The hallways they echoed and groaned [Iris] [mini-intrigue]

J’avance. Je ne suis sûr de rien encore. Je jette un œil à ma besace, pour la énième fois. Il ne faudrait pas que le chat y soit et qu’il finisse par se perdre. Et ne plus jamais revenir. Je récupère la la lanière pour la fixer correctement à mon dos. Je me demande encore si c’est une bonne idée, mais je crois qu’elle n’est pas mauvaise non plus. Juste… Potentiellement dangereuse. Mais nous sommes bien préparer. Je crois.


Nous. Parce que je ne suis pas seul. Il y a Iris aussi. Iris qui est silencieux et qui écoute. Qui aime autant peindre et dessiner que j’aime le faire. Iris qui parle avec les yeux quand il me regarde et que je lui répond de la même façon et que c’est suffisant. Iris qui n’a jamais une seule fois trop esquissé de geste et qui, finalement, est le plus proche du mot ami. Qui n’existait encore que trop vaguement dans ma tête je crois. Iris est consciencieux aussi, chercher et trouver à la bibliothèque des informations. Quelque chose de plus tangible que des on-dits.

La rumeur. C’est ce qui nous a conduit à faire ce que nous nous apprêtons à faire. Une rumeur qui dit « il y a quelque chose en bas. » Un rumeur qui dit « il y a quelque chose en bas qui mange la lumière. » J’inspire délicatement. Une rumeur qui parle du noir qui devient plus impénétrable et des râles… Et s’il s’agissait du fantôme d’un cadavre qu’on aurait abandonné là-bas ou d’une simple goule ce ne serait pas... Si terrible.

Il y a quelque chose qu’ils disent. Une chose peut-être coincée ou qu’on aurait amené. Là. Pour je ne sais quelle raison. Une chose qui appelle la peur puisqu’elle l’incarne et qui hôte envie à tout être de ressentir ne serait-ce qu’une seule once d’espoir. Une chose plus terrible encore qui arpente, qui attend, sous sa robe, décharné, peut-être pour donner un baiser.

Je ne suis pas héroïque. Mais je crois qu’il ne devrait pas y être. Mais il faut que je confirme. Que je sache, pour être certain. Je ne veux pas le vaincre, je sais que l’on préviendra un professeur plus compétant. Mais on ne sait jamais. Alors j’ai pris du chocolat et une couverture contre le froid. Une photo que je garde contre mon cœur pour me rappeler qu’il y a du bonheur si jamais il m’arrive de l’oublier. Une lanterne aussi.

Je me pose à l’entrée et j’attends qu’il vienne. Je me dis que je pourrais m’y aventurer seul, mais je crois que c’est le genre de chose que j’ai besoin de faire avec quelqu’un de confiance. Même si c’est drôle à dire ou à penser.

Ma bouche n’est pas douée. Pour parler, dire, exprimer, chanter, murmurer, exprimer encore de l’expression à la sensation en passant par les sentiments. Expirer et inspirer, c’est déjà beaucoup en réalité. Mon œil s’exerce à la pénombre quand je l’attends et jamais je ne doute qu’il viendra. On dit parfois qu’on peut se retrouver enfermer ici si on ne fait pas attention et je sais que je n’ai pas envie de me retrouver coincé dans cet endroit seul.

Quand je pense à la solitude je l’entends venir. S’approcher. Alors je me retourne et il demande si j’ai longtemps attendu.  « Je ne sais pas. Attendre ne me dérange pas de toute façon. » Pour savoir il faudrait que je compte toutes les secondes en partant des dixièmes et se concentrer sur le temps est aussi facile que d’essayer de stoper sa course. En réalité il se perd parfois, mais il finit toujours par retrouver une linéarité plaisante. Sans trop tarder je termine par m’engouffrer dans la pénombre, la lanterne en avant pour éclairer notre chemin.  « Si la flamme s’éteint, prépare-toi à dégainer ta baguette. » J’explique, la voix un peu croassante, peut-être un peu moins prêt que je ne l’imagine.

Les ténèbres ont de ça effrayant qu’elles semblent changer perpétuellement devant mes yeux et qu’on ne sait jamais ce qu’on va trouver au loin. Jamais. Je garde le silence, jetant des coups d’oeil parfois pensif en direction d’Iris. J’aime son silence et sa présence, indéniable et réconfortante. Je crois que c’est parce qu’il aime dessiner et que j’aime aussi, qu’il me laisse écouter son silence quand il peint. Et il y a des choses que lui seul peut faire, comme garder le silence et parler dans une même mesure. Peu de gens en sont capables et c’est reposant. Reposant de pouvoir communiquer sans le méli-mélo de mots qui sont souvent vide de sens. J’esquisse un sourire et je me dis que je me sens plus courageux. Plus qu’un gryffondor, même.