« le rythme des bulles » △ ft Anton

C'était les pires vacances qu'Anton n'avait jamais passées. Il en avait pourtant déjà eu des terribles, mais jamais aucune qui n'incluait une colocation avec Rosabel Northrop. Ce n'était pas pour la retrouver qu'il s'était dirigé vers le bar, quoi qu'il n'aurait surement pas douté de sa présence en ce lieu non — au contraire, il voulait penser à autre chose. N'importe quoi qui ne lui donne pas envie de s'arracher les cheveux d'incompréhension et d'indécision — alors il avait commandé de quoi se raffraichir, un simple coca, puis une simple bierreaubeurre; et ils ne connaissaient pas sur l'île, alors il avait demandé la chose qui se vendait le plus dans le coin. Ce que l'on préférait, la généralité. Les deux avant-bras en parallèle posés sur le bar et le regard vers la mer en attendant son verre, Anton pensait — car qu'y avait-il d'autre à faire sur cette maudite île ? Penser. Penser. Penser. Anton regrettait déjà Poudlard et ses études.

Une tignasse blonde avait alors attiré son attention — n'était-ce pas Bastia assise là-bas ? Il avait toujours été mitigée sur la jeune fille; peut-être parce qu'ils n'avaient jamais réellement parlés, qu'elle savait juste qu'il était incapable de produire un patronus et qu'elle lui octroyait parfois quelques minutes de son temps pour l'aider. C'était sympa, dans le fond. Même si ça le tuait d'admettre qu'il avait besoin d'aide. Aussi le moment semblait adéquat pour s'intéresser un peu plus à elle, la découvrir aussi — savoir qui elle était, derrière ses airs de vampires. Et les rumeurs étaient-elles vraies ? Une fois son verre en main, il s'était dirigé vers elle et s'était assis à ses côtés. "Bastia Sengel" avait-il balancé en lui souriant de toutes ses dents et en posant son verre juste à côté de lui. Si l'on avait pas connu Anton avant, l'on aurait pu croire à un natif de l'île — il était bien trop bronzé pour le commun des anglais. "Tu t'es trouvée une passion pour le soleil, le sable et ne rien faire?" plaisanta-t-il en posant ses avant-bras sur ses genoux, jambes repliées. Main qui attrape le verre, gorgée. Grimace. "Waaaa ce truc est hypra fort !" dit-il en tendant le verre à la serpentard. "J'ai demandé un truc des natifs, c'est un peu comme boire du feu en eau ! Tu veux gouter ?" Rire, regard vers le verre qui pourtant, n'avait rien de suspect. Une couleur un peu whisky, cela semblait en réalité être du rhum vanillé — ou quelque chose dans le genre. "Tu veux gouter ?" Et le sourire d'Anton n'avait que de faille qu'il n'en avait pas.

Tant pis. Il avait haussé les épaules puisqu'elle refusait et que cela ne le concernait guerre plus, un petit sourire amusé aux lèvres. "Petite joueuse" avait-il provoqué en posant son verre à côté de lui. L'air marin était bon, il faisait en réalité plus frais ici que sur le reste de l'île, ce qui le rendait d'une étrange bonne humeur. Il avait ri en l'écoutant. "C'est même certain." avai-il répondu en buvant une nouvelle gorgée, qui lui sembla tout aussi forte et chaude que la première. Il tirait la langue pour la refroidir un peu avant de déposer une nouvelle fois son verre.

Après les barques et les noix de coco, Anton s'inquiétait de la prochaine épreuve. S'il ne pouvait qu'être reconnaissant quant à la volonté du directeur à les occuper - parce qu'il s'ennuyait particulièrement depuis que ses pieds avaient touché le sable de l'île - il fallait dire que la dangerosité des choses qu'il leur réservait le laissait un peu perplexe; tout comme les récompenses, qui semblaient être faite pour Rosabel Northrop. Chassant d'un mouvement de tête le nom qui lui trotait un peu trop dans la tête, il sourit à Bastia. Elle au moins avait autant les pieds sur elle que lui, mais n'avait pas bronzé d'un poil. N'était-ce pas étrange ? Se doutant de la véridité des rumeurs à son sujet, il préféra ne pas aborder le problème vampirique - car après tout, il s'en fichait bien éperdument.

"Je me demande surtout pourquoi il nous a envoyés ici." avoua Anton. Loin de tout, de Londres, de leur famille, des nouvelles et de ce qu'il s'en suivait, ils étaient comme coupés du monde et cela aurait étonné le préfet que le directeur ait investi un budget pour des vacances au soleil sans une raison précise. Il y avait forcément quelque chose. Et il espérait fortement que cela n'ait rien à voir avec les Sigmas. "Tu trouves pas ça bizarre toi, de payer des vacances à tous tes élèves pour leur faire plaisir ?" Car Bogeyman avait surement l'air stupide, mais l'était décidement beaucoup moins que ce qu'il ne laissait paraitre - du moins le pensait-il. Surtout que ses absences répétées de l'île n'avaient pas échappées au Serdaigle. Il avait posé une main sur sa propre épaule avant de faire craquer son cou en penchant sa tête à gauche puis à droite. "Tu fais quoi pour t'occuper ?" Parce que lui ne trouvait rien à faire si ce n'était pourrir la vie de Rosabel.