time to wake up the kraken ▬pv. joyce

Les cours étaient finis pour aujourd’hui. Zachary avait encore un peu de temps devant lui avant de se décider à aller chercher Pixel pour voir si celle-ci se nourrissait correctement ; elle avait la fâcheuse habitude de sauter les repas pour pouvoir dormir plus longtemps. Et ça n’était pas bon, pour une jeune fille en pleine croissance, il le lui répétait souvent. Ca l’irritait un peu, à la longue, qu’elle n’en fasse qu’à sa tête sur ce point, parce qu’il savait qu’elle pouvait être docile quand elle le voulait. A croire qu’elle le faisait exprès.

Enfin bref, il était là, assis au bord du lac, les yeux fixés sur sa surface. Perdu dans ses pensées, il attrapa un caillou et le jeta mollement, créant des rides et ondes sur l’étendue d’eau. Puis un autre caillou jeté, brisant le reflet du ciel. En cet instant, il n’est qu’oisiveté et paresse, attendant simplement que le temps passe. Désœuvré. Après quelques minutes passées à contempler la possibilité de s’activer, il bondit enfin sur ses pieds, passe sa main sur son visage, et cligne des yeux plusieurs fois pour se réveiller. Nonchalamment, il ramassa d’autres pierres, relativement lisses et plates, et se mit à les jeter énergiquement, son poignet décrivant une courbe. Pourtant, ça n’avait pas l’air suffisamment aérodynamique, puisque les ricochets ne franchissaient pas la barre des deux rebonds.
Sourcils froncés, concentré, il lançait sans relâche ses cailloux, prenant le risque de se trouver rapidement à cours de munitions. Hey, la baguette magique est là pour ça ; un accio et c’est réglé. Surtout que ses efforts commençaient à payer, et que les résultats s’amélioraient peu à peu. Un rictus fier étira ses lèvres. Il ne faisait même plus attention à ce qui l’entourait. La fin de journée était belle, et il n’était sûrement pas le seul élève à traîner dehors avant le repas.

Le seul élève, ou la seule créature d’ailleurs. Ne dit-on pas que des êtres dangereux rôdent dans le lac ? Haha.

« Ouch. »
Il ne l’avait pas senti venir, celui-là ; par réflexe, l’onomatopée franchit ses lèvres, au même moment qu’il se tournait pour vérifier la provenance du projectile, sur ses gardes. Il se détendit bien vite en avisant Joyce, accompagnée de son énorme sac, et d’une odeur ambiante pour le moins spéciale.

« Ben alors ? T’as oublié de prendre un bain ? » demanda-t-il, sourcils haussés, désormais désintéressé du lac, de ses cailloux, et de celui de son amie, qui semblait continuer ses rebonds sur la surface de l’eau. Puis il cessa définitivement de porter tout l’intérêt qu’il avait un peu plus tôt pour les ricochets lorsque la demoiselle fit mention d’un plan. Toute ouïe, il s’avança vers Joyce et attendit curieusement qu’elle daigne ouvrir son sac. Au fur et à mesure des explications qu’elle lui donnait, les yeux de Zachary s’écarquillaient. C’était une idée du tonnerre, et ça ne pouvait que fonctionner ! Un large sourire éclaira ses traits.

« Beau travail ! On remerciera ta mère ! » s’exclama-t-il d’un ton enthousiaste, en observant le contenu du sac. La détermination au fond du regard, il releva les yeux vers Joyce. « Et puis tu sais quoi, avec ça je suis sûr qu’on va y arriver. On n’est pas n’importe qui. » et la fierté résonnait dans sa voix. D’un bon, il se remit sur pieds et se rapprocha du bord du lac, espérant naïvement en voir le fond en se penchant. A vrai dire, même si la demoiselle avait soulevé le problème en riant, Zachary réfléchissait sérieusement à la question de l’interdiction de la chose. Était-ce mentionné dans un quelconque règlement ? Non. L’accès au lac était-il prohibé ? Non plus. De ce fait, encouraient-ils des réprimandes ? Logiquement non, pas vrai ?

« Ça peut pas être interdit, de réveiller le monstre. C’est un service rendu. Quand t’arrives pas à te réveiller le matin, tu remercies tes potes qui t’empêchent d’être en retard tu vois ? Là c’est la même chose ; on rend service à Davy Jones. » termina-t-il tranquillement en affichant un air sérieux, en parfaite contradiction avec ses yeux rieurs.

Distraitement, son air paisible toujours bien accroché à son visage, il se remit à lancer des cailloux. Tricher ? Quelle importance. Tout le monde triche. La magie, c’est de la triche en premier lieu, voilà ce qu’il pensait. Il haussa les épaules.

