Sugar is life || Sidney Hedger

Point de vue de Sidney.
Tu te sentais bien désormais. Il faisait beau pour un samedi de janvier. Même la neige qui collait sous tes semelles et glaçait le paysage de Pré-au-lard ne pouvait t’empêcher de ressentir de l’excitation. Alors que normalement, pendant les périodes hivernales, tu hibernes à la bibliothèque, avec un thé et des livres près du feu, il avait fallu faire des efforts pour sortir et retrouver une amie.

Ta moitié était occupé avec une autre fille et avait détourné son attention pour aller boire un verre aux Trois Balais. Il ne restait donc plus que toi et Elyon, au chaud. Sans rien dire, tu observais ses yeux, fasciné par ses lèvres qui bougeaient harmonieusement dans le vide.
Tellement absorbé par le bien-être, tu en oublias d’écouter la question qu’elle venait de te poser,et qu’elle du répéter.

— “Ah ! Euh.. oui oui je vais bien. Et toi ?” Tu esquissas un rire gêné et te gratta la tête d’un air stupide. “Désolé, j’ai la tête ailleurs.”
Tu attrapes le menu pour te cacher derrière. D’un naturel froid, tu avais du mal à te laisser aller. La mine étriquée, tu fixais le nom des gaufres sans sourciller.

— “Je vais prendre au chocolat, tout simplement.” Le fait qu’elle paye quelque chose ne te rendait pas jouasse. Mais tu avais l’intuition qu’avec ce genre de personne, cela ne servait à rien de marchander, car elle gagnerait toujours au concours de générosité.
Elle se confie à nouveau, sur ses peurs et te remercie comme si tu lui avais sauvé la vie. Ce mérite qu’elle t’accordait t’engourdissait car il était exagéré.

— “Ne t’inquiète pas, il est parti. Astucieux de détourner son attention avec de la nourriture. C’est un de ses points faibles, mais chhuuut, ne le répète à personne.”

Point de vue de Sidney.

Elle rougit. Quand tu l’aperçois, tu rougis aussi alors sans t’en rendre compte. C’était peut-être les flammes de la cheminée, pas très loin de vos sièges, qui te faisait cet effet. Tu avais presque hâte que la gaufre chaude sorte du moule et arrive devant toi. Elle s’émerveille pour un rien du tout, comme si chaque petit moment de bonheur se doit d’être valorisé, pris en compte. Tu avais remarqué que les humains, globalement, ne retenaient que ce qui était négatif, dans une journée. Mais comment croire qu’une personne comme ça puissent ressentir des choses négatives ?

— ”Est-ce que tu es triste parfois ?”
Tu ne sais pas pourquoi tu as posé cette question. Tu te sens stupide, mais cela t’a échappé. Cette fille t’intriguait. Elle t’extirpe ensuite de tes pensées en te posant immédiatement des questions sur toi et Seth.

— “Euh. Je ne sais pas trop si Seth a des points faibles. Mais généralement quand on lui offre de la nourriture il change un peu de personnalité. Mais ça ne marche pas à chaque fois, surtout s’il comprend qu’on a compris qu’on pouvait le mener en bateau avec ça.” tu marques une pause. Tu as trop parlé d’un coup, ta voix n’a pas l’habitude. “C’est un garçon très intelligent Seth.”

Elle te parle de son petit frère, ça te fait sourire. Tu l’imaginais très protectrice envers son frère, un peu comme toi avec Seth. Car même si vous étiez jumeau, tu étais né avant lui, et tu avais cette attitude maternelle envers lui. C’était toi qui gérait tout, et qui réparait les dégats derrière lui. Mais un détail t’interpelle.

— “Tu viens d’une famille de moldus ?” Cela est bizarre, voir même étrange. C’était peut-être la première personne à Poudlard à qui tu avais adressé la parole qui était comme ça. Pourquoi pas… Même si Seth détestait les moldus, toi tu n’en avais rien à faire.

— “ça serait triste qu’il ne soit pas sorcier. Il devra vivre une vie ordinaire alors que toi tu feras des choses extraordinaires.” Tu ne saisissais pas le poids de tes paroles, ne sachant pas si c’était méchant ou gentil.

— “Je n’ai pas de point faible.” Tu esquisses un sourire, détournant un peu la conversation en continuant de répondre. “Du moins je vais y réfléchir.” Seth était ton plus gros point faible, indubitablement.

— “Nos parents sont..” tu écarquilles les yeux. Douleur. Regrets. Amertume.
“Ils sont morts il y a quelques années par un feudeymon.”

Point de vue de Sidney.

Tu te figes instantanément. Le contact de sa peau est étranger. Elle te prends dans ses bras, t’enveloppe d’un amour trop rare, t’enlace de son aura rassurante, comme une mère protège son enfant. Et personne ne t’avait pris contre soi depuis longtemps. Tu n’assimilais plus cette sensation comme un geste normal. Tu te détestais à apprécier, à vouloir plus.

Elle finit par se dégager et tu demeurais mal à l’aise, évitant son regard, les joues rosées.
— “Hm.. Évite de faire ça sans me demander, s’il te plait.”
Tes yeux perçants la dévisagent avec une certaine pudeur, comme si tu renflouais toutes tes émotions à l’intérieur de toi. Comme si tu l’avais verrouillé ensuite avec un cadenas.

Tu engloutis ta gaufre et ramasse ton sac péniblement. Tu ne voulais pas agrémenter cette situation déjà embarrassante.

— “Je .. Je voulais savoir si.” Tu détournes le regard. “Si tu voulais venir avec moi au bal.” Panique. Tu te reprends immédiatement. “Enfin, entre ami hein. Je ne veux pas que tu penses que je tente quoi que ce soit, car c’est faux.” Tu insistas bien sur le dernier mot, pour être sûr qu’elle comprenne bien ce que tu avais dit. Même si ce genre de fille par expérience ne comprenait pas les sous-entendus sans qu’on leur fasse remarquer, tu voulais prendre des précautions.

Nouveau silence de ta part. Pour ne pas béguailler et finir par te hair complètement, tu mis ton sac sur l’épaule et hocha la tête nerveusement.
— “Je pense que je ferai mieux d’y aller. … Salut.”
Tu tournas les talons sans demander ton reste, ayant à peine eu le temps d’entendre la réponse qu’elle avait bredouiller.