Hey, ce serait bien d'être métamorphomage. ♥
« C’est pas une histoire très intéressante.
J’avais cinq ans.
J’avais pris place devant la coiffeuse de ma mère, elle était encore au travail. Mon père était au salon. Il avait dû croire que j’étais juste allé dans ma chambre, pour toucher à mes nouveaux jouets. Je crois que c’était le 29 décembre. La chambre de mes parents était la seule pièce qui n’était pas envahie par les décorations de Noël et mes parents étaient du genre à aimer recouvrir, à faire trop à chaque fois. Tous les murs avaient eu leur lot de guirlandes, toutes les surfaces avaient des figurines, des petits sapins, les marches d’escaliers avaient été recouverts de fausse neige sur les côtés et étaient accompagnés de faux petits bonshommes de neige. Ma chambre n’avait pas été épargnée non plus, un faux bonhomme de neige était même accroché à ma fenêtre, des petits lutins se baladaient sur mes étagères, des guirlandes de faux cadeaux étaient accrochées au-dessus de mon lit. Bref, ils avaient fait la totale parce que « c’est censé faire rêver, voyons », et que l’enfance est le meilleur moment pour.
Bref, j’avais recherché un endroit pour m’évader, quelque part où mes yeux s’accrocheraient à quelque chose de sobre. J’avais allumé les lumières autour du miroir, et j’observais ce visage qu’était le mien. Et je pensai à ma mère. A ses longs cheveux noirs, dont j’avais hérité, et mes cheveux poussaient. A sa bouche toujours rieuse, et mes lèvres se transformaient. A ses grands yeux bleus, mi-sévères mi-amusés, toujours insondables, et le brun disparaissait de mes iris pour laisser place à différentes nuances, celles de la mer et du ciel, des crayons de couleur, de la peinture, des stylos. Du bleu, changeant, car je n’arrivais jamais à me souvenir de la couleur exacte. Je reproduisais tout le temps son visage, quand elle me manquait. Sur mon corps d’enfant trônait ce visage adulte. Et je sentis des bras m’enlacer. J’étais tellement concentré que je n’avais pas remarqué la présence de ma mère. Elle avait pris soudain mon corps, mon visage, mes cheveux, alors que ma propre métamorphose se dissipait – elles ne duraient jamais longtemps, et elles n’étaient bonnes qu’avec le visage de ma mère.
Ma mère, elle, elle pouvait prendre même le corps, elle pouvait prendre la voix, elle pouvait imiter la démarche, le sourire, l’infime détail. Elle pouvait tenir longtemps, elle était forte, elle m’a tout appris. C’était aussi une métamorphomage, et quand elle se disputait si fort avec mon père que je me cachais dans ma chambre, ses cheveux devenaient plus rouges que ses lèvres.
Je n’ai pas d’anecdotes particulières ; je ne suis pas du genre à chercher les problèmes, alors je n’ai jamais eu de problèmes. A vrai dire, après ma première transformation due à une émotion forte en public, je me suis promis d’être plus imperturbable afin de ne pas éveiller les soupçons. Je me suis dit que le jour où je me maîtriserais parfaitement, je laisserais mes sentiments refaire surface sans tenter de les contenir. Mais j’avoue que je m’entraine souvent, et berner certains élèves pourrait vite devenir une passion… Et, bon, à la vue du sang, mes cheveux deviennent erratiques, mais bon. »
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