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 Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN

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Demeter H. Green


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Demeter H. Green





Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
10.08.16 12:24

Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés,
Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord,
Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.


C’était une de ces journées un peu minables dont l’occurrence devenait malheureusement trop fréquente en cette fin d’année scolaire bourrée d’examens. Pour une raison qui lui échappait, il avait l’impression que le sort s’acharnait sur lui ; Rhodes. Rosabel. Sa mésaventure en compagnie de Tullie et Joakim. Il était las de tous ces problèmes, survenu en un temps de laps si court qu’il se sentait comme oppressé ; vidé de toute énergie.
Cette léthargie lui était étrangère. Ce n’était pas Demeter du tout, que d’être passif et ennuyé, si fatigué et silencieux. Ce n’était pas lui, que de chercher, d’oser désirer la paix, lui si belliqueux. Pour se sentir exister il avait besoin de confrontations, de mots blessants, de cracher son dégoût à la gueule de cette marée infinie d’imbécile pestiférant entre les couloirs de Poudlard. Ces chiens aux gueules béates, aux gueules heureuses, tous si étrangers aux maux qui l’affligeaient. Si insouciants face à cette vérité qui s’était imposé à lui si jeune. Il voulait les salir. Devenir le fléau de leurs misérables vies. Il avait ce besoin compulsif d’épancher sa colère de la plus détestable et perverse des manières.
Mais plus depuis quelque temps.

- Je n’ai pas faim.

Argus Jones, fidèle, l’avait accompagné jusque dans les catacombes. Il avait dénoué sa cravate, défait les premiers boutons de sa chemise. Il acquiesça indolent.

- Ne m’attendez pas pour dîner.

Demeter s’était retourné pour faire face au mur donnant accès à la salle commune des Serpentards, là où ni Argus, ni Juniper, ni James ne pouvaient le suivre.

- A demain.

Et il était entré dans la pièce souterraine. Il lui sembla croiser Tris Williams. Il se contenta de la dévisager d’un air froid. Il chercha Ursula du regard avec l’envie de lui adresser une méchante pique comme il avait l’habitude mais elle n’était nulle part. Tant mieux. Au final il n’en avait pas si envie que ça. Comme toujours il fila sans plus s’attarder jusque dans les dortoirs y posa son sac. Défit enfin sa robe et redescendit dans la salle commune. Demeter espéra ne pas voir Rosabel contre qui, il était toujours furieux. Il fut content de constater qu’elle n’était pas dans les parages. Il avisa Julchen avec qui il discutait parfois, les deux prenant un malin plaisir à critiquer l’ensemble de  leurs camarades. Mais Demeter l’ignora en pinçant des lèvres. Il était soudainement blasé et ces choses auxquelles il avait toujours attaché une grande importance, lui paraissaient à présent étrangement futiles et superficielles.
Au fond il n’y avait qu’une seule personne qu’il avait véritablement envie de voir. Demeter resserra machinalement le dernier bouton du col de sa chemise et tira sur son nœud de cravate. Ses yeux glissèrent sur le blanc immaculé des manchettes de sa chemise et il les rajusta délicatement. Enfin satisfait, Demeter s’approcha du canapé en cuir noir et s’y laissa tomber brusquement comme harassé par la fatigue. Habituellement quand il arrivait avant, il s’asseyait sur le fauteuil parce qu’il voulait être à part et considérait sa proximité comme trop précieuse pour être partagée. Il n’y avait qu’elle dont la présence ne l’importunait pas et devenait même souhaitable. Alors quand c’était elle qui arrivait avant, il prenait toujours place à ses côtés plutôt que dans le fauteuil.

- Bonsoir, Louise.

Il la gratifia d’un demi-sourire.

- Si tu savais le genre de journée immonde que j’ai passé.

Les jambes un peu écartées, le buste penché, les coudes appuyés sur les genoux et les mains jointes, Demeter agitait ses poignets dans un va-et-vient répétitif. Moins las qu’auparavant, il songeait avec verve à tout ce qu’il avait à lui dire. Tout ce qu’il lui brûlait de lui dire. Son regard se perdit quelques secondes dans le brun de ses cheveux. Une pensée abstraite le secoua alors, et il eut dans sa remarque comme un reproche déguisé.

- Oh attends. Argus t’écrivais un origami ce midi.

Il fronça les sourcils légèrement et avança ses lèvres fines en avant. Gamin c’était sa moue d’enfant buté, quand on lui demandait de partager un jouet avec Juniper et qu’il s’y refusait.

- Encore de la poésie moldue ?

Louise n’était assurément pas sienne. Pourtant, son cœur était toujours pris d’un drôle de pincement quand Argus lui parlait d’elle, quand Argus si beau, si séduisant l’abordait avec un sourire en coin. Ou encore, lorsqu’il la voyait en compagnie de Duke Osborne, saleté de bellâtre, chevalier de ses dames par excellence.
Soudainement contrarié, Demeter glissa légèrement de côté, s’éloignant imperceptiblement de Louise.
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Louise A. Ryan


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Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
10.08.16 19:35


« Ce canapé était bien trop grand, oui; pour que Louise ose s’y aventurer. Il affichait sa solitude, l’absence d’une présence à ses côtés : aussi avait-elle longuement dévisagé les fauteuils, ne sachant se décider. Où pourrait-elle bien s’installer ? Qui pourrait bien finir par se montrer, par la regarder ? Demeter était-il déjà arrivé ? Car qui en ce monde pouvait bien faire attention, oui; si ce n’était pas lui. Qui d’autre pouvait passer la salle commune et se rendre compte de sa présence ? Hormis le vide, le rien; hormis le silence et l’indifférence.

Puis, qui pouvait-elle regarder d’autre que Demeter ? Quand tous les autres semblaient si gris, si fatigués : si eux sans l’être, si ombre de leur personne ? Comment pouvait-elle en éprouver un quelconque intérêt ? Elle ne savait pas, ne les voyait même pas. Et certains auraient crié qu’elle n’y pouvait rien, que c’était dans ses gênes; que les Ryan n’avaient jamais vu les gens pour ce qu’ils étaient mais pour une masse informe et globale. Qu’ils étaient trop occupés, oui; à chasser leur destinée : leur regard fixé dans un lointain aux tranchées infranchissables. Aurait-elle cherché à les contredire ? Quant eux-mêmes se donnaient raison ? Ceux l’entourant dans les couloirs de Poudlard n’étaient-ils pas tous pareils, ensemble ? Où était l’atypique, l’unique ? Où était la différence ? Elle aurait bien aimé le savoir.

Aussi s’affirmait-elle Ryan, tant bien même n’en était-elle plus vraiment une. Elle n’était que le reflet d’un nom, l’idée passée d’une existence déjà bien effacée. On ne parlerait plus d’elle dans les repas familiaux, effleurerait sa maladie; bifurquerait sur ceux allant se marier, poursuivre leur avancée. Quelle idée, oui; que de discuter de quelqu'un s’étant arrêté ? Enfin. Elle avait ceci en elle, et jamais plus elle ne pourrait s’en éloigner. Elle était condamnée à se sentir Ryan, à se vivre et se connaitre ainsi sans pour autant être acceptée. Elle aurait encore pour des mois entiers cette absence particulière, cette incapacité à remarquer une main tendue vers elle; alors qu’elle avancerait vers ceux qui l’attendaient. Et comment aurait-elle pu, oui; focaliser son attention sur ceux ne l’attendant pas; ne la voulant pas ? En avait-elle seulement le temps ?

Quoique, Demeter Hydrus Green ne voulait sans doute pas de Louise.
Mais Louise voulait de Demeter.
Tout était si compliqué.

Et elle avait eu tout d’un coup envie de le dire, oui « Demeter tu es si compliqué ». De le murmurer dans ce silence, dans cette absence : de voir si cela allait l’invoquer. L’entendrait-il ? Le sentirait-il tant bien même n’étaient-ils pas ensemble ? L’ennui la rendait ridicule. Et peut-être l’était-elle, assise sur ce bout de siège comme si elle allait en tomber; dos au gouffre, à la place vide d’une présence qu’elle désirait pourtant ardemment. Ses mains étaient posées tout contre l’accoudoir, sa tête trônant sur elles; le dos courbé, les cheveux tombant, coulant. Aussi Louise était-elle là sans vraiment l’être, dévisageant le rien comme on imaginait le vide. Car n’était-ce pas ça, oui; qu’elle ressentait à cet instant ? Elle était une âme face à elle-même, une personne fouillant ses pensées jusqu’à ce qu’une autre vienne l’y déloger.

Elle se sentait seule, car trop avec elle-même.
Elle avait besoin de quelqu’un, mais ne désirait que Demeter.

Aussi Louise avait-elle sursauté doucement, oui; à son approche. Comment avait-il pu apparaitre ainsi ? Dans son dos, alors qu’elle fixait déjà depuis de nombreuses minutes la porte menant à elle ? Était-il entré quand elle descendait des dortoirs ? S’étaient-ils manqués ? Croisés sans se voir, vécus sans se savoir ? Elle se sentait perdue, avait néanmoins tourné son visage vers lui; lui offrant un « Demeter » ainsi qu’un sourire. Ses yeux avaient battus des cils pour un instant, comme si jamais elle ne pourrait s’habituer à sa présence. Enfin, elle se sentait en paix.

Il parlait, et elle ne pensait à lui répondre; trop occupée l’écouter, le dévisager. Elle avait, pourtant, des réponses : les laissait flotter dans son esprit puis s’envoler. Elle voulait lui demander ce qui n’allait pas, qui l’avait ruiné; était même prête à hasarder quelques noms, voire situations. Pour lui, elle se serait mise en risque; aurait conquis l’espace de points d’interrogation. Mais l’aurait-il accepté ? Aurait-il souri à ses irruptions, sa monopolisation ? N’était-il pas mieux de le laisser aller, comme elle se sentait si bien à ne rien faire ? Sa voix était un met précieux qui pouvait la plonger dans le plus sombre des sommeils. Et si Louise n’aimait pas dormir car dormir lui rappelait qu’il y aurait un jour ou elle ne pourrait plus que le faire — avec lui elle s’en sentait capable. Demeter était de ces présences rassurantes tant on les aimait; dont les mots berçaient et pansaient les plaies.

« Tu étais donc au courant. » avait-elle souri à ses questionnements; si occupée à l’imaginer qu’elle en avait manqué de peu la réponse. « Je n’arrive pas à m’y habituer, tu le sais ? C’est la première fois qu’on pense à m’envoyer ce genre de choses. » Et ses yeux s’étaient faits un peu rêveurs, un peu perdus. Qui était assez fou pour venir à elle ? Argus l’avait fait, en tout cas; et il avait bien été le premier. Peut-être était-ce pour cela, oui; qu’elle le remarquait des fois, au détour d’un couloir. « Mais cela importe peu, Demeter; tu étais sur le point de parler. » Car le sérieux l’avait reprise d’un coup, ses sourcils se fronçant imperceptiblement. Demeter n’était-il voué qu’à voir ceux l’entourant ? Et non elle, parmi eux ? Il n’était pas question de son ami à lui, ni de sa connaissance à elle. Il était question de elle et lui; de lui et elle. Il était question de Demeter Hydrus Green faisant face à Louise Agatha Ryan : et elle ne pouvait accepter cet écart. Elle le voulait tout entier, ne désirait qu’écouter son âme et ses caprices.