« C’est pas important ça. » lâcha-t-il, avant de se figer et de se retourner vers Joyce. Il la saisit par les épaules, et planta ses yeux dans les siens. « On ne réveillera pas le kraken sans tricher ! Amplificatum ? » proposa-t-il, l’air grave, en sortant sa baguette. Tant qu’à faire quelque chose d’énorme, autant le faire bien.

Le jeune homme haussa les épaules, adoptant une attitude désinvolte, bien que les étoiles qui brillaient dans ses yeux trahissent son état d’euphorie actuel. Que Joyce approuve son idée lui donnait confiance en son plan ; et il n’y avait aucun doute à avoir. Ça marcherait.
Et même si ça ne marchait pas, ils auraient fait une bonne action, en nourrissant les créatures qui habitaient le lac, non ?
« Dans tous les cas, ça pourra s’arranger. Si ce que ta mère a envoyé ne fonctionne pas, on pourra toujours nettoyer le lac vite fait bien fait. Et sinon, ça se fera manger par autre chose. Il me semble qu’il n’y a pas que le gros poulpe, là-dedans. » annonça-t-il d’un ton calme, en agitant sa baguette, toujours concentré sur le plan qu’ils mettaient actuellement en œuvre. Il prononça à son tour le sortilège d’amplificatum, et quelques mollusques et autres fruits de mer prirent une taille déraisonnable. Satisfait, il se redressa, et adressa un signe victorieux à Joyce, comme pour la féliciter. Elle aussi avait réussi sans difficultés à augmenter la taille des bêtes marines ; ils pouvaient donc passer à la phase #2.

« Euh ouais, j’veux bien commencer. » lui répondit-il, avant de lancer d’un geste souple mais mesuré un sortilège de lévitation à une des carcasses. Il stoppa son paquet au-dessus de l’eau, et jetant un œil à Joyce, il poussa un soupir discret. « Tu veux qu’on jette les appâts en même temps ? »
C’était sans doute plus sympa comme ça. D’ailleurs, une question trottait dans sa tête depuis quelques secondes ; vaudrait-il mieux laisser tomber la nourriture de haut, à grand fracas et dramatiquement, au risque de produire des vagues, ou bien les glisser en douce dans l’eau ? Incapable de trancher quant à la meilleure façon de réveiller l’hôte de ce lac, il haussa les épaules. Au final, il n’aurait qu’à se calquer sur le choix que ferait Joyce, faisant confiance à son instinct.

Lorsque la nourriture entra en contact avec la surface du lac, Zachary retint sa respiration, jusqu’à ce que l’animal disparaisse dans les profondeurs de l’eau. L’espace de quelques instants, le silence se fit, perturbé uniquement par le vent dans les branches des arbres alentours. Enfin, le Serpentard reprit son souffle, et se tourna vers son amie, sur le point de proposer de continuer, lorsqu’une bulle remonta à la surface et éclata délicatement, produisant des rides sur l’étendue du bassin. L’air interdit, le brun jeta un œil à Joyce. Il ne voulait pas avoir de faux espoirs, mais…

Le Serpentard fixa quelques instants le lac, tentant d’en sonder les profondeurs du regard, puis poussa un bref soupir. Il haussa les épaules.

« Je sais pas vraiment. Le temps qu’il réagisse, qu’il s’étire, qu’il ouvre les yeux, et cetera. Tu prends combien de temps pour te réveiller toi ? » lança-t-il, en réalité peu préoccupé par la conversation.

A vrai dire, la question n’attendait pas vraiment de réponse. Le jeune homme souhaitait simplement trouver une excuse à la lenteur que le poulpe avait à se manifester. Il existait des gens qui, cinq secondes après que leur réveil ait sonné, se sentaient d’attaque à démarrer la journée, tandis que d’autres se prélassaient longuement avant de se décider à enfin mettre un pied dehors. Forcément, après sa longue période d’hibernation, le kraken n’allait pas se révéler à grandes vagues et coups de tentacules. Il faisait sans doute partie de ceux qui ont besoin d’un petit temps d’adaptation, voilà tout.
… Oui, enfin, Zachary avait beau essayer de se rassurer comme il le pouvait, la créature ne se laissait pas moins désirer. Accroupi au bord du bassin, il observait d’un air sceptique les ondulations et rides du lac, tout en jetant un coup d’œil à Joyce à intervalles réguliers. Finalement, il ramassa un caillou et, se redressant, il le fit rebondir sur la surface du lac.

