Stay || Cassidy

Elle avait l’air de vouloir jouer. Empourprée jusqu’aux oreilles, elle ne trompait personne et sûrement pas toi. Non, tu commençais à la connaître que trop bien pour deviner son petit manège. Elle même devait savoir au fond d’elle que c’était plus qu’une mauvaise idée.
Sa respiration s’accélère, ses halètements d’excitation te berce comme une mélodie tendancieuse.
Encore une fois Malice Alice ne se laisse pas faire, elle te provoque, elle désire assumer les conséquence au plus profond de son coeur, de ses reins. Quelle punition vas-tu m’infliger ?

— “Pourquoi ? Tu serais pressée de prendre cher ?” Tu appuies un sourire sadique et diabolique. Le serpent sournois qui sommeillait en toi se réveillait lentement à la lueur de vos désirs. Elle esquisse un sourire sûre d’elle et rétorque que tu as perdu ta chance de découvrir le contenu de son carnet. Une grimace disgracieuse déforme ton visage.
— “Je le découvrirai bien un jour, ne t’en fais pas.” Toi aussi tu pouvais être déterminé, débordant d’une confiance mal placée et dangereuse.

Elle approche ses lèvres. Ses commissures frôlent les tiennes dans une danse endiablée de vos souffles irréguliers. Elle se fait désirer, comme une pierre précieuse qui refuse de dévoiler son éclat, comme un chat qui refuse de détendre les griffes. Alice est un joyau que tu te dois de dérober, de devenir son propriétaire éternel.
Tu ne lâches pas ta prise. Elle veut jouer ? Ainsi donc. Tu n’aimes pas les filles qui te résistent trop, c’est ennuyeux à force. Mais tu n’aimes pas non plus les soumises idiotes qui ne comprennent rien à ce qu’il se passe autour d’elles. Alice est le juste milieu, elle te provoque même dans la peur et l’appréhension de la punition que tu vas lui infliger. Pour tous les cris, les pleurs, les bleus futiles sur son corps, tu vas être méchant. Car elle a dépassé les limites.

Tu te serres contre elle, appuyant ton torse contre sa poitrine. Heureusement, la serviette qu’elle a autour de la taille protège la décence de la scène. Tu plaques tes lèvres aux siennes pour l’embrasser avidement.
— “Peut-être que je ne te ferais rien vu que tu sembles sûre de toi..” Ton regard pétille et brûle d’impatience et de sévérité. Tu veux qu’elle plie, qu’elle te supplie. Qu’elle te mérite. Autrement qu’en jetant son corps en pâture aux autres lors des bagarres, mais qu’elle te l’offre à toi.

— “Comment on demande ?” Un sourire perverti et méchant, d’une atrocité avide et luxurieuse.

Elle sent si bon. C’est une fragrance enivrante.. sucrée et acidulée. Elle t’hypnotise comme une sorcière qui t’empoisonne. Mais c’est toi qui l’emprisonne. Dans ton étreinte, tu la gardes prisonnière. Elle fait moins la maligne, mais c’est ça qui t’attire, qui te fait frissonner. C’est à partir de ce moment là que tu te mets à l’observer en détail. Elle est vraiment belle, atypique, unique. Une rose violette dont tu as envie d’arracher chacune des pétales avec lenteur. Tu as besoin de la faire souffrir, encore plus qu’elle n’a pu l’être auparavant. Elle murmure ce que tu attendais, tes yeux s’écarquillent avec une folie piquante. S’il te plait.. Arcturus.. S’il te plait.. Ton coeur se met à battre, ton sang se met à bouillir.

Tu baisses tes lèvres sur son cou, tu réponds à sa demande en susurrant.
— “Si gentiment demandé..”
Tu embrasses sa peau qui s’embrase sous ta bouche brûlante. Tu as envie de la faire quémander, saturer de sensations les plus folles, les plus impossibles à contenir.
Tu déposes des baisers le long de son cou, descendant lentement jusqu’au haut de son buste, puis sur le haut de sa poitrine. Tu tenais son dos pour le cambrer et ainsi bomber son torse.
A quatre pattes au dessus d’elle, la chevauchant comme un prédateur s’apprêtant à dévorer sa proie, tu passes ta langue sur son oreille, remontant ton visage dans le creu de son cou.

Impitoyable.
Déloyal.
Implacable.
— “Tu as été. Très méchante.”  Tu souffles à nouveau, tu expires contre sa peau.
De porcelaine. C’est une poupée déjà fissurée. Tu sais qu’elle peut se briser totalement si mauvaise manipulation. Mais tu t’en fiches. A ce moment précis tu t’en fiches. Le désire est trop immense, intense.

Insoutenable.
Tu fais balader tes doigts sur son corps partiellement caché par ce cocon de coton. Oh Cassidy, c’est dur de résister n’est-ce pas ? A la tentation de la dénuder complètement, de lui montrer ce que c’est. Lire les pensées, c’est un peu comme un viol, être à nu devant elle, devant ces deux grands yeux de saphir. Tu poses finalement délicatement tes lèvres juste à la naissance de son décolleté, ouvrant délicatement la serviette qui le dissimulait.
Puis tu te levas d’un coup, la portant comme une princesse contre toi. Une princesse enveloppée. Une princesse aux cheveux violacée. Une princesse … arrosée.

