Quatrième journée à Poudlard pour Antonin. Déjà.
C’était terrifiant. C’était terrifiant d’arriver dans un château si grand, ne connaître personne et de n’entendre que de l’anglais autour de soi. De l’anglais, et ces fichues (pour rester poli) expressions idiomatiques ou termes spécifiques qu’il ne parvenait pas toujours à comprendre. C’était terrifiant de voir autant d’élèves autour de lui. C’était terrifiant de se perdre dans les couloirs du château, d’arriver en retard en cours sous les regards des professeurs et des autres élèves et ne pouvoir marmonner qu’un « Je me suis perdu » dans un anglais plus ou moins net, les yeux baissés à cause de la honte et de la colère qu’il ressentait contre lui-même. Ce n’était pas qu’il faisait exprès le petit (pour une fois). Mais quand on ne connaît pas un lieu, bah..Et ce n’était pas le pire ! Le pire c’était les escaliers qui n’en faisaient qu’à leurs têtes et qui pouvaient l’emmener à un endroit ou bien son complet opposé ! C’était un asile de fous ! Alors il avait trouvé sa propre technique. Retenir au maximum les visages des gens de son année et de sa spécialité, les attendre pour le petit-déjeuner, et suivre le mouvement pour aller en cours. Ca marchait plus ou moins pour le moment. Bien sûr il faudrait qu’il apprenne à se débrouiller un peu plus tout seul, mais chaque chose en son temps. Déjà : ne pas détruire l’image de Beauxbâtons en passant pour un pauvre simplet en ratant ses actions magiques. Du moins essayer. (Bon il devait essayer deux fois plus fort parce qu’il fallait déjà comprendre ce que les professeurs disaient, essayer de le traduire vaguement en français, et ensuite essayer d’exécuter l’exercice. Ce n’était pas simple. )
Mais il survivait. Il y avait des bons côtés aussi. Le petit-déjeuner copieux, les tableaux qui parlaient, le dortoir de Serdaigle, les cours eux-même, le parc du château qui était assez chouette. Les montagnes au loin. Le lac aussi, dont Antonin avait entendu dire qu’il abritait un calmar géant. Ca devait être un sacré loustic le calmar, et il avait bon espoir de l’apercevoir avant la fin de l’année scolaire. (Ne pas détruire ses rêves, surtout pas.) Pour l’heure il montait les escaliers menant à la tour de Serdaigle d’un pas plutôt guilleret. Il avait un peu exploré le château après ses heures de cours et avait, mais oui, réussi à retourner seul à la tour. C’était cool. Premier achievement de la journée. Il avait même perdu un peu de son air renfrogné qui aux dires de pas mal de ses anciens camarades semblait être son expression de base. Il n’eut pas trop de difficulté à résoudre l’énigme pour pouvoir rentrer dans la salle commune ( autre succès), avec pour but de s’allonger un peu avant de repartir dîner. (Et foi d’Antonin Prevost, il y arriverait seul ! )
Sauf que. Il y eut un drame inattendu ce soir-là.
Péri, son petit Pérignon adoré, son compagnon furet de toujours, n’était pas sur son lit lorsqu’il arriva dans son dortoir. Balançant son sac sur son lit avec le manque de délicatesse qui le caractérisait, il se mit à fouiller le dit-dortoir, lançant parfois des «Péri ? » où l’inquiétude se disputait de plus en plus à l’irritation, sa voix atteignant des aigus hystériques.
Pour finalement ressortir du dortoir, paniqué, et de continuer ses recherches désespérées.
« Tu cherches Péri ? », fut ce qu’il entendit de la bouche d’un de ses camarades Serdaigle – dont le nom lui était inconnu pour le moment- qui le croisa en sens inverse, et il hocha la tête. (Bénie soit la communication non-verbale et universelle.)« Je crois que je l’ai vu dans la salle commune, viens je t’y emmène» Antonin sentit une bouffée de soulagement l’envahir. Ah, s’il mettait la main sur ce fichu furet mordeur et fugueur…(Mais pourquoi l’aimait-il autant, cette bestiole ingrate ? Les lois de l’amour envers les animaux étaient parfois incompréhensibles.)
Mais l’autre le mena jusqu’à un type portant des lunettes, assis dans son coin,et lança :
« Richard, le petit là, il veut te voir. »
Bug dans la matrice. Son « sauveur », avait prononcé les mots qu’il ne fallait pas : le « petit ». Il savait qu’il n’était pas grand, mais de là à en faire sa caractéristique principale ? C’était un peu abusé, non ?
Et deuxième bug. Pourquoi l’emmener voir ce type ? Il avait vu ce fichu furet ou non ?
Antonin ne put retenir un mot, si français et si spécifique avec ses sonorités nasales qu’aucun autre peuple n’avait pu l’imiter, un magnifique « Hein ? » où se faisait entendre la perplexité la plus profonde.
« Bah oui : je te présente Richard Perry . » insista l'autre type.
Il y avait comme une incompréhension. Incapable de se mouvoir complètement, Antonin se contenta de fixer son « sauveur », la bouche légèrement entrouverte, son cerveau ayant décidé de cesser de fonctionner.
...Mon dieu. Il n’était pas sorti de l’auberge avec cette histoire.