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 the girl I once knew (Louise)

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Militant Contre les Dragons à Poudlard
Duke E. Osborne


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Duke E. Osborne





the girl I once knew (Louise)
04.10.16 22:13

Il aurait voulu être un poète pour lui écrire des vers, pour lui dessiner le schéma de son univers, lui dire que même après la plage, il y avait encore de l'espace pour elle. Duke n’aimait-il pas trop Louise pour la chasser si brusquement de ses pensées dérobées ? N’avait-il donc été qu’un caprice,  ne l’avait-elle donc aimé que momentanément ? Le temps de se rendre compte qu’il n’en valait pas la peine, le détour. Savait-elle seulement qu’elle l’avait rejeté et qu’elle avait délogé les quelques éclats de bonheur qui avaient germé en lui ? Duke était trop insondable pour que ce genre de choses apparaissent aussi brutalement, avec tant d'évidence, pour qu’on ait l’impression juste que son sentiment puisse sortir de l’ordinaire. Impensable. Duke était un garçon tristounet.

N’avait-elle pas trop longtemps gravité autour de lui, pour oublier si vite, que Duke était perdu comme il ne l’avait jamais été, sans Louise pour l’obliger à s’ancrer dans le monde réel. Duke tout seul était un absurde. Il se sentait isolé. Il se sentait différent. Il se sentait comme un homme abandonné dans un arrière plan, il se sentait délogé. Son âme errait dans la rue, s’oubliait le soir sous les réverbères des interminables avenues. Il avait son coeur à la rue, trottant sur les pavés. Dédales insalubres.

Depuis que Louise était partie, il ressentait par moment le poids de sa solitude. Pour la première fois. Il se sentait envahi par le silence. Le silence injuste et borné de son existence, oubliée.

Il y avait bien Charles. Pourtant, il ressentait le manque. Une Louise si brutalement arrachée de son existence.

Quelques pensées sombres le taraudaient parfois, quelque grisaille dans son sillage. Une angoisse s’était révélée à lui, alors il avait compris en regardant l’espace autour de lui, si plein de ces vies anonymes, si vide. Cela l’avait heurté brutalement en se rendant compte qu’on ne le regardait pas, qu’il n’intéressait pas… Duke avait peur de finir seul. Duke avait peur de cette solitude immense qui semblait vouloir l’engloutir toujours plus.

Il ne savait pas se faire aimer. Louise l’avait prouvé. Il n’était bon qu’à être quitté, c’était ainsi, il le comprenait. Comment Louise si belle et si formidable aurait-elle pu vouloir de lui, comment l’avait-elle supporté si longtemps, lui l'absurde, lui le néant, lui le rien.

Il ne l’embêtait plus, n’en avait plus le droit puisqu’elle avait enterré leur amitié. Il ne l’aurait pas cherché. Qui était-il pour s’imposer à Louise, lui qui n’était rien, lui qui n’avait plus de raison. Elle ne voulait certainement pas le voir, mais il était venu tout de même. Louise. Il s’était réveillé avec tant de choses à lui dire.

Il avait eu une question brûlant ses lèvres.

Pourquoi être venu te faire aimer si c’était pour m’abandonner ? Comme si je n’étais rien.

Mais cela, il ne le dirait pas. Car cela ressemblerait à un reproche et jamais il ne ferait de reproches trop sérieux à Louise. Car au fond de lui, il savait qu’elle avait eu raison. Il n’était pas digne. Il n’était pas digne d’elle, un autre prendrait sa place, un autre serait le Duke qu’il aurait dû être. Pour l'heure elle se devait juste de savoir que tout n’avait pas été vain, que Duke étant Duke, que malgré le rejet, l’éloignement, elle ne pourrait pas lui enlever toute la tendresse qu’il éprouvait pour elle.

Il le savait, et c’était dans l’ordre des choses. Il arrivait trop tard. Comme les autres, elle s’était lassée de lui, parce qu’il n’était que lui, que Duke et qu’être seulement Duke sans être plus ne suffirait jamais. Comment aurait-il seulement pu lui en vouloir ? Comment aurait-il seulement pu la retenir ? Pas comme ça. Il voulait que Louise soit associée à son nom, il voulait être Louise et Duke mais seulement si elle avait envie, si elle le désirait. Mais il avait trop esquinté sa patience. Tout était entièrement de sa faute à lui, parce qu’il était d’une maladresse absurde qui ne méritait pas non tant de sollicitude.

Il était désolé oui, pour cette fois à la plage, pour ce qu’elle n’avait pas compris. Pour ces mots qu’il lui avait dit. Parce qu’il était un idiot. Il était désolé si elle avait eu l’impression de ne plus assez compter, s’il lui avait donné la sensation que Louise et Duke, ça ne valait plus le coup. Il ne lui dirait pas cependant qu’elle lui manquait, qu’il était malheureux depuis qu’elle ne le cherchait plus, depuis qu’il était redevenu constamment livré à lui-même.

Ses lèvres auraient un peu tremblé à cette vision trouble sur les balcons, nostalgique ou nébuleuse, pourtant familière. Louise si proche et pourtant si loin, si Ryan, si hors de sa sphère. Un Osborne. On aurait pu croire que l'excuse était facile pour lui, mais ça ne l’était pas, ça ne l’était jamais.

Même si tu ne veux plus de moi, tu ne peux pas m'empêcher de t’aimer. C’est trop tard pour oublier. J’attendrai, tu devrais le savoir Louise, je suis obstiné.  

Alors il avait souri, si stupidement planté derrière sa délicate silhouette, de tout ce qu’il ne disait pas, dans cette conception si simple, haussant les épaules. Il tenait à elle et il n’y pouvait rien. Louise était sa fatalité. Louise était aussi une bouffée d’oxygène. Elle ne le savait même pas.

Il l’avait rejoint avant même d’avoir eu le temps d’y penser, cela lui semblait alors si naturel. Ce n’était pas seulement ce qu’il convenait de faire. Résumer sa relation à Louise par des convenances, voilà qui était encore plus absurde qu’il ne l’était déjà. Louise était une destination qui le poussait à prendre de l’élan.

Deux mains plaquées solidement sur la rambarde, ses yeux dans le lointain. Il n’y aurait rien eu d’insolite à le voir se tenir à la fois si prêt, pourtant si distant dans cette retenue bien relative, dans ce rappel de ce qu’ils avaient été, qu’ils n’étaient plus. Quelques centimètres trop longs pour séparer leurs épaules.

Il était toujours là. Un peu de tendresse dans sa présence toute simple, dénuée de prétention. De la tendresse qui jaillissait d’une légère fossette. Il avait eu la délicatesse de ne pas franchir la barrière qu’elle lui avait imposé, d’un contact dont il avait cependant envie mais qu’il se refusait.
Il avait rêvé d’une vie plus simple, d’une personne pour se contenter de ce qu’il était.

Elle était partie ainsi cette après midi là, il avait cru que cela était fini, qu’elle ne voulait plus de leur amitié. Il ne se battrait pas pour changer cela, il aurait fallu qu’elle le veuille aussi. Il pouvait seulement lui dire qu’il l’aimait, qu’il l’aimerait encore demain et après demain. Il se serait condamné à une solitude presque totale. Se condamner entièrement au vide de son existence, car en partant, elle ne laissait rien, pas même de souvenirs dont il aurait pu se contenter. Il n’était pas doué pour la nostalgie. Et pourquoi ne lui avait-on jamais dit que déménager de la vie des gens se faisait si simplement ? Il ne pensait pas, Duke, que l’amour pouvait être repris comme ça. De quelques mots.

Il ne se sentait pas à la hauteur.

Les relations humaines lui semblaient soudain plus difficiles à gérer que les récents évènements. Il se contenta de l’observer encore. Qu’elle était belle, Louise. Quel gâchis aussi. Quel gâchis d’avoir sali sa si jolie Louise en associant son nom à cette infâme organisation. Comme si elle avait pu. Les autres pouvaient bien écorcher ses syllabes, succomber à la suspicion. Duke savait en la regardant juste. Ils auraient été indignes de Louise aussi, dans leur ignorance profonde.  