Pourquoi se tenait-il si loin, si fermé ? Pourquoi l’empêchait-il à ce point de se rapprocher ? Elle aurait aimé, pourtant; pouvoir venir mettre sa tête sur ses jambes — s’approprier pour un instant sa chaleur. Peut-être l’aurait-elle mieux compris, si il le lui avait permis. Peut-être le voir ainsi, de haut en bas et de bas en haut lui aurait fait découvrir une autre partie de lui. Et il n’aurait été question de beauté, car Demeter avait cette noblesse l’empêchant de sembler plat, insipide. Il était et c’était ainsi que Louise le voyait. Aussi avait-elle senti un soudain rejet, et n’avait osé tendre sa main; venir effleurer un bout d’épaule, de bras ou même de rien. Elle s’était juste contentée de le dévisager, une triste révolte ancrée sur son visage; dans son regard. « Je veux savoir, tu sais; pourquoi ta journée c’est si mal passée. » Et la douceur était revenue, brisant tout rempart; gonflant l’affection. Il y avait alors eu cette Louise offerte, apprêtée à aimer. Il y avait eu son temps s’offrant à lui, et cette capacité à tout accepter. « Je veux t’écouter. »

Car elle avait l’impression qu’à cet instant, il disparaitrait.
Demeter Hydrus Green était tangible mais inaccessible.

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Demeter H. Green


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Demeter H. Green





Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
11.08.16 13:51

On dirait ton regard d'une vapeur couvert ;
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.


- Oui. Je passe la plupart de mon temps avec lui après tout.

Sa gorge s’était serré, ostensiblement. Demeter se sentait nerveux. Il porta une main à son col de chemise dans l’intention d’en défaire le premier bouton. Il se retint en croisant le regard de Louise.
Et tout retomba (sa main aussi). Il l’observa en silence.
Il n’aurait pu dire de quoi il s'agissait exactement mais quand Louise était là, le vrombissement habituel de ses maux devenaient muets. Peut-être était-ce son regard si limpide et si doux. Peut-être était-ce sa voix, si chaude et si souple. Peut-être était-ce son visage, qui, baigné par les flammes de la cheminée, était si diaphane, si voilé, qu’il n’aurait pu lui en vouloir pour si peu. Ou encore, pour une raison ou pour une autre, Louise évoquait cette fois comme à chaque, une tendresse inextricable à laquelle il ne pouvait se soustraire. Elle l’apaisait par sa seule présence. C’était aussi merveilleux que déroutant. Et sans doute n’en était-il pas conscient, mais à quel moment exactement était-elle devenue aussi importante ? Il se surprenait souvent à murmurer son nom quand il pensait à Juniper.

Demeter triturait discrètement sa cravate émeraude, légèrement distant. Puis il eut alors cette constatation. Incrédule, rasséréné, il en oublia un instant Argus et Duke Osborne.

- Vraiment ?

Louise si douce, si unique, si exceptionnelle à ses yeux, aurait dû incontestablement s’attirer depuis longtemps toute l’attention de la gente masculine. L’inverse était impensable Puisqu’après tout si elle était le fruit de toute son attention, cela faisait d’elle ou cela voulait dire qu’elle était désirable par tous et pour tous. Il ne pouvait en être autrement. Et c’était sans doute là le fruit de toute sa frustration, quand il lui imaginait d’autre Argus, d’autre Duke, aux mots fleuris, aux sourires romanesques, se l’accaparer, quand bien même elle lui était si précieuse. Et voilà qu’elle lui soutenait le contraire à sa plus grande quoique égoïste satisfaction. Tout aussi rassuré qu’il était de savoir qu’on ne lui déroberait pas Louise, Demeter demeurait cependant bougon en revoyant Argus recopier ses quelques lignes à l’heure du midi. Pourtant il lui répondit d’une voix blanche et détachée, si habitué à déguiser ses humeurs aux autres comme à lui.

- Tant mieux.

Et c’était impulsif. Et c’était terriblement égoïste comme réponse.
Et c’était tellement Demeter que de parler sans penser aux autres. De penser à lui avant eux. De se dire que lui seul suffisait.
Et c’était tellement Demeter que de se croire roi.
Pourtant aussi intouchable qu’il se voulait, il en fallait au final toujours très peu pour l’inquiéter. Alors quand il pensait à Argus si frivole, si volage, il craignait peut-être qu’on la lui ravisse de cette place à laquelle il voulait la voir trôner éternellement.

Parce que Louise était sienne il ne devait en être autrement.

- Argus est…

Il s’arrêta subitement. Chercha les bons mots pour lui dessiner le contour de sa pensée. Mais Louise l’interrompit dans ses balbutiements et fit oublier origamis, poésies ainsi que l’ombre si intimidante et parfois si encombrante de son meilleur ami. En ces moments il n’était question que de lui. Il ne s’agissait que d’eux. Alors, inconsciemment, il combla un peu la distance les séparant. Le tissu de sa chemise frôlait à présent l’épaule de Louise. Et pour la première fois aujourd’hui, l’ourlet de ses lèvres dessina un sourire. Il entama le récit de sa journée en tournant son visage vers elle.

- Je disais donc qu’elle était absolument atroce.

Il était toujours penché vers l’avant. Son regard vogua vers les flammes de l’âtre tandis qu’il prenait un ton fielleux.

- Rhodes me rend la vie impossible. Il a ruiné deux de mes chemises ce matin.

En repensant aux évènements il se sentit légèrement en colère. Rhodes était si acharné qu’en comparaison il était une crème. Il semblait s’être fait un devoir de rendre son existence misérable et jour après jour, il était source de nombre de ses malheurs.

- Il jetait des bouteilles d’encres au cinquième étage et évidemment ça ne partait pas.

Il se laissa tomber en arrière, s’enfonça dans le cuir moelleux du canapé.

- Donc je suis allé me changer et évidemment qui m’attendait à la sortie de la salle commune ?

Il eut un haussement de sourcil entendu et ponctua son récit d’un ton particulièrement dédaigneux.

- Rhodes. Et comme si cela ne suffisait pas il a fallu que ce crétin de Nails en rajoute une couche. Son origami m’a recouvert d’empestine je crois.

Il fit craquer les jointures de ses doigts, rigides à force d’avoir passés la journée à écrire.


- Evidemment ça ne partait pas non plus et j’ai dû passer deux bonnes heures à enlever tout ça.

Il eut un rire sans joie.

- Et puis des examens. C’était facile mais fatigant.

Il fourra sa main dans sa poche, en retira une boite métallique, l’ouvrit et fit tomber quelques pastilles à la réglisse qu’il posa sur le bout de sa langue. D’un geste lent du bras il proposa à Louise les friandises restant dans sa paume.

- J’aimerai que l’année se finisse.

Puis il songea alors que de retour à Manchester, Louise disparaitrait temporairement de son quotidien. Cette pensée le troubla alors. Son regard se fit lointain. Il hasarda une main le long de son genou, écartant quelques poussières qui s’y étaient perdus. Depuis quand la présence de Louise lui était-elle si familière ? Si souhaitable ? Il aurait presque même dit nécessaire tant l’importance qu’il attachait à leurs discussions était grande. Et qu’à l’évidence, elle était désormais si ancrée dans son quotidien, qu’il en anticipait voir en redoutait même le départ. Alors il se corrigea promptement, autant pour lui que pour elle.

- Ou plutôt j’aimerai qu’on retire de Poudlard les esprits frappeurs, les sangs de bourbes et les créatures hybrides.

Il n’avait jamais su avec exactitude, définir l’importance que Louise avait pour lui. De toute évidence elle n’était ni Argus, ni James, ni Juniper, trois intouchables, mais l’idée d’avancer son nom aux côtés des leurs ne lui avait jamais paru incongru. Parfois, il s’avançait même avant les leurs sans qu’il ne sache exactement pourquoi. Il ne s’était jamais attardé sur l’importance toute particulière dont Louise s’était drapée au fur et mesure des années. Mais en cet instant, cette considération lui parut primordiale, puisque dans et pour quelques mois, ces moments de douceurs s’effaceraient temporairement. Et ça le gênait. Louise. Louise distordait son sens des réalités, suspendait le temps en sa compagnie. Louise lui faisait oublier quelques tourments, quelques vérités dérangeantes. Louise acceptait ses humeurs les plus terribles, ses écarts coléreux d’enfant-rois.

La compagnie de Louise était inestimable.
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Louise A. Ryan


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Louise A. Ryan





Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
12.08.16 1:43


« Et elle aurait voulu laisser tomber sa tête sur son épaule, enrouler ses mains autour de son bras. Et elle aurait aimé, oui; sentir Demeter plus proche qu’il ne l’était déjà. Mais elle n’en avait rien fait, s’était contentée de ramener ses jambes à elle, y posant ses coudes puis sa tête. Son regard n’avait cependant pas bougé, toujours perdu sur le visage de ce garçon, de cette personne mais surtout de ce Demeter qui s’était tourné vers elle et qui semblait s’ouvrir peu à peu. Et elle s’était sentie si impuissante, Louise; si éperdue d’une personne qui jamais ne la regarderait. Aussi ne savait-elle pas quoi faire, réalisait avec horreur qu’elle s’était perdue : perdue dans son envie de Demeter.

Qui viendrait la sauver ? La sortir de ce désir voué au rien, si ce n’était au rejet ? Qui d’autre oui l’attirerait comme Demeter le faisait ? Qui d’autre lui raconterait ses journées, ses dépits ? Qui bougerait ainsi ? Si peu et pourtant bien trop; lui offrant une ouverture avant de la refermer pour lui en tendre une autre. Se rendait-il compte, oui; à quel point il n’était que torture ? Faisait-il exprès de se louvoyer ainsi, au gré de ses propres paroles; l’empêchant de venir se nicher tout contre lui ? C’était absurde. Absurde car pour cela Demeter aurait du l’aimer. Hors Demeter jamais ne l’aimerait.

Elle n’était qu’une existence qu’il effleurait. N’était qu’une parmi tant d’autres, et il suffisait de l’entendre; oui, pour réaliser à quel point elle n’était rien. Enfin. Eux aux moins resteraient. Et comment pouvait-elle lui en vouloir ? Comment pouvait-elle lui demander de se dédicacer à elle alors qu’elle ne pourrait que le décevoir ? Était-elle si égoïste ? Cela semblait alors si compliqué, oui; que d’être aimée. Sa moue s’était pour un instant décomposée, ses yeux fermés; elle s’était sentie épuisée. Fatiguée de ces envies, de ces espoirs et de toutes ces choses qu’elle ne pourrait avoir.

