- Je tenais à te dire McFayden, malgré tout tu restes une sorcière de talent. Mais le plus important quand on est aurore c’est ça. (il pointe son doigt répétitivement contre sa tempe) Courage pour la suite ce n’est pas la fin.
Tête de troll. Bave de rat. Bouse d’hippogriffe. Les injures pleuvaient dans sa tête en un torrent continuel et orageux. Elle n’arrivait pas à y croire. Sa gorge était nouée et brûlante.
Tout ça pour ça.
Du gâchis et c’était sa faute. Lisa hocha silencieusement la tête et replaça une de ses mèches avant de tourner le talon. Les minables encouragements reçus quelques secondes plutôt furent oubliés en une poignée de seconde. Elle parcourut les lignées de bureaux en silence, tandis que ses collègues la regardaient soit lourdement, soit avec un air désolé. Florence fit de son mieux pour ne pas y prêter attention et quitta prestement les lieux aussi fièrement qu’elle le put. Arrivée dans l’atrium du ministère, elle transplana sans attendre et un pouf sonore plus tard elle avait disparu. Arrivée dans l’endroit familier qu’était sa chaumière, elle balança sa cape au sol, rageuse et dégaina sa baguette qui luisait menaçante.
Trois ans d’études pour rien.
Huit ans à se coltiner de la paperasse pour trop peu d’action.
Tout ça pour ça...Successivement avec des gestes énervées elle l’agita vers la fenêtre grande ouverte. Dehors, dans son potager, trois innocentes citrouilles explosèrent et volèrent en éclat, en laissant un liquide orangée dégouliner sur la terre humide. Imperturbable elle continua pendant de longues secondes à massacrer son jardin avant de s’arrêter enfin, émotionnellement vide. Son poing serrait toujours sa baguette et de manière si forte que les jointures en étaient devenues blanchâtres.
Que de sacrifices inutiles.
Elle se laissa tomber sur son sofa accablée.
Les scènes défilaient encore vivaces dans sa mémoire. Ils étaient quelque part, paumés dans la campagne du Geordie, dissimulés par des charmes d’invisibilité. Dawson et Velvet à ses côtés, déglutissaient nerveusement mais le regard des deux hommes luisait d’un acier aguerri que seule l’expérience confère. Les informations fournies avaient été jugées louches par leurs supérieurs, mais juste au cas où, ils avaient eu l’ordre d’y jeter un œil, comme l’affaire était épineuse et trainait depuis presque une année entière déjà, sans que la moindre avancée n’ait été faite. La mission avait donc été mise entre les mains expérimentées de Dawson et Velvet, cinquante et cinquante et un an respectivement qui en avaient vu de toutes les couleurs durant leurs longues tenures. Et avec ces deux roublards on l’avait mise elle, Florence McFayden, encore une jeunette dans le métier malgré le fait qu’elle s’approchait des dix ans d’ancienneté. Evidemment ils sont tombés dans un guet-apens, largement évitable si elle avait patienté. Mais voyant que comme eux ils étaient trois, elle a fait ce qu’elle savait faire de mieux. Elle a dégainé tandis que Dawson et Velvet voulait partir. Trop tard et ils l’ont rejoint à contre cœur. Si se défaire des mages noires avait été expéditif, ils n’étaient pas que trois au final. Et encerclés, ils s’en étaient sortis miraculeusement grâce à l’ingéniosité de Dawson. Dans l’affaire ils avaient tous été salement blessés et Velvet à l’heure qu’il était ne s’était toujours pas réveillé. Et elle en était responsable.
Elle observa tristement sa baguette, prenant une résolution amère. Quitte à faire ce pour quoi elle était le plus douée.
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- Trois Gallions sur McFlash !
Siméon Peaudecorbac encaissa la mise avec un clin d’œil et se retourna vers la longue piste rectangulaire ou à chaque bout se trouvaient un duelliste, dos à l’autre. Autour d’eux un public frénétique et ivre s’agitait nerveusement en hurlant que l’on commence enfin.