Désinvolte, il cala confortablement son existence contre celle de Louise, penché sur ses avant-bras, un oeil égaré sur le flamboyant de sa chevelure.

_ Ca fait longtemps, boudeuse.    

Duke n’était pas déçu. Duke n'attendait rien. Ce serait si égoïste de lui demander de changer d’avis, de lui demander de l’aimer encore alors qu’elle n’avait plus envie, alors qu’elle ne voulait plus de lui. Mais il ne pouvait pas agir comme s’il ne l’avait jamais connue. Quand bien même les relations et les gens changeaient, l'amour de Duke avait la force de rester constant. Il n'aurait pu l'étouffer avec pourtant, malgré l'envie ; ils n'étaient plus ces deux personnes là.

_ La vue n’est pas moche.

Un regard éloquent dans sa direction, un petit sourire de fausse canaille, son naturel avenant. Il pouvait parler, il pouvait l’écouter, il pouvait se taire aussi. Juste il n’avait pas l’intention de partir. Duke commençait tout juste ; à irradier de chaleur.

_ Tu n’as pas oublié n’est-ce pas ? Tu étais mon habitude. Sa prise sur la balustrade se renforça. La retrouver ainsi était différent, mais non moins normal, non plus étrange, non moins bien. Il avait un regret pourtant, en la laissant l'abandonner il l'avait abandonnée à son tour. Quelque chose n'a pas changé, Louise. Je ne sais toujours pas te résister.

Il ne savait pas résister non, à cette attraction qu'elle exerçait sur lui, qui l'avait toujours poussé à la déranger. Aujourd'hui encore. Duke savait être absent mais il ignorait encore comment être indifférent. Et cela avait été solennel, quoique bienveillant, quoique soudain, doux aussi, et dans la bouche de Duke l’amour même platonique n’avait rien de léger. Il aimait Louise lourdement, avec cette fidélité qu’il tiendrait toujours pour elle, même après, cette fidélité obstinée. Bête et simple.

_  Je suis là. Je pourrai l'être plus souvent, si tu étais avec moi. Mais où es-tu donc partie, Louise ?
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Louise A. Ryan


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Re: the girl I once knew (Louise)
04.10.16 23:47


« Duke. » et sur ses lèvres il y avait eu cet air de révolu, ces quelques lettres si connues quoiqu’à présent bien détachées, presque oubliées. Qui était-il ? Qu’était-il devenu ? Voulait-elle seulement le savoir ? Et soupirant, Louise si lasse n’avait esquissé le moindre geste. Elle avait continué de fixer le vide, l’immensité lui faisant face. Que cherchait-il à réparer, alors qu’elle se sentait si fracturée ? Voulait-il qu’elle retourne à lui, où comptait-il seulement lui tenir compagnie ? Et dans ses propos il y avait ce petit quelque chose de dur, tant bien même étaient-ils emplis de tendresse. Elle le savait, Louise; que Duke était bien incapable de faire du mal de manière volontaire. Aussi déduisait-elle qu’il ne faisait pas exprès, ne se rendait pas compte qu’il l’agressait. A coup d’insinués, à coup d’il était. Était une époque où ils s’étaient aimés, appréciés : supportés. Une époque où lorsque leurs regards se croisaient, ils souriaient.

En était-elle encore capable à ce jour ? Elle qui avait tant besoin de pouvoir reposer sur quelqu’un, mais lui qui avait toujours du se raccrocher à elle. Elle avait servi d’arbre, de montagne : l’avait repêché et secouru dès qu’il s’était trop égaré, enfui et effacé. Mais lui, lui qu’avait-il fait ? Hormis l’embêter, la titiller : hormis régresser. Et il était quelqu'un de doux, Louise le savait. Mais avec elle il avait appris l’insouciance, avait sans doute réappris à vivre de ces relations de famille. Enfin. Qui était-elle pour le juger ? Lui qui venait, parlait : lui qui ne la lâchait.

Lui qui restait là, alors qu’elle était partie.
Et pleine d’amertume elle aurait aimé lui dire tout d’un coup tu es bien le seul. Mais cela aurait été égoïste, aurait été admettre que Demeter n’était qu’un crétin; qu’un gamin. Cela aurait été admettre des erreurs hors Louise n’aimait penser l’homme comme un échec. Ou du moins ceux qu’elle aimait, affectionnait : comment pouvait-on les réduire, alors qu’ils étaient tant. Dans leurs défauts, faiblesses; dans tout ce qu’ils incarnaient au lever et au coucher. Aymeric si paisible, si studieux et sérieux : si tout ce qu’elle aimait lorsqu’ils travaillaient côte à côte. Argus si distant quoique présent, si imprévisible dans ses venues; dans ses départs. Eux si flous, si incapables d’être plus qu’une brume; de devenir de vrais amis, d’indispensables présences.

Eux ne le voulant pas forcément.
Car tout semblait toujours si simple, sur le court terme. « Je n’oublie rien, Duke. » Pas même les souvenirs malheureux avait-elle failli ajouter, se retenant de peur qu’il se méprenne. La n’était son intention de lui faire du mal, elle avait juste des difficultés à se concentrer; à l’envisager tout entier. Se rattachait à ce paysage devant elle plutôt qu’à ce corps dont la chaleur peu à peu l’atteignait. « Je ne sais pas si je reviendrai, tu sais. » Et elle répondait à sa question mais plus encore : répondait également à ses propres démons. « Je suis partie si loin. Et lorsque j’ai voulu me retourner, on m’a poussée. Alors il ne reste que le noir, que la douleur. Mais tu sais elle s’estompe et je sais que demain tout sera fini; je sais que je ne ressentirai plus rien. » Car je me sens ainsi, Duke : ne me sens plus rien.

Juste un corps, des membres. Juste un automate déambulant et tentant de ne plus penser; de ne plus trop respirer. Car il est si douloureux de réaliser l’absence de ceux qu’on aime, si affreux et terrible de voir qu’eux ne nous aimaient pas autant qu’on les aimait. De voir que tout à une fin, qu’on le veuille ou non. Et si je te le disais, te l’exprimerais : que ferais-tu ? Pourrais-tu aller les voir, me venger ? Pourrais-tu changer leur coeur ? Moi je ne pense pas, car regarde moi : tu es à côté de moi, tu sais que je t’affectionne plus que quiconque à Poudlard et pourtant… Pourtant je ne te désire trop à mes côtés. Je sais que c’est mieux ainsi, je sais que tu grandiras mieux loin de moi; qu’il est temps que tu découvres l’amour, le vrai : évolues sans soeur, sans famille au nom de Louise. Car ne l’étais-je pas, en quelque sorte ? Ta soeur, l'unique.

Et sa voix s’était faite si calme, si vague et désintéressée. Et il n’y avait eu là aucune envie qu’il questionne, qu’il creuse et reprenne. Il n’y avait eu que Louise laissant s’échapper une douleur sourde qui bientôt se tairait à jamais.