Quoique, Demeter avait tendu la main vers elle.
Une main aux airs de proposition, dans laquelle trônait quelques réglisses. Mais Louise n’avait pas faim, elle n’avait pas l’appétit vorace et ne grignotait jamais énormément. Aussi avait-elle esquissé un geste négatif du visage, l’ourlant d’un sourire si resplendissant qu’il en avait pour un instant effacé toute trace de refus. Car elle s’était sentie reconnaissante, inondée d’une joie sincère; d’une envie de serrer Demeter tout contre elle. Elle avait eu envie de lui dire merci, oui; mais n’avait pu se résoudre à l’interrompre. Car il parlait et que pour rien au monde elle ne l’aurait stoppé dans son récit.

Peut-être aurait-elle dû.
Car en une phrase il avait tout basculé, car un une poignée de mots il avait lancé une tempête; un ouragan sur Louise. Car il l’avait terrassée sans s’en rendre compte, tachant de rectifier ses pensées alors que rien n’y ferait : que le mal était fait. Car Louise elle ne voulait pas que l’année se finisse. Car elle n’avait pas envie que tout aille trop vite, plus vite que tout n’allait déjà. Car elle n’avait pas envie de sauter des jours, d’oublier des semaines : ne voulait se précipiter vers le lendemain, alors qu’elle se contentait déjà si bien du présent. Et pourquoi, oui; pourquoi avait-il fallu qu’il désire si ardemment ce qu’elle ne pourrait jamais souhaiter ? Pourquoi ne pourrait-elle lui accorder satisfaction, appui et support; réconfort ?

Car Louise ne voulait pas mourir.
Car elle voulait lui dire, oui : je ne veux pas mourir, Demeter.

Car elle ne lui avait jamais dit, et ne lui dirait sans doute jamais. Elle ne voulait de ce destin l’oppressant, de ce choix qu’elle n’avait pas. Pourtant, pourtant certains disaient qu’on l’avait toujours. Elle-même aimait se réfugier dans ces répliques quand elle n’avait plus envie de rien, quand la conversation lui semblait trop difficile; trop capricieuse. Mais elle ne l’avait pas, aurait désespérément souhaité l’avoir; aurait tout fait pour changer de voie. Elle était condamnée et ne pouvait le refuser : car elle ne pouvait lutter, oui; contre la fin. De ce corps, de cet esprit qui étaient sien — de tout ce qui l’animait, l’incarnait.

De tout ce qui se nommait Louise Agatha Ryan.
Soit. C’était ainsi.

« Demeter, qu’allons-nous faire de toi Demeter ? » avait-elle finalement souri, le cherchant du regard comme si plus rien au monde n’avait d’importance. « Tu es tant. » Et ses mains, enfin quoique si fragiles, avaient osé venir le toucher. Et il y avait eu ses doigts effleurant son épaule, puis son bras, ne tardant à venir flotter autour de son ventre alors qu’elle glissait tout contre lui — sa tête cherchant ses jambes. Et elle se fichait, oui; qu’il lui laissait la place de le faire ou non. Du moins le prétendait, alors qu’au fond une timidité farouche criait au diable, au merlin et au fou. Alors que ses joues blanches restaient blanches, alors que son regard embué de tristesse n’affichait que le flou et la délivrance. Car son regard, oui; son regard ne pouvait être qu’aimant : car il y avait ce désir gommé, cette envie de donner. Car il y avait Louise qui toujours s’offrirait à Demeter.

Car il y avait Louise Agatha Ryan, oui; aimant terriblement Demeter.

« Je trouve que Rhodes est très méchant. Je trouve que toute cette journée t’a épuisé alors qu’elle aurait du tant t’apporter. Je n’aimerais pas que l’année se finisse, mais j’aimerais que tu te sentes en paix. J’aimerais que tu puisses détendre tes épaules et te dire que tout ira; j’aimerais que l’on arrête de t’embêter. » Et elle avait murmuré ça tout doucement, les yeux presque fermés. Car il y avait soudain une pudeur chez Louise, une peur de se faire jeter. Il y avait ces mots que la fatigue n’arrivait à freiner, et cette franchise décousue qui ne pouvait se faire plus honnête. Il y avait Louise souhaitant le meilleur à Demeter; car Demeter semblait tirer le meilleur de Louise — tant bien même ne s’en rendrait-il jamais compte. « Moi si je devais choisir quelque chose à Poudlard, ce serait que l’on ne t’y enlève pas. » Et Demeter Hydrus Green avait accompli l’impossible, avait plongé dans un calme olympien son amie; la faisant se livrer sans même qu’elle n’en réalise les portées. Peut-être était-ce car il avait trop parlé, la berçant; la rassurant trop longtemps. Ou peut-être était-ce, oui; le vide béant suivant face à sa colère, à son désespoir; à toutes ces choses qu’elle ne voulait plus voir. Elle avait cependant ouvert les yeux en grand, les plongeant dans ceux si beaux de Demeter.

Et tout en elle avait souri.

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Demeter H. Green


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Demeter H. Green





Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
12.08.16 14:40

Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé !


Il avait suffi de Louise. Il avait fallu de Louise. Et les paupières de Demeter s’étaient fermées doucement, comme on tombe endormi. Enfin soulagé, enfin apaisé. Elle était sa délivrance tant attendue, la promesse d’horizons plus calme et plus paisible.
Et si seulement il avait eu le courage de se l’avouer. S’il avait su s’épancher, s’il avait su écouter ce que son cœur lui murmurait parfois tout bas. Alors il aurait fini par lui dire.

Louise tu m’es inestimable.

Il battit des cils quand il sentit sa peau frémir sous la flanelle de sa chemise. Louise l’effleurait de ses doigts filiformes. Elle les fit courir le long de son bras, se l’accapara, puis posa sa tête entre ses genoux. S’il n’avait pas été question d’elle, sans doute aurait-il rougi, sans doute aurait-il était gêné, sans doute se serait-il révolté dans sa pudeur parfois excessive. Il n’était pas particulièrement tactile et aimait conserver une distance entre lui et les autres. Demeter se jugeait sûrement trop important pour consentir à partager son espace avec qui que ce soit. Mais il n’avait cesse d’oublier ses considérations quand il s’agissait du bras qu’Argus jetait autour de son épaule, des étreintes soudaines que Juniper lui faisait ou encore des coups de coudes offusqués que lui donnait James après d’innocentes boutades. Parce qu’ils étaient logés en lui d’une façon inextricable, habitait derrière ses habituelles et intimidantes barrières. Il les aimait voilà tout.
Et sans doute aimait-il Louise aussi, parce qu’après tout il n’avait pas bronché. Parce qu’après tout il éprouvait une curieuse chaleur au creux de son ventre, du genre réconfortante et apaisante.
Immobile, il avait de nouveau refermé les yeux. Il les ouvrit un instant après quand Louise lui répondit. Un sourire tendre étira ses lèvres. Il aimait le son lointain et les murmures si doux de sa voix. Elle lui évoquait une sérénité si étrangère à lui, écorché vif et perpétuellement tempétueux.
Ses mots bien trop flatteurs le rengorgèrent.
Son compliment lui arracha un énième sourire. Le troisième déjà. Il égara alors son regard dans l’océan bleu des yeux entrouverts de Louise et tout sauf ça sembla disparaître l’espace d’une seconde, comme si le monde fut happé par ce gouffre enchanteur. Demeter hasarda une main vers le front de Louise, la perdit dans la forêt profonde de ses cheveux auburn, les coiffant de gestes distraits.

- Tu es si gentille Louise.

Il cessa de la regarder tout à fait, se fit sans doute un peu absent alors qu’il songeait qu’un monde fait seulement d’elle et de lui pouvait être souhaitable. Il était si las parfois, si ennuyé de toutes ces basses présences quelconques qu’il devait se coltiner à longueur de journées. C’était si épuisant de fréquenter tant d’idiots, tant d’abrutis et même les persécuter comme il l’avait longtemps fait ne lui apportait presque plus de plaisir. Ce qui avait longtemps constitué son plus grand et meilleur exutoire, n’était désormais plus qu’un rituel fade et incolore auquel il s’adonnait rarement, tant cela lui paraissait affreusement insipide. Mais il lui arrivait toujours d’écumer sa rage, de partager ses violentes humeurs parce qu’après tout Demeter Hydrus Green n’était pas grand-chose d’autre qu’une colère froide toujours prête à dégueuler sa bille acide à la face du monde et à la face des autres. En dehors de cette gangue orageuse il n’existait pas, ou rarement, tant elle le définissait. Pourtant Louise. Louise sonnait presque comme une rédemption. Quand il la voyait ainsi, allongée si près de lui, il se surprenait à trouver quelques saveurs agréables à un paysage d’ordinaire si fade. Elle peignait un tableau avec des pinceaux qui n’existaient pas, le remplissait avec des couleurs d’un autre monde. Quand Louise était là, tout allait bien.
Il continua de laisser ses doigts glisser le long des cheveux de Louise, les ordonnant avec douceur puis il s’arrêta. Il retira sa main. Bailla. Demeter était fatigué même s’il n’était pas tard, même si la journée finissait à peine. Louise, sa chaleur, l’âtre dont les flammes rougeoyaient, l’avaient plongé dans une indicible torpeur. Il ne savait quoi dire d’autre. Il n’avait rien de particulier à ajouter et au fond il aimait ce silence qui les liait.
Les paupières closes, il remua faiblement afin de s’installer plus confortablement. Ses épaules s’ébrouèrent, roulèrent légèrement, s’étirant faiblement puis retombèrent. Et sa main vint retrouver les cheveux sombres de Louise pour s’y perdre à nouveau en de gestes légers et répétitifs. Absent, il égara au hasard ses doigts sur le front de Louise, se faufilant de leurs bouts sur sa peau si claire. Il s’en rendit compte quelques secondes après mais fit comme si de rien n’était, remontant avec lenteur vers la crinière auburn de Louise qu’il continua de coiffer presque machinalement. Ce geste était délassant, presque reposant, lui rappelait des après-midis passés avec le chaton noir d’Argus sur les genoux et cette comparaison l’amusa, lui arracha un sourire discret (son quatrième) qui s’échappa de ses lèvres en un petit soupire à moitié réprimé.
Il s’arrêta subitement quelques minutes après un autre souvenir moins plaisant. Celui de Rosabel arrêtant son index d’un geste impérieux. A l’évocation de cet incident fâcheux il retira sa main avec lenteur. Et il voulut cesser d’y penser mais le rejet encore cuisant, les mots blessants de Rosabel firent inévitablement dérailler le train de ses pensées. Et il était soudainement contrarié, irrité, il agita ses cuisses légèrement pour inciter Louise à se redresser, l’accompagna avec douceur d’une main glissée sous son épaule. L’avait-il brusquée ? Son esprit houleux ne parvint pas à s’attarder sur ce détail même si une partie infime de lui y attachait une importance toute authentique.
Demeter croisa une jambe, posant son pied au niveau de son genou et tourna la tête vers Louise en fronçant des sourcils. Il ouvrit la bouche, prêt à lui raconter sa mésaventure dans la salle du trône, mais ses mots se figèrent au moment où il allait faire part de toute sa mauvaise humeur. La gêne encore éprouvée domina l’emportement de sa frustration et ses lèvres se serrèrent alors, dessinant une moue frustrée.
Il arrêta de regarder Louise glissa dans son palais les réglisses restantes et resta prostré dans son silence, ne sachant pas quoi faire cette fois pour se délester de toute son insatisfaction. Il serra la mâchoire, se recoiffa.

