Avant que tu ne viennes. - ft. Arya Lambergson

Avant que tu ne viennes.

CHAPTER I : Il y avait des balais, maintenant des dragons.

Le retour à la bibliothèque, ce charmant endroit rempli d’étagères lavées une fois par centenaire, de livres dévoreurs d’âmes et d’ouvrages barbants encore plus les uns que les autres. Malgré cela, il t’arrivait quelques soirs de t’asseoir auprès d’une table reculée, sortir des planches de bois hautes et insoupçonnés des livres poussiéreux dont la couverture en cuir bleuté comme la nuit ne trahissaient en rien le contenu, de plus que les lettres argentés indiquant clairement Champions et Victoire du Quidditch depuis sa création. Un sourire orna tes lèvres et t’ouvris la première page, passant les paragraphes expliquant les règles, que tu n’avais jamais réellement comprises mais le sport était en lui-même beau. De la solidarité et de la compétition, même si quelquefois la rivalité allait trop loin. C’était les belles années, celles de ton séjour à Poudlard en tant qu’élève. Dans le bouquin on retrouvait les joueurs notables, des hommes et des femmes dont certains que tu appréciais, telle Angelina Johnson, une Gryffondor qui avait excellé en tant que Poursuiveuse et Capitaine durant trois ou quatre années consécutives. Il y avait aussi Marcus Flint dans le même genre, pendant moins longtemps et surtout c’était un sale Serpentard, ceux qui tiraient leurs langues fourchues dans le dos de tout le monde. A présent t’avais plus trop cet avis de rivalité sur les maisons, les choses avaient changées en dix-sept ans et les tensions semblaient apaisées. Une page s’arrêta sur Roger Davies, le Capitaine des Serdaigle, un grand gars, talentueux et méritant. Tous n’étaient que des joueurs d’avant tes années, tu ne les avais pas connus même si tu aurais voulu, mais les mérites trônaient avant la réforme dans les couloirs. Des plaques et trophées en or, magnifiques.

Néanmoins, tu t’étais initié comme tout élève à la pratique de ce sport. En vain. Tu excellais dans tous les domaines, sauf celui-ci. Déjà il y avait les postes et les règles. Tenir sur un balais capricieux et être coopératif. Un tout qui ne t’allais pas, et tu perdais vite patience, restait au sol la plupart du temps en jurant sur le professeur, qui aurait mieux fait de vendre les balais pour faire le ménage. Ah oui, il y avait surtout cette raison : la violence. T’avais plusieurs fois été puni, t’avais enlever des points aux Gryffondors pour outrage à balai. Tu les insultais, les maltraitais et ils se plaignaient ses fourbes. Aucun n’était resté dans tes mains plus de trois heures, ou alors il avait finit coupé en deux. Aussi simple que ça. Pour toi les balais ne représentaient à l’époque qu’une corvée de nettoyage intensif du hall d’entrée, de la paille assemblée à un vulgaire bâton. Heureusement, ton avis avait bien changé, et puis t’aurais bien voulu avoir toi aussi un jour ton nom gravé dans les mémoires de Poudlard.

Si seulement les mémoires étaient restées. Aujourd’hui à Poudlard, il n’y avait plus d’enfants de onze ans arpentant les couloirs à la recherche, désespérément, de leur salle. Plus d’honneur aux plus vieux qui sortaient fièrement avec leur diplôme. Plus de cours en vrac qu’on imposait à tel ou tel élève. Non, aujourd’hui il y avait des dragons. Des foutus dragons. Vous savez, ces bestioles avec des écailles, ou avec la peau étrangement lisse et nue, des ailes et des dents plutôt acérées. Ceux-ci même. Au fond de toi t’arrivais pas trop à comprendre comment l’établissement en était arrivé là, ils avaient déjà, paraîtrait-il failli dévasté l’école une année, lors d’un test d’un Tournoi. Et maintenant, on en faisait quoi ? Des montures. Au placard les balais, bonjour les Dragons ! Les flammes, les cris et les pauvres agneaux lancés vivants dans l’enclos. Non, la pensée était en trop, tu manquas de vomir.

Les pages tournaient toujours entre tes doigts, les photos s’enchaînaient et les sourires fusaient sur les photographies. La belle époque. Le bouquin se termina sur une page vierge, enfin plusieurs, celles qui auraient dû être complétées depuis la réforme. Mais rien, le bouquin avait été mis au placard et avait privé tous ces enfants de la gloire et la fortune de leurs ancêtres. Un triste sort. Tu voulais le relire, encore et encore mais quelque chose te bloquait. Une ombre. Une présence. Une jeune fille. Elle se dévoila auprès de toi, tu reconnaissais son regard pétillant et ses cheveux roux même en ne la voyant pas. Juste sa démarche, son odeur dans l’air. Arya Lambergson, en septième année, c’était une de tes élèves. Comment l’oublier, hein ? Elle est douée, plutôt jolie et elle fonce droit vers son avenir. Tu ne pus t’empêcher d’esquisser un sourire sur ton visage à la mâchoire carrée. « Alors, Mademoiselle Lambergson, le Quidditch vous intéresse-t-il ? » Enfin tu te tournas vers elle, l’invitant à s’asseoir, sourire malicieux toujours présent.

