( bow down ) // adélice

Il y avait les billets glissés par dizaine dans sa culotte, le regard avide d'hommes trop gras, l'odeur de sexe saturant l'air.
Une paire de jambes glissant le long d'une barre métallique, un soutien-gorge jeté à la foule, et les yeux d'une gosse effarée observant sa mère faire son métier.
Elle n'a jamais eu le temps d'être innocente, au final. Elle avait déjà tout vu, trop tôt, trop de fois. Elle connaissait la sale réalité dans ce monde de faux-semblants, le regard d'une personne désespérée pour un peu d'argent, ces femmes baisées trop de fois qui sont dépourvues de sentiments, et tout ce qui pullule dans les entrailles de notre planète.
Alors, en grandissant, son petit cerveau encré dans cette triste réalité, se remplit de rêves peu commun : elle voulait offrir à sa mère, la femme qui ouvrait ses jambes pour leur procurer de quoi subsister, le monde à ses pieds.
Un monde où elle serait reine, un monde où les hommes qui la baisait courberaient le genoux devant leur souveraine, un monde où toutes ces femmes qui la traitait de pute seraient ses chiennes.  
Plus l'idée agitait ses pensées, plus le désir se faisait sentir ; alors Adélice, du haut de ses dix pauvres années, s'attela à dominer le monde.

La magie lui était toujours apparue comme une chimère. À dire vrai, durant son enfance, elle n'en avait pratiquement jamais entendue parler, et une telle chose semblait trop belle pour exister. Et Dieu savait à quelle point Adélice haïssait les belles choses.
Pourtant, lorsqu'un beau jour, un homme présentant des traits fortement semblables aux siens apparut dans sa vie et clama pratiquer la magie, un doute se creusa dans sa poitrine.
Après plusieurs visites de ce personnage incongru, ce ne fut pas véritablement un choque d'apprendre qu'il s'agissait de son père. Ses yeux ne loupaient pas l'amour et l'amertume emplissant le regard de sa mère en la présence de cet inconnu.
La nouvelle ne lui fit ni chaud, ni froid ; elle ne pouvait s'attacher à un père lui ayant faussé compagnie plus de la moitié de sa vie. Encore moins un crétin prétendant être un sorcier.
Cependant, après maintes preuves de sa part, force fut d'admettre que le crétin en question disait vrai. Et cette nouvelle là, en revanche, stimula considérablement son intérêt. Un nouveau monder s'ouvrit à Adélice, mais quelle ne fut pas sa déception en s'apercevant que, malgré toute la magie le caractérisant, il s'avérait tout aussi pourri à la moelle.
Et c'est avec un entrain particulièrement cruelle que sa décision fut prise ; ce monde aussi, Adélice le mettrait à ses pieds.


Poudlard. La laideur de ce nom l'avait toujours marquée.
Mais pourtant, la voila, arpentant les couloirs de cette école, sous l'appui d'un père un peu trop envahissant. Elle n'y aurait certainement pas poser un orteil, si sa mère ne l'y avait pas contrainte.
Tu auras un plus belle avenir là-bas qu'avec moi.
Adélice aurait voulu lui dire que son avenir était depuis toujours dédié à lui bâtir un empire.