Et regarda Louise de nouveau.
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Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
13.08.16 1:37


« Et il avait semblé à Louise qu’elle pourrait se fondre, oui; tout contre Demeter. Tant bien même ne rougissait-il jamais, ne réagissait-il pas à ses touchers; était aussi insensible à son amour qu’à ses désirs. Mais pour lui, elle aurait tout pardonné. Elle se serait redressée, serait partie décrocher les étoiles des cieux pour mieux les lui montrer. Elle se serait endormie, aussi; si il le lui avait autorisé — aurait plongé dans un des seuls et rares sommeil salvateur. Se serait sentie protégée, à l’abri. Car quand Louise était avec Demeter elle savait que tout irait. Car son affection pour lui était si immense qu’elle effaçait tout le reste, renversait craintes et douleurs. Car il ne restait que lui, lui et toute sa chaleur. Comment Demeter Hydrus Green pouvait-il être détesté ?

Cela la dépassait.

Comme cette main étrangère qui venait et partait, aux mouvements tels qu’on l’aurait crue plongée dans une infinie réflexion. Était-elle bien celle de celui à qui elle pensait ? Sans doute, oui; mais effrayée à l’idée que tout s’arrête Louise avait refermé les yeux. Car quand elle l’avait vue venir à elle, ainsi qu’entendu ces quelques mots offerts; tout avait semblé trop irréel. Car quand il y avait eu le regard, oui; de Demeter venant effleurer le sien, il lui avait semblé que plus jamais elle ne pourrait le dévisager. Car il l’avait noyée, emplie d’une fragilité si immense qu’il lui avait paru évident qu’elle se briserait au moindre contact, premier rejet.

Alors pourquoi, oui; était-elle encore là ? Dans ce silence si chaleureux ? Pourquoi rien ne passait-il de terrible ? Hormis le calme, le paisible ? Hormis ses yeux qui ne demeuraient plus fermés car ils se devaient de l’être, mais car ils ne pouvaient faire autrement. Ils étaient fatigués, épuisés comme elle l’était elle de rêver Demeter plus qu’elle n’aurait pensé un jour le faire. Avait-elle toujours autant apprécié sa présence ? Y avait-il eu un soir où, indifférente, elle s’était dite qu’il pouvait bien disparaitre; rien ne changerait à sa vie ? Comment avaient-ils, oui; fini par s’habituer à eux ? Comment avait-elle fait, pour se retrouver ainsi sur lui ? Et lui ne bougeant pas, oscillant tout au pire; la tolérant comme il était poli de le faire ?

Elle avait tout oublié. Tant cela était devenu normal. Tant la présence de ce corps, de cet être et de ce magnifique personnage était devenue part de sa vie. Lui demanderait-il un jour quelque chose en échange ? Réaliserait-il, oui; qu’elle le volait, le dérobait ? Qu’elle l’imaginait à répétitions, tout en ne réalisant qu’il restait, ne s’effaçait. Enfin. Plus rien n’avait d’importance, à cet instant. Il n’y avait qu’elle et ses pensées rendues confuses par les caresses, par ce Demeter qui ne disait rien mais qui ne partait pas. Par ce Demeter, non; qui pour une seconde ne se lassait pas.

Pourrait-il un jour l’aimer ?
Ainsi prostrée, ainsi choyée; il lui avait semblé, oui.

Son soupir était venu interrompre sa réflexion, et elle avait failli le lui dire, oui : pourquoi soupires-tu, Demeter ? Pourquoi me rejettes-tu, m’arraches-tu de ta présences; m’interdis-tu de te connaitre. Pourquoi tant de colère, Demeter; pourquoi tant d’irritation alors que tu pourrais être si heureux. As-tu peur de te perdre, oui; hors de ce que tu as toujours connu ? Car rien n’était éternel et qu’il était venu la rattraper, la secouant; la soulevant. Car il y avait eu ce jour dans la nuit, ce réveil quoique doux mais forcé. Il y avait eu la preuve qu’à trop vouloir on ne finissait que blessé, écorché — que si elle avait eu des ailes il les lui aurait sans doute brulées. Quoique. Tout s’était effacé, devenant blanc face à ses yeux se rouvrant; à ce visage fermé lui faisant face. A ce corps si clos à toute intrusion, si hermétique à l’amour que Louise n’avait pu continuer à songer. Demeter, Demeter que t’arrive-t-il ? Avait-elle paniqué, proie à une confusion sans solution. Que ne voulait-il pas lui dire ? Qu’allait-il assener ? Devait-elle, oui; l’aider ? Voulait-il seulement lui en faire part ? Qui était-elle, au final, pour l’écouter ?

Il avait les sourcils froncés et cela l’avait terriblement attristée. Alors Louise s’était totalement réveillée, alors sa conscience était venue la frapper comme rarement elle le faisait — la faisant s’asseoir en tailleur face à Demeter. Au profil de Demeter. Il y avait eu son corps si proche du sien mais également si éloigné, si concentré à autre chose : à l’aider. Car n’était-ce pas ce que désirait Louise du fond du coeur ? Pouvoir le soulager ? Avait-elle un jour eu si peur de ne pas trouver les bons mots ? Elle ne savait pas, ne s’était jamais posée la question; et ne voulait plus jamais se la poser. Car si il y avait bien quelque chose de beau en ce monde, c’était le spontané.

« Demeter, tu ne te sens pas bien ? » Et la sincérité avait saisi son regard, le conquérant et l’empêchant d’être autre chose qu’inquiet. « Puis-je t’aider ? » Un sourire était alors né sur ses lèvres, alors qu’hésitante elle n’avait pu s’empêcher de le demander. « Ou plutôt, j’aimerais t’aider. Oui; je veux t’aider. » Car elle ne pourrait peut-être pas le faire, car il n’avait surement pas besoin d’elle. Mais Louise était égoïste et son affection pour Demeter ne lui laisserait pas le choix : car il y avait cette attention ancrée tout contre son visage dont elle ne pourrait jamais se séparer. Et car même si Louise ne s’en rendait pas compte, il y avait de la chaleur dans sa voix; celle liée à tout ce que Demeter lui évoquait.

Jamais elle ne le jugerait.

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Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
13.08.16 17:16


Et puis tout à coup il avait cessé de regarder Louise.

Ses yeux cavalèrent sur les dalles noires de la pièce, en fixèrent le marbre avant de rebondir entre quelques serpentards se trouvant là. Pendant plusieurs secondes il les dévisagea, stria leurs silhouettes de défauts des plus anodins au plus visibles avec un rictus légèrement mesquin. Il se délecta de ces nez trop gros, ses mentons trop avancés, ses épaules voûtées et ces fronts trop larges s’y concentrant sur ces imperfections, comme si en elles il pouvait noyer ses propres frustrations, oublier d’insignifiants maux qui pourtant n’avaient cesse de le tourmenter encore et encore, dans un va-et-vient imprévisible. Mais il n’avait toujours pas digéré les mots trop crus de Rosabel et il en avait l’humeur revancharde et mauvaise.
Son recensement achevé, Demeter zieuta d’autres présences, vaquant à un il-ne-savait-quoi de fin de journée. Il suçota les fins de pastilles les faisant rouler contre son palais, n’en retint que le goût un peu amer puis posa son menton sur son poing. Tout lui paraissait soudainement un peu plus futile, un peu plus laid.
Et sans doute se serait-il levé pour aller vider son esprit en allant se balader ou bien en lisant en livre, s’il n’avait pas senti Louise s’agiter à côté de lui. De nouveau tout sembla retomber platement quand il la remarqua, assise en tailleur comme si elle était toute à lui. A son profil et si proche, les yeux bleus de Louise avaient cet éclat si pâle et si doux. Ses cheveux rougeoyaient à la lueur des flammes, et leur cascade épousait le contour si frêle et si délicat de ses épaules. Alors celles de Demeter s’affaissèrent imperceptiblement comme un peu plus détendues. Et il se sentit soudainement idiot de cette crise un peu spontanée, des humeurs virevoltantes qui pouvaient le saisir. Il l’écouta, s’accrocha aux mots de Louise, dont la tendresse infinie le réchauffa jusqu’au creux de son estomac.
Avec Louise il n’avait pas à faire semblant ; Et sans doute Demeter, terrible, cruel, ne la méritait pas. Pourtant Louise était-là. Si proche. Mais il n’arrivait pas à s’ouvrir sur ce qui le gênait véritablement. Même si c’était Louise. Demeter ne livrait que rarement ses vrais états d’âmes. Il se voulait, s’était toujours voulu, un peu inatteignable et hors-de-portée alors qu’un rien, un moindre rien suffisait à le secouer. Mais peut-être essayait-il de se convaincre lui-même qu’au travers de toute cette distance, toute cette pudeur ; Il pouvait être intouchable.
Alors il se contenta d’une réponse un peu plate, un peu mensongère.

- Ce n’est rien Louise.

Ou peut-être ne voulait-il pas admettre qu’encore des jours après, l’empreinte de Rosabel demeurait en lui comme une plaie insolente et le narguait chaque jour un peu plus. Sans doute ne voulait-il pas en parler à voix haute comme pour l’aider à oublier plus vite et faire en sorte que cet épisode gênant n’ait jamais existé.
Mais Rosabel disparut en cet instant. Quand Louise s’offrit tout-à-lui, fit fleurir son cinquième sourire par des mots à la sincérité véritable qui le touchèrent en plein cœur. Et il se sentit légèrement secoué, un peu ému. Louise Louise Louise. L’avait-il croisé dans une autre vie ? Pour qu’elle fasse résonner son âme de cette manière ? Il n’aurait pas pu l’imaginer plus parfaite.

- Tu n’en as pas besoin.

Parce qu’après tout Louise l’aidait déjà. Il ne lui avait jamais dit, ne lui dirait sans doute jamais, mais si Argus était son compagnon face au monde, bien souvent Louise en était son abri. Un refuge où l’écho habituellement fracassant de ses maux lui paraissaient bien lointain et si les plus brûlants parvenaient à s’y immiscer parfois, Louise les rendait muets. Du moins c’était son impression, inavouée, tout au fond de lui-même.
Il s’éloigna un peu, puis petit à petit fit comme Louise un peu plus tôt. Sa tête bascula lentement vers l’arrière tandis qu’il laissait son corps glisser. Sa nuque se nicha dans le creux des jambes de Louise et il ferma les yeux pour apprécier la chaleur de Louise qui l’enveloppait doucement. Et cette fois il ne fut plus question de lui mais d’elle.