Qui gagnera des Dragons ou des balais ?

Avant que tu ne viennes.

CHAPTER II : Why do you hate them ?

Arya posa ses livres sur la table, elle paraissait un peu perplexe face au livre que t’avais entre les mains. Tout le monde connaît le Quidditch, c’est le sport des sorciers. Cependant, il était vrai que depuis la réforme, les jeunes ne connaissaient pas forcément assez le sport. Dans un sens, ils savaient le nom des postes, la règle majeure, à savoir celle d’attraper le vif d’Or et puis, c’était tout. Il n’y avait plus cette sorte de secte autour des joueurs, la gloire, l’ambition d’être un joueur. Le Quidditch se périssait peu à peu, manque de joueurs neufs et énergétiques. Elle avait raison sur ce point, la popularité du sport à balais ne cessait de décroître, même les tournois mondiaux se faisaient de plus en plus difficiles, seuls les anciens comprenaient encore l’enjeu. C’était un plaisir pour eux, voir leur nation gagner. Les plus jeunes regardaient, suivaient l’Attrapeur des yeux sans même faire attention aux autres joueurs. La jeune soupira, cette nouvelle lui déplaisait-elle ? Oh. Elle était plutôt informée pour son âge. Quand t’étais gosse, tu t’intéressais plus aux joueurs locaux, enfin ceux de Poudlard et qui était en devenir plutôt que les anciens devenus des bêtes de stade. Petit hochement de la tête. « Il me semble oui, à vrai dire je me préoccupais plus de savoir qui serait le nouveau favori avec mes amis. »

Un petit rire s’échappa. La belle époque. « Dis-moi, Arya… Tu fais bien parti de ceux qui veulent virer les Dragons de Poudlard, non ? ». Ces bêtes ailées, majestueuses et féroces avaient souvent été polémique dans l’enceinte de l’établissement. Plusieurs fois ils avaient décidé d’en ramener, puis de faire des jeux. A chaque fois c’était le chaos complet, certains dragons savaient se montrer plus dociles que d’autres, et on avait quand même eu l’audace de confronter des élèves, pas plus vieux qu’un étudiant de cinquième année actuellement, à ces créatures. « J’avoue que ce n’est pas une idée fabuleuse de les garder enfermés ici, ils pourraient être dangereux. Mais au fond, je crois qu’il y a le fait de les dompter qui motive. Juste pour la gloire. » Tu refermas le livre violemment, quittas ta chaise et t’approchas de l’étagère où tu l’avais pris. Le verre qui les protégeait était légèrement fissuré, depuis bien des années à priori. Tu poussas quelques ouvrages de tes doigts pour glisser le gros manuel.  « Cependant, je pense qu’ils n’ont pas su faire un bon compromis. » Tu jetas un coup d’oeil à la rousse. « Disons que le Quidditch commençait a être redondant, mais de là à le supprimer pour prendre des Dragons… » Tu claquas la porte de l’étagère et revins t’asseoir auprès de la jeune fille. « Le problème c’est qu’ils n’ont pas su redonner l’envie ».

En vérité, certains élèves de Poudlard jouaient toujours au Quidditch de temps à autres, d’une manière plutôt barbare, avec des règles nouvelles et sans surveillance. Sans compétition, juste pour le plaisir. Mais c’était comme jouer, juste le plaisir de chevaucher un balai, de sentir l’air s’engouffrer dans ses habits et de vivre des sensations fortes le temps d’une partie. Tout le côté compétition mais qui donnait alors des raisons aux Maisons de se combattre, avait disparu au profit d’une course individuelle sur des créatures magiques. « Le Quidditch n’est plus qu’un loisir, les Dragonruns des compétitions pures. Les valeurs ont été séparées en deux et ont donné naissances à deux sports distincts. C’en est presque malsain ». Ton faciès trahissait ton dégoût pour la réforme. C’était un tout pour un tout, aucun moyen de faire les choses de deux manières différentes. Les Dragons n’étaient plus que de vulgaires objets qu’on montait pour s’attribuer la victoire.