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Duke E. Osborne


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Re: the girl I once knew (Louise)
05.10.16 1:57

« Je sais. » C’était pourtant ce qu’il souhaitait, ce qu’il désirait sans doute, ce qu’il savait pourtant ne pas pouvoir obtenir. Mais elle devait juste savoir oui, qu’il était là, qu’il ne s’éloignerait jamais trop. Et probablement le savait-elle déjà. Hormis Louise, qui aurait pu le connaitre si bien, deviner si bien ses intentions ? Elle savait n’est-ce pas ? Ce qu’il voulait dire par là.  « Je ne te demanderai pas quelque chose que tu n’as pas envie de faire ou que tu ne peux pas faire.  Il me semble qu’il n’est pas dans nos habitudes de nous forcer l’un l’autre. » Il avait souri, comme il était si serein. Il aurait voulu lui dire que cela lui faisait plaisir de pouvoir enfin se tenir à côté d’elle, d’entendre le son de sa voix dont il avait presque eu le temps d’oublier les sonorités. Il aurait voulu lui dire à quel point elle lui avait manquait, à quel point elle lui manquait encore. Duke comprenait cependant qu’il ne pouvait rien en faire ; il était déplacé à présent. Ils étaient désynchronisés sans doute. Il n’aurait pu non lui poser tant de pression. Car n’était-ce donc pas là une forme d’harcèlement de jeter ainsi sur les épaules d’un autre le fardeau d’une affection, d’une attente. Et Louise dans le choix de ses mots qu’il entendait bien semblait bien incapable de supporter cette attente. Duke avait changé sur un point de fait : il ne pouvait pas tant demander, quand bien même il ne demandait jamais rien. Ne lui avait-on d’ailleurs pas appris à se contenter du peu qu’on lui donnait et de remercier déjà, ce qui était déjà trop. Louise le lui avait presque fait oublié. Comment avait-il pu autant se reposer sur quelqu’un d’autre ? Il chassa cette pensée furtive. Quelque chose avait changé. Il n’avait plus besoin d’elle. Enfin. Il s’était détaché. Duke existait malgré tout sans Louise, quand bien même il en fut désœuvré, quand bien même il en fut égaré, plus vide sans doute qu’il ne l’avait jamais été. Néanmoins, c’était là sa configuration, depuis le départ. Louise et Duke n’avait été qu’une belle illusion, qu’une chimère. On n’échappait pas à sa condition ; on y faisait face. C’était là d’ailleurs ce qu’il avait toujours fait. Et on ne dirait pas non que Duke manquait de courage, que Duke était un naïf, un absurde obsolète, un être humain qu’un dieu incompétent avait raté d’un coup de stylo déplacé. C’était faux. Il savait se défendre, il n’était pas faible, préférait seulement donner plutôt que recevoir. Ce n’était pas cela qui le rendait idiot. Il avait de l’amour, de la patience, de la tendresse, tellement qu’il préférait en donner, tellement qu’il préférait servir les autres plutôt que de se servir lui-même, c’était là qu’il trouvait son intérêt. C’était là sa raison d’être. Il n’était pas naïf, mais dévoué. Stupidement dévoué de toute sa bonté, la vraie, celle qui n’attendait rien en retour. Celle qu’il n’avait cependant pas su donner à Louise, il s’était oublié lui-même.

Il entendait Louise, et ces mots qu’il n’avait jamais eu l’habitude de prendre de sa fine bouche. Le noir, la douleur, le rien. Et cela s’éloignait tellement des représentations qu’il avait de sa Louise. Il détourna les yeux, reporta une vague attention sur l’ondulation parfaite et lisse du lac, de reflets miroitant à la surface. Pureté. Tandis que dans les profondeurs l’eau devenait aussi noire que de l’encre, aussi obscurcie qu’un crépuscule. Enténébrée. Un murmure s’échappa de ses lèvres.

_ Que t’ont-ils tous fait.

La Louise au parc lui semblait à présent si loin de lui, si loin de tout. Et il lui semblait qu’un siècle bien étrange avait passé avec une fulgurance désarmante. Car il se sentait désarmé, par Louise, par cette attitude, par cette tâche qui semblait s’être répandue là à l’intérieur de sa délicieuse Louise. Il l’avait gardé si vive, si éclatante dans sa mémoire. Et il comprenait alors avec une certaine tristesse qu’en son absence, Louise s’était éteinte. Petite flamme d’une bougie qu’on avait cru bon de souffler. Et n’était-il pas lui-même en un sens responsable ? Qu’avait-il fait pour contrer cette douleur dont elle parlait, qu’il ne connaissait pas, qu’il ne comprenait pas, qu’il rencontrait pour la première fois. Qu’avait-il fait alors que Louise semblait menacer de devenir le rien.  

Vide.

[...]

V
I
D
E

[...]

Son silence fut mal à l’aise. Ses doigts se crispèrent. Ses grandes mains serrèrent la balustrade. Il se tendit. Il y eut cette émotion vive dans son regard, celle qui ne se montrait que trop peu, qu’on aurait juré ne jamais voir sur ce si doux ce si délicat visage. Il avait les yeux assombris. Une tempête grondait, le submergeait.
Qu’avait-il fait en permettant ainsi qu’une telle chose, ignoble, se produise ?
Il ne connaissait pas le monde. Il était bien incapable d’en apprécier les défauts comme les qualités, comme les beautés qu’il avait à offrir. Il n’aurait rien reconnu. Pourtant il lui semblait avoir rencontré l’une de ses merveilles. Louise avait dû l’être. On ne l’avait pas préservée, comme tout le reste on avait préféré la détruire. Etait-ce donc là une conclusion acceptable ? Etait-ce donc là quelque chose qui se suffisait ? Etait-ce donc là un spectacle qu’il se devait d’observer ; le déclin. Le déclin de la personne qu’il aimait présentement le plus au monde ?  
Etre là ne suffisait pas.
Etre là n’avait pas suffit à épargner Louise.
Louise trop belle pour un monde qui ne savait pas avoir conscience d’elle.

Il aurait souhaité s’excuser, il était désolé de n’avoir rien vu, rien entendu. Mais à quoi bon tandis que le mal était déjà fait, tandis que Louise devait avoir bien des choses à penser.

Il avait un cri qui lui venait, qui le dévorait de l'intérieur semblable à un petit rongeur fou. Il se sentait impuissant. L'impuissance le rendait furieux, de cette folie étrangère chez lui, car exaltée dans sa colère, dans ses grondements muets, dans ses tremblements impulsifs, là, hérissait ses poils, se nouait à l'arrière de sa nuque sous quelques sueurs froides, frémissait jusque dans le creux de ses mains. Odieux. Il ignorait tout, mais voir ce qu'il voyait lui suffisait : ce qu'ils avaient osé faire à Louise était odieux.

Avait-on idée de briser ainsi.

La mâchoire contractée, déglutissant péniblement, il s'était contenté de fixer toujours un point invisible au loin. Et n'aurait-on pas facilement deviné son trouble ? Une montée de fièvre sur ses joues, un sursaut de température. Impétueux, partagé entre ses élans de fougue comme une frénésie et le reste d'une raison. Car enfin, il avait eu envie de la serrer si fort, d'amener un peu de cette tiédeur à ce corps qui lui semblait si démuni, démuni de chaleur, emmitouflé qu'il était dans les quelques débris qu'il lui restait, les quelques morceaux de verre qu'on avait brisé, piétiné. Et cela le mettait si hors de lui. Comment aurait-il pu lui donner de cette colère ? De cette rage qui l'animait soudain.

Rien.
Rien n'était plus difficile de maintenir la distance, ces quelques centimètres trop courts à présent à son goût.

Devait-il accepter... Non... Le pouvait-il ?

_ La douleur est ce qui fait que tu es vivante, Louise. Tu peux la subir, la laisser te ronger, mais tu peux aussi la surpasser.

Il se retourna un peu brusquement, les nerfs à vif. Une main encore sur la balustrade, l'autre crispée le long de son corps dans un ultime effort de retenue, il pencha son visage vers le sien, sa bouche trouvant naturellement le chemin de son ouïe. Sans chuchoter, d'une voix pourtant basse, il avait le timbre tendu de ces hommes qui retiennent leur souffle, qui font preuve d'une telle férocité dans leur retenue, dans leur mesure.  

_ Alors cherche la lumière, Louise. Pour toi. Nos émotions ne nous rendent-ils pas vivants ? Que feras-tu si tu en es dépourvue ?

Sa main avait lentement dévié vers la sienne d'abord avant de s'y précipiter avec force, ses phalanges avaient trouvé les siennes, et il avait très simplement englouti ces doigts délicats de femme, une prise ferme quoique tendue et rustre mais qui se voulait sécuritaire. Il aurait désiré faire tellement plus, offrir tellement plus.

