent et l’évident de son plasma.

inféodé à ses délires, soumis à une émulation dont personne ne saisit le fondement, marek est un être éruptif et dénué de sens commun qui force le respect dans sa transcendante perdition. quand on voit ce clebs courir après son propre organe caudal et y mordre fiévreusement, de profondes questions luisent à la lumière : est-il stupide ? est-il perdu ? est-il dans son lui intérieur psychosomatiquement absent ?

(en attendant l'histoire, je vous met le début du corps utopique de michel foucault, c'est de la bonne)

Ce lieu que Proust, doucement, anxieusement, vient occuper de nouveau à chacun de ses réveils, à ce lieu-là, dès que j'ai les yeux ouverts, je ne peux plus échapper. Non pas que je sois par lui cloué sur place - puisque après tout je peux non seulement bouger et remuer, mais je peux le “bouger”, le remuer, le changer de place -, seulement voilà : je ne peux pas me déplacer sans lui ; je ne peux pas le laisser là où il est pour m'en aller, moi, ailleurs. Je peux bien aller au bout du monde, je peux bien me tapir, le matin, sous mes couvertures, me faire aussi petit que je pourrais, je peux bien me laisser fondre au soleil sur la plage, il sera toujours là où je suis. il est ici irréparablement, jamais ailleurs. Mon corps, c'est le contraire d'une utopie, ce qui n'est jamais sous un autre ciel, il est le lieu absolu, le petit fragment d'espace avec lequel, au sens strict, je fais corps. Mon corps, topie impitoyable. Et si, par bonheur, je vivais avec lui dans une sorte de familiarité usée, comme avec une ombre, comme avec ces choses de tous les jours que finalement je ne vois plus et que a vie a passées à la grisaille ; comme avec ces cheminées, ces toits qui moutonnent chaque soir devant ma fenêtre ?

coucou, on m'appelle la loca del bosque, je vis derrière les pins et je vous claque une galoche à tous sans distinction de préférences culinaires. j'aime le deepweb, le lait concentré sucré et les expériences psychédéliques. je suis souvent trouvable en pls dans un buisson ou sur ma kawazaki ninja zxr tunée par xzibit lui-même.