Une petite bière au beurre ? // Neptune Pennywinkle

Ca avait été une journée plutôt fatigante, mais agréable comme tout. Neptune avait passé une bonne heure à la boutique de vêtements sorciers, se moquant intérieurement des quelques touristes qui regardaient ses choix de vêtements avec horreur. Il faut dire, avec ses yeux maquillés façon galaxie, sa tunique mauve cintrée et plongeant sur un décolleté inexistant, et son jean large déchiré aux genoux. C’était agréable de pouvoir en rire, maintenant, du regard des autres - ça n’avait pas toujours été le cas, il avait fallu qu’iel s’endurcisse, qu’iel acquiert une confiance en iel à toute épreuve, ou, au moins, un mépris profond pour ceux qui se permettaient de le juger. Maintenant, iel ne laissait plus tout ça l’atteindre. Maintenant, iel ignorait le petit pincement au coeur que ça lui faisait. Maintenant, iel ne les laissait plus gagner - iel souriait, leur tirait la langue (très mature), continuait sa vie.

Mais ça restait épuisant, alors iel avait attendu toute la journée qu’il soit temps de retrouver Maïwenn aux Trois Balais, pour leur rendez-vous habituel. C’était un vrai rayon de soleil, cette meuf. Elle voyait toujours tout d’un oeil si innocent, et pourtant avait un caractère bien trempé. Iel adorait la lancer sur un quelconque sujet et l’écouter parler pendant une heure.

Iel pris donc les sacs contenant ses achats du jour (quelques fringues et des plumes aux sucres achetées plus tôt au magasin de friandises), attacha sa cape bleu nuit (iel y avait même bordé des étoiles dorées) autour de son cou, et se mit en route. Il faisait froid, pas étonnant pour un hiver écossais, et Neptune aimait bien ce genre de températures, mais iel fut quand même soulagé en rentrant dans la chaleur agréable du pub. Maïwenn était déjà là, tout sourire, et rien que ça agrandit le sourire de Neptune de quelques millimètres.

“Coucou, canari,” dit-iel en faisant référence à la couleur de cheveux de son amie. “Comment va la vie?”

Neptune s’installa en face de Maïwenn et commanda un jus de citrouille qu’iel commença à siroter.

Neptune soupira d’aise en s’asseyant en face de Maïwenn. Iel aimait Pré-au-lard, le charme du petit village, les boutiques, tout ça, mais c’était quand même bien de pouvoir se poser en bonne compagnie à la fin de la journée. Et la compagnie de Maïwenn faisait quand même partie des meilleures qu’on puisse trouver. D’ailleurs, la voilà, enjouée, comme toujours de bonne humeur. Un bol d’air frais. Iel lui adressa un clin d’oeil.

“T’as remarqué le thème, toi aussi? Ca en a fait buguer plus d’un sur le chemin, haha.” Iel haussa les épaules, tout sourire. “On peut pas plaire à tout le monde!”

C’était tout Neptune, ça, déballer tout ce qui l’embêtait en mode “je m’en foutiste”, pour ne pas laisser tout ça l’atteindre. Iel n’avait pas toujours été aussi extravagant, mais à partir du moment où iel s’était rendu compte que de toutes façons, iel serait toujours une bizarrerie pour les autres, pourquoi pas aller jusqu’au bout, après tout. S’autoriser toutes les extravagances, et leur donner du même coup une raison de se moquer, autre que juste qui iel était.

Neptune n’était pas malheureux - pour tout dire, iel voyait même son bonheur dans la vie comme une revanche. C’était puéril, mais ça lui allait. Iel n’avait pas besoin d’être mature pour être heureux.