_ Tu souffres ma Louise, mais moi je me souviens t'avoir entendu rire, et pleurer aussi parce que tu n'étais pas triste. Après la douleur, ce n'est pas forcément la fin, le vide. Ca peut être la joie. Et la joie n'est-elle pas aussi forte, aussi belle, ne mérite-t-elle donc pas qu'on se batte pour elle ? N'abandonne pas, Louise. Pas encore. Bats toi pour ressentir. Pour toi.

Il n’était pas absurde ; c’était le monde.
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Louise A. Ryan


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Louise A. Ryan





Re: the girl I once knew (Louise)
05.10.16 9:09


« Que t’ont-ils tous fait. Et cela l’avait frappée plus qu’elle n’aurait voulu, saisissant son coeur, tirant ses traits. Que lui avaient-ils fait, oui ? Elle qui s’attardait sur les pourquoi, les comment. Elle qui inlassablement revenait sur l’abandon, sur le désespoir creux qui à présent résidaient en elle; bien incapables de s’en aller de leur propre chef. Je ne sais pas, Duke aurait-elle aimé lui répondre. Mais c’était faux, car au fond d’elle Louise avait tous les mots.

Toutes les explications nécessaires.
Mais elle ne voulait les lui fournir, ne voulait les prononcer à haute voix car alors tout aurait semblé trop réel, trop sincère. Il s’agissait là d’accepter des faits, mais elle avait si peur de le faire : d’admettre qu’elle était si seule, si rien. Qu’elle s’était sentie un jour heureuse, en paix; qu’elle s’était sentie si pleine à leurs côtés qu’elle en avait oublié de faire attention. Avait-elle un jour été ce qu’elle ne semblait plus être à présent.

Et elle avait pris son visage de ses mains, avait étalé ses doigts tout contre ses joues, son front. Était restée ainsi penchée, ainsi lasse de tout; les coudes sur la balustrade. Duke parlait et elle ne voulait entièrement l’entendre, préférait laisser couler ses mots sur elle comme si il n’était vraiment présent; comme si jamais il ne pourrait se décider à agir : physiquement. Car elle ne voulait d’aucune étreinte, ne voulait de rien tant elle avait peur que cela lui rappelle de mauvais instants. Voulait rester dans sa solitude charnelle, dans cette nouvelle terreur de l’autre; car tout acte fait dans le passé lui semblait à présent si douloureux.

On l’avait entaillée et maintenant Louise ne savait plus qui elle était. Ne savait plus quoi faire, si ce n’était devenir de ces froids Ryan, de ces froids être aux épaules droites et aux lèvres pincées, fermées. Des Ryan que ses parents n’étaient même pas, car il y avait ce tiède bonheur en eux, cette présence l’un de l’autre qui les rassurait : les faisait continuer. Aussi y avait-il une certaine lumière dans leur froideur, une certaine noblesse oui. Enfin. Elle, elle se sentait à côté. Elle voulait cicatriser mais il lui était si douloureux de le faire, en avait oublié sa maladie et tout ce qui aurait pu à une autre époque la ronger.

Vivante. Elle était vivante que lui affirmait-il, devait ressentir pour mieux se vivre. Mais savait-il quels genres d’émotions la frappaient à cet instant ? Savait-il comme elle en avait mal, de ressentir ?
Elle était de ces personnes brusquées qui à présent n’osaient plus revenir, avait perdu sa pourtant si énorme, si douce et soyeuse confiance. Et il avait continué, venant déloger ses mains; lui forçant à dévisager de nouveau ce lac : la forçant à le fuir du regard.

Ce contact l’avait électrocutée, et elle aurait aimé pouvoir s’en défaire; comme brulée. Mais il parlait et trop polie Louise s’était contentée de s’enfermer dans son monde, dans cet univers fracturé; éparpillé. S’était contentée d’attendre que tempête passe, puis doucement; avec tendresse et précaution était venue s'en soustraire. Quoique ne sachant trop quoi faire de ses paumes à présent libres elle les avait posées sur celles de Duke un court instant, avant de s’y en aller pour de bon.

Elle avait inspiré, aussi; avec force. « Il » et sa voix s’était bloquée. Sa voix s’était bloquée car comme retenue par un secret elle avait du mal à avancer. Elle ne le souhaitait hors de sa vie mais savait qu’elle ne pourrait y rester. Et tout cela, surtout l’endroit; surtout la solitude surtout Duke : surtout tout ce qui existait à cet instant le lui rappelait si horriblement. Il y avait sa famille, il y avait Dae-Jung. Il y avait des dizaines de facteurs qui s’acharnant sur elle l’avaient faite tomber. Mais lui avait été comme le coup final, la soufflant alors qu’elle avait tenté en venant le voir elle ne savait trop quoi. Aussi lui en voulait-elle, aussi épuisée n’y arrivait-elle pas vraiment. La haine, la colère et toutes ces sombres émotions jamais ne la parcouraient. Louise était quelqu'un de doux quoique indifférent, aussi le dégoût l’effleurait plus qu’il ne la saisissait : elle n’était capable que d’aimer, de voir le positif et le vrai. N’était capable que de tirer le meilleur, jamais le plus mauvais. Mais comme tout homme elle pouvait être saisie puis brisée, on pouvait la poignarder et lui faire ressentir les vices et les pires des peurs. Enfin. Elle ne voulait détester personne, préférait continuer à aimer; préférait continuer à souffrir; préférait se dire que tout irait.

Même si rien n’allait plus.

La détresse avait alors saisi son corps, s’alliant à de la froideur; une envie farouche qu’on ne tende la main vers elle. Et il ne fallait laisser à Louise le choix, là était la clef de tout. Il fallait la saisir violemment, décider de ne plus la lâcher : se refuser de partir, tant bien même insistait-elle; s’ébrouait-elle. Mais c’était trop tard, mais Louise elle s’était enfuie et à présent elle ne voulait rien, se supportait déjà si peu. Elle était seule, et devait le voir; le réaliser et l’affronter. Cela la faisait frissonner, lui donnait froid; cela la désemparait pas qu’y pouvait-elle ? Ce n’était pas la fin du monde, il suffisait de tous les voir continuer à rire; à vivre, à s’inquiéter. Il suffisait de lire les journaux et de se réveiller chaque matin pour comprendre : qu’il ne s’agissait que de son malêtre et qu’il allait falloir qu’elle s’en sorte par elle-même. « Il m’a fait mal, Duke. » Et c’était aussi simple que ça. « Je n’ai pas à me battre contre des gens qui m’écorchent, qui m’aiment puis me rejettent. Je n’ai pas à me battre contre ceux qui s’éprennent de moi par pur plaisir de me torturer par derrière. Je n’ai pas à me battre pour quelqu'un que j’aime terriblement mais qui ne peut pas me le rendre ! » Et d’un coup la colère était revenue, l’indignation; aussi : « Qui ne peut pas le faire car il n’est qu’un égoïste ! Qu’un enfant roi ! Car en lui il n’y a ce je ne sais quoi de traumatisé et qu’il s’y repose, refuse de lutter ! Car tout en lui fuit, car il est plus simple de maudire, de taper du pied. Car dans la vie comme tu le dis il est plus simple d’être égoïste, d’être un vrai… Un vrai connard oui ! Une petite pourriture, une petite vermine prête à tout perdre qu’elle n’en aurait que faire : tant qu’elle n’a pas à se remettre en cause. Et moi Duke ca me tue ça m’exaspère et j’en ai si marre et j’aimerais l’aider mais tu sais quand les gens ne veulent pas d’aide on ne peut rien y faire. Et ça me tue de savoir qu’il finira si seul, et qu’il finira par aimer la seule personne qu’il n’a pas le droit d’aimer car elle ne le rendra pas heureux. Car elle est au fond si vide, si horrible. Car il suffit de la voir, elle me rappelle Arcturus ! Enfin. Passons, passons ce monde passons cette colère passons cette horrible vie qui m’enserre ! Car tu sais Duke le temps fait tout passer, nos douleurs nos joies nos colères nos pleurs et même nos vies ! Alors non je n’ai pas envie de me battre pour moi, je n’ai pas envie d’être aussi égoïste que lui. Je n’ai pas envie d’être aussi sotte que tous ceux qui m’insultent, qui croient que ma famille est si faible, si corruptible ! Je n’ai pas envie d’être aussi mauvaise que ceux qui se lient à moi pour me poignarder, pour se sentir supérieurs; pour se sentir bien alors qu’au fond ils sont si vides ! Moi Duke j’ai envie de me battre pour les autres, car c’est en me battant pour ceux que j’aime que je me vis moi-même ! Et je suis égoïste à ma manière et j’en ai si marre de voir qu’on m’abandonne et me piétine ! J’en ai si marre d’aimer quelqu'un qui ne me le rendra jamais ! J’en ai si marre de ces sens uniques, ces sens uniques qui m’épuisent car en retour on ne me donne rien si ce n’est le vide ! Et tu sais quoi Duke je suis fragile c’est un fait, je suis une fille c’est un fait. Je suis tant de choses et c’est un fait ! » Et haletante, et les poings serrés et toute entière Louise avait crié. Et elle s’était retournée pendant son discours vers lui, les yeux si enflammés, si fracassés.