Tu venais de la jeter dans le bassin sans prévenir. Sa chute était disgracieuse et tu ne pus t’empêcher d’exploser d’un rire moqueur et sarcastique.
—“Voilà ta punition, prrriinceeeesse. En espérant que ça t’a rafraîchi les idées.”  Tu la regardais en croisant les bras, fier de toi.

Elle veut jouer. La malicieuse et sûre d’elle Alice veut s’aventurer dans ses eaux dangereuses.
Tu étires un sourire provocateur, les bras croisés sur ton torse alors que tu l’observes se redresser dans le bassin. Ses cheveux violines et humides épousent parfaitement les ondulations montagneuses de son corps, les suggérant avec beaucoup de poésie.

Tu te mords la lèvre, amusé de la voir dans cette posture d’arrogance, imprudente épopée d’une poupée impudente. S’offrir ainsi avec si peu d’élégance semblait éloquer une envie d’être abusée.
Tu te mit accroupi devant la piscine aux bulles de milles et une couleur pour la taquiner un peu.

— “Tu es sûr de vouloir jouer à ce petit jeu là jeune fille ?”
Ton côté vieux-jeu ressortait dans ce genre de moment là, ou tu ne pouvais t’empêcher de taquiner Alice à la manière d’un adulte à une enfant.

Elle provoque, alors tu attends, tu te mords la lèvre en la retroussant légèrement. Tu as envie d’en voir plus évidemment, et si elle se l’impose par contrainte, c’est encore plus excitant.
Mais elle ne fera rien finalement, te laissant un creux dans ton estomac, un vide provoqué par la frustration.

— “Bien joué à toi, tu m’as bien eu.” Mais la guerre n’était pas gagnée, seulement une petite bataille sans importance. Car c’est à ton tour d’attaquer. Et tu ne lui feras pas de cadeaux. Tu te relèves et laisses tomber la serviette à tes pieds. Tu lui avais laissé deux secondes au préalable pour se cacher les yeux si elle le désirait et tu te glissas dans l’eau chaude. Les vapeurs aphrodisiaques avaient pour effet de te faire oublier ton intégrité. Tu plongeas vers elle pour finalement émerger à quelques centimètres de son corps, le saisissant par la taille. Ses cheveux abondants faisaient barrage et tu pris plaisir à y emmêler tes doigts.

Tu ne sais pas pourquoi tu étais pris d’autant d’assurance mais tu chuchotas près de sa bouche.
— “Et si je t’y traine, tu feras toujours la fière peut-être ? Ooooh et tu peux lire mes pensées, tu n’y trouveras rien qui puisse te réconforter très chère.”

Ses cheveux tombent le long de sa poitrine. C’est un arc-en-ciel de violine qui se propage dans l’eau. Les flots tranquilles frappent paisiblement contre son corps, entrainant un rythme mélodieux et concupiscent. Ses formes parfaites semblent sempiternelles. La courbure de ses reins se sculpte au travers de tes doigts. Ta peau caresse la sienne, l’effleure pour créer un soupçon de désir, et faire naître le plaisir. Ses lèvres purpurines dessinent des mots harmonieusement mais tu n’entends rien. Tu n’arrives pas à capter le son de sa voix. Prisonnier de sa peau de lys, elle t’entraine comme une sirène au fond des abysses… elle est l’Odyssée et tu es Ulysse.

Tes pensées s’embrouillent et s’emmêlent comme tes lacets de chaussures. Tu n’es plus qu’un amas d’idées, au bord de la cassure. Tu veux suivre tes élans narcissiques et nombrilisme, atteindre le point de non retour. Mais son sourire te dégoute et te glace. Elle en a envie aussi, et c’est justement ça qui te bloque à aller plus loin. Elle va regretter. Tu vas le regretter. Et le manège malsain reprendra son cours, dans une musique assourdissante et délirante. Et elle te détestera.

Tu chasses cette voix qui te susurre des insanités, qui te murmure qu’elle veut s’enrouler autour de sa taille, de sa jambe, de son cou… pour le serrer jusqu’à ce que même l’air lui même ne puisse plus respirer. Oh Cassidy… tu es un peu dérangé tu ne crois pas ? Je pense que tu le sais. Arcturus, Arcturus.. Tu l’attrapes à nouveau alors qu’elle croit avoir le droit de reculer. Tes prunelles d’un havane attirant s’éclaircissent dans un miel apaisant. Tu la colles contre toi, sans réfléchir.

— « Ou crois-tu aller comme ça ? » Ton regard est juge, castrateur. Tu ne mâches plus tes intentions.

— « Je crois que si, tu m’y obliges… » Abusif. Tu t’en fiches, tu sais qu’elle te veut. Tu reconnais les signaux qu’elle aurait difficilement du mal à justifier.

