Les yeux dans le vague, l'esprit à des kilomètres d'ici, la tête dodelinant faiblement de gauche à droite, je ne réfléchissais plus à rien si ce n'est à ma respiration lente et régulière qui affaissait et gonflait ma poitrine avec une étrange sérénité.
Il y avait de ces moments,
Ces moments perdus dans le temps,
Où j'appréciais simplement d'être présent, là et nul part à la fois, juste vivant.
La solitude est quelque chose d'apaisant. Beaucoup dirons qu'ils n'apprécient pas ça, qu'avoir des amis est indispensable et que se mettre à l'écart est une mauvaise chose en soi. Je ne pense pas. Il est reposant de ne plus être entouré de crétins, d'abrutis et de décérébrés. Respirer sans être constamment entouré. Non, me refugier aux balcons à une signification plus particulière que celle de jouer aux asociaux.
J'inspire.
(simplement)
oubliant le pourquoi et le comment
inspirant un peu plus, gonflant les poumons
d'un lourd et dangereux poison
dans une douce et mélodieuse chanson
Soudain, j'entends un bruit et me retourne pour tomber sur un animal, et pas n'importe quel animal. Le raton laveur de notre prof de français avec une chaussure dans la gueule, semblant la mâcher comme un vulgaire bout de viande. Je soupire une énième fois et me détourne de ce spectacle, lui laissant tout le loisir de continuer son affaire.
Sans surprise, quelques minutes plus tard, j'entends le pas assuré qui annonce l'arrivée d'une personne dont je me passerais bien. Je ferme les yeux et essaie de rester totalement indifférent. Je l'entends marmonner des trucs puis, évidemment, venir à ma rencontre. Je décide de lui lancer un regard peut amène pour lui montrer que sa présence me fait
littéralement chier.
bordel de merde... heureusement, je suis toujours dans les parages, parler seul est une idée mais ce n'est pas terrible je trouve. tu t'isoles, une nouvelle fois ? [...]
tu t'es arrêté à cet étage parce que c'est le moins fréquenté, je me trompe ?Je le détaille pendant l'espace d'une seconde et à mon tour, je regarde l'horizon en espérant m'y perdre une nouvelle fois.
oui. c'est agréable. j'espérais venir ici pour ne pas être importuné mais semblerais que ça n'ai pas fonctionné.C'était une manière polie pour lui dire qu'il me dérangeait.
Je n'ai pas particulièrement une aversion pour le professeur Bosart. Ce n'est pas un mauvais enseignant, il prend le temps pour ses élèves et même s'il raconte sa vie, ses cours ne sont pas dénué d'intérêt - ouais, okay, je dors mais c'est une autre affaire. Seulement... J'essaie de l'éviter au possible dès que je peux...
au moins, ici, j'ai l'impression d'être ailleurs... fis-je vaguement, comme perdu dans mes propres pensées.
Je referme mes lèvres et me plonge dans le silence. Je ne m'attarde plus sur sa petite personne et je pourrais même totalement l'ignorer si je m'y prend bien. Peut-être qu'alors, il s'en ira ? Pas certain. Quoiqu'il en soit, je pose ma joue dans le creux de ma main alors que mon coude repose sur l'une des tables en marbre disposés ça et là sur la terrasse et que l'on partage tout deux, abandonnant ma stature droite et figée pour celle apathique et fatiguée.
... Pas possible d'être tranquille dans ce foutu château, voilà que monsieur pervers s'invitait à ma table pour parler joyeusement. Il avait pas des trucs moins chiant comme, je sais pas, s'occuper de SA vie, genre ?
Je soupirais.
'
encore '