Allez, souris, Lynch
souris, car le pire reste à venir.
L'àvenir, hein... je l'ai rencontré plusieurs fois. C'est un gentleman un peu mystérieux, un peu misanthrope, avec un grand chapeau noir et des gants blancs (ne supporte pas de toucher les gens sûrement). Et même quand il te serre la main, il ne te regarde même pas dans les yeux.
L'àvenir avec ses airs de gentleman courtois, soi-disant toujours à l'heure. Tout le monde le reconnaît lorsqu'il apparaît ; avec son masque d'assassin et sa voix brouillée par les interférences du passé.
Je souris tant que je suis seul. Il y en a qui croient que seuls les plus démunis finissent comme moi. Ce n'est pas faux, mais pas toujours vrai. Je ne suis pas ainsi car je n'ai plus rien à donner.
J'ai des trucs à donner. J'ai des babioles dans les poches, et plus de choses que je n'aimerai admettre dans le cœur. Et j'ai aussi un palace dans le cerveau ; c'est un royaume que je serai prêt à céder, non louer
pour une poignée de sable immaculée.
Mais le marchand de sable ne passe plus, alors je fais avec.
Je souris, car j'ai un secret à acheter, et du temps à vendre.
et mon temps, c'est de l'amour avant d'être de l'argent.
c'est de la magie, des larmes, de la terre, du sang et des reflets.
Je pose ma main contre tes engrenages métalliques
pauvre horloge paralysée par l'àvenir.
Je m’assois en face, d'elle. Elle ne veut toujours pas s'ouvrir à moi, elle est timide. Ça viendra, ça viendra.
Je lui rends visite pour la énième fois, pas la dernière. Toujours à 11h38 ; souvent le jour, parfois la nuit. Peut-être que le temps n'aimait plus cette horloge, peut-être la trouvait-il trop vénérable, trop ridée ; moi je continue à toquer à sa porte pourtant. Je t'aime, tu sais. Et un jour j'trouverai un moyen de te faire sourire de plus belle.