- Et toi Louise comment s’est passée ta journée ?

Et il rouvrit les yeux, plia ses doigts en crochet devant ses yeux en examinant les détails, vérifiant qu’il n’y avait rien à redire sur l’état de ses ongles. Car en la présence de Louise, Demeter si ennuyé, si agité d’habitude n’avait pas d’envie pressante ni d’urgence. L’ennui ne le taraudait pas avec insistance et il n’avait aucune objection à laisser le temps s’écouler paresseusement devant eux ; A le ponctuer de quelques conversations badines et insignifiantes.
Parce que Louise l’apaisait véritablement.
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Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
14.08.16 3:13


« Comment cela pouvait-il ne rien être ? Alors que son poing serré était venu recueillir sa tête ? Alors que lassé de tout, il avait semblé prêt à disparaitre ? Qui avait-il de si interdit, oui, qu’il ne pouvait lui révéler ? Était-ce car elle n’était que Louise, et lui ô Demeter ? Ah, c’était donc ça. Pourquoi n’y avait-elle pas déjà pensé ? Elle n’était qu’une idiote, et comme frappée; tous ses remparts étaient tombés, son coeur terrassé. Et il y avait eu une peine si immense en Louise qu’elle avait cru que plus jamais elle ne pourrait respirer. Car elle réalisait, à présent : que le jour où elle réussirait à saisir Demeter ne viendrait pas. Qu’elle ne pourrait se l’approprier ni même le tirer à elle, tant il était voué à rester sien à toute épreuve; à ne devenir ce Demeter aimant Louise. Leurs prénoms n’étaient pas faits pour valser ensemble, pour s’associer le temps d’un problème; le résolvant puis se laissant, se retrouvant. Elle resterait Louise désirant Demeter, et lui Demeter ne voyant Louise; Demeter ignorant Louise. Demeter Demeter.

C’était si injuste, si terrible.
Pourquoi n’avait-on jamais ce que l’on voulait ? Pourquoi le monde, oui; était-il si raciste ? Raciste de la chance, raciste du bonheur ! Et Louise avait senti une colère sans nom monter en elle, si puissante que les larmes, bouillantes en elle, étaient comme arrivées à ébullition. Elle avait alors voulu se mettre à crier, crier comme elle ne le faisait jamais — à dire que jamais personne n’irait. Qu’elle-même n’allait pas, que tout était trop tordu, trop voué à sa perte ! On ne sauvait personne, et personne ne pouvait-être sauvé. Il n’y avait pas de prince charmant, ni même de princesse. Il n’y avait que des hommes et des égoïstes, que des jaloux et des menteurs. Il n’y avait que des gens ne se voyant pas car trop occupés à se regarder ! Il n’y avait que la mort, l’attendant sans qu’elle puisse rien n’y faire; l’empêchant d’être heureuse.

Car comment Louise aurait-elle pu aimer en liberté, alors qu’on la menaçait ainsi de tout lui voler ? Alors que la nuit toujours la torturait, lui montrant l’image déchirée de ses aimés ? Avait-on un jour pensé à lui dire qui elle était ? Hormis un nom, un destin et un emblème ? Lui avait-on dit, oui; qu’elle avait le droit d’être heureuse ? Car Louise ne croyait pas en cela. Car elle était persuadée que pour ne pas blesser, elle se devait d’être malheureuse : malheureuse et altruiste. Interdite d’aimer trop fort, trop bien et suffisamment ceux pour qui elle aurait tout donné. Elle n’avait le droit d’entrer dans leur vie, car son départ laisserait chez eux pour une seconde un creux. Et qui souhaitait, oui; faire un trou de plus à l’homme ? Alors qu’il allait déjà si mal, était si seul et désespéré. Alors qu’elle ne voulait que le combler, que l’entourer de sa chaleur; lui murmurer que tout irait. Quel droit avait-elle, dans la société ? Ses proches étaient des maudits, elle en était si navrée. Navrée que de les avoir un jour vus, et d’être tombée : tombée d’amour à leur égard, incapable de leur échapper. Car si la foudre n’avait jamais frappé Louise, l’amour lui avait toujours été instantané. Cela avait été le cas de Duke, mais également de Demeter. Demeter qui ne voulait pas d’elle, et qui faisait bien; oui, de ne pas la penser. Car ainsi jamais il ne souffrirait, ne songerait à la chercher. Car en la négligeant il l’oublierait plus facilement.

Cela la rendait si triste, pourtant; tant il lui était devenu important.
Demeter que m’as-tu fait ?

Si je n’ai pas besoin de t’aider, quelle est ma raison ? Si je ne peux pas rester à tes côtés, où puis-je bien aller ? Comment ne pourrais-je pas avoir besoin de toi, de t’aider; de ta présence — alors que tous les soirs je suis si seule, si seule de ton absence. Alors que je t’attends ainsi, comme je n’ai jamais attendu personne ? Demeter tu es cruel, si cruel oui; de m’éloigner. Je veux avoir besoin de toi comme j’aimerais que tu m’aimes, veux te voir et te savoir. Et si pour le reste du monde je ne veux pas être égoïste, avec toi Demeter je le souhaite.

Puis tout chez Louise s’était calmé, lorsqu’il était venu à elle. Lorsque lasse sa tête était tombée, venant trouver un imaginaire réconfort tout contre ses jambes encore pliées. Et elle aurait tant aimé l’entrainer dans ses bras, l’étreindre d’une douceur infinie; ne sachant plus quoi faire d’autre pour apaiser ses maux. Car si elle avait été lui, oui; elle aurait sans douté aimé qu’on le lui fasse; l’arrachant à sa solitude pour l'y faire prisonnière. Un sourire un peu flottant était d’ailleurs venu ourler ses lèvres, trop tendre pour songer à s’effacer.

« Demeter je veux t’aimer. » Et elle n’avait pas même réalisé le dire, tant elle avait pensé autre chose; tant elle n’avait voulu que lui demander. Elle avait voulu lui susurrer « laisse-moi t’aider », avait voulu passer sa main dans ses cheveux; ses doigts sur sa nuque; et même sur son nez. Elle avait voulu, oui; redécouvrir la carte Demeter Hydrus Green comme il ne lui avait jamais été donné de le faire. Mais à la place elle avait lancé le plus étrange des secrets, le faisant flotter comme un rêve; elle même ne s’en rendant pas compte.

Aussi Louise l’ignorante, dont les pensées résonnaient si fortes dans sa tête continua sa narration; inconsciente de ses propres paroles. Et comment aurait-elle réagi, si elle avait remarqué ? Quel embarras terrible l’aurait saisie, ses joues s’embrasant et ses yeux s’échouant, oui; dans une toute autre dimension. Mais Louise ne savait pas, et sa voix s’était alors faite si absente qu’elle-même en avait été étrangère. « Ma journée s’est bien passée, même si je n’ai pas vraiment bougé. » Elle s’était alors penchée, venant plonger son regard océan dans celui quoique invisible de Demeter. Car il y avait là ses mains formant une frontière, séparant le pays Louise du continent voisin. Et quelle surprise, tant bien même n’avait-elle pas pu s’empêcher de pétiller; à l’idée de poursuivre son récit : « Les examens sont épuisants, mais ils ne me dérangent pas. Je suis allée à la librairie pour continuer à étudier, vu que je n’avais rien de mieux à faire. Puis proie à un terrible ennui, je suis sortie; rencontrant Duke en chemin. Mais car Duke est bien incapable de me voir j’ai du manquer de lui rentrer dedans pour qu’il me réalise. » Un rire abstrait s’était perdu en chemin, attendri par le souvenir. « Le temps passe cependant des fois trop vite, et je suis bien contente d’être ici à tes côtés. Tout semble alors plus calme, comme si je vivais au ralenti. » Il était en quelque sorte son réconfort, alors que tiraillée par une douleur sourde; elle se lassait souvent de ces journées trop vives et trop propices à ce qui jamais ne lui serait permis.

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Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
14.08.16 13:35

Ça avait claqué dans l’air comme un coup de revolver.

Tout se fige. Ma tête au creux de ton corps, mes mains, mes jambes et mes lèvres ; J’en oublie le détail futile de mes ongles. J’en oublie le récit de ta journée Louise. Il me semble provenir de l’autre bout du monde. Tu as eu des examens, tu as révisé à la bibliothèque, tu as croisé cet imbécile de Duke Osborne. Tu voudrais m’aimer.

Ai-je bien entendu ?

De quel amour parles-tu ma Louise ? J’ai l’amour malade tu sais. Le cœur en jachère. J’exècre la solitude mais la compagnie m’est mauvaise ; Tu as longtemps été cette exception à mes caprices. Je ne m’attendais à rien de toi à part ta compagnie, qui pour une raison ou une autre (je n’arrive jamais à mettre le doigt sur la raison exact, ou m’y interdis), m’est d’une douceur infinie. Mais si tu te donnes-tout à moi Louise, oh Louise, je n’aurai ni tendresse ni affection à te donner. Demande-leurs et ils te diront à quel point je peux être difficile. Ils te raconteront l’affect avare et les gestes sans retours. Je ne sais pas m’ouvrir tu vas en souffrir. Mais il est trop tard. Parce que moi je veux tout. Je veux le monde à mes pieds. Je te veux à mes côtés.
Mais de quel amour parles-tu ma Louise ? L’amour qui provoque des tempêtes dans les cœurs, l’amour qui bouscule l’esprit, l’engonce de ses folies ? Cet amour dont les filles parlent en gloussant, dont les fièvres terrassent même les plus hardis ? J’ai vu Juniper s’y perdre, Argus y danser avec impunité, James y goûter. Et moi il ne m’avait jamais effleuré avant que Rosabel m’y fasse songer. J’ai peut-être compris l’origine de cette chaleur au creux de mon ventre quand je noie ma main dans tes cheveux, quand je fais gambader mes doigts le long de ton front, quand je m’oublie dans le cocon de tes jambes. Tu mets des mots sur ce que je n’arrivais pas à définir. Oui ma Louise, avec toi tout semble plus calme comme si nous avions notre monde au sein d’un monde. Il en souffle des bourrasques dans ma vie mais quand tu es là, tout me parait plus clément. Et oui ma Louise avec toi il me semble vivre au ralenti. Et c’est formidable que d’avoir cette impression d’enfin arrêter la marche inexorable du temps.

Je me rends compte alors que mon bonheur à moi porte un nom.

Louise.

Je me rends compte alors que mon bonheur est fragile.

Louise.