Et Demeter n’était qu’un sombre idiot.
Et Dae-Jung qu’un hypocrite, un trouillard.
Et ces élèves lui jetant des tomates que des imbéciles, des superficiels !

Et elle, elle… Elle qui était-elle.
Elle qui ne voulait surtout pas qu’il vienne à elle, elle qui le repousserait si il voulait la prendre dans ses bras. Elle qui ne voulait croire plus personne car c’était mieux ainsi ! Elle qui effarouchée voulait s’enfuir de tout, mais qui ne pouvait pas. Car elle devait encore veiller sur eux, encore agir. Car la mort l’attendait au tournant et que si elle décidait de tout laisser aujourd’hui elle ne pourrait rien reprendre demain. Car demain serait sa fin et que tout ceci était si… Si comique oui !

Soupirant, tremblante de rage; de désespoir elle était venue effleurer de ses doigts son visage, tachant de se reprendre. Elle se sentait si fébrile, si prête à s’effondrer après tous ces mots; toutes ces vérités qu’à jamais elle ne voulait voir se réaliser. Qui pourtant, déjà; étaient commencées, entamées. Et elle ne pourrait rien stopper, n’était de ces êtres fantastiques qui d’un discours faisaient se relier tous les hommes. Enfin.


Tout était si pourri.

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Duke E. Osborne


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Re: the girl I once knew (Louise)
07.10.16 21:38

Et Duke ne s’était pas détourné, n’avait pas fui le difficile, le délicat de la situation. C’était la première fois que Louise éclatait ainsi. Et il aurait voulu lui demander. Qui. Qui avait osé faire mal à Louise ? Qui avait ainsi brutalisé ses sentiments, mis à terre ses émotions ? Mais il ne le ferait pas, car il savait. Il savait qu’il ne servirait à rien de trop en savoir alors que le mal était déjà fait, si bien fait. Il ne lui aurait pas dit de se calmer pourtant, était resté étrangement silencieux durant tout ce temps. Ses yeux avaient fixé les siens, avaient dit oui à ce cri qui sortait enfin, éclatant au grand jour, jeté sur lui, jeté sur le monde qui s’étendait à côté d’eux dans une indifférence indigne.

Il préférait mille fois la voir s’exprimer ainsi pourtant, préférait mille fois faire face à l’éclat de son mal, de cette douleur qui écorchait son être de quelques nouvelles plaies, de regrets. Tout. Tout plutôt que l’indifférence. Tout plutôt que ce vide qu’il se refusait à vivre chez Louise.

Il s’en voulait, de n’avoir rien pu faire, de n’avoir pas été là. Et plus ses mots se répandaient ainsi sur lui, et plus la colère qu’il éprouvait en lui semblait vouloir se concentrer, se diriger ; son courroux se retournait contre lui-même. Où avait-il été ces dernières semaines ? Qu’avait-il fait pour Louise ? Et la réponse le terrifiait, de ces gouttes de sueur anxieuses perlant dans son cou toujours, d’un poing qui se fermait, ses yeux révulsés par une telle constatation, horrifiante. Rien. Il n’avait rien fait.

Ô Louise.
Louise qui semblait si à bout, si finie, de ces mots si francs et si durs entre ses jolies lèvres qui n’auraient dû connaître que la douceur. Louise n’aurait pas dû être faite pour cette amertume, ces injures qui ne lui allaient pas, qui la déformaient tellement. Il ne la regardait pas non, plus, mais contemplait plutôt les craquelures, les failles, les déformations de ses lèvres dans l’agitation d’un discours. Et même dans cette spontanéité hargneuse, elle restait belle Louise. Pauvre petite Louise. Qu’avait-elle donc fait pour mériter autant ? Qu’avait-elle donc fait pour s’épuiser de discours ardents, de tourments ? Il lui semblait soudain qu’elle avait les jambes et les genoux cagneux d’une petite fille.

Ô Louise.
Sa destination qu’on avait meurtrie. La terre fertile et prometteuse qu’on avait labourée et sillonnée à petits coups de lâcheté, d’égoïsme et de traîtrise. La Louise qu’il ignorait comment guérir. Il ne pouvait pas lui dire je te protègerai, car il lui semblait alors qu’il n’y avait plus rien à protéger. Il ne pourrait pas lui dire moi je t’aimerai toujours car c’était d’une sincérité trop égoïste, offrir une promesse d’amour, comme si cela pouvait compenser la perte, la déception peut-être, la souffrance et la peine. Duke n’avait pas de solutions. Duke n’avait pas de promesses. Il ne la consolerait pas d’une étreinte, d’un là c’est fini. Elle n’était pas une enfant. Et il croyait que ces choses-là devaient plutôt s’exprimer quitte à se hurler, quitte à se briser dans les airs, dans la consternation, plutôt que de se morfondre quelque part à l’intérieur, dans une marée oubliée. Il ne l’aurait pas laissée pourtant s’embourber. Il n’aurait pas ces sentiments qu’elle pourrait confondre avec de la pitié.

_ Louise. Et si je n’étais pas venu, comptais-tu garder tout cela pour toi ? Sont-ils si importants pour toi au point de mériter que tu te mettes dans cet état, pour eux. Et il savait Duke, que cela devait être un honneur pour ceux qui n’avaient conscience de rien. Car cette colère, ces tremblements ne signifiaient-ils pas qu’ils comptaient, qu’ils comptaient tellement que même dans sa douleur, Louise pensait encore à eux. Regarde toi, Louise, à t’inquiéter encore pour lui, même ainsi, et pendant ce temps qui s’inquiètera pour toi ?

Lui bien sûr. Lui avait de quoi s’inquiéter. Il n’avait pas cessé de l’aimer, même lorsqu’elle s’était détournée, même lorsqu’il s’était senti abandonné, même lorsqu’il s’était senti seul. Mais il ne disait rien, Duke. Il ne lui en voulait pas, jamais. Il oubliait d’ailleurs volontiers d’avoir mal, il oubliait le vide provoqué en lui. Il s’égarait. Ne lui importait plus que Louise et la façon dont elle se sentait.

_ Pardonne-moi, Louise, de ne pas avoir compris.

Et Louise le désarmait de ce mal qu’elle semblait abriter et qu’il n’avait jamais perçu, qu’il ne percevait à présent qu’à travers la forme de ses yeux, qu’à travers un regard qui l’écorchait, tant il semblait ressentir la colère, une tristesse aussi peut-être qui cherchait à s’évader de Louise, qu’il croyait sentir. Si Louise n’allait pas bien alors il ne pouvait certainement pas non plus aller bien, pas quand le bonheur de Louise lui importait autant, pas quand Louise comptait à ce point à ses yeux.

