Speed Dating [Zahir & Isabeau]

Bo mâchait le même morceau de tarte depuis maintenant cinq minutes. Le repas de la grande salle était toujours aussi succulent, toujours aussi riche et coloré, mais ce soir le cœur n'y était pas. La vie avait repris son cour à Poudlard, même le traumatisme de l'attentat ne pouvant en altérer durablement l'humeur. Les élèves riaient à nouveau dans les couloirs, faisaient des bêtises durant la classe, se lançaient des insultes entre tables au repas. Mais Bo, elle, avait du mal à se remettre dans le bain. Alors qu'elle mangeait ses yeux restaient presque malgré eux fixés sur les portes, s'attendant à tout instant qu'un sort violent en face voler les pans. Elle chassait les expressions sur les visages, scrutait les gestes de chacun, se demandant sans cesse qui était complice et qui était victime. Elle voyait les zones d'ombre entre les sourires, les doutes entre les contacts, et cette tension perpétuelle lui pesait plus qu'elle ne saurait le dire.

Repoussant son assiette à peine entamée, Bo se laissa aller contre le dossier de son siège. Jetant un regard à ses collègues assis près d'elle, elle les observa un instant engloutir leur dessert ou parler avec leur voisin. La remarque de Shasta lui revint à l'esprit alors qu'elle croisait son regard, avant qu'elle ne se détourne et ne se lève dans un raclement de chaise. Bo en avait marre d'être ici, elle ne rêvait que de la tranquillité de sa chambre et d'un bain bouillant.

Descendant de l'estrade des enseignants et se mêlant à la foule des gamins rejoignant leurs dortoirs, elle se faufila parmi eux pour atteindre la sortie. La foule pubère s'écartait naturellement sur son passage, lui épargnant le désagrément de devoir les toucher. Une sensation désagréable lui fit soudain tourner la tête, à temps pour voir un garçon qu'elle ne reconnut bien évidemment pas la fixer. Bo fronça les sourcils en réponse, prenant un air sévère, se demandant ce qui pouvait bien lui prendre à celui-là. Il n'avait jamais vu de secrétaire de sa vie ou quoi ? Se désintéressant rapidement de l'incident, elle reprit sa marche rapide en direction des portes quand son lacet défait la fit trébucher. Jurant tout haut, elle s'accroupit afin d'y faire un nœud rapide, pestant contre les événements qui semblaient s'évertuer à jouer avec ses nerfs.

Une fois cela fait, Bo se releva dans la ferme intention de ne pas rester une seconde de plus dans la grande salle à moitié vide, quand elle voulut faire un pas en avant et réalisa... qu'elle ne pouvait pas. Perplexe, elle tenta une nouvelle fois d'avancer sans meilleur résultat. Elle n'arrivait pas à savoir ce l'en empêchait, s'il s'agissait d'un champ de force ou d'une rébellion de son propre corps, mais continuer tout droit lui était désormais interdit. Bo sentit son étonnement se changer en angoisse et son angoisse se changer en colère. C'était vraiment la cerise sur le gâteau.

« C'est quoi ces conneries. »

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