Mon cœur tangue à une cadence infernale, déjà trop emballé, misérable oisillon affamé. Et je ne sais pas et je ne sais plus comment reprendre le fil normal de nos affaires. Il faudrait trouver assez vite parce que je voudrais oublier tout ce qu’il vient de se passer. Parce que j’aime ces moments, ils flottent comme des bulles de savon mais j’ai peur que l’amour finisse par les faire éclater. Parce qu’il y a eu Rosabel, maudite Rosabel, maudite désillusion. Parce que les mots de Louise étaient vagues, des murmures, qu’elle les a lancés sans les rattraper ensuite ; Comme si de rien n’était. Parce que moi-même je ne suis certain de rien et aventurer des points d’interrogation serait un pas dans la mauvaise direction. Je me fige encore et toujours, cache son visage de ma main toujours repliée. Je devine le ciel de ses yeux m’attendre derrière cette maigre muraille. Que trouverai-je dans cette grande étendue de bleue si je venais à déplacer mon bras ? Il est déjà trop tard de toute manière pour faire comme si de rien n’était mais je ne sais plus quoi faire. Et Louise, pourquoi es-tu si calme ? Ne te rends tu pas compte de la confusion dans laquelle tu viens de me plonger ? Il est bien cruel de me jeter ces mots sans me les expliquer, de me laisser résoudre leur puzzle et d’avoir continué ainsi le flot de ta narration, d’une voix si absente, si étrangère, comme si tout cela t’était indifférent et insignifiant. Je voudrais savoir, te demander de me répéter. Mais je n’y arrive pas. A la place je te réponds ces quelques mots machinaux, si faciles à l’envol tant ils me sont familiers :

- Tu arrives à étudier à la bibliothèque ? Je n’y suis jamais parvenu il y fait une chaleur étouffante. La surveillante me perturbe. J’ai l’impression qu’elle me fixe en permanence. Et je ne sais pas comment il est possible d’être aussi distrait que Duke. Tiens d’ailleurs. Je t’avais dit qu’il était sorti avec Juniper ?

Oh Louise il est au final tellement plus facile de faire comme si tu n’avais rien dit, plutôt que de chasser des réponses au creux de mon cœur ainsi qu’au bout de tes lèvres ; Même s’il me brûle de savoir. Même si tu as tout bousculé sur ton passage comme une tornade à la force d’une simple phrase. Il est tellement plus aisé de prétendre que rien n’est anormal. Parce que je suis las. Las d’un peu tout. Parce que j’ai peur. Peur qu’on s’égare et que ces moments qui me sont si précieux disparaissent. Je ne veux pas d’un rêve avorté et de folies dévastées. Je voudrais que ce soit juste toi et moi sans malaise, sans mal-être comme ça l’a toujours été. Pourtant ma Louise, maintenant je suis si agité. Inconfortable au creux de tes jambes alors que j’aurai voulu m’y effacer toute la journée. J’aurai voulu m’oublier, m’endormir dans le cocon de ta chaleur. Mais me voilà, avec mon cœur palpitant et mes jambes fébriles. C’est l’embarras qui tient encore et toujours cette main entre nous comme une barrière, parce que je ne sais pas ce qu’expriment mes yeux et ne veut pas deviner ce qu’abritent les tiens. Même s’il m’en brûle de m’y submerger et que je ne peux m’empêcher de penser à quel sorte de trésor j’y trouverais si je décidai enfin à m’y empêtrer.
Et puis j’envoie tout à Merlin. Tant pis pour tout, pour toi et pour moi  mais je n’y tiens plus. Je me suis redressé un peu brusquement, tu m’excuseras mais il faut faire lumière sur cette affaire, te faire répéter cet aveu noyé dans le récit de ta journée. Ton regard croise enfin le mien ; Je ne me lasserais jamais de toutes les teintes de bleu qui s’y mélangent, de ces longs cils noirs qui les bordent. Je me penche à l’avant, ma main s’est tendue vers ton visage, balaie le haut de ta paupière pour trouver une mèche de cheveux égarée, aussitôt replacée avec douceur derrière ton oreille que je frôle du bout de ma paume. Et je remplis doucement ma main de ta joue, soutient ton visage au niveau de la mâchoire comme pour être certain de ne pas te voir disparaître. Enfin j’ose m’élancer.
Il y a ton nom qui vient d’abord. Un peu comme toujours.

- Ma Louise.

Je rapproche mon visage du tiens. Mon pouce danse sous ta paupière, en effleure la peau avec douceur. Et je te murmure tout bas à l’abri des oreilles indiscrètes :

- Pourquoi as-tu dit vouloir m’aimer ?
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Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
15.08.16 2:27


« Demeter il faudra qu’un jour nous étudions ensemble. Car sans doute ne l’avaient-ils jamais réellement fait, et que Louise souhaitait le voir pour un soir appliqué. Elle voulait, oui; l’observer ainsi plongé dans ses ouvrages, oublié de sa propre personne. Car si elle devait aimer un profil, tomber pour quelque chose; ce serait bien celui de l’homme pensif, sérieux. Car qui avait-il de plus beau que le reflet de l’homme étant lui ? Alors que trop occupé à être concentré, il ne pouvait se mentir; tromper ? Elle ne savait pas, aimait peut-être se perdre à la bibliothèque pour cette même et unique raison. Pour sombrer dans des désirs sans fond, voués au rien si ce n’était d’échapper à l’ennui pour un instant. Mais avec Demeter à ses côtés elle en était certaine : jamais elle ne l’aurait été. Elle n’aurait peut-être pas pu travailler, trop sensible à sa présence; mais jamais elle se serait sentie lassée. Et quand allait-il prendre ses responsabilités, oui; pour l’avoir ainsi condamnée ?

Car toujours elle aurait cette envie de venir se poser tout contre lui.
De l’observer de près comme de loin, de réinventer son image. Il était un personnage ayant envahi sa vie, conquis son esprit; l’empêchant de ne pas l’attendre, alors que la nuit lentement renversait le jour. Pourquoi lui semblait-il si lui, si attirant de sa personne ? Pourquoi avait-elle tant envie de ses regards, de sa chaleur ? Pourquoi toujours pensait-elle à lui; alors qu’elle même ne voulait plus le faire ? Et elle aurait aimé, Louise; trouver autre chose, un autre être le remplaçant. Mais cela existait-il ? Y avait-il quelqu'un en dehors de Demeter pouvant à ce point la monopoliser, le faire agoniser ? Il était devenu si énorme, si essentiel à son existence que jamais elle ne pourrait se détacher de lui. Jamais vraiment, ni entièrement. Alors oui; il se devait de ne pas la lâcher. Car qu’aurait-elle alors fait ? De tout ce vide, de toute cette absence ? De ce gouffre si immense qui sans doute l’avalerait; la noierait ? Demeter Demeter Demeter.

Et bien sûr, qu’elle savait que Duke était sorti avec Pepper : et que même elle n’en avait pas voulu. Mais ce n’était pas grave, n’est-ce pas ? Car Duke trouverait un jour sa princesse, son unique et sensible. Et si ce n’était pas l’amie de son Demeter, ce serait sans doute une autre ! Et si toutes les femmes étaient belles à leur façon, celle de Duke serait sans doute la plus innocente, la plus scintillante. Tu sais, Demeter; je lui souhaite tout le meilleur. Car il était son seul et unique ami, le seul qui ainsi l’arrachait à ce qu’elle était : la plongeant de force dans une enfance qu’elle n’avait jamais connue. Il la taquinait, lui en tirait presque les cheveux; agissait comme un Duke aimant sa Louise, tout simplement ! Et elle aimait cet amour, Louise; un peu flou et si platonique  qu’elle aurait pu passer sa vie à ne rien faire d’autre que rester à ses côtés. Il était son refuge, lui permettant de se retrouver tout en s’oubliant. Il lui faisait penser à l’avenir, aussi; et à toutes ces choses qu’elle ne pourrait jamais avoir. Il la faisait sourire de son absence, rire de sa présence. Et avec lui toujours elle n’était que caprices. Pourrait-elle encore l’être, lorsqu’il serait victime de la foudre ? Lorsque fébrile, ses joues s’empourpraient; ne sachant plus quoi dire ? Elle ne savait pas mais s’en fichait terriblement : ne désirait que le voir aimer comme jamais il n’aimerait. N’était-ce pas la le meilleur, oui; qu’elle pouvait lui souhaiter ?

Elle avait cru l’avoir brûlé.
Tant il s’était redressé, tant sa tête avait manqué d’heurter la sienne. Aussi un peu surprise Louise avait-elle ouvert en grand les yeux, réprimant un petit cri surpris. Demeter, Demeter que se passe-t-il ? Pourquoi es-tu soudainement si agité, alors qu’enfin tu semblais si calmé ? Qu’avait-elle bien pu faire, pour ainsi le troubler ? Venait-ce de lui; ou bien d’elle ? L’avait-elle blessé sans s’en rendre compte ? Avait-elle laissé filtrer une ineptie, le poignardant sans même y songer ? Elle était pourtant si certaine, oui; que ses lèvres n’avaient pas bougé ! Scellées dans ce sourire un peu bizarre, un peu heureux — surtout absent. Et pourquoi ses yeux étaient-ils venus la chercher de cette manière ? Plongeant en les siens sans qu’elle ne puisse rien y faire ?

Elle avait eu alors si peur, avait voulu disparaitre de son ancrage; de ce lui si saisissant.
Mais elle n’avait pas pu, car il l’avait rattrapée; refusant de la laisser couler, tomber. Car sa main s’était tendue vers elle et que dans un geste lui étant si étranger, il était venu replacer une de ses mèches égarée. Car il n’avait stoppé sa course là, et était venu la piéger; refermant sa paume tout contre sa joue. Demeter pourquoi me fais-tu cela ? Pourquoi tout d’un coup sembles-tu si toi tout en étant un autre ? Pourquoi ai-je l’impression de ne plus te connaitre ? Ne t’aurais-je donc jamais connu ? Pourquoi es-tu si intimidant, si grand devant moi ? Si terrifiant, oui; que j’ai l’impression que jamais je ne pourrais te cacher ma fragilité.

Et elle ne voulait pas, Louise; que se dévoiler à lui. Car elle avait une pudeur si réelle, si enfouie qu’elle était certaine qu’il rirait d’elle. Aussi avait-elle cherché pour un instant à se réfugier dans le noir; pensant à clore son regard. Mais elle n’y était arrivé, tant tout semblait orchestré pour l’étouffer : car il avait parlé. Car il y avait eu son prénom à elle roulant sur ses lèvres à lui; et que déstabilisée elle n’avait plus rien trouvé à faire. Elle était donc restée là, béate; l’écoutant poursuivre sans plus bouger. Aussi aurait-on pu l’assimiler à l’éphémère, alors que si tangible elle n’aspirait qu’à disparaitre. « Mais Demeter, Demeter comment pourais-je vouloir t’aimer ? »

Il y avait là une hésitation fébrile, ses deux océans cherchant de nouveau son regard à lui : obstrué d'aucune main; tant bien même aurait-elle souhaité pour un instant le rendre aveugle. « Alors que je t’aime déjà. » Et il y avait là une innocence si sincère, venant s’ourler d'un sourire un peu tordu, un peu perdu. Car il y avait tant de points d’interrogation à cet instant en elle, tant de choses qu’elle était bien incapable de réaliser; de déchiffrer. « Je ne te comprends pas. » Un rire tout aussi abstrait que court avait fusé, finissant en une moue à moitié amusée. Cherchait-il à la distraire ? A lui faire croire qu’à cet instant; il ne voulait qu’elle ? Ne réalisait-il donc pas ?

