little lights (alizée)

je déteste les bals, et c'était vraiment super stupide de t'inciter à venir
je déteste porter des robes, aussi et même des talons parce que ça défonce les pieds et toi et toi othello en tant qu'homme tu ne connais pas pas ces douleurs ; celle du collant qui s'effiloche comme notre joie ou même nos chevilles défoncées à force de faire semblant que tout va bien
alors j'ai fait un effort ; c'était la robe ou les talons
le tissu qui glisse le long de mon fessier un peu plat un peu triste ou mes jambes qui s'allongent
j'ai fait le choix d'abandonner les jambes nues et les embêtements avec le tissu qui s'arrache et j'espère que tu ne seras pas trop déçu que je ne porte pas de robe j'espère que
((tu voudras bien m'accompagner dans toute cette mascarade))
et toute cette fête là c'est rendre les masques invisibles touchables ; cacher un peu plus le tout et étaler partout sur les murs notre hypocrisie dégoulinante comme on l'a fait avec des feutres la dernière fois
((et c'est triste qu'à nouveau, on ne peut pas tout détruire))
alors je porte une de ces combinaisons de jais qui descendent en v échancrées et provocantes au dos ouvert le tissu rattaché entre les deux omoplates
((plus qu'être sexy ça me rappelle juste les maillots une pièce vraiment laids qu'on portait à la piscine en tant qu'adolescente qui a trop honte de trop en dévoiler ou de perdre son haut en plongeant))
mais je reste souriante car c'est qu'on nous demande, je fais semblant beaucoup beaucoup de ne pas être agacée par mes cheveux qui partent déjà n'importe comment ou de mon masque qui ne recouvre rien aussi noir que leurs âmes impures
((othello aide-moi))
j'ai l'impression d'aller à un
e n t e r r e m e n t
du noir de mes yeux au noir de mes ongles au noir de ma tenue et
((au deuil de ma bonne résolution de ne jamais chercher à prendre du plaisir dans ce monde de merde))
j'arrive et je te reconnais ((tu m'attends c'est mignon tu sais))
et c'est mignon aussi une drôle de coïncidence que ton masque à toi aussi soit noir
((quoiqu'un peu plus décoré que le mien))
yo delor. ça m'rait donné une vraie raison pour me barrer en courant t'sais, en retirant ces souliers que je déteste déjà.
et je souris à mon tour attrapant ton bras du mien ((j'ai vraiment froid sans manches tu sais)) et je ris avec toi à ta remarque en poussant un soupir
une imitation moldue, plutôt. trop hâte de sourire aux haters, j'en rêve toutes l'nuits.
et puis et je puis je te souris de toutes mes dents quand tu me dis que je suis jolie car tu sais on me le dit pas souvent plutôt
((t'es mignonne))
alors je pouffe comme une idiote et te détaille d'une œillade que je veux experte
toi aussi t'es plutôt sexyyyy, delor. d'solée tu verras pas mes jambes de déesse ce soir. j'espère que t'sais danser, parce que moi nan.

tu sais othello, la vie réserve parfois bien des surprises
((oui je sais que tu sais))
sans doute que je suis une championne de danse country ou encore de salsa ; et c'est triste de se rendre compte à quel point on ne se connait pas
mais au fond
on s'en fiche non
alors je roule des yeux sans me détacher de mon sourire alors je roule des yeux avec un peu trop d'amusement que je devrais en avoir
et je ris encore spontanée et sans idées dans ma tête
et ça fait du bien de ne pas réfléchir et d'attraper ce que tu me tends sans hésitation, juste m'abandonner à
t o i
je suis ton regard puis devine ton clin d’œil sous ton masque auquel je réponds par une langue tirée sans maturité
un bras qui m'encercle et je pousse un petit cri surpris haussant mes sourcils
princesse princesse
ça ne me va tellement pas
et dans un soupir faussement exaspéré
delor tabernak... t'es sérieux là ?
et je ne peux me retenir de rire tout de même m'accrochant à ton cou
tu avances et je cache mon visage rougi par la gêne contre toi continuant à râler des trucs que tu ne dois pas comprendre
on nous appelle et je continue encore et encore parce que c'est carrément gênant
((mais j'ose espérer que dans dix ans je m'en rappellerai encore))
de ce bal où j'ai pu être une si jolie
p r i n c e s s e
sans robe
tu me relâches en te plaignant et j'en profite pour te donner un petit coup de poing dans le torse en grommelant
où va le monde sérieux, j'te pensais pas si faible mon prince pas si charmant visiblement.
tu commences à prononcer mon nom de famille et je pouffe en essayant d'imiter ton accent si fade à toi en marmonnant
on reverra l'accent, monsieur delor.
et tu recommences à parler et j'hausse un sourcil un peu perplexe car je sais très bien que tu vas gagner à ce petit jeu car je suis nulle tellement nulle en danse
on ne m'a jamais appris après tout
ok marché conclu, pas l'temps d'niaiser.
et aussitôt je viens déposer tes mains sur mes hanches sans te demander ton avis et les miennes sur tes épaules
c'est parti mon prince, que le meilleur gagne.
je n'ai pas promis d'être sage ; je n'ai pas promis non plus d'utiliser des manières convenables pour arriver à mes fins et te faire flancher
((je suis du genre à tricher aux jeux-vidéos))
à débrancher la manette ou faire des chatouilles
et doucement la danse commence je me concentre sur la musique ; et je me concentre sur mes pieds oh sans délicatesse me calant sur ton rythme
((mes doigts joueurs qui remontent jusqu'au col de ta chemise))
un sourire vicieux qui t'est destiné
et je commence doucement à les glisser
((plus pour te déstabiliser qu'avec des arrières pensées))

tu glisses et je n'y crois pas vraiment je pensais que
que je ferai le premier faux pas, car c'est tout le temps comme ça
tout le temps moi qui gâche tout qui vient mettre de la couleur sur le parfait blanc et noir ou l'inverse d'ailleurs du noir sur le parfait en couleur
et tu lâches une petite insulte et je souris de toutes mes dents quand même vachement fière de ma connerie
tu me parles de gage et je ne sais pas car je ne m'y attendais pas je pensais vraiment que ça allait être moi qui ferait la connerie en premier et
je suis un peu paumée
bin laisse-moi réfléchir.
je pince les lèvres et je t'écoute et
oui oui c'ça, t'es le plus grand des gentlemen waouh j'suis impressionnée delor.
je redescends mes mains sur tes épaules et je danse avec toi toujours encore concentrée et
et je crois que tout ceci a perturbé notre rythme car je t'écrase du bout du pied la chaussure et j'espère j'espère que tu ne le sentiras pas innocente tout à fait innocente et j'essaye d'enchaîner pour que tu ne te doutes de rien même si c'est carrément con
j'affiche un sourire de poupée tentant de continuer ces pas qui m'ennuient et fatiguent mes chevilles
j'suis gentille pis j'ai pas d'idée car j'savais pas que ça serait moi la winner en premier. mhhh, dans l'style bien kitch : fais le truc qui te fait le plus envie en ce moment même.