“Ouais, c’était sympa, j’ai pu acheter des trucs cools. Tiens, tu veux une plume au sucre? T’aimes bien ça, non?” Iel prit le paquet dans son sac, l’ouvrit et le mit sur la table, l’ouverture vers Maïwenn. “Alors raconte! Tu fais quoi en ce moment? Quel nouveau chapitre dans le roman Maïwenn Aanhöneyk’h?” Iel avait mis des mois à parvenir à prononcer son nom, mais maintenant que c’était fait, iel l’utilisait à tort et à travers pour montrer qu’iel savait le faire. Neptune était un gamin, mais iel assumait.

Je ne remarquais plus la foule dans la salle. Comme si j'avais mis des écouteurs pour me concentrer seulement sur la musique. Neptune était ma musique à ce moment là. Les gens ne lae connaissent pas, ils peuvent dire ce qu'ils veulent, Neptune est la personne la plus extraordinaire que je connaisse. Mais iel a raison, on ne peut pas plaire à tout le monde, ce serait d'ailleurs bien ennuyant.

J'eus un petit rire détendu et cristallin. Pour ma part je n'affronte pas le regard des gens, de peur de retrouver ceux de mon ancien collège. Même s'il n'y avait aucune chance que je les retrouve ici. Banshee arrive enfin à manger sa graine.

Miam les plumes au sucre. Iel sait comment m’appâter. J'en prend une, la savourant. J'eus un rire innocent et chaleureux lorsque iel prononça mon nom. La plupart des gens évitent et m'appellent Maï.

Puis je déballa la drôle d'histoire qui m'est arrivée ce matin en cours de "soin aux créatures magiques".

Oui j'arrive à dire ça d'un trait. Je ne prend presque pas le temps de respirer.

On ne peut pas toucher à mes cheveux, ils étaient un gage de ma personnalité. Sans mes cheveux blond emmêlés, je ne suis plus la même. Mes cheveux s'est ma façon d'être, c'est comme ça que l'on me reconnait.

Il fallait vraiment que je me limite à un nombre de mot avant de parler. Je sirota donc mon soda pour me pauser. Neptune avait le don de m'écouter sans s'ennuyer, c'est ce que j'aime chez iel ! C'est bon d'avoir quelqu'un qui nous comprenne.

Maïwenn, c’était un vrai rayon de soleil - et pas (seulement) à cause de ses cheveux. Elle avait cette innocence, dans sa façon d’être comme dans sa vie (une vie si simple et si tranquille), que chaque fois que Neptune la voyait, c’était comme si on faisait pause dans sa vie. Stop, arrête de t’en faire pour les cours, pour ton futur, de choisir sous quel pont de Londres tu finiras tes jours (ça dépend de l’humeur du moment). Ecoute, profite.

Maïwenn avait un futur, que Neptune n’imaginait que resplendissant. Peut-être ne serait-elle pas riche et célèbre, mais on s’en fout, non? Iel était à peu près sûr que Maïwenn, en tous cas, n’en avait cure. Elle savait ce qu’elle aimait - les animaux - et, bonne pioche, tous les machins à poils et à plumes le lui rendaient bien. Après tout, Maïwenn avait un sourire à pétrifier un Basilic - de gentillesse. C’était adorable de la voir trimballer son Chinchilla partout. Ca n’étonnait Neptune qu’à moitié qu’un botruc ait décidé que sa chevelure dorée ferait un bon nid pour l’hiver. Mais c’était une moitié suffisante pour le faire éclater de rire.

“Hahaha, trop fort! Un botruc dans tes cheveux! Banshee a du être bien jaloux, j’imagine.” Dit-iel avec un clin d’oeil. “Ca va être dur de partager tes cheveux avec toute la forêt interdite! C’est quoi par contre cette histoire de te couper les cheveux? Si le botruc est venu s’y installer, c’est justement que ça l’a mis en confiance, non? C’est pas le but de ton cours, ça? N’importe quoi!”

