Adrift of you. feat Cassidy.

C’est au moment ou ton corps quitta la terre ferme pour embrasser les bras du Lac que tu compris que tu étais peut-être aller trop loin. Heureusement que tu avais déposer ton sac de cours sur le ponton juste avant. Si tes livres et tes notes avaient été trempées et irrécupérables, elles auraient passé un sale quart d’heure après. Tes jambes lourdes t’entrainaient vers le fond, tu sortis ta baguette de ta poche pour te faire remonter à la surface, émergeant ta tête d’un en reprenant ta respiration. Tes vêtements et ta cape de sorcier imbibée d’eau te donnaient l’impression de peser une tonne.

Le regard noir et rancunier, tu la scrutais, seul tes yeux dépassaient de l’eau et semblait signifier qu’elle allait te le payer. Tu te hissas sur le ponton en grommelant, ayant l’aspect d’un vulgaire chien mouillé. Tu ôtas toutes les couches de vêtements pour ne garder que ton caleçon. Tu te tournas dos à elle. On pouvait apercevoir ton tatouage “Nessun Dorma” gravé en lettre d’encre en dessous de ta nuque. Glacé par le temps encore frais d’une fin de mois de janvier, tu piquas une tête dans le lac pour au mois avoir froid pour quelque chose, et t’échapper du souffle du vent contre ta peau.


— “Tous les mêmes tu dis ? Désolé mais vu ce que je dois endurer maintenant je t’avoue que ça ne valait pas le coup de te regarder. J’aurai dû baisser les yeux.” Tu lui fais signe de te rejoindre, provocateur.
Puis une remarque déforme ton visage d’une moue peu expressive, presque boudeuse.

— “Ce n’est pas ma petite amie. On ne se parle presque pas depuis le bal.” Tu n’avais pas extérioriser ce sujet depuis presque un mois. Loup solitaire, tu avais travaillé pour te changer les idées et ne plus penser. à elle.
Tout en restant dans l’eau, tu viens poser tes deux bras sur les planches de bois qui composaient le ponton, dévoilant une partie de ton torse. Tu secouas la tête pour donner une forme acceptable à tes cheveux mouillés préalablement collés à ton front et tes oreilles.

— “J’espère que tu es fière de toi, Boswell.”

La brume se lève, trahissant à ce moment le mois de janvier qui montrait enfin le bout de son nez. Les flots glacials dilatent chaque pore de ta peau, pour mieux laisser le vent déchaîné la pénétrer. Au moins, ça faisait circuler ton sang et c’était bon pour le coeur. Finalement elle ne te rejoins pas et s’allonge sur une serviette. Elle compte bronzer ou bien ? Un peu amer qu’elle ne te rejoigne pas finalement, tu du te recadrer mentalement pour ne pas la regarder avec trop d’insistance. Zephyrus était une jolie fille, mais ce n’était pas digne de toi. Tu préférais nettement sa personnalité bien tranchée à son enveloppe charnelle.

Elle te parle à nouveau d’Alice. Tu ne voulais pas en parler. Alice était un souvenir douloureux. Tu ne savais pas si c’était réellement de l’amour. Car tu n’as jamais aimé. ça ne t’intéresse pas. Tu veux juste t’amuser, et prendre du plaisir. Tu veux juste être libre. Etre libre de ne pas souffrir.
— “Je ne sais pas si je l’aime. Enfin..”  Tu soupires, posant le menton sur tes bras. “Je ne sais pas si j’en suis au stade de l’amour. Je ne ressens pas le besoin de sortir avec elle. Du moins pas maintenant. A vrai dire, je ne sais pas. Elle me manque un peu. Mais je survis.”  Survivre, ce n’est pas vivre.