Il rompit la ridicule distance, d’un petit pas fait vers elle. Il ne la toucha pourtant pas alors qu’il lui faisait face, alors qu’il soutenait d’autant plus son regard. Et il avait compris, Duke, que Louise n’avait pas besoin de voir dans ses yeux le reflet de sa propre colère. Alors malgré tout, il s’était adouci, au-delà de sa propre colère, de ses regrets, de ses si qu'il se répétait inlassablement. Si j'avais pu faire mieux, si j'avais pu aider, si j'avais pu être utile, si j'avais... Pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Pourquoi avait-il été si obstiné ces deux derniers mois ? A quoi avait-il songé ? A qui ? A elle sans doute. Et malgré tout, pourtant si près d'elle en pensée, il s'en était trouvé si loin en réalité. Un regard plus doux s'était penché sur elle, plus doux car malgré ce qu'il ressentait au fond de lui, Louise même dans ses émois l'apaisait toujours. Parce qu'il l'aimait comme on aime un membre de sa famille, et ses regards alors ne pouvaient qu'être bienveillants, dans cette envie de la chérir comme il aurait dû le faire, comme il le faisait à présent. Il y avait de l'amour en Duke, si l'on regardait bien, et celui qu'il éprouvait pour Louise n'avait aujourd'hui pas peur de se révéler. Il n'avait le regard d'un garçon désolé, il n'était pas navré. Il portait sur elle le soulagement maladroit de quelqu'un qui venait de retrouver l'être absent après l'avoir perdu. Et si son corps subissait toujours les tumultes de ses sentiments, du furieux qu'on ait blessé ainsi Louise, il y avait malgré tout dans le fond de ses yeux un éclat intime tourné vers la jeune fille, et chaleureux comme il la couvait maintenant du regard, comme lui-seul savait à quel point elle pouvait lui être précieuse. Et dans la confidence, il préférait lui offrir ses sentiments les meilleurs plutôt que les pires.

_ Comment pourrais-tu ne rien recevoir, Louise, comment ne pourrais-tu avoir que ces sens uniques dont tu parles, alors qu'il est si facile de t'aimer ? Comment pourrait-on ne pas te rendre ton amour, alors que ce que tu donnes est si intense ? Comment pourrait-on seulement envisager de t'abandonner, alors que tu es Louise, alors que tu es toi, alors que ce toi se suffit ? Etre aimé par quelqu'un comme toi, Louise, ce devrait être le plus agréable. Faut-il être idiot pour ne pas s'en contenter, pour te laisser filer...

Un peu d'ironie contre lui-même. Filer, n'était-ce donc pas ce qu'elle lui avait fait ? Elle avait filé entre ses doigts, l'avait regardé faire sans chercher à la retenir. Crétin de Duke.

_ Tu ne te souviens pas, Louise ? Un jour, je t'ai dis que je te donnais mes jambes. Je n'ai pas menti. Si tu es fatiguée, alors laisse moi te porter. Si tu es épuisée, alors fais-moi confiance Louise, fais-moi assez confiance pour ne pas rester seule, pour ne pas tout supporter toute seule, fais-moi confiance pour te donner enfin autre chose que du vide, laisse-moi te prouver qu'à aimer tu ne retires pas que de l'abandon, que ce n'est pas tout ce que tu as à gagner.  

Il prendrait tout. Il prendrait sa rage, il essuierait ces mots qu’elle lâchait enfin, à la place du monde. Il n’avait pas peur de cette colère tremblante. Il n’avait pas de consolation à offrir, ni de secours. Il n’avait que sa fidélité, que sa sincérité, que son inquiétude vraie. Duke n’avait pas de discours sempiternels et bavards, mais bel et bien que sa colère qui vibrait en lui, le secouait ostensiblement, dans une évidence, dans un silence presque mortifiant. Sa rage contre le monde, contre tous. Car cela lui arrivait aussi. Car il haïssait la facilité avec laquelle le monde avait condamné et brisé Louise. Car il détestait ce qu'on avait fait de Louise. Car il se détestait lui-même de ne pas avoir su en prendre soin, de ne pas avoir vu. Il se disait protecteur, il se disait ami, il se disait dévoué, il se disait aimant. Mais l'essentiel l'avait ignoré. Louise avait une fragilité qu'il avait peut-être déjà effleuré sans jamais touché, et voilà qu'elle le lui disait puisqu'il était incapable de s'en rendre compte par ses propres moyens. Il aurait voulu tant de choses, et tant de fois en quelques secondes avait-il repoussé cette envie de l'enserrer, d'encercler son désarroi. Il se sentait si dense, si lent à comprendre. Il avait honte. Il avait honte de lui être si inutile, si futile. Il avait honte de ne pas avoir porter Louise, de n'avoir pu empêcher ce qui crevait à présent leur oxygène.

Ses mains s'aventurèrent doucement sur les traits fins de la demoiselle, et ses larges paumes encadrèrent facilement sa figure, et il la tint ainsi l'obligeant à regarder en face que ce qui luisait dans le fond de ses pupilles n'avait rien à voir avec du vide. Il n'était certes pas Demeter. Il n'était que Duke, dans sa banalité, dans ses sentiments simples, mais il avait au moins et pour une fois une prétention dont il n'avait pas honte, et tant pis si l'on prenait cela pour de l'arrogance ; Duke avait la prétention d'aimer Louise et de le lui faire savoir. Et dans les prunelles ardentes et chaudes de Duke, il n'y avait pas d'abandon. Il n'y avait que la joie d'amour.

_ Tu es fragile Louise, je le sais maintenant. Et c'est aussi pour ça que je ne vais plus jamais te laisser partir. Je vais si bien m'occuper de toi Louise que tu ne voudras plus de moi, et même là pourtant tu n'auras pas le choix, parce que Louise toute seule me cause bien trop de soucis, bien trop d'inquiétudes, parce que pour toi je pourrai en vouloir au monde entier, parce que te voir ainsi Louise, ça ne me fait pas de la peine mais ça me met en colère, parce que personne n'a le droit de te faire ça. Regarde moi, Louise. Regarde moi. Tu sais bien que j'accepterai tout de toi. Tout. Sauf le vide.

Parce qu'en t'aimant comme je t'aime je n'accepterai pas que tu me donnes ce vide dont toi-même tu ne veux pas.
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Re: the girl I once knew (Louise)
08.10.16 8:09


« Et ses mots l’avaient frappée sans qu’elle ne s’y attende. Sont-ils si importants lui avait-il demandé. Et elle aurait aimé crier que oui, aurait aimé pleurer et se laisser aller à cette infinie tristesse qui peu à peu noyait son être. Il y avait eu le vide, la colère puis le rien. Et elle se sentait si lasse, si terrible et si amère. Se sentait si prête à s’effondrer, à tout arrêter. Peut-être Duke avait-il raison, peut-être était-il temps d’abandonner : de dire au revoir. Mais y arriverait-elle ? Elle fidèle, elle piégée ? Elle dont les émotions au tantôt capricieuses ne voulaient céder, jusqu’à être entièrement brisées ? Qui s’inquiètera pour toi ?

Elle ne savait pas.
N’y avait jamais pensé, s’était contentée d’aimer et de se donner. Il lui semblait incongru qu’on puisse s’attacher à elle comme elle s’attachait aux autres : absurde qu’on veuille son bien comme elle pouvait le désirer. Et Louise se sentait si secouée, si ravagée par ces mots si doux et pourtant si froids, presque consternés. Duke que me dis-tu, avait-elle voulu s’inquiéter. Mais il s’était excusé et cela l’avait bloquée. Dans son ventre oui quelque chose s’était noué. Car ce n’était pas à lui de le faire, car elle voulait voir Demeter regretter; Dae-Jung se fissurer ! Car elle en voulait encore au monde, désirait encore rougir sous la colère; serrer les poings.