Demeter tu ne m’aimes pas. Demeter tu crois m’aimer mais ce n’est qu’une illusion, que le reflet de mon amour pour toi; oui. Ce n’est que de la confusion. Car Demeter si tu m’aimais, tu ne m’abandonnerais pas. Et je le sais, oui; que tu le feras. Qu’ainsi disparaissant de ta vie jamais tu ne me rattraperas. Car trop voué à t’aimer toi tu ne pourras tendre ta main vers moi. Et car nous sommes tous deux voués à être malheureux.

Venant saisir sa main à lui, elle l’y avait délogée. « Je sais pourtant si bien, oui; que tu ne m’aimes pas. » Et il n’y avait eu là aucun reproche, aucune colère. Juste un visage, si énigmatique qu’il en avait clos ses yeux; esquissé un vague sourire. Demeter ne pourrait jamais aimer Louise. Car le jour où il croirait le faire, trop influencé par ses propres émotions à elle; elle déciderait de ne plus l’aimer.

Louise fuirait Demeter, car Demeter ne pouvait pas regarder Louise : il n’en avait pas le droit. N’était qu’un mensonge; une désillusion.
Demeter tu es si perdu.

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Demeter H. Green


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Demeter H. Green





Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
15.08.16 13:53


Louise a frémi sous mes doigts puis s’est figée. Je regrette alors l’élan brusque, compulsif qui a délié ma langue. Et quand elle fait danser mon prénom à deux reprises sur les siennes je sens mon cœur se serrer comme si ma poitrine était soudainement trop étroite pour le contenir. Et je l’écoute parler regrettant déjà mes mot précédents, cette folie soudaine qui m’a pris et qui maintenant va me dévaster. Tout était si doux. Pourquoi as-tu dit vouloir m’aimer ma Louise si c’est pour ensuite tout reprendre ? Et puis la signification de tes mots qui suivent m’écrase. Mon cœur tangue à nouveau d’une cadence infernale. J’étouffe avec ma chemise fermée jusqu’au dernier bouton qui engloutit ma nuque J’ai l’envie pressante de la défaire alors que milles urgences s’affairent et se pressent entre mes tympans. Louise Louise tu viens encore de me plonger dans la confusion la plus totale et c’est pire qu’une tornade qui se déchaîne dans ma tête. Les émotions se font reines, me submergent alors qu’il y a quelques secondes je somnolais presque. Au travers de ce fouillis il n’y a rien que je reconnais. L’amour m’est étranger presque aliéné. La joie est rendue stupeur. La peur n’est plus que frisson. Et c’est tout un paysage inconnu que je vois défiler. Il y a soudainement trop de choses que je voudrais prendre en compte ; Trop de choses auxquels il faudrait que je pense pour songer te répondre avant. Mais au final tout ça importe peu.

Ma Louise m’aime.

J’en tremble. J’en souris faiblement. Suis-je heureux, suis-je épris d’amour ?
Et ma Louise… Pourquoi ces mots si tu m’aimes ? Mon incompréhension répand un parfum d’amertume qui se propage tout à l’intérieur de moi. Pourquoi ne me comprends tu pas ? Ton rire sonne et résonne dans ma tête comme une mélodie aux allures de désastre. Il y a ce sourire amusé dont se pare tes lèvres comme si tout cela n’était qu’une vaste plaisanterie, ou que tu te moques éperdument de moi. Mais Louise, si tendre et si douce ce n’est pas son genre. Je ne le sais que trop bien. Et ta main vient rencontrer la mienne, délie mes doigts accrochées à ta joue, l’en déloge tout de toi. Et puis plus rien.

Enfin si.

Ces mots qui m’effleurent pourtant me dévastent. Qui es-tu Louise, ma Louise, pour présumer ainsi de moi, m’assener cette phrase avec une telle assurance aux accents de vérité terrible que j’en suis presque convaincu. Et j’ai soudainement envie de me relever, de me révolter, de te dire que tout cela est faux mais c’est toi que j’ai en face de moi Louise. Et même la, blessé, je ne sais pas être en colère contre toi parce que sans toi Louise, immiscée jusqu’au plus profond de mon être je m’écroule. Et parce que tu es ma Louise. Si belle et si intelligente. Si tendre et si douce. Tu ne saurais te tromper, t’aventurer inconsciemment dans de telles déclarations sans y avoir pensé, sans y en être fermement convaincue. La confiance que je te fais est totale parce qu’à force de se croiser par ici, j’aime croire qu’on s’est appris sur le bout des doigts et que l’un pour l’autre n’a rien d’étranger. Alors je me dis que tu as sans doute raison. Parce que tu es Louise et parce que tu m’es unique. Parce que tu m’es inestimable alors tu vaques, tu viens, tu pars comme bon peut te sembler, me piétiner, m’adorer au final tu sais Louise, je ne pourrais jamais t’en vouloir tant que tu es là, tant que je te vois.

Je cesse de te regarder tout-à-fait, faut-il qu’on en débatte, qu’on se déchire à coup d’opinions divergentes ? Non Louise tu m’es bien trop inestimable alors je rechigne à m’occulter en détails, j’en essaie d’oublier mon cœur qui tambourine encore, la chaleur qui a envahi mes joues comme une fièvre dévorante et je me rappelle alors de quelques mots terribles et énervés d’Argus et Juniper. Qui pourrait bien vouloir de son amour. Parce que Louise avait dit vouloir l’aimer, mais n’avait pas dit vouloir son amour. Même ma Louise n’en voulait pas. Et il y a comme un rire rauque qui fait tressaillir ma gorge, s’étrangle dans mon œsophage. Pendant quelques brèves secondes. Ils avaient raison. Louise a raison. Qui voudrait de mon amour exigeant corrosif et envenimé, ce genre d’amour malsain qui ne connait pas de retour, dont on advient à même en douter l’existence tant il est muet, tant il est incolore et inodore. Ce n’est pas le genre d’amour dont rêve les filles. Oh non il leur faut des Argus aux déclarations un peu enflammées dont les lèvres aux promesses d’un bonheur tonitruant parsèment leurs nuques de baisers. Il leur faut des Duke aux existences sibyllines, romantique inavoué dont le dévouement, un brin chevaleresque est sans faille. Pas d’un moi en pleine perdition.
Et Louise toi tu sais, comme tous ceux qui me sont proches, le doute qui parfois me saisit jusque dans mes os. J’aurai tellement voulu être infaillible, avancer sans jamais trébucher. Mais c’est dans de tels moments que je balbutie quelques inepties en souhaitant que tout cela s’arrête, avouant enfin que le problème ne réside pas dans le monde mais en moi. Avouant enfin, qu’il y a cette douleur qui me tord sans cesse et qu’il faudrait songer à faire quelque chose avant de m’y perdre. Qu’il faudrait peut-être songer à pardonner pour enfin apprendre à aimer et que rien ne m’est dû. Parce qu’il y en a toujours et il y en aura toujours de ces histoires un peu connes et un peu dégueulasse d’enfants endommagés. Un jour il faut simplement admettre avoir tiré le mauvais numéro, au lieu de ressasser sans cesse et toujours, sempiternellement que tout est si injuste. Mais il y aura demain et demain il n’y aura plus rien. L’aube mangera ces maigres considérations et cette introspection de quelques secondes. Demain sera à nouveau vide de sens et vide de tout.
Mais pour l’instant demain n’existe pas et il y a toi, ma Louise, juste à côté de moi. Je ne sais pas vraiment quoi dire de plus, s’il y a des choses qui valent la peine d’être rajoutées et d’être encore dites. La salle commune se vide. C’est l’heure d’aller manger mais la faim me manque. Il faudrait effacer tout ce qu’on vient de dire, oublier ces instants qui viennent de tout bousculer, tout chambouler pour que demain soit demain, que demain tu sois toi et je sois moi. Pourtant j’ose encore rêver d’un autre demain un peu nouveau mais tu ne souhaites sans doute pas que je t’aime. C’est en tout cas ce que j’ai deviné dans tes mots, dans ta main qui est venue déloger la mienne.

Et il y a de l’eau dans mes yeux je crois. Ca s’embue devant moi un peu trop vite pour que je songe à rattraper du revers de la main quelques larmes qui s’échappent et dévalent le long de ma joue. Je dois déglutir pour reprendre contenance, cligner des yeux afin de ne pas laisser mon esprit s’égarer encore plus. Et mon visage va s’enfouir dans mes mains quelques poignées de secondes le temps de tout essuyer et de remonter en arrière plaquer quelques mèches blondes. Je laisse mes ongles s’enfoncer progressivement dans le cuir du canapé que je palpe en quelque geste répétitif. Je balance un regard dans la pièce pour m’assurer que tout est vide alors mes lèvres s’agitent toutes seules :

- Pourquoi penses-tu que je ne t’aime pas ?

Explique-moi Louise, les battements agités de mon cœur, la nervosité qui fait trembler mes doigts, mon estomac qui remue péniblement encore quand bien même je lui ordonne de toute ma force de cesser. Explique-moi mon esprit qui sans cesse revient à toi alors que j’essaie de me résoudre à laisser tout cela de côté pour que demain tu sois toi et que je sois moi comme si rien n’avait changé. Explique-moi cette tristesse soudaine qui me tord les tripes depuis que m’as assené cette phrase terrible avec tant de certitude que cette résolution paraissait implacable. Explique-moi car il m’avait semblé vouloir t’aimer.
Et mes yeux se perdent dans les tiens et y vois-tu, toute ma dévastation et tout mon chagrin. Si ce n’était pas toi je serais sans doute déjà parti, je me serais sans doute déjà énervé.

Mais ma Louise tu m’es si précieuse qu’avec toi tout est différent.
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Louise A. Ryan


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Louise A. Ryan





Re: Tu ressembles parfois à ces beaux horizons _ RYAN
16.08.16 12:49



« Mais Demeter pourquoi pleures-tu ? Avait voulu demander Louise, soudainement agitée. Car en elle tout s’effondrait, car elle ne se souvenait pas; non, d’avoir un jour créé un telle peine chez un autre qu’elle. Elle était si méchante ! Tout était de sa faute, et peut-être, oui; qu’elle n’aurait jamais du exister. Louise tu ne mérites rien. Elle le savait bien, pourtant; qu’elle était vouée à blesser. Mais si vite, si rapidement ? Qu’avait-elle bien fait, que lui avait-elle bien fait ? Quel avait été le mot, le déclencheur de cette tempête ? Elle se sentait si détresse, si terrible; se sentait si fort que sans s’en rendre compte ses propres yeux avaient fini submergés par la tristesse.

