shall we dance pv. hyacinthe

Les lumières dansent, s'invitent, se mélangent. Le bruit, non négligeable, frappe, s'impose et explose. La foule a cessé d'être une individualité depuis un bon moment. Tu divagues, un peu tremblant, cherchant l'équilibre social au sein de cette salle. Près des buffets par sécurité, une œillade incertaine vient détailler sans réelle envie le pan des robes des élèves, leur costume, les tissus nobles, princes et princesses se réunissent. T'aurais voulu penser.  Tu n'as pas ta place ici, t'as pensé plutôt. Dans un murmure, plus un soupire. C'est un secret après tout. Tu te sens petit, cruellement petit, face à ces gens qui dansent, face à ces sourires. Tu sembles absent, à te perdre, à vouloir approcher tes collègues. Pourtant tu n'es pas trop d'humeur à t'ouvrir aux autres. L'appréhension mêlé à la peur, tu supposes. Les élèves bougent en rythme et tu te sens définitivement égaré.

Tu songes. Venir seul n'était vraiment pas une bonne idée après tout. Mais tu as jamais sous-entendu que ça l'était. T'aimerais pouvoir rire de toi-même de temps en temps. Mais le malaise te broie l'estomac et tes jambes tremblent presque. Tu n'es pas censé avoir si peur. Tu n'as jamais eu de problème au milieu de la foule. Peut-être est-ce ton statut actuel qui te dérange, avoir cette responsabilité. Être ici présent en temps qu'adulte et te faire enfin une identité.

Ca ne te ressemble pas Hyacinthe, tu devrais te changer les idées. Sous l'ordre de ton inconscient tu effectues quelque pas, décidant de faire un léger tour de la salle. Tu voudrais te cacher. Tiens, mais-qui-voilà ? Tu te figes, te raidissant presque subitement sous le contact d'un bras inconnu autour de ton épaule. Tu tournes la tête et c'est un regard familier qui t'accueille. Serge, tu reconnais aussitôt. Et tout tes soucis s'évadent lâchement, tu te détends et ton cœur se calme. Tu te sens sauvé d'une tonne de problème.  Tu es très élégant ce soir, ça te va bien, tu devrais t'habiller plus souvent comme ça. Je suis littéralement... sous le charme.  Curieusement, tu te sens rougir tandis qu'il se dégage et tu jettes un regard discret à ta tenue, t'avouant plutôt fier de tes efforts. Mais tu n'avouerais jamais avoir observé pendant des jours la garde de robe que proposait ton ami. En guise d'exemple. Ton costume était sobre, noir, simple, très épuré, mais t'allais pour le coup à ravir. Tu t'autorise ton première rire de la soirée, dans un coin.

Mais je reste tout de même le plus beau ici. Tu l'as remarqué ?  Je sais. A ces mots, tu l'observes. Restant sans voix, Serge a toujours été, d'un point de vu purement objectif, une très belle personne. Mais ce soir, il était divin. Ca ne te surprend pas vraiment, connaissant Serge. Alors dis-moi, tu es venu accompagné ? La question te dérange et tu te sens honteux, tu baisses faiblement le regard hochant négativement. Et toi ? Tu fais quelques pas vers lui, réduisant par sécurité la distance qui vous séparait. Je suis un peu perdu, je sais pas trop à qui parler. Je me sens pas trop à l'aise.. Tu jettes un regard à la foule dansante. Ca ne te dérange pas si je reste avec toi ... Enfin si tu as une cavalière, je comprendrais que tu refuses. Tu le regardes à nouveau, neutre. Mais je suis content de te croiser, je me sens un peu mieux déjà. Tu lui lances un sourire sincère.

Sa présence rassure, les mauvaises ondes fuguent. Tu retrouves cet espace, le votre. Ce monde que t'as construis. A cette pensée tu te demandes si Serge ne serge ne serait pas, un monde à lui tout seul. Plein d'explosion, plein de passion. Y'a des sourires qui traînent, qui se perdent avec un naturel effrayant. Cette soirée s'annonçait moins morose qu'au départ, après tout. Les autres diront que je débarque toujours au mauvais moment, mais en ce qui te concerne, on dirait bien qu'il s'agit du contraire. Ton sourire s'élargit un peu plus, c'est une bonne surprise. Un espoir inespéré, le cœur léger prêt à dévorer les appréhensions, tu fixes de nouveau la salle, beaucoup plus enthousiaste. Serge est là, tu penses.

On dirait bien qu'il y en a qui s'amuse. Je paris que d'ici-là certains couples se formeront grâce à cette soirée. C'est ce qu'il se passe dans les romances les plus trépidantes. L'amour le temps d'une danse, des mains qui se lient, des rires échangés, le front collé à l'autre pour chercher des baisers. C'est ça, la vie d'adolescent. Bien que ça ne marche pas réellement dans ton cas. Je n'ai pas de partenaire. Je peux donc rester discuter autant que je le souhaite. Cette fois-ci, tu tournes la tête vers lui, décidément trop heureux à l'idée de ne pas avoir à supporter le poids social de ce bal, seul. C'est tellement plus simple à deux, surtout avec Serge. Et y'a comme un semblant d'étoiles dans tes yeux. Tu regardes à nouveau la salle, cherchant simplement quoi dire, te laissant un moment divaguer, tu songes aux scènes de contes, qui t'avais autrefois fait beaucoup rêver.