Iel sirota une gorgée de jus de citrouille, et soupira. C’était vraiment incroyable, ce que certains profs se permettaient comme commentaire. Ca va, y avait pas eu mort d’homme, pour qui il se prenait? Détends-toi, mec. Ca le faisait rire plus qu’autre chose, cette histoire, Neptune, mais iel comprenait bien que ça ait mis Maïwenn hors d’elle. Et puis iel savait que pas mal de gens avaient un certain attachement émotionnel à leurs cheveux, et ça ne l’étonnait pas que Maïwenn soit l’une d’entre eux.

"Eh, faudra que tu me joues un air de flûte un jour, d'ailleurs. Enfin, si tu me promets de pas faire le coup du joueur de flûte dans le conte, là, qui attirait tous les rats. J'ai rien contre les animaux, mais il y en a certain que je préfère à une certaine distance de sécurité, si tu vois ce que je veux dire."

Neptune sirota une gorgée de jus de citrouille et s’étira. Maïwenn et iel étaient si tranquillement installés, on en oubliait presque le ronronnement des conversations et des rires qui animaient le pub. C’était agréable, Neptune aimait cet endroit agité et plein de vie. Iel reconnaissait quelques têtes dans la foule, mais iel était bien, là, avec Maïwenn. Leurs conversations étaient toujours plus agréables en tête à tête, iel ne savait pas trop pourquoi.

“Ouais, bien sûr! J’ai mon ukulele à Gryffondor si ça te dit. Enfin, si les elfes de maison ont pas encore bougé mes affaires je ne sais où en rangeant la salle commune,” dit-iel en levant les yeux au ciel. “Tu penserais qu’au bout de trois ans, ils auraient compris.”

C’était ça, d’être toujours dans la marge, de pas rentrer dans les cases. Le nombre de fois où Neptune avait du frapper à la porte du dortoire des filles pour récupérer ses affaires après un grand ménage des elfes - c’en aurait été risible si ce n’était pas si humiliant. Mais Neptune ne laissait pas voir à quel point ça l’affectait. Ce n’était la faute de personne, après tout, on n’y pouvait rien. Iel savait que ce n’était pas une mesquinerie de la part des elfes, juste une incompréhension. Après tout, pourquoi choisir de vivre sur un canapé quand on a un lit bien moelleux à disposition?

Neptune souriait toujours, laissant la présence de son amie panser l’inconfort de ce souvenir.

“C’est le ukulele que je connais le mieux, mais si tu préfères je sais jouer deux trois trucs sur d’autres instruments. Tu pourrais me montrer un truc ou deux sur la flûte, d’ailleurs! J’y ai à peine touché à celui-là.”

Maïwenn, dans le bar des trois ballais, avec Neptune. Ces moments formidables, qui nourrissent le quotidien de Maïwenn. Est-ce qu'un jour elle l'oubliera ? Jamais. Neptune est l'une des personnes qu'elle considère dans sa famille, qu'elle respecte et qu'elle aime. Parfois elle s'amuse à imaginer sa vie lorsqu'elle aurait des enfants. Neptune serait lae parraine de sa fille qui se nommerait Edwina, ou bien Glawdys.

Elle sirote sa bière au beurre. Le sourire au lèvre. Neptune est de loin la personne dont elle a le plus confiance, mais ce n'est que se répéter.
Les elfes de maison ne font pas attention, ils sont de la vieille école. Ils ne font pas attention à l'évolution du monde. Enfin, iel s'y habitue. Mais ça doit être dure.

"Il ne faut pas prêter attention aux elfes du château.."

Une après midi découverte musicale. Cela en intéresserait plus d'un. Il y a tellement de musiciens à l'école. J'ai commencé la flute au secondaire. Tout les élève trouvait ça nul, moi je trouvais ça incroyable. Alors je n'ai jamais arrêté.

"Un ukulele ? Mais c'est géniale ! Je t'apprend si tu m'apprends ! On fait comme ça ?"

Je me lève appelant le serveur, en lui demandant des cacahuètes jovialement. Puis me rassoit. J'ai vraiment hâte de ce moment.

"Quand est-ce que tu as commencé le Ukulélé ?"