Siméon eut un petit sourire. Ce rassemblement hâtif en dessous d’un pub de l’allée de travers, n’avait rien avoir avec les duels officiels et en grande pompe ou la majorité des spectateurs ne savaient pas apprécier toute la beauté d’un duel. Ils ne criaient pas, se contentaient de petites exclamations et applaudissaient comme de petites vierges. Pfff. Aucun esprit.
Il s’essuya du revers de la manche le filet de bierreaubeure encore sur le coin de ses lèvres, émit un rot sonore pour s’éclaircir la gorge avant de faire un signe de tête à son partenaire en face qui hocha la tête. Ce dernier pointa sa baguette sur sa gorge.
- SORCIERS, SORCIERES, A MON SIGNAL. UN…… DEUX.... TROIS !
Les deux concurrents firent volte-face. En un éclair McFlash dégaina sa baguette qui fit fuser un trait rouge vers Ned Court-Sur-Pattes.
- OH ! QUEL RAPIDITE !
Ned Court-sur-Pattes eu à peine le temps de réagir et son charme du bouclier incomplet fut traversé. Le jet rouge l'atteignit à l’épaule gauche avec un effet cependant réduit. Il grimaça et sa réplique un fil mauvatre sortit de sa baguette.
Un homme se pencha en direction de Siméon. Il semblait très jeune et surtout très sobre. Il avait un air étonné.
- C’est de la magie noire ça non msieur ?
Siméon eut un sourire moqueur.
- Ici tout est permis mon gars ! Et crois-moi qu…
La fin de sa phrase fut couverte par les rugissements de la foule. Siméon reporta alors son attention sur le duel et constata que celui-ci était fini
Ned était étalé au sol sonné. A quelques mètres de lui McFlash avait déjà rangé sa baguette.
- ET LA VICTOIRE A LISA MCFLASH QUI PORTE BIEN SON NOM.
La foule se mit à applaudir bruyamment et à se ruer tout en même temps vers Siméon pour encaisser leurs mises. Du coin de l’œil il aperçut McFlash qui sortait du sous-sol, son visage toujours masqué pour dissimuler son identité.
Cette femme mystérieuse commençait à se faire un nom dans le monde des duels illégaux. Et une rumeur perturbante racontait qu’elle avait été virée des Aurors pour avoir pratiqué de la magie noire.
Dubitatif Siméon secoua la tête en la regardant s’éloigner. Il ne saurait dire si ces racontars étaient vrais, mais en tous les cas, une chose était sûre ; Lisa McFlash n’avait pas froid aux yeux. Dans un milieu où il n’y avait aucune loi et où l’on réglait souvent ses comptes en dehors de la piste et en duel loin d’être équitable, elle allait seule.
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Elle s’était d’abord tentée à la pratique légale de la chose. En sa qualité d’ex-Auror elle se le devait bien. Et si la nouveauté de la chose l’avait conquise les premiers mois, son titre de championne de duel la laissait cruellement insatisfaite. Le sport manquait cruellement de piquant à son goût.
Contrairement à la pratique imposée par la Fédération Anglaise de l’Art du Duel, ce que le ministère nommait Combat à la Baguette Illégal, ne s’embarrassait d’aucunes règles si ce n’est une : Celui qui est debout est gagnant.
Mais elle avait découvert que la scène du CBI ou plus simplement duels illégaux, possédait malgré tous les dires, une certaine forme de codification. La preuve ; Chaque affrontement se déroulait de la même manière. Contrairement à la FAAD ils ne se saluaient pas au milieu de la piste pour échanger une présentation gênante. A la place les deux adversaires n’échangeaient jamais un seul regard avant le début de la confrontation. Ils restaient toujours dos à dos et ne sortaient leurs baguettes qu’après s’être retournés. Ainsi les réflexes étaient de prime importance. Tout pouvait se jouer pendant les cinq premières secondes. Et c’est pour ça qu’elle était McFlash ; Elle remportait la majorité de ses duels soit au premier sort, soit au second.
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extrait de à la recherche des quintapèdes.ENTREE 72.