Pourquoi on ne s'amuserait pas, nous aussi ? Tu cherches un instant à comprendre et tu vois Serge, se baissé, attrapant ta main. Y posant ses lèvres dans un geste doux.Est-ce que M. O'Connor pourrait m'accorder cette danse ? Et son sourire, subitement, t'assassine, tout un vacarme s'installe dans tes entrailles, tes sens en alertes, la bouche entrouverte et le teint rougissant à vu d'œil tandis qu'il te guide un peu plus vers la piste. Plus rien n'existe. T'avais sans doute raison, Serge était tout un univers. S-s-serge ??? Tu tentes tout tremblant, bien trop conscient de cette musique douce berçant tes oreilles. Je- Attend ! Paniqué, tu t'arrêtes. Tu penses. S'amuser ? Pourquoi pas. Mais, ce n'était pas un peu bizarre ? Tu sais- je n'ai jamais dansé de ma vie. Tu oses un regard vers lui, timide. Je sais pas comment faire ... Est-ce que ça ira- je veux dire pour toi. La musique te berce mais c'est ta poitrine qui chante. Danser ? Jamais tu n'aurais cru que cela t'arriverais un jour. Tu songes de nouveaux à tous ces contes et tu te sens idiot. Idiot et rouge.

L’occasion d’apprendre. Y’a quelque chose de reluctant dans ton attitude, mais ça se dissipe, y’a des contacts propices, des mains qui se touchent, sans que tu ne comprennes réellement. Quelques sourires carressant.  Je vais te guider. Tu t’exécutes au fil des paroles, main gauche sur l’épaule, l’autre dans la sienne, vous voilà lancer. C’est sans doute un peu intime – voir romantique, mais tu n’oses à peine le penser. Et comme pour éviter ce genre de penser, t’as le regard rivé sur tes pas, concentré sur le rythme, guider par un Serge visiblement habitué. Y’a des contes qui te viennent, à la manière de souvenirs sincères, de jeunes filles pâles rencontrant l’idéal. Tu veux cesser, juste écarter tout ça, te concentrer sur la danse, ce n’est qu’une danse, avec un ami. Serge, qui sourit. Car il est toujours souriant Serge – en ta présence en tout cas. Et bien tu vois, ce n'est pas si compliqué que ça. Il pense pouvoir être professeur de danse. Tu souris, il a certainement la préstance et l’élégance requit pour.  À briller au milieu des élèves à conter des éloges envers sa personne. Danser dans le vide, à étreindre amoureusement, une entité qui le flatte, qui l’éxalte. À tomber amoureux de compliment à son égard. Malgré ça, tu le trouves magnifiques, lorsque la sincérité orne son visage.  

Tu lui jettes une œillade et son regard te semble proche, y’a les souvenirs dansent parmis les pensées. Et à ton tours, tu crois tomber amoureux d’une entité ; tu crois seulement, la voix de Serge te rappelant à l’agréable réalité à murmurer presque, ce que tu crois être un secret – Serge est un secret en lui-même, tu aimes penser lorsqu’il n’est pas à tes côtés – Heureux d'être ton premier cavalier, ce qui veut dire que même ces dames n'ont pas eu ce privilégie, dis donc, mais c'est que j'en ai de la chance Ne sachant pas comment réagir, tu préviligies un court silence, le fixant au rythme de ses pas, le cœur battant sous l’effort, tu l’esquives un moment le temps d’un plissement de lèvres, à chercher quelques mots, quelques dérisions bien cachée. Je ne pense pas vraiment que m’avoir en cavalier soit un privilège. Un pas à gauche, un pas à droite. C’est plutôt de moi qui ait de la chance, d’avoir ma première danse avec quelqu’un d’aussi doué. Tu recules, tu avances, suivant à la lettre les pas de Serge. Ça ne m’étonne pas de toi, tu es toujours si élégant. Les paroles étaient sorties si naturellement que cela te surprend toi-même, sous le choc tu t’arrêtes un instant, le geste est si soudain – et les pas de Serge ne s’étant pas arrêter – que tu perds l’équilibre, percutant le professeur de français, la tête sur son torse, tu avais dans la panique, ramener ta main sur son épaule, immitant sa jumelle qui avait désespérement raffermis sa prise. Honteux tu recules lentement, d’un pas à peine, les yeux baissés, un rire nerveux te secoues. Désolé, j’étais plutôt bien partis pourtant.. Une faible grimace sur le visage, ta main vient se poser sur ton nez légèrement endoloris. Peut-être on devrait faire une pause ? Parce que tu sembles terriblement gêné.