Neptune avait toujours aimé courir. C’était difficile de faire mieux, comme défouloir, et puis, il y avait tout le sens métaphorique, s’enfuir de sa vie, s’éloigner de ses problèmes, tout ça, qui plaisaient pas mal à son âme d’artiste. Iel s’était senti libéré quand, en première année, iel était arrivé à Poudlard et - miracle! - personne pour l’empêcher de sortir dans le parc immense pour courir tout son saoul à 6 heure du matin. Dans sa famille, il fallait toujours se tenir bien droit, ne pas sortir de table avant que tout le monde ait fini son dessert, voir, même, que les parents aient fini leur café et les enfants leurs gaufrettes goût carton lors des déjeuners du week-end, et, surtout, on ne pouvait pas sortir seul dans la rue, et quand on était dans la rue, il fallait marcher, ne pas aller trop loin. Ses soeurs, elles, étaient bien éduquées, elles ne couraient pas, elles marchaient bien au pas. Elles savaient bien faire. Neptune, iel était toujours dans le chemin.
Alors, depuis qu’iel le pouvait, depuis qu’iel était arrivé à Poudlard, Neptune courait, tous les matins, iel qui n’aimait pas la routine, c’était la sienne. Ce qu’iel préférait, c’était l’hiver, quand iel courait dans la neige, avec le crissement de ses pas et le vent qui lui battait le visage. Iel ne courrait jamais exactement au même endroit - c’était un luxe qu’iel pouvait s’octroyer, le parc de Poudlard étant si vaste. Et de temps en temps, par hasard, iel croisait Fallen, la belle Gryffondor qui l’avait fait rougir pendant plusieurs mois.
Et puis, tous les habitants de Poudlard furent envoyé à Caslte Combe, et malgré les circonstances, Neptune était ravi d’avoir de nouveaux paysages à découvrir dans sa course matinale. Ce matin-là, iel était arrivé jusqu’à l’orée de la forêt, et appréciait le chemin malgré l’obscurité encore bien présente, renforcée par un brouillard à couper au couteau. Il y avait des tas de bruissements et de pépiements étranges, signalant la présence des habitants de la forêt. Iel apperçut d’ailleurs un point coloré sur le bord du sentier, un peu en contrebas, et plissa les yeux. Un boursoufflet? Ou un étrange oiseau bleu? Ou un…
BAM!
Neptune était tout à coup sur les fesses, avec une sourde douleur au front. Ben tiens, c’est malin. Etait-iel rentré dans un arbre? Iel était vraiment pas doué parfois. Mais à travers les trente-six chandelles et le brouillard, iel remarqua une silhouette en face d’iel. Iel se releva tant bien que mal, et tendit la main à l’inconnu.
“Désolé pour le coup de boule, promis, c’était pas prémédité, je suis sûr que tu es une personne super qui ne mérite pas de mourir d’un traumatisme cranien. Moi c’est Nep…” Iel reconnut alors l’inconnu - qui était une inconnue. Fallen. Ben tient iel pensait justement à elle tout à l’heure. Iel était bien content que sa vue ait arrêté de lui faire battre le coeur plus fort depuis un moment. Là, iel se contenta de sourire un peu plus, et de continuer. “Neptune. Enfin, tu m’connais un peu quand même, on partage une salle commune depuis quatre ans. Je vois que t’as pas abandonné malgré le changement de paysage, tu cours toujours le matin!”