criss Ϟ leo lévesque

leo lévesque Ϟ  

Ϟ caractère
Une pureté sombre qui s’efface par son silence et sa subtilité. Leo Lévesque est serein - il ne dit rien. Il se contente des aléas de la vie à Poudlard et se ravie de sa solitude. Il ne rejette personne, ne va vers personne, ne déteste personne, n’aime personne. À l’égard des ébats sexuels et des baisers enflammés, il se contente de vivre entre la poussière et les livres de l’école. Pour lui, il n’a pas plus grande satisfaction que bouquins après bouquins. La virginité du papier n’étant plus, il performe la plus belle de ses nuits à entrelacer le bout de ses doigts sur chaque page qu’il retourne avec délicatesse. Dans les dortoirs, dans les toilettes, dans un coin d’une classe, il n’y pas un endroit où il ne l’a pas fait. Toujours entre la discrétion et la jouissance, il peut y passer des heures et des heures. Leo n’est pas timide. Leo n’est pas introverti. Il possède tout simplement cette paresse au niveau du développement d’une quelconque relation par manque d’intérêt. Du temps, de la salive qu’il préfère limiter pour imiter les voix des dialogues de son nouveau roman ou demander un autre livre à la bibliothèque ou la librairie. Individualisme certes, mais paradoxalement il n’a aucune contrainte à partager ses notes, à aider les autres – ce qui se ramène énormément à dire qu’il donne ses notes puisqu’il arrive difficilement à mettre en parole ses pensées.

Le plus frustrant c’était de le communiquer. Un accent difficilement compréhensible, avec un vocabulaire délaver, c’était ses origines qui faisaient à nouveau surface. Le Québec, limite il s’agissait pour la majorité des élèves à Poudlard d’un igloo flottant au Nord du Canada. Leo en avait marre d’expliquer à chaque personne qui lui souriait lorsqu’il lui demandait d’où venait son accent. Il en avait marre qu’à chaque fois qu’il a ouvert la bouche quelqu’un pouffe de rire comme s’il venait de raconter une blague inattendue. Mais Leo il s’en fou. Il s’en fou. Il s’en fou. Il s’en caliss. Mais au final il dit ça pour se rassurer. Il trouve l’excuse de « j’économise ma salive et mon temps » pour enterrer ce fardeau.

Ϟ histoire

« C’parce qu’tu l’aimais pas c’est ça Leo ? »

Non m’man.

« Leo quand j’te parles ! C’pas parce qu’elle a l’cancer pis qu’elle est chauve comme M.Net que c’pu ta grand-mère. Tu vas prendre ton courage à deux pis tu vas aller la voir. P’têtre que pour toi tu la considères pu comme d’la famille, mais tu sais bin qu’elle t’aime. »

M’man elle comprenait pas. C’pas parce que je l’aimais pas, que je l’aimais plus, que c’était pu pour moi de la famille. C’est parce que j’aimais pas la voir souffrir, j’suis faible pis tapette comme ça, j’retiens ça d’mon père. En fait dans famille la personne avec le plus de couilles c’est bin ma mère. Je l’aime ma mère parce que quand elle parle et quand elle te dit les vraies affaires, a niaise pas.

Mes parents ont toujours respecté c’côté renfermé que j’avais. J’étais pas un gros trouble dans famille et j’nécessitais peu en attention, pas comme ma p’tite sœur. Mais j’men foutais pas mal et encore. Elle en avait plus besoin que moi et j’étais prêt à lui céder la mienne. Quand mon père ou ma mère voit que j’fais un sacrifice de plus en me retirant pour qu’ils s’occupent de ma sœur, ils me récompensent avec cette p’tite phrase : « Dès qu’on aura fini avec Sophie on ira t’acheter un livre ou deux. » On habitait Hochelaga et même si ma famille était pas considéré comme « pauvre » on vivait au maximum de nos capacités avec le revenu d’mon père et celui d’ma mère.