Tu te laisses couler d’un seul coup, immergeant ta tête dans l’eau comme pour t’isoler quelques instants. Le silence est quelque peu assourdissant. Tu ouvres les yeux pour regarder autour de toi. Le noir complet. C’est trouble, et tu ne pouvais rien distinguer dans les profondeurs marines. C’est la panique, surtout pour toi. Tes jambes se paralysent. Il faut vite que tu remontes. Tu entends comme une voix, qui t’appelle. Dans les abysses. Un murmure féminin. Mais tu ne peux pas percevoir d’ou vient l’appel. Retrouvant l’usage de tes membres, tu sortis de l’eau à nouveau, mais cette fois, hors de question que tu restes à faire trempette. Tu grimpes sans rien expliquer de ton expérience, encore un peu dans les vapes.

— “Il y avait quelque chose. Tout près de moi. Je ne reste pas une minute de plus là dessous.”  Tu avais peur ? Tu ne craignais pas grand chose après tout, à part le noir. Et le fait de ne pas pouvoir voir d’ou pouvait surgir la mystérieuse créature du lac, c’était hors de question.

— “Pardon. Je ne t’ai pas répondu. Nessun Dorma hein..”  Tu prends une inspiration, comme si tu allais lui raconter une histoire palpitante. “C’est le nom d’une chanson d’opéra chanté par Pavarotti. Pavarotti était un sorcier d’ailleurs, un grand ami de mon grand-père.”  Tu souris, charmé de ce souvenir et de cette anecdote. “Que personne ne dorme, c’est parce que j’aimerai que le monde se réveille.”  C’était pourtant clair comme de l’eau de roche - et pas celle du lac du coup - à tes yeux. “A la base, l’opéra est chanté par un empereur qui aimerait conquérir le coeur glacé d’une princesse. Et il ordonne aux étoiles et au monde de ne pas dormir, afin que tous puisse voir sa victoire.”

Tu te saisis de sa baguette magique et murmure “Tergeo.”  en pointant vers toi. En un instant ton corps était propre et sec. Tu fis pareil pour tes vêtements qui trainaient mollement au sol.
— “C’est une satyre de la société. Et j’aime bien savoir que j’ai les yeux bien ouverts.” Tu baisses le regard vers elle. “Et toi, tes tatouages ?”

Les conseils de Zephyrus en matière d’amour étaient toujours utiles et avisés.
Sarcasme. Tu ne peux t’empêcher de retenir un sourire attendri et moqueur. Lui faire du mal ? Sans en être persuadé, tu étais sûr que la manière de faire le plus de mal à Alice, selon celle-ci, c’était justement en l’abandonnant. C’est ce qu’elle dirait. Cependant, ce n’était pas ta vision des choses. En partant, elle souffrirait, puis passera à autre chose. Alors que si t’investissais dans cette relation, elle n’en sera qu’encore plus brisée.

— “Tu sais, tu devrais peut-être t’orienter en courrier du coeur après Poudlard ?” Tu passes une main dans tes cheveux alors qu’elle se moque à nouveau de toi. Agacé et surtout révolté, tu agitas tes bras de manière frénétique en montrant le lac du doigt.
— “Mais je te dis que je l’ai entendu !” Tu fis la moue et détourna le regard en rougissant, grommelant un “ouai ouai, c’est ça.” comme pour clore la discussion.

Tu ramassas ton sac pour t’asseoir finalement devant elle. Tu l’écoutes parler, pressentant immédiatement le malaise de la situation. Elle t’avait pourtant demandé de ne plus aborder le sujet de sa soeur. “Morte.” Tu te souviens encore du bal, quand elle eut annoncé la perte de feu sa soeur. Voulant respecter sa volonté, tu t’abstins de poser davantage de questions, concluant sur un ton qui se voulait respectueux et complaisant.
— “Je vois. C’est joli en tout cas.”

C’était très sensuel, charnel. L’encre glissait sur son corps comme des doigts invisibles sur la peau, qui dessinaient en continu. Tu avais fait le tien dans le plus grand des secrets, car tes parents n’auraient toléré que te tatoue comme les moldus le font, dans la simplicité et pourtant l’authenticité.

