Histoire.
Il avait d'en l'air ce parfum qu'on ne trouve qu'à l'approche de Noël, ce mélange de marrons chaud et de feu de cheminée, avec cette légère odeur sucrée, qui plus tard caractérisera l'amortencia de Tamara. Les rues étaient alors bondées de personnes. Toutes bien plus grandes que Tamara, toutes plus imposantes. Même les enfants, à ses yeux ils avaient tous l'air plus costauds qu'elle. Et surtout bien plus méchant. Nous étions au jour que chaque enfant attendait, celui de la visite de la rencontre avec le Père Noël. Seulement, la jeune Tamara était effrayée. Elle aurait souhaité pouvoir se réfugier comme elle aimait tant le faire. Comme elle avait pu le faire l'année précédente encore. Maintenant, elle était trop grande pour ça, mais encore trop petite pour pouvoir supporter la violence d'une marche dans le centre. Alors, elle était fermement agrippée à la main de son paternel. De peur de se perdre. D'une peur enfantine.
« Alors Tamara, tu ne veux pas monter voir le Papa Noël ? » Maman s'était penchée sur son enfant avec toute la bonne volonté du monde, et toute la bienveillance possible. Et pourtant, rien ne fut suffisant pour donner assez de confiance à la tête blonde, qui fut paralysée à l'idée devoir lâcher la main de Papa. Il est facile de faire paniquer un enfant. Alors, Tamara réagit naturellement. Elle se mit à pleurer. Terrifiée par cet homme barbu vêtu de ce rouge criard. La magie de Noël n'avait pas frappé assez fort pour elle. Il n'y eut donc jamais de photo d'une Tamara enfant sur les genoux d'un Père Noël si gentil.
Il semblait impossible que l'enfant fut maltraitée d'une quelconque façon par ses parents. Tout le monde connaissait les Abbott, ils étaient si gentils avec tout le monde. Le problème devait venir de la petite. On pensa pendant un long moment, qu'elle avait simplement besoin de plus de temps que les autres pour s'épanouir. Cela ne semblait pas très inquiétant, d'autant plus qu'elle avait cette facheuse tendance à tomber malade. Elle était fragile, et il fallait la protéger. Ce que firent ses parents. Personne ne pourrait les blâmer pour ça. C'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire, pour ne pas générer de traumatise inutile.
Plus tard, lorsqu'on se rendit compte qu'elle sa condition sociale ne s'améliorait en rien. Ne rien faire n'était plus envisageable. L'emmener voir un psychologue semblait un peu trop radical, et certainement non nécessaire. Le problème semblait simple, elle avait peur des autres, on pouvait même pousser jusqu'à dire qu'elle était peut-être agoraphobe avec un bout de démophobie. L'idée fut la suivante, puisqu'il n'était pas si rare de voir des enfants s'ouvrir au contact d'animaux, il fallait tenter la même chose pour Tamara.
Et pourtant, même pour cette Tamara un peu plus grande, celle qui avait maintenant dix ans, la visite du zoo fut pour elle l'une des plus éprouvantes journées qu'elle connu. Il y avait du monde, et beaucoup trop de bruit. Et comme chaque fois qu'on la sortait de sa zone de confort, elle était mal à l'aise. Si encore il n'y avait que ces effets déjà gênants, la journée aurait tout de même pu bien se passer. Mais il s'avéra que Tamara était incapable d'approcher du moindre enclos sans avoir cette peur dévorante de voir une bête se jeter sur elle. Parce qu'elle avait entendu quelqu'un évoquer la possibilité.
« Maman, j'ai peur, elle veut me mordre ! »Si une certaine logique s'était appliquée, l'enfant aurait surtout eu peur des animaux féroces comme les loups. Pourtant, ce qui la terrifia le plus était bel et bien une chèvre que les propriétaires avaient laissé dehors pour que les enfants puissent jouer avec. Tamara la vit autrement. Elle la vit comme un animal fourbe et méchant qui était parvenu à s'échapper pour terroriser les gens avec ses grands yeux à la pupille si étrange. A partir de cet instant, le souvenir que garda Tamara fut erroné par sa jeunesse, et sa peur, néanmoins elle fut assez marquée par cette journée pour ne plus jamais vouloir avoir à être en contact avec les animaux.