Une expression désabusée sur le visage, tu feintes l’innocence. Tu la soulèves d’un coup pour la mettre sur ton épaule, le poids de ses cheveux imbibés l’entrainant un peu plus vers l’arrière.

— « Remonte. » Tu l’assoies sur le bord, pour ne pas lui faire mal. Ses longues mèches, qu’on pouvait comparer à des trainées, dissimulaient encore à ta déception, les parties les plus intéressantes de son corps. Mais face à toi, elle était un peu plus à ta merci.

Elle a bien dit qu’elle ne sonderait pas ton esprit, le laissant se dévergonder presque au delà même de ta propre volonté.

— « Dis-moi Alice, et si nous jouions à un petit jeu ? » Tu croises les bras. « Action, ou vérité ? » Tes yeux perçants la transpercent comme deux flèches traversant ses orbites. L’eau encore brûlante du bassin caressait le bas de ton torse et les vapeurs qui s’en échappaient te montaient à la tête. « Voyons lequel de nous deux craquera en premier. Peut-être que si tu gagnes, je disposerai à être ce que tu veux que je sois. » Un serment d’homme trop vite balancé pour être tenu.

Alors comme ça, si tu ne tiens pas ta promesse, tu passerais les pires années de ta vie. Comme si ça pouvait être pire que maintenant. Bon.. en effet, ça pourrait l’être. Mais ce n’était pas elle qui allait te faire peur. Car tu devais gagner, tu allais gagner. A ce jeu concupiscent et intrusif, les Hingsley en sont les maîtres. Tu hausses les épaules d’un petit air narquois et supérieur, demeurant debout dans le bassin. Elle est face à toi, sa nudité dissimulée par sa chevelure, mais tout de même vulnérable.

Tu sais qu’au fond de toi, elle doit chercher à rester digne, à paraître forte. Tu sais que le poison s'inocule déjà dans son sang. Elle pousse une grande inspiration, elle a fait son choix. Tu as posé les cartes et elle a décidé de les prendre.

— “Mais comme je ne risque pas de perdre, tout va bien.”

Tu étires un sourire satisfait et sûr de toi. Le verdict tombe. Vérité, vraiment ? Tu ne pensais pas qu’elle se mettrait autant en danger en choisissant ce risque. Oh, Alice, te rends tu compte que Vérité te fera cracher ton coeur, alors que les actions sont là pour faire défier les moeurs.

— “Vérité, très bien… Tu pensais sûrement n’avoir rien à cacher n’est-ce pas ?” Tu marques une pause, comme pour faire durer le suspens, comme pour retenir la lame de la guillotine avant une mise en à mort. Son visage angélique est adorable.

— “Qu’est-ce que tu as écris sur moi dans ce fichu carnet ? Je veux savoir.”

Oui, tu es peut-être du genre têtu. Un peu, beaucoup, même. Mais c’est ce qui fait ton charme n’est-ce pas ? N’est-ce pas, Alice ?

— “Oh, et je choisirai Action au prochain tour.”

Décevant. En effet, peut-être que tu n’avais pas choisi quelque chose d’assez croustillant, mais le jeu n’était pas fini. Oh non, loin d’être terminé. Tu savais au fond que ta curiosité te perdrait, et qu’elle avait gagné un tour en te faisant chanter le contenu de son carnet. C’était évidemment ce que tu t’imaginais, mais elle ne donnait pas de détail, ce qui t’agaça fortement. Une sorte de journal intime malsain ou elle avait recensé la moindre de tes actions. Glaçant.

—  “Je vois oui. J’avais omis l’idée que tu ressentais le besoin d’écrire tout ce que tu croyais savoir de moi.”
Tu ne bouges pas, impassible face à ses réponses. Tu attends ton action, ta sentence, ta punition pour avoir été arrogant. Pourquoi lui avoir offert l’opportunité de prendre sa revanche ? Pourquoi lui avoir donner les outils de te disséquer vivant ? Tu es un idiot, Cassidy Hingsley.

—  “Maîtresse ?” Tu t’empourpres sans sourire. Non, ce n’est pas drôle. Tu ressens ce terrible désir de lui faire cracher de la bile, de la briser jusqu’à la faire pleurer. Elle ose… te demander ça. A toi.

—  “Redoutable lionne, hein ? On a qu’à dire que je l’ai cherché. Et c’est un plaisir de vous appeler ainsi, maîtresse.” Tu courbes l’échine légèrement en avant, un sourire narquois aux lèvres. Elle voulait jouer, soit.

—  “Vérité donc...” Redoutable. “...Est-ce que tu as déjà imaginé des scènes perverses m’incluant, maîtresse ?” Tu croises les bras. Redoutable. “Et je choisis vérité, pas besoin de me demander la même chose, tu connais déjà la réponse..” tu t’avances vers elle, la partie basse de son corps toujours dissimulée par l’eau mousseuse du bain. C’était magique.. l’eau était toujours brûlante.
Tu t’arrêtes à sa hauteur, tu n’avais pas finis ta phrase. Tu te saisis de son menton, intimidant, narquois, charmeur et indubitablement sadique. “... Petite maîtresse.” Et tu t’inclines.