Néanmoins, tu cherchais encore à comprendre en quoi, les militants contre la présence des Dragons étaient convaincus qu’il fallait les renvoyer. « Hmm… Qu’est-ce qui te dérange en les voyant ici ? C’est le fait qu’ils ne soient pas dans leur habitat ? Ou alors que les gens les utilisent pour eux ? Enfin, je veux dire qu’au final ils ne sont pas maltraités. C’est un peu comme chez les Moldus, ils ont leur cheval et s’en occupent, tissent même des liens avec. » La comparaison restait assez médiocre, mais c’était vrai. Quand tu passais devant les enclos pour les entraînements, tu ne voyais pas en quoi ces petites bêtes étaient maltraitées, elles avaient plutôt l’air bien nourries, soignées. Du moins c’est ce que tu croyais. Tout cela n’était que ton avis, pas celui de la jeune Lambergson.  « J’aimerai bien que tu m’expliques, Arya. »

Avant que tu ne viennes.

CHAPTER III : Fly with me.

Réfléchir. C’était bien un truc d’élève ça. Qu’importe la maison, ils avaient tous eu le même enseignement frigide et strict qui les menait à se poser une multitude de questions rhétoriques barbantes dès lors qu’on les questionnait, leurs empêchait de discuter quand une personne plus âgée parlait puis tout ce bazar infernal dans lequel ils étaient coincé depuis leur première année à Poudlard. Simplement ça. La rouquine t’avait purement et simplement laissé faire, t’avais pas voulu la contrarier en lui pointant du doigt son air lassé et désintéressé. Tu comptais sur elle pour reprendre le dessus.

Elle arrivait, d’une manière assez étonnante à parler de tout. Des poneys, des dragons et du Quidditch comme si cette discussion était la plus normale du monde. A la fin, t’ôtas brusquement ta main de ta joue, où une trace d’ongle s’était formé et sourit à pleine dent, un peu amusé par la gamine qui, d’une manière inconsciente te provoquait. Cela restait gentil, simplet et c’était cela qui te faisait monter les commissures sur les pommettes. « Je comprends ce que tu avances pour la comparaison entre les poneys, enfin plutôt chevaux, et les Dragons, mais laisse moi te demander quelque chose : n’étaient-ils pas eux aussi de simples créatures incomprises par l’homme ? ». La malice se lisait dans tes yeux, pour toi tout n’était qu’une question de temps, apprivoisé un dragon ne devait pas être plus dur que d’apprivoiser un foutu poney. « Si ce qui est fantastique est dangereux, du point de vue moldu, crois-tu que nous sommes dangereux Arya ? ». Le sourire disparut d’un coup, comme si quelque chose te percutas à plein fouet pour te remettre à ta place.  « Au fond, nous ne sommes que des sorciers, et les sorciers n’existent pas. La magie n’existe pas. »

Tu te mouvais de droite à gauche sur ta chaise, mal à l’aise, oppressée par un souffle de chaleur venu de nulle part. Panique. Les sorciers n’existent pas. En fait, c’était la première fois que tu réalisais réellement la chose, le fait d’être de ceux qui connaissent au-delà du monde moldu. Ils sont ignorants, simplets et pourtant si heureux dans leur monde éphémère. Pourquoi ressentais-tu cela à leur égard ? Le mépris s’était transformé en pitié, miséricorde. Changer d’exemple, de sujet habilement était la seule solution. « Pour revenir au Quidditch, si tu penses que les balais sont de loin différents aux Dragons, laisse moi te dire que tu as tort. La seule chose qui les différencie réellement est leur appétit. » Un petit rire s’en suivit, les balais ne mangeaient pas des quantités pharamineuses de viande ou que savais-tu de leur alimentation quotidienne.

Au final, le sport revenait dans ta tête sans arrêt, une question te chatouillait le bout de la langue depuis le début et tu n’avais jamais osé lui poser. Maintenant. « As-tu déjà joué au Quidditch ? » C’était facile et évident de le lui demander, mais t’avais toujours cette peur de passer pour un professeur de Défenses Contre les Forces du Mal inutile, celui qui est plus nostalgique du passé que optimiste du futur. Celui qui passe ses journées à s’amuser plus que de préparer ses élèves à leur future vie. « Enfin, si ce n’est pas le cas on pourra toujours essayer, avec des amis à toi ou qui que ce soit ». Ton regard passait un peu pour neutre, s’attardant sur le faciès de la jeune fille. Intensément. Merde, c’était pas ce que tu voulais montrer. Raclage de gorge express, visage reprenant de sa couleur vive. « Mais si tu ne veux pas, je ne te forcerai pas. Je suis pas là pour décapiter les élèves avec des balles qui n’en font qu’à leur tête. »

De fil en aiguille, tu comprenais les motivations de la rousse. Pourtant il restait toujours à savoir quelle était sa solution contre les nouveautés de la réforme.

Que faire pour battre des Dragons ?