— “Tu as déjà une idée de ce que tu aimerais faire ?” Toi oui. Les serpents.
Tu sortis un parchemin de ton sac ainsi que ton livre d’astronomie et tes notes d’hier soir.
— “Tu m’excuseras mais je dois rendre mon devoir d’astronomie pour ce matin, je vais le rédiger rapidement pour ne pas le faire au petit déjeuner tout à l’heure.”

Rapidement, tu commenças à prendre des notes, te prenant dans des calculs précis de position d’étoiles. Passionné, tu ne trouvais pas grandes difficultés et l’exercice te prit à peine 10 minutes à rédiger.
— “C’est bon, je suis débarrassé. Heureusement que j’avais déjà tout fait hier soir.”

Elle rit. Elle rit comme si la représentation même de ta personne était drôle. Pourtant, tu as beau y réfléchir.. tu ne l’es pas. Ou peut-être que tu te dépites toi même, et que cet energumène de Zephyrus était juste déviante. Oui, c’était sûrement la seule explication à ses éclats ricochets hilares. Tu ranges tes affaires dans ton sac précipitamment, manquant de faire tomber tes plumes et tes parchemins. Tu ne sais pas pourquoi tes mouvements sont si frénétiques et pressés. Tu ne sembles pas avoir envie de dévoiler trop de choses. Tu étais quelqu’un de compliqué, avec toutes ces cartes du ciel, ces objets les plus farfelus que tu aimais collectionner. Un lunascope dépassait d’ailleurs du sac, et finit par rouler dangereusement sur le pont, proche de s’évader dans les abysses du lac. Tu le rattrapes au dernier moment et le remet à sa place avant de boucler une bonne fois pour toute ta besace.

Tu la regardes avec un sourire semi-blasé, laissant échapper un “Oups.” malaisant. Elle te parle vaguement de son idée de tatouage, sans surenchérir. Un blanc s’installe. Tu n’oses du coup pas revenir sur le sujet de peur de créer un nouveau silence. Mais il fallait le briser. En temps normal, tu serais sûrement parti pour éviter de te sentir mal à l’aise, mais quelque chose semblait te retenir à cet endroit, comme si la jolie rousse s’était transformé en aimant vivant.

— “Désires-tu que je te raccompagne à la Grande Salle ?” Tu ne lui offres qu’un rictus narquois et arrogant en guise de compliment. Ta demande était sincère, même si tu savais pertinemment qu’elle allait se targuer détachée et indépendante, comme si elle avait besoin de toi pour l’escorter au petit déjeuner bien sûr… Sarcasme dissimulée. Sincérité effrontée.

— “... Je me sens différent depuis le bal.” Tu mets ton sac sous ta tête et t’allonge légèrement, de manière à avoir ton visage tout près du sien. Tu te reposes, le soleil est à son zenith et vous éclaire de plein fouet. Sa chaleur est comme une caresse, une couverture invisible sur ta peau si sensible. — “Comme si je m’étais découvert une nouvelle drogue.” Tu aimes ponctuer tes déclarations douteuses avec des petits moments de pause. Elle sent ton souffle contre ses lèvres, presque. Et tu sens le sien. C’est comme des chatouilles. “L’ironie de ma situation, c’est qu’aux yeux de mes parents, tu aurais fait une épouse parfaite.” Tu ricanes comme un enfant insouciant.
“Dommage que tu aies sale caractère. Au final, tu es juste un renard sauvage, il suffit juste de savoir t’apprivoiser, et tu deviens attachante.”

Tu te dévoiles peut-être un peu trop. Mais ce n’est pas des instants de faiblesses. Tu es le corbeau, Arcturus. Et maître corbeau, dans son arbre perché… fait toujours des ravages.