« On bouge ? Je pense pas que ça serve à grand-chose de rester ici à se regarder dans le blanc des yeux et à attendre que quelque chose se passe. » dit-il en s’étirant, l’air de rien. Joyce devait avoir d’autres choses à faire, et si lui-même se permettait quelques instants de répit, il n’était pas non plus libre de toutes responsabilités. Bien qu’il ne montra pas sa frustration, ses yeux disaient clairement à quel point il était déçu.

Tournant le dos au lac et son eau dormante, Zachary attendait que son amie ait récupéré toutes ses affaires afin de retourner au château. Il haussa un sourcil, une moue sceptique se peignant sur son visage lorsque Joyce fit remarquer qu’ils auraient de quoi se nourrir pendant un moment avec les fruits de mer restants.
« Je mange pas ça moi. » fit-il en commençant à marcher, puisque la préfète l’avait rejoint. « C’est pas frais. » crut-il bon de préciser, les lèvres pincées à l’idée de se retrouver avec ce genre de choses dans l’assiette.

C’est alors que l’impensable se produisit.
Ils ne l’avaient pas remarqué immédiatement, abattus par leur défaite et ignorant désormais le calamar et son habitat. Mais un gémissement venu des profondeurs attira leur attention. L’esprit soudain alerte, Zachary avait regardé Joyce, pour vérifier si elle aussi pensait à la même chose que lui. Craignant cependant une nouvelle fausse joie, il s’était retourné prudemment, pour constater avec satisfaction que l’eau du lac tremblait, de minuscules rides se formant à la surface. Signe que quelque chose d’énorme, quelque chose qui dépassait leurs espérances se réveillait.
L’incrédulité de Joyce le ramena sur terre. Il étouffa un ricanement, pouffant de rire au surnom que la demoiselle venait de donner à leur nouvel ami. « Paul-Henry. » C’était sans doute sorti tout naturellement, vu l’assurance dans sa voix ; aussi Zachary hocha vivement la tête. Ce patronyme semblait soudain parfaitement adapté pour le kraken. C’était adopté. Reprenant son sérieux, il fit de son mieux pour ne pas exploser de rire tout en posant sa question.

« Tu crois que Paul-Henry a encore faim ? Il a dormi pendant longtemps, non ? » demanda-t-il, en s’approchant doucement du lac. Il attrapa la manche de Joyce, pour qu’elle l’accompagne jusqu’au bord. Il espérait franchement pouvoir avoir un aperçu de la créature que l’on disait majestueuse, qui émergeait d’un profond sommeil. Ne disait-on pas également qu’elle était dangereuse ? Peu importait, en réalité, tandis que le Serpentard scrutait les profondeurs, à la recherche d’un mouvement de tentacule, dans l’attente d’un nouveau gémissement ; tout était bon à prendre pour confirmer leur victoire.

time to wake up the krakenl

Zachary H. Owen

Joyce Fitzgerald

Maintenant elle hésitait à la meilleure des réactions à avoir face au réveil du kraken, face à Paul-Henry. Réveiller un animal normal, pourquoi pas. Mais réveiller un calamar géant qui plus est dont le lac se trouve dans la périphérie de l'école ? C'était un poil plus compliqué. Effectivement, comme l'avait dit Zachary aucun point dans le règlement interdisait les élèves d'essayer de briser l'hibernation de la bête. Mais peut être qu'il n'y avait rien parce que les représentants supposaient que jamais ils n'y arriveraient ?

« Peut-être qu'il dormait la bouche ouverte et donc il se nourrissait pendant son sommeil ? » Haussement d'épaule. C'était encore une fois l'une des réflexions des plus idiotes que la préfète venait de sortir.

De nouveau, comme si elle n'avait jamais prononcé ces mots, Joyce suivait son ami vers le bord du lac. Mais finalement, pour y appuyer les dires de son ami, elle balance l'ensemble des restes de crustacés. Déjà parce que cela éviterait toute odeur qui indisposerait le dortoir, bien que l'envie de les mettre sous le lit de Rosabel était à son comble, mais surtout si Zachary avait raison. Paul-Henry n'aurait pas besoin de beaucoup d'effort pour trouver un peu de nourriture.  

« Je ne veux pas passer pour ce que je ne suis pas, mais je te propose de l'abandonner là et de retourner à nos occupations. Je veux dire, on peut pas faire grand-chose pour lui maintenant. »

Disons surtout qu'elle n'avait jamais étudié les calamars. C'était un peu le genre d'animal qui ne la fascinait pas. Joyce c'était renseignée pour savoir quoi apporter à manger, mais ses maigres connaissances s'arrêtait à ce stade finalement. Et sans vraiment savoir pourquoi, l'instinct de la préfète lui criait que ce n'était pas très raisonnable d'attendre le réveil total de Paul-Henry.

HRP: