Trace ta route, péon.

CALVAGH Ó GRIFFIN

Vous vous retrouvez face à un épouvantard, et vous vous rendez compte que vous avez oublié votre baguette — heureusement, vous avez votre cerveau et vos jambes. Que faites-vous ? « Ahahahah. Non. Non. A plus. » La fuite est parfois la plus honorable des solutions. Même lorsqu'il s'agit de se ridiculiser en courant comme un dératé tout en tentant de garder ce qu'il reste de crédibilité, en s'abstenant de hurler comme une fillette.

Vous avez déçu votre baguette qui a décidé de ne plus vous obéir et qui n'en fait plus qu'à sa tête. Que faites-vous ? Calvagh a une confiance absolue en sa baguette et en général, elle le lui rend bien. Alors par la simple addition de a + b, il en déduira que c'est vous, vous qui passez innocemment dans le coin, la source de ses problèmes. Vous avez une influence très négative sur les baguettes des inconnus et c'est très malpoli, on ne vous l'a jamais dit ? Ne vous inquiétez pas, Calvagh s'en chargera à grand renfort de regards qui vous donneront envie de vous transformer en souris. Et peut être même qu'il exaucera ce souhait.

C'est enfin les vacances d'été ! Vous êtes prêt à partir dans le sud de la France avec vos amis, mais votre père s'est cassé une jambe et vous demande de travailler pour lui à sa boutique de balais magiques. Quelle est votre réaction ? Des amis ? Pour quoi faire ? Quand bien même il aurait des personnes pouvant qualifier de tel, la famille passe avant tout et Calvagh est tellement à cheval sur ce principe que si un tel scénario se présentait, il se ferait gronder par sa grande sœur qui aurait tôt fait de l'expédier par le premier train -magique ou non- qui passe.

Vous êtes en cours de potion, et la potion du jour explose à la moindre maladresse. Vous avez soudainement un trou de mémoire vis à vis du prochain ingrédient, que faites-vous ?
Il regarde la recette. Mais pour qui le prenez-vous ?

histoire

- Calvagh, espèce de petit cachottier !

Sentant le vent tourner, la petite tête rousse de sept ans lâcha précautionneusement son livre déjà bien volumineux pour son âge. Avec raison, car lorsque sa sœur de neuf ans son aînée débarqua dans la petit pièce, elle ne manqua pas de se prendre les pieds dans la table basse, renversant tout ce qui se trouvait dessus par la même occasion, dans un grand fracas. Étalée sur la moquette brune de la bibliothèque, la jeune femme ne tarda pas à se remettre sur pied, époussetant sa robe avant de darder un regard pétillant sur son jeune frère.

Aina était le jour tandis que Calvagh représentait la nuit. Étincelante d'une joie sincère, le rire fort et bruyant, sa grande sœur bénéficiait d'une grande popularité et était appréciée de tous. De taille moyenne, elle avait les mêmes yeux émeraudes et cheveux roux feu que son jeune frère, qu'elle portait élégamment en coiffure sophistiquée -bien trop pour que ce dernier ne se penche sur sa confection, soit dit en passant. Un nouveau cri de sa sœur le projeta hors de ses réflexions.

- Il parait que tu fais de la magie ? DE LA M-A-G-I-E ! Mais c'est formidable !

Calvagh se dodelinait mollement sur sa chaise, l'air gêné, le regard soudain étrangement absorbé par la contemplation de la moquette sur laquelle sa sœur s'était écroulée peu de temps avant. Il murmura quelques mots inaudible, qui attisèrent l'intérêt de sa tornade de sœur, lui clamant de se répéter, toute joie qu'elle était.

- Je suis désolé...

Le jeune sorcier reprit la contemplation du sol, l'air sincèrement coupable. Le sourire resplendissant d'Aina perdit peu à peu de son éclat. Les sourcils froncés devant l'air grave de son frère, elle lui releva doucement le menton, plongeant leur regard jumeau l'un dans l'autre.

- Pourquoi ?
- Ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste envers toi. Je n'apprendrais jamais la magie.

Avec lenteur, la jeune femme relâcha son frère, qui continuait de l'observer de ses yeux verts. Elle sembla cogiter quelques instants. Dans un mouvement qui fit sursauter Calvagh, elle claqua les joues de son frère dans ses paumes, dans un geste qui lui fit monter les larmes aux yeux. Elle revêtit son sourire -le plus beau de tous, selon Cal.

- Écoute moi bien, petit frère. Je suis née sans magie. Cracmol. Appelle moi comme tu veux. C'est la vie. Est-ce que j'en suis malheureuse ? Eh bien oui, parfois je regrette, quand je me dis que je pourrais transformer en danseuse-tutu ceux qui t'embêtent.

Cette réflexion fit pouffer de rire Calvagh, qui prit un malin plaisir à s'imaginer ses bourreaux quotidiens revêtus d'habits de danseuses. Lui pinçant les joues -désormais rouges- avec douceur, Aina reprit.

- Ne dit plus jamais que tu ne veux pas apprendre la magie. C'est un don qui t'es offert ! Je suis tellement fière de toi. Papa et maman sont tellement fiers de toi aussi. Et tu sais ce qu'il me rendrait plus fière encore ? Que tu maîtrises ce don, et que tu deviennes un grand sorcier. Pour moi, pour notre famille, mais surtout pour toi petit frère.

Sur ces mots, Aina prit Calvagh dans ses bras, qui lui rendit son étreinte. Ce jour là, il se fit une promesse : jamais il ne décevrait sa sœur. Il donnerait le meilleur de lui, et deviendrait un sorcier digne de porter le même nom qu'elle.


Les années passèrent en douceur, au gré de ses lectures et expérimentations, au gré des éclats de rire de sa sœur, émerveillée par sa magie grandissante. Puis vint le jour où il fut convoquer à Poudlard. Il se souvient vaguement qu'elle pleurait de joie ce jour là, en chœur avec sa mère, tandis que son père se moquait gentiment d'elles. Puis vint le jour où il partit de la maison, le cœur un peu lourd malgré son visage fermé, mais avide de faire ses preuves.

Il grandit. Les années coulèrent doucement, tandis qu'il s'abreuvait de connaissances, déplorant ses camarades qui pour la plupart préféraient s'amuser que de faire bon usage de leur don. Ils ne se rendaient pas compte à quel point ils avaient de la chance, eux. Ils ne se rendaient pas compte que la magie qui étaient facilement à leur portée, qu'ils négligeaient parfois, semblait tristement inaccessible aux yeux de sa sœur. Il garda bon contact avec elle et sa famille, échangeant régulièrement des lettres.

Coucou frérot !

J'espère que tout se passe bien par chez toi, dans tes contrées magiques remplies de créatures fantastiques !! Quoique je crois me souvenir que depuis que je t'ai fait regardé un fameux film dont je ne citerais pas le nom, tu as quelques sueurs froides à la vue des dragons, ahahah. En même temps, comment j'étais sensée savoir que ton école organisait des COURSES DE DRAGONS ? Oh mon dieu ça doit être tellemeeeeent formidable !!! J'ai enfin fini de rembourser ma maison à Londres, c'est génial ! J'espère que tu passeras nous voir, Charles et moi, lorsque ton emploi du temps te le permettra. Je suis sûre qu'il te plaira beaucoup... Euh. Enfin j'espère. Ah, je suis certaine que tu fronce les sourcils et fait une grimace en lisant ça ! Je te pince les joues manuscritement frérot (eh oui, on a pas tous la chance d'avoir des lettres magiques, hein !). J'écris j'écris, et j'ai l'impression de ne pas te dire le plus important. Tu vas bientôt avoir un neveu ou une nièce !!! Ohlala, je suis tellement excitée. J'aurai préférée te le dire en face mais je ne peux pas attendre ! J'ai hâte ! On ne sait pas encore si ce sera une fille ou un garçon mais on se prépare à l'adorer. J'ai déjà préparer une liste de prénoms !! Et je veux ton avis, tu n'y échapperas pas ! Oh, et je continue d'écrire et d'écrire, mais l'échoppe ne va pas se tenir toute seule.

Porte toi bien Cal, je te passe de gros bisous de la part de papa et maman. Et essaye de te sociabiliser un peu plus, je t'en supplie ! Je rêve un jour que tu me présentes une jolie demoiselle... Mais je rêve sans doute trop !!

Baveusement et amoureusement,
Ta soeur préférée.

Aina,

Félicitation à toi. J'espère que toi et ton mari vous portez bien, passe le bonjour à nos parents de ma part.

Tout va bien de mon côté, je suis en train d'étudier un sujet particulièrement prenant concernant les pathologies externes causées par des sortilèges occultes ou des plantes magiques, ça me prend du temps mais c'est vraiment très intéressant. Je développerais avec joie, mais je te sens déjà en train de t'endormir sur ma lettre.

Bonne continuation à toi, tous mes voeux de bonheur,
Calvagh

PS : Je n'ai absolument aucun soucis avec les dragons. Aucun.

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