La cloche venait de sonner la fin des cours de la matinée. Tout le monde semblait pressé de gagner l'extérieur pour profiter de la chaleur du printemps, et de sa beauté. L'heure de la pause suscitait toujours ce mouvement brutal de foule. Et étrangement, quand il était question de manger, l'effet n'était que plus grand encore. Seulement pour Tamara qui tombait si souvent, il lui fallait faire attention, au maximum, pour ne pas trébucher. Rien ne l'aidait en ces temps. Alors le moment fatidique où elle s'écroula ne tarda pas. Accompagné de cet instant où ses camarades s'en mêlaient.
« Bah alors Abbott, regarde où tu vas ! Tu pourrais faire tomber quelqu'un ! Et personne ne veut être défigurée comme toi !▬ Oh... je suis désolée, je ferais attention la prochaine fois. » Et encore une fois, elle demandait pardon. Persuadée qu'effectivement elle aurait pu faire du mal à quelqu'un. Elle ne faisait plus attention à ce qu'on lui disait parce qu'elle l'avait trop entendu. Qu'elle savait bien, qu'avec ses bleus et ses pansements elle devait faire peur. Ou qu'au moins elle générait de la pitié chez les autres. Seulement, la pitié n'était pas suffisante pour qu'elle fut acceptée.
Mais qu'aurait-elle pu faire ? Elle était impuissante.
En grandissant, Tamara ne gagna pas beaucoup en confiance, ni en force. Tout le monde sait combien les enfants sont capables de s'engouffrer dans la première brèche perçue. Celle de Tamara tenait plus du gouffre. Et ainsi, elle était l'objet de moqueries. Il était simple de s'en prendre à elle et pourtant personne ne s'en lassait malgré les années qui passaient. On aimait la pousser dans les escaliers. Lui dérober son goûter. La bousculer. Et même l'effrayer par divers moyens plus ridicules les uns que les autres. Et si rien ne semblait l'atteindre, elle était terrifiée par l'école. Elle ne s'y sentait pas à sa place. Pourtant, on avait réussi à lui faire croire que c'était sa faute. Alors pour elle, quoi qu'il arrive, c'était sa faute.
Et puis, un jour la lettre arriva. La lettre qui libérait la jeune Tamara de l'école moldue. Elle allait pouvoir rejoindre Poudlard, c'était l'école de ses parents. Elle avait été bercée par l'histoire de ses parents, et tout là-bas avait l'air merveilleux. Au moins, mieux que ce qu'elle devait apprendre qui ne l’intéressait pas. Quelque part, elle devait aussi espérer que les gens seraient moins méchant avec elle. Que peut-être on s'occuperait d'elle. Mais elle n'y pensait pas vraiment. Elle avait appris à rester seule, et à se débrouiller. Elle avait finalement eu l'impression qu'elle s'en sortait.
Ses parents étaient heureux de voir son enthousiasme mais ne pouvaient cacher leur inquiétude. Y étant aller auparavant, ils savaient ce qui allaient se passer, mais ne purent mettre fin à la joie de leur enfant. Ainsi, la rentrée arriva, et même si elle était inquiète car elle connaissait rien ni personne là-bas, la présence du chaton qu'on lui avait offert la rassurait tout de même beaucoup. Pendant le voyage elle resta seule, et surtout à l'écart des groupes d'élèves qui lui avaient l'air méchants. Elle ne put leur échapper tout le temps, mais hormis quelques regards étranges, on fut gentil avec elle.
Le pire arriva lorsqu'elle dû passer devant tout le monde et porter le choixpeau qui allait choisir la maison qu'elle rejoindrait. De tout son cœur elle espérait ne pas aller à Serpentard, elle était plutôt sûre de ne pas y survivre. Sinon, elle se moquait d'où elle irait. Le choixpeau ne mit pas longtemps pour savoir. A peine l'eut-elle posée sur sa tête qu'il tonna « POUFSOUFFLE ! ». Elle fut si bien accueilli à sa table, qu'elle en pleura de joie. Seulement, ça s'arrêta là. Après, elle se fit si effacée que plus personne ne la remarquait. A part les Serpentard. Et les autres qui étaient tout aussi méchants. Ces gens qui prenaient un certain plaisir à l'effrayer.
Les années passant, elle se rendit compte qu'elle n'était simplement pas faite pour les études du tout. Mais puisqu'elle n'avait pas beaucoup de choix, elle parti en langue, car il s'agissait là de la voie la moins dangereuse. Il n'y avait ni dragons, ni balais, ni sorts élaborés. Ce qui faisait plaisir à ses parents, elle semblait tout de même s'épanouir. Et quelque part, se plaire à Poudlard.