Encore et toujours nous arpentons les côtes de mon Ecosse natale à la recherche des Quintapèdes. Le froid de l’hiver est rude pour nous. Le vent y souffle fort et les embruns marins m’irritent les yeux. Aujourd’hui nous n’avons encore fait aucun progrès, on s’enlise depuis quelques jours et c’est irritant. Pourquoi rendre cette maudite île incartable ? Nous survolons les mers mais en vain. La brume et le vent sont des adversaires considérables et dans de telles conditions la présence d’harpies dans le ciel est dangereuse.
Mais nous allons perséverer et élucider le mystère des Quintapèdes. Sont-ils vraiment des sorciers victimes de métamorphomagie ?
ENTREE 150
Notre quête a été un échec du point de vu des résultats. Comme de centaines de sorciers avant nous, impossible capturer voir meme de mettre la main sur un quintapède. J’ai cependant beaucoup appris sur les créatures magiques peuplant l’Ecosse et j’ai conversé avec le peuple marin qui vit dans ses mers. Ils semblent culturellement différent des autres peuples marins que j’ai étudié en Irlande et en Amerique. Le temps me manque pour approfondir mes recherches cependant puisque demains nous allons faire route pour l’Amazonie. Et je suis bien content que Florence m’accompagne encore. Grâce à sa bravoure je n’ai pas peur d’étudier les créatures même les plus dangereuses comme le témoigne notre rencontre avec cette chimère à qui nous avons échappé de justesse, non sans parvenir à prendre un peu de sa bave.
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Elle avait porté tellement de noms quand elle y pensait. Au début elle était la turbulente petite Lisa, une fillette pleine d’énergie dont les prouesses l’avaient emmené au-devant d’innombrables retenues et punitions. Elle n’en avait jamais assez. Puis la terrible enfant s’est assagie. Elle n’avait que vingt-ans qu’on l’appelait madame quand elle déambulait dans les couloirs policiers du ministère, son badge d’Auror fièrement épinglée sur sa poitrine. Elle pensait alors à cette époque à une carrière palpitante, remplie de confrontations et course haletante. Hélas pour son cœur d’aventurier, la vie d’Auror n’était pas que combats mortels et découvertes dantesques. Il y avait à son goût trop de bureaucratie. Alors la ptite jeune, la bleue comme ils disaient affectueusement se languissaient un peu trop sur sa chaise au second étage du sous-sol du ministère. Mais elle avait travaillé dure pour y arriver, alors elle comptait bien s’y faire. Et bientôt c’était McFayden. Elle avait fait ses preuves. On la disait de confiance. Alors elle voyait de plus en plus le terrain. Les missions les de plus en plus dangereuse. Jusqu’au jour où Lisa a bouffé McFayden, dans un élan brusque. Son amour fatal du risque, de sa baguette, l’avait trompé. Et il y avait alors eu McFlash, une vie de danger et d’adrénaline. Elle vivait littéralement pour les duels. Dieu, qu’elle adorait ça. Cet instant avant de se retourner. Une demi-seconde d’incertitude où la vie s’arrête, ou seul ne compte que le prochain sortilège. Mais écumer les bars peu scrupuleux, devoir se défaire des rancuniers ou de simples crapules ne pouvaient durer éternellement. Alors McFlash a rangé sa cape de duel et son masque. Et la vie est devenue simple. Une aventure littérale à travers le monde et avec les péripéties qu’elle affectionne tant. Seul comptait le lendemain. Florence était alors heureuse, elle découvrait, apprenait, s’émerveillait comme au temps de Poudlard. Et alors Florence s’est souvenue de la douceur des années qu’elle y avait passées, malgré son cœur qui grondait, dans sa tête elle avait toujours été bien à Poudlard. Alors l’idée a germé jusqu’à s’imposer fermement à elle et quand elle a entendu que son ancien professeur prenait une retraite bien méritée, elle avait été la première à poser sa candidature. Il était l’heure de rentrer à la maison et de devenir le professeur McFayden.