Car la douleur ne voulait pas partir.
Car elle avait beau tout faire pour l’effacer elle restait là, palpable; comme prête à exploser. Et elle se sentait si désarmée, si fatiguée. Se sentait si peu elle-même, d’ordinaire si calme, si placide : indifférente. Qu’avait-on bien fait à son coeur pour le remuer de la sorte ? A son âme pour qu’elle se perde, se transforme en un reflet floué ? Aussi aurait-elle soudainement voulu lui demander : Duke que m’ont-il fait. Mais sa voix était restée bloquée dans sa gorge, ses yeux fixés dans le vide. Mais lui avait repris et distante elle l’avait écouté de moitié.

Il lui demandait de lui faire confiance mais elle ne s’en sentait plus capable. Il lui demandait indirectement de revenir mais elle ne voulait plus le faire. Elle n’avait envie que de fuir dans les bras de ceux ayant tout détruit, car ils ne pourraient lui faire plus mal : la décevoir comme déjà ils l’avaient fait. Elle avait envie d’embrasser la simplicité, de se construire sur de la poussière et de la douleur : se créer une nouvelle existence. Elle ne voulait plus de cette joie à présent si fébrile, était tétanisée par la peur. Elle se sentait fracassée, se sentait comme ces vagues si audacieuses si féroces mais qui pourtant face aux roches finissaient rien si ce n’était pulvérisées.

Mousse et écume; perles d’océan.
Et si Louise était un conte, peut-être était-elle celui de la petite sirène. Vouée à aimer, vouée à tout donner avant de disparaitre pour de bon. Vouée à être oubliée car elle ne méritait plus, car elle n’avait pas assez bien fait. Enfin. Duke l’avait saisie et si il ne l’avait pas fait doucement quoique fermement elle s’en serait échappée : entamant un mouvement de recul. Duke je ne veux plus qu’on me touche. Je ne veux plus qu’on pose ses doigts sur moi, qu’on me transmette une chaleur factice. Je ne veux plus de ce monde, de cet amour illusoire; de ces coups de couteau. Je ne veux plus rien si ce n’est le noir, je ne veux plus rien si ce n’est les bras de mon père, les caresses de ma mère.

Je veux retourner dans mon cocon, réapprendre à respirer; à regarder le monde sans osciller, sans frissonner. Et voilà qu’il se mettait à parler, encore et encore. Ne s’arrêtait-il jamais ? Pourquoi pensait-il qu’elle voulait de lui, qu’elle avait besoin de sa présence ? « Je ne sais pas. » Sa voix s’était faite ténue alors que venant saisir ses mains elle s’en était détachée; alors que fuyant elle n’osait pas s’accrocher. Louise la brume, Louise le mirage que l’on apercevait au loin sans jamais pourtant comprendre. Et il aurait peut-être fallu être magicien pour ainsi la piéger, si ce n’était être crétin. Si ce n’était être de ces amis faux, de ces amis égoïstes qui la faisaient venir à elle avant de l’écraser, la piétiner. Avant de faire comme si elle n’existait pas. Et secouant doucement la tête elle avait admis : « Je ne sais plus rien, Duke. »

Hormis que cela ne donnerait rien de bon, que si ce n’est pas toi ce serait moi; oui, qui décevrais. Et je ne veux pas t’infliger ce qu’on m’inflige, je ne veux pas être comme eux : je ne désire qu’être moi. Ne peux-tu pas te contenter de m’imaginer comme un bon souvenir ? « Et je ne sais pas si ce que tu dis est vrai et je ne sais pas si je veux y croire. Mais je sais une chose, Duke; c’est qu’eux, eux ont fait ce que tu m’as dit qu’on ne devrait pas. »

Et je ne leur pardonnerai pas.
Quoique, quoique je ne sais pas.
Et je m’en veux tellement d’être si idiote, si désespérée et pourtant si ferme avec toi. Pourquoi n’est-ce pas toi, toi qui me détestes ? Souriant, Louise avait eu ce regard un peu tout, surtout rien. Elle avait dévisagé Duke et replaçant ses cheveux elle s’était dite qu’à présent elle devait faire sans. Sans eux qui ne lui laissent pas le choix, sans eux qui tendaient leurs mains vers elle. Sans eux ni personne.

Mais elle le savait, au fond, qu’elle n’y arriverait pas.  
Jamais.

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Duke E. Osborne


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Re: the girl I once knew (Louise)
17.10.16 18:59

Et Duke comprenait sans doute à quel point ils pouvaient être importants pour elle, puisqu’elle lui était également si essentielle, si tout, mais dans un désir sans doute trop égoïste comme il en avait peu mais comme cela lui arrivait parfois puisqu’il était humain, il aurait souhaité, oui, qu’un instant, elle ne regarde plus que lui. Et il y avait eu en lui cette jalousie, cette jalousie bien normale quand on ne peut s’empêcher d’aimer, car enfin, Louise lui semblait si injuste, si avare dans ses attentions ! N’aurait-il pas dû le lui dire ? Louise et caprices ! A l’avoir abandonné. Il détesta ce sentiment. Il détesta ses envies les plus sourdes qui lui revenaient soudain comme après avoir tourné trop longtemps en vain. Il n'avait pas de rancoeur, c'était vrai, rien qu'un souvenir, et comme il aimait Louise il aurait voulu qu'elle l'aime aussi. Et sur ce dernier point, il lui semblait alors qu'ils n'étaient plus égaux.

Il pardonnait pourtant. Par amour, parce qu'il n'était pas de ceux qui s'empoisonnaient l'esprit de rancune, de ressentiment. Il préférait l'aimer plutôt que la mépriser pour une attention qu'elle ne lui donnait pas.

Car il lui semblait qu'elle leur accordait tant d'importance, tandis qu'il avait la sensation, brisée, douloureuse aussi, de ne pas mériter la même, tandis qu’elle se tenait là, si proche tout en lui paraissant si lointaine, si hors de portée, dans un constant inaccessible depuis qu'il avait été chassé. Ce fut comme si elle le regardait sans le voir ; il en fut persuadé, et au-delà de l’irritation que cela provoqua en lui, il y eut surtout ce chagrin profond devant un constat un peu trop évident que lui ne lui était pas suffisamment important pour provoquer chez elle de tels émois, que lui ne recevrait jamais le même intérêt, le même amour peut-être. Et en pensant un peu à lui avant de penser à elle, furtivement, pour quelques secondes seulement, il se sentit meurtri.   

Il s’était dit malgré tout qu’il serait prêt à attendre, peu importait réellement ce qu’il aurait trouvé en venant ainsi vers Louise. Il s’était dit qu’il l’aimerait toujours.

Soudain, il ne le voulait plus.

Car s'il attendait et si elle ne venait pas malgré tout ? Que lui resterait-il alors ? Si elle ne lui revenait jamais. Ca l'avait pris avec une fulgurance presque brute, comme une vague un peu trop forte, assez pour balayer un équilibre. Car soudain, cela lui semblait bien difficile, cela lui semblait comme un supplice sans fin imposé à lui-même sans trop de réflexions sans doute. Alors Duke la regarda pour la première fois comme on regarde une impulsion, étonné de cet emportement qu’elle provoquait malgré tout encore, même après avoir un instant songé qu’il ne la désirait plus. Et elle dérangeait des émotions qu’il ne connaissait pas, lui faisait arpenter des échantillons d’états, de confusions. Et il se sentait accablé, accablé par son propre altruisme, accablé d’aimer Louise, accablé de cette douleur qu’il ne savait pas guérir, accablé de n’être que Duke, dévoué, maladroitement dévoué auprès de sa Louise, de cette sensation de ne rien avoir en retour, de cette impression durable qu’il n’aurait rien pour ce temps qu’il consacrait aux autres plutôt qu’à lui-même.

Mais il l'avait choisi, et il n'avait pas le droit de s'en plaindre. Il poussa un soupir, pas un soupir ravi, pas un soupir heureux. Rien qu'un soupir fatigué. Son sourire étiolé, ça le prenait comme une démangeaison, ça lui secouait les extrémités de ses doigts. L'envie d'agir. Seulement pour ne plus sentir cette impuissance, pour s'en soulager. Il aurait souhaité ne pas être Duke pour libérer un peu de ce qu'il retenait en lui. Mais il était Duke, et Duke ne faisait pas ces choses-là ; il se contenait, il se taisait, s'étouffait lui-même. Il subissait une impatience.