La vous vous d’mandez : « C’est quoi l’rapport avec sa grand-mère ? » Bin j’y arrive. Justement, ma mère, mon père, ma sœur, mais y avait aussi ma grand-mère dans l’décor de notre famille. Pas juste parce qu’elle était la mère de ma mère, mais parce que c’était ma meilleure amie avant les livres. Elle, elle en avait du savoir pis elle en a vue des guerres avec ses yeux plissés. Quand j’lui parlais ou j’lui posais des questions elle savait toujours quoi m’répondre. Elle m’amenait à bibliothèque du coin pis on pouvait passer des après-midis là-bas. C’que j’savais pas c’était que son état se détériorait pis elle me l’avait pas dit. C'était des choses de magie, des choses qui roulaient dans la famille et qui roulaient dans son sang. Elle en avait pas honte pentoute, c'est juste qu'elle s'est trop attachée à la vie de moldu - la preuve, elle en a épousé un. Pis c'quelle avait c'était pas rien justement. La chimio ou peu importe le type de rayon x ou de thérapie, y avait rien à faire. C'était une maladie magique, qui laissait les personnes mourir sans souffrance, mais qui limitaient leur espérance de vie.

C’était l’hiver québécois, le typique hiver qui prend cinq mois à terminer quand t’apprend à l’école que ça en prend juste trois t’a envie de leur rire dans face. J’me souviens du monde avec leur grand foulard, leurs bottes pis toute le kit de neige où tu prenais deux heures à t’habiller pour pouvoir à peine bouger. On rentre en classe pis déjà la prof veut que je sorte pour aller voir le directeur. J’partais vers son bureau avec l’idée que j’avais fait rien de mal, mais bon, pourquoi pas. Il m’a dit assied toi mon grand, il faut qu’on parle. Y avait rien à parler, juste m’annoncer que ma grand-mère était à l’hôpital et que ma mère venait me chercher pour aller la voir. J’tremblais. J’savais pas si c’était l’froid, si c’était la nouvelle ou si c’était l’trac de la voir souffrir qui m’faisait trembler. Elle est venue, on a été la voir pis je suis resté un deux minutes avant de m’enfuir dans les toilettes pour vomir. J’aimais pas l’endroit, j’aimais pas l’odeur et j’aimais définitivement pas voir ma grand-mère comme ça. Elle voulait pas aller dans l'monde magique se faire soigner, de toute façon la seule chose que ça lui ferait ça serait de respirer plus longtemps, pis j'savais que de s'voir comme ça elle aimait pas pentoute. Elle préférait mourir dans l'monde normal comme on dit.

Pis on en est là. Ma mère qui me demande d’aller la revoir avant qu’elle parte. Et sauver par le téléphone, c’était tout l’contraire pour ma grand-mère. Morte. Elle était morte et moi j’étais parti. C’était encore l’hiver ou du moins, pis j’courais comme un mongole sous la neige à pleurer et à chercher mon souffle. J’tombe. Une madame s’arrête pour voir s’y j’suis correct. Je lui fais un signe de s’tasser parce que j’ai besoin d’air. J’meffondre dans la neige et dans l’froid pis ma mère vient me chercher sans rien dire. J’avais des regrets qui s’plantaient dans mon cœur comme c’pas possible. Caliss de tabarnak d’osti d’criss de con que j’étais.

Depuis s'temps là je suis gynéphobe. J'ai bin d'la misère avec les personnages âgées. J'en ai pas peur, j'ai juste l'anxiété du moment qu'javais eu avec ma grand-mère. Pis disons qu'à Poudlard c'est bin difficile des fois d'les éviter. Poudlard c'était c'que me léguait ma grand-mère. Mon matériel, mes manuels, ma baguette, pas mal tout ce qu'il fallait pour pouvoir y aller. Parce que oui ma mère était sorcière et qu'ma grand-mère aussi et comme elles j'allais faire partie d'un monde qui était bin loin du québec, bin loin de tout c'que j'pouvais m'imaginer.