arthe demande de don

on eu dit qu'elle avait été enfantée par la Lune. qu'elle était née des étoiles & de la nuit. sa peau pâle et ses cheveux argentés, et son air mutin. on eu dit qu'elle avait l'univers de coincé dans ses yeux d'onyx, et qu'elle était bénie de l'amour de tous les hommes.

ainsi était-elle, sa mère, cette créature moins humaine qu'elle et bien plus que l'épouvantard dans le placard. la vélane, qui était si pleine de magie que l'on mettait de ses cheveux d'argent dans les baguettes des sorciers. tantôt si douce, tantôt si rude. une mère au caractère houleux & à la gentillesse infini. elle l'adorait, sa mère, l'adore encore et son père, cet homme bon, lui l'aimait à en mourir. était-il fou d'amour ou fou tout court ? longtemps la jeune fille qu'était arthémise se posa la question.

est-ce que son père aimait sa mère d'amour ou n'était-il qu'ensorcelé par le charme légendaire des vélanes.

elle n'eut et n'aura certainement jamais la réponse à cette question - et peut-être l'alchimie qui régnait entre eux était créé par un savant mélange de tout ça.

et elle en était le résultat, la pierre philosophale d'un amour magique et consommé. ni tout à fait sorcière, ni tout à fait vélane, les deux à la fois. belle, ou ensorcelée pour l'être, constante remise en question. parfois ce "don" était utile, parfois il la mettait dans des colères noires où la demie harpie reprenait le dessus. constamment tiraillée.
le paradoxe de la demi-vélane. celui qui pousse à se questionner à la lumière de la Lune sur sa légitimité. et il faut bien plus de courage que ce que tout à chacun pourrait penser, pour vivre et être belle aux yeux des hommes, pour vivre et accepter que l'on sera toujours vu tout à la fois comme une fée et un monstre, comme la princesse et la méchante reine de l'histoire.  

et si l'on considérait parfois qu'elle n'avait bien que son charme pour elle, elle aimait à faire mentir les autres. une habitude prise dès son plus jeune âge, car avec le charme de la vélane était venu le caractère affirmé et l'intelligence d'un père sorcier.

mais la vie n'est jamais celle que l'on attend et même ne fonçant la tête haute en avant, les murs se dressent; et elle les brise, un par un. et si l'on la jalouse de temps à autre à cause de quelque chose qu'elle n'a jamais demandé, et si l'on la juge pour la clarté de sa peau, la brillance de ses cheveux, la profondeur de ses yeux, elle reste de marbre.

arthemise apprivoise la solitude et la foule.

beauté froide, mais pas de marbre. et si son cœur connaît les tumultes d'une palette de sentiments, d'émotions colorées, elle a pour elle la facilité de la dramaturgie.