_ Fais donc un effort pour savoir, alors.

Il détourna proprement le regard avant de croiser trop longtemps le sien. Quelle lumière aurait-il pu lui offrir, sinon celle de l'impuissance.

La colère l'avait rendu jaloux. La jalousie l'avait rendu vain. Le vain l'avait rendu vide. Et le vide le poussait au désespoir.

Et malgré les montagnes russes construites tout autour de son grand coeur fatigué et triste, il voulait rester cependant. Parce que malgré qu'il ne l'eut plus voulue, il affectionnait toujours Louise. Cela aussi le dépassait d'un trop, incapable qu'il était au final de s'en passer, incapable d'en exiger malgré tout quoi que ce soit. Alors il ne parla pas de ses pensées errantes puisque cela n'était pas le moment, puisque cela n'était jamais un moment dans l'existence de Duke.  

Il se laissa tomber nonchalamment, le dos appuyé contre la balustrade. Et il attendit, le regard vague, impuissant devant la douleur de Louise. Car ce fut comme si son regard, comme si ses mots détruisaient ses tentatives. Il n'aurait pas voulu la laisser seule, il aurait voulu lui parler encore. Longtemps. Qu'elle le traite une fois de trop de bavard. Il voulait bien oui polluer l'air de ses quelques croyances. Il aurait aimé rendre le monde plus beau, pour Louise.  

_ Alors tu devrais pardonner. Comme il lui pardonnait aussi d'avoir cousu chez lui sans même s'en être rendue compte et juste à côté d'un point de bonheur un autre petit point de malheur. Sans oublier, juste pour toi et pour trouver la paix.
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Re: the girl I once knew (Louise)
30.11.16 21:37


« Et Louise dont les doigts étaient liés, le regard perdu contre les lisses contours du lac au loin s’était dite que cela suffisait. Les mots de Duke jusqu’alors inefficaces l’avaient touchée, et sa colère terrassée n’avait tardé à s’effacer. N’étaient restés que le vide, la lassitude et ce léger frisson. N’était restée que Louise dont le coeur écorché avait choisi de tout arrêter. Les remous jamais n’avaient été son fort et fatigué de pulser et de se tordre il reprenait à présent sa lente course. Course contre le temps, la maladie : contre les émotions fortes et sursauts inquiets, spontanés. « Je vois. » Elle avait acquiescé doucement, esquissant un geste vague de la main. « Tu as raison. » Cette agitation avait été puérile, et soudainement glacée elle avait réalisé ce qu’il venait de se passer. Elle avait crié, semé tempête : avait accusé le monde et voulu tout jeter, fracasser. Elle avait cédé à la colère et au désespoir, à l’amertume et à l’acidité. Était-ce vraiment ce qu’elle était ? Ou ne s’était-il agi que d’un moment d’absence ? Que d’un éclat furieux d’ordinaire noyé par le calme, l’indifférence ? Soupir.

Elle était un gâchis.
Replaçant distraitement quelques mèches le long de son visage, derrière ses oreilles, elle avait repris une respiration stable. « Tu m’as pardonnée, Duke. » Et cela ne demandait aucune réponse, était soufflé sans retenue : tel un constat. Lorsqu’elle était partie, lui avait tourné le dos, il n’avait pas bougé. Avait respecté son choix, quoique sans doute un peu hésitant, et l’observant de loin avait acquiescé. Quelle ironie de la voir exploser ainsi, devant lui : de remettre en question l’amour qu’on lui portait, de s’indigner d’être abandonnée alors qu’elle avait fait de même avec lui. Et elle aurait aimé le lui avouer, tout d’un coup, lui murmurer un je suis désolée mais cela n’aurait rien changé. Les faits étaient là et ne cherchant à les changer il n’était bon d’appuyer, de forcer et remémorer.

Elle se sentait épuisée et fébrile elle était venue poser des paumes tout contre ses jours, remontant jusqu’à ses yeux : les fermant un instant. Au final, qu’en était-il ? Il fallait bien l’admettre, elle était son seul et unique problème. A quoi bon remettre en question les autres, alors qu’il s’agissait là principalement de ses choix. Elle avait choisi de s’attacher à eux car ils ne le lui rendraient pas, et car elle ne l’accepterait pas. Elle avait choisi, oui, de se mentir pendant de longues années. A ne révéler sa condition à personne si ce n’était sa famille, le directeur : à tout faire pour qu’à jamais on la sache Louise et non pas une autre. Non pas une influencée par sa maladie, n’étant plus que le reflet d’elle-même. Mais à vouloir se vivre n’avait-elle pas fini par sombrer ? Peut-être l’était-elle vraiment devenue, oui : cette Louise malade d’une maladie. Tous ses choix étaient à refaire, et elle était un échec. Il était temps qu’elle accepte, qu’elle se redresse ou elle ne savait quoi autre : mais elle ne pouvait plus continuer ainsi.

Elle avait choisi la solitude de peur de blesser les autres. S’était éloignée de Duke pour qu’il se fasse à son absence avant qu’elle ne le lui impose. S’était attaché à des égoïstes, des étrangetés : des brisés, des fragiles et des ratés. S’était surprise à les aimer sincèrement, à soupirer leur nom alors que paresseuse elle n’était d’humeur à ne rien faire si ce n’était discuter, rêver. Le pire avait été son orientation : de rayer ainsi le droit de ses possibilités alors qu’elle n’avait vécu que pour ça. Tout chez elle avait crié futur, bonheur, accomplissement. Mais il avait fallu une sentence pour qu’elle accepte, se dise que cela n’en valait plus la peine : qu’il n’y avait plus de solution. Son deuil n’avait pas été long et elle n’avait jeté la faute sur quiconque. Elle n’avait pas pleuré pendant des jours, n’avait pas été remuée, prise de terribles folies puis instants de vides. Elle avait juste admis qu’elle serait un papillon, une bougie : qu’elle oscillerait comme tout autre mais s’éteindrait un peu plus tôt, un peu plus vite. Avait dévisagé ses espoirs, ses projets s’effondrer, tomber puis ne plus rien être. Avait dit adieu à ce qu’elle convoitait puis n’avait plus cherché : avait repris sa vie. Avait inspiré de nouveau, et était partie de travers, quittant le chemin dont elle avait cru être destinée. Soit.

« Je vais te dire un secret, Duke. » Et se séparant de la rambarde Louise s’était penchée, se mettant au niveau du garçon : « Nous sommes éphémères. » Souriant doucement, elle l’avait dévisagé avec tendresse. « Toi peut-être plus que moi, moi peut-être plus que toi. Un jour nous sommes là, un autre nous ne le sommes plus. Radical, n’est-ce pas ? » Se confiant indirectement à lui elle avait chuchoté, se rapprochant de son oreille : « Je t’aime, tu sais. Tu es comme un frère. » Riant silencieusement, elle n’avait tardé à se redresser, mains dans le dos : « Mais car nous ne savons rien de demain il me semble plus simple de faire comme si de rien était. Je sais ce n’est pas très malin, mais je n’ai jamais déclaré l’être. » Puis elle était partie, avait pris la fuite. Et il aurait fallu à Duke plus de maturité et à Louise plus de sérénité, plus d’insouciance : et il aurait fallu que l’un donne à l’autre pour qu’ils se retrouvent et s’équilibrent. Et peut-être était-ce le cas, peut-être le serait-ce dans un mois, dans six ans.

Peut-être le serait-ce alors qu’elle ne serait plus là.
Mais elle ne se battrait plus, car Louise, oui, était fatiguée. Alors elle laisserait faire, faire les autres faire le temps et les dévisageant tous elle serait leur poupée. Il lui aurait fallu une claque, aurait fallu qu’un de ses cousins la secoue mais eux-mêmes dévastés de sa condition n’osaient pas. Pas encore, du moins. Enfin.

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Re: the girl I once knew (Louise)

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