Demeter je suis désolée. Si navrée d’avoir pensé un jour à l’aimer, à le regarder. Tu sais, je crois qu’il aurait mieux valu que tu ne me rencontres pas. Ainsi ce jour ne serait pas venu, ainsi jamais il ne l’aurait vue. Et elle se sentait si brisée, Louise; si affreuse et si démon. Ses parents n’avaient-ils pas suffi ? Car elle savait, oui; que même si ils n’avaient jamais montré leur effroi, ils avaient été mortellement touchés par la nouvelle. Comment pouvait-on rester de marbre, après tout; quand le fruit de vos entrailles vous était volé ? Quand après tant d’années à le choyer, à le photographier et le soigner il menaçait de s’effacer ? Il y avait eu tant de rêves dans leurs quoique rares caresses, et peut-être avait-ce été pour cela; oui, qu’elles avaient été si absentes, si égarées. Ils avaient sans doute été trop pris à l’imaginer, à la voir à leurs côtés; s’habillant et s’ornant. S’en voulaient-ils ? D’avoir prévu l’avenir avant qu’il n’arrive ? Se sentaient-ils coupables ? Croyaient-ils qu’ils en étaient la cause ? Car à trop vouloir, oui; on finissait toujours si malheureux.

Louise le savait bien, car ses désirs n’avaient de fin.
Elle aussi avait tant voulu d’un avenir, d’une vie paisible à leurs côtés. Elle aussi aurait voulu avoir sa propre famille, des bras dans lesquels se retrouver. Et peut-être était-ce pour cela, qu’elle était si inapte à aimer. Le romantique n’avait chez elle aucune réponse, car on le lui avait arraché. On lui avait pris ses idées, supprimé un idéal. Il n’y aurait pas de lèvres venant conquérir les siennes, n’y aurait pas d’homme amoureux; il n’y aurait rien, non : juste le vide. Il n’y aurait pas de cette personne, qui pour toujours resterait à ses côtés. Il n’y aurait pas de discussions le soir sur le travail, pas de cette habitude ne perdant pourtant son envie; son désir et érotisme. Il n’y aurait pas de cette saveur calme mais toujours si présente; de ces sentiments ne tarissant. Car Louise était ambitieuse, si ambitieuse oui ! Elle voulait rayonner dans son travail, mais aussi dans sa vie personnelle. Elle voulait aimer et se sentir aimée en retour, refusait de se retrouver coincée dans un bourrelet de l’amour; dans la crevasse de l’oubli. Elle voulait que son homme toujours la regarde, comme elle toujours le regarderait. Car quand Louise aimait, elle aimait pour toute une vie : car la fidélité était sans doute une de ses plus grandes vertus.

Mais il n’y aurait plus de tout cela, plus de sourires un peu fous alors qu’étendue sur son lit elle redessinait ses contours; inventait ceux d’un autre. Il resterait cependant son innocence, sa timidité et ses joues rouges; son embarras froissé. Il resterait Louise, oui; Louise Agatha Ryan dont le coeur avait été tué. Elle s’était assassinée, alors que les médecins entrant dans sa chambre l’air grave au visage l’avaient suicidée. Ils n’étaient que des incapables, des inconnus de la tendresse; n’étaient que des bouchers. Ils avaient manqué de sensibilité, de détermination. A leur place jamais elle n’aurait affiché cet air si abattu, si prêt à abandonner. Car sa maladie ne pouvait ne pas avoir de solution, n’est-ce pas ? Car elle-même en connaissait la réponse mais ne s’imaginait pas vivre sous sa condition. Pourquoi eux, eux ne l’avait-il pas deviné ? Pourquoi eux, oui; eux ne l’obligeaient-ils pas à la subir ? Enfin.

Louise avait voulu pleurer.
Pleurer car la vue de Demeter si triste, si proche et pourtant si lointain l’avait fracassée. Car comme si il s’était agi de son reflet, elle n’avait pu s’empêcher de ne plus rien voir; si ce n’était le flou de la déprime et du noir. Louise était, oui; à cet instant le désespoir. Elle voulait prendre Demeter dans ses bras, lui dire que tout irait : elle voulait passer ses mains dans son dos; lui susurrer qu’il pouvait tout oublier. Mais le pouvait-elle seulement ? En avait-elle le droit ? Alors que c’était de sa faute, si il était si écorché ! Alors qu’à chaque fois qu’elle pensait à lui, elle l’abimait de toute part; rongeait sa personne ! Et puis, il semblait si mal; si invincible : aurait-elle osé ? Les larmes ne coulaient pas encore sur ses joues, trop occupées à obstruer son regard; mais on savait qu’elles n’allaient tarder. Car alors qu’elle tentait si désespérément de voir Demeter; elle ne voyait qu’un flou contour, qu’un ensemble de couleurs toutes mélangées.

Puis il avait parlé.
Avait demandé le pourquoi du comment, avait cherché à sonder ce qu’elle ne pouvait lui offrir. Et il était intelligent de que le faire, tant bien même se trouvait-elle bien incapable de répondre. Aussi l’avait-elle contemplé, de ses yeux brouillés par les larmes, de cette impuissance si particulière; de toutes ces pensées qui traversaient alors son esprit sans pourtant vouloir se dire. Car Demeter, si je ne t’avais pas dit que je t’aimais — m’aurais-tu aimée ? Et même sans le dire; si je ne t’avais pas aimé la première; serais-tu venu ? M’aurais-tu vue comme singulière ? Moi Demeter quand je te vois je le sais; c’est une évidence. Même quand tu n’es pas là je ne doute pas, c’est en moi. Mais toi; toi que peux-tu bien dire ? Ce que tu crois ressentir n’est qu’une illusion, qu’un songe éphémère. Et tant bien même pourrait-ce être réel, que tu te lasserais. Car je ne suis pas celle que tu vois, je ne suis pas ce reflet un peu étrange; un peu Louise sans l’être. Je ne suis que moi, je ne suis que Louise Agatha Ryan. Je ne suis que la fille de mes parents, leur nom. Et Demeter j’y pense, peut-être auraient-ils été heureux d’avoir un fils comme toi. Peut-être auraient-ils jugé que le nom Ryan t’irait bien. Peut-être que tu en aurais perdu ces choses ne t’allant pas, et j’entends par là cette médisance à laquelle tu t’accroches pourtant avec tant d’insistance. Quand réaliseras-tu que tu n’as pas besoin de faire du mal pour être meilleur, pour être aimé ? Quand réaliseras-tu que la colère ne réside pas en les autres mais en toi ? Quand accepteras-tu, oui; Demeter étant Demeter ? Tu n’es pas méchant, juste toi; juste Demeter. Tu es voué à être quelqu’un, et ce quelque ne sera autre que Demeter. Demeter le grand, si tu le souhaites : mais Demeter avant tout. Et aimer c’est avant tout s’aimer, Demeter. Aimer c’est avant tout pouvoir se dire qu’on peut donner, et vouloir donner. Alors comment peux-tu demander l’amour au monde alors que tu ne veux le lui rendre ? Comment peux-tu être si égoïste, oui; comment peux-tu rendre les autres si tristes ? Car en amour quand on est le seul à aimer, cela fait si mal. Le sais-tu seulement ? L’as-tu vécu un jour ?

« Demeter tu ne m’aimes pas car je t’aime. » Avait-elle finalement répondu, un sourire un peu étrange aux lèvres. Et elle avait replié ses jambes, les amenant à elle; posant sa tête sur ses genoux. Louise forteresse, Louise dont les mains jointes sur ses tibias créaient une barrière. Est-ce si compliqué, que de se rendre compte qu’on ne peut m’aimer ? Je ne suis que Louise, et Louise est un mirage. Un mirage qui se regardant le soir venant dans un miroir ne voyait rien, juste des lèvres rougies par la fatigue; des cheveux tombant le long de ses joues, rebondissant sur ses épaules. Un mirage ne voyant que son reflet, mais rien d’extravagant. Était-elle belle ? Était-elle intéressante ? Était-elle autre chose, oui; que son prénom ? Cela lui semblait si abstrait.

Demeter Demeter ce n’est pas toi.
Ça ne le sera jamais — c’est moi.
Demeter quand réaliseras-tu, que je n’ai pas le droit à l’amour. Mais bien au-delà de ça, Demeter; je ne connais pas l’amour. J’aimerais bien que tu m’aimes, tu sais; mais je ne sais pas aimer. Pas comme ça, pas pour toi. Ni pour personne. Car cela voudrait dire que j’ai une chance, une chance de m’en sortir. Car cela voudrait dire qu’on pourrait me mettre l’anneau au doigt. Mais jamais non jamais pour l’instant cela se produira. Alors laissez-moi, oui; être étrangère de ce sentiment pourtant si préoccupant. Jeune je l’imaginais, jeune je le désirais; mais à présent il est mon horreur, ma terreur. Car je veux te voir comme je vois Duke; tant bien même toujours tu seras différent. Car tu es Demeter et que mon affection pour toi s’appelle ainsi. Car j’aime te regarder, j’aime te savoir et j’aime être à tes côtés. Car je veux rire, oui; avec toi, pouvoir m’imaginer sans soupirer mon épaule contre la tienne. Et tu sais, Demeter; c’est encore le cas. « Demeter j’aime tant notre présent, mais sache aussi que j’aime notre lendemain. Même si il n’est pas défini, même si on ne sait jamais ce qui nous attend. J’aime tout simplement savoir que tu es là, et que je le suis aussi. » Les larmes avaient séché dans ses yeux sans songer à tomber; et passant sa main sur son visage Louise s’était levée. Elle avait eu cette mine si sereine, si éloignée; détachée. Elle avait eu l’air si elle, oui; si Ryan. Alors se tournant vers Demeter, elle s’était penchée, l’embrassant sur la joue — ou la tempe, elle ne savait pas bien. « Sur ce je te dis bonsoir, Demeter. Nous nous reverrons demain, puis après demain. Ce que je te dis n’a rien d’étrange, tu le sais bien ? Il est tout à fait possible de t’aimer, Pepper, Argus et James le font bien; n’est-ce pas ? Et je les aime de t’aimer; comme ils m’aiment sans doute aussi de le faire. » Alors ne sois pas si troublé. Se redressant, elle lui avait souri avec tendresse; se noyant pour un instant dans toute l’affection qu’elle lui portait. A son Demeter si Demeter; à cet ami un peu flou; un peu tout. Puis elle s’était retournée, passant une main dans ses cheveux; disparaissant comme si il ne s’était rien passé. Et c’était le cas, n’est-ce pas ? Sinon pourquoi, oui; se serait-elle sentie si calme, en paix.

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