Le soleil est maintenant bien visible dans le ciel. Il t’aveugle presque de sa suprématie. C’est dans ce genre de moments uniques que tu te sens libre face à une nature pourtant dominante. Le temps passe, et elle continue de te regarder, elle ne cesse de rire, de glousser à ta bêtise comme une mère se moquerait de son enfant. Zephyrus ne changeait pas, elle était toujours égale à elle même, une garce au sourire dégueulasse mais si craquant. Elle te procurait l’instinct d’aller toujours plus loin, comme un adolescent qui se cherche et qui a besoin d’impressionner sa belle.

D’un mouvement de tête, tu te raisonnes. C’est finalement elle qui fait la belle. Cela ne peut que t’amuser, de l’observer se pavaner comme un lion, finalement.
— “Je continuerai de me dire que le choixpeau s’est trompé de maison, tu aurais du être à Gryffondor. Tu es comme moi Zephyrus, tu auras beau le nier, tu te sens supérieure.”

Tu fronces les sourcils, alors que ses mots dépassent sa pensée, débordent de sa lignée. Les Boswell… tu réfléchis. C’est vrai que le terme de famille maudite était parvenu à tes oreilles. Tu n’y crois pas, à ces choses-là. Même si tu devrais, au fond. Car si Zephyrus est maudite, alors tu es dans un piège héréditaire. Être de sang-pur ne peut qu’être malédiction. Finalement, son sarcasme légendaire te rappelle à l’ordre et tu ne peux t’empêcher de rétorquer avec une fausse indignation.

— “J’étais pourtant sûre que tu dirais oui sans réfléchir !” Tu arbores un rictus que quelques secondes avant de retrouver l’expression mélancolique qui te définit si bien.
— “Je ne veux pas épouser Alice. Et encore moins t’épouser ! Tu te rends compte ? Je devrais te supporter au quotidien, et tu serais capable de m’assassiner dans mon sommeil.”  Tu lèves les yeux vers le ciel. “Aucune femme ne me convient si elle n’est pas capable de me calculer la trajectoire elliptique des planètes les lois de Kepler.”  Soudain, c’est un sourire sincère qui éblouit ton visage. “Alice le saurait, elle, mais seulement parce qu’elle lirait la réponse dans ma tête. Cette sale peste.”

Finalement, tu ramasses ton sac quand elle revient sur les Renards et les Corbeaux. En pensant te t’orienter sur un conseil qu’elle pensait aviser, elle ne faisait que épaissir le mystérieux brouillard qui vous séparait. Tu ne souris plus, tu parais presque froid et distant face à son assurance.
Tu ne supportais pas son petit manège. Tu n’aimais pas être pris de haut, et encore moins être sous-estimé. Si elle pensait une seule seconde qu’elle te tenait à la laisse, elle se trouvait être une brebis bien trop égarée. Pendant un instant, tu te demandas si votre relation ne se basait pas uniquement sur un duel d’ascendance constant, à qui aurait le dessus sur l’autre, à qui baissera sa garde en premier pour laisser une chance à l’autre d’apercevoir une once de faiblesse.

— “Je ferai attention alors.”  Tes paroles sonnent fausses. Tu vas dans son sens uniquement pour ne pas la froisser. Mais ce n’est pas ta personnalité. Tu préfères en rester là pour le moment.
— “Peut-être que c’est toi qui devrait te méfier, Zephyrus Boswell. On dit que j’apprends très vite..”  Tu te rapproches pour susurrer à son oreille. “.. alors prend garde à ce que je ne sois pas déjà proche de la ligne d’arrivée. Car je cours, j’arrive. Et quand je serais réellement face à toi, tu ne pourras plus revenir en arrière. Je ne pourrais plus revenir en arrière. ” Tu tournes les talons, ayant rassemblé toutes tes affaires.

Tu empruntais déjà le chemin pour te ramener à Poudlard.
—  “Nous ne pourrons plus revenir en arrière.”