— Avalon ft. Anselm
Un château, devant ses yeux. Il doit être le seul type du coin à derp atrocement devant la bâtisse. D’ailleurs, il se demande s’il arrivera un jour à s’habituer à tous ces machins magiques. Parfois il se dit qu’ils se sont trompés à Poudlard quand ils lui ont envoyé une lettre. Mains dans les poches il se contente de fixer les tours, se demande encore comment ils ont pu cacher un autre château à Londres, alors que les gars vous avez déjà Buckingham Palace et tout. Mais non, il avait appris que les sorciers ils aimaient faire dans le pas comme tout le monde, dans le spectaculaire, alors un autre château en plein cœur de la capitale britannique. Pas de problème. Il lève la main, pour recaler sa mèche de cheveux, ou pour se recaler le cerveau, il sait pas trop, c’est qu’il se dit qu’il a assez bloqué sur l’endroit et qu’il commence un peu à se faire remarquer.
Alors il se met en route, après avoir accroché à ses lèvres une cigarette il se dit : autant s’en griller une maintenant, avant le grand saut. Déjà il sait qu’il attire le regard de certains, pas parce qu’il est trop bien sapé, mais parce qu’il sait qu’il dégage un truc trop moldu. Peut-être que c’est les tatouages immobile sur sa peau et que son tout beau tuxedo peut pas cacher, la cigarette aussi, parce que c’est pas trop leur genre aux sorciers de se péter les poumons avec des roulés. Nan, eux ils préfèrent carrément la pipe et l’herbe magique parce que c’est pas des tapettes. Ben voyons. Ou alors c’est peut-être carrément ses sapes, en fait. Il sait que sa grand-mère fait des costumes et des robes pour sorciers trop riches et que ce qu’il porte est carrément ce qu’il y a de mieux, dans le coin. C’est un truc dont il avait plus ou moins conscience, là, tout de suite, il avait plutôt l’impression d’être un homme sandwich, de luxe certes, mais il n’avait pas pu refuser quand sa grand-mère avait personnellement insisté pour qu’il le fasse ? Comme il est gentil et respectueux avec elle il avait juste enfilé le truc, sans se poser trop de question. À part : Je mets ma veste en cuir par dessus ou pas?
Et la réponse est non. Tu ne mets pas de veste en cuir par dessus un ensemble élégant de la maison Wright, sinon on te traite de clochard et Anselm il aime pas trop qu’on le traite de clochard. Il avance, dans ses belles chaussures cirées, un masque ébène sur le visage. Peu importe le temps, les secondes qui défilent et le froid ambiant, il se demande encore si c’est réel, s’il est pas trop en train de trip sur du disney. Il se dit : si je croise la reine des neiges je me casse, c’est tout. Vu le décor il se dit que c’est legit’ de se demander, tu vois.
Mais au final il croise pas d’Elsa, pas d’Anna, pas même de bonhomme de neige débile. À la place il tombe sur une princesse. Pas le genre de princesse à chanter avec des oiseaux, à récurer le sol et attendre minuit pour resplendir, pas non plus le genre de princesse à partir à la guerre en Chine pour devenir quelqu’un. Non, cette princesse-là elle a même pas besoin d’attendre minuit pour briller. Pas non plus besoin de communiquer avec les animaux pour faire semblant d’avoir l’air pure. Et d’ailleurs, elle a pas besoin de partir à la guerre, non, cette princesse là, c’est le conflit lui-même, le combat et la frénésie dans un seul corps, une couronne sur sa bouche, parce que c’est quand elle parler qu’il l’écoute. Il mettrait le genou à terre, pour elle, s’il avait pas l’impression d’être un roi du monde et du sien, quand elle le regarde de cette façon là. Mais ces deux yeux là l’on déjà fait abdiquer trop de fois dans le passé. C’est l’anthracite et sa manière incisive de se planter dans sa peau qui donne à sa colonne vertébrale un autre frisson. Il fait briller ses dents en un sourire plutôt carnassier. Il jette sa roulée sur le sol, l’écrase du bout de ses belles godasses. Elle s’avance quand il s’arrête, il continue de la regarder encore, pas juste les yeux, les cheveux, le rubis de sa bouche, sur sa peau aussi. Son regard aussi est inquisiteur, il se demande encore comme il va faire, parce qu’il sait pas trop comment il va faire pour choisir entre ses yeux, son décolleté et son cou.
Elle dit qu’il est époustouflant, très honnêtement, il a pas trop conscience de lui-même, c’est comme si le sang avait cessé de remonter normalement jusqu’à son visage et qu’il était bêtement coincé là, parce qu’après le visage il y a le cerveau et que le sien était un peu blanc. Il pose sa main sur son visage pour remettre une mèche de cheveux derrière son oreille, il se penche en avant pour embrasser sa joue délicatement, tandis que sa main moins délicate – mais là encore c’est pas sa faute, il connaît le chemin par coeur et il a trop l’habitude de croire que sa peau continue de vibrer pour lui encore, descend le long de sa nuque, atteint sans mal son épaule, sans jamais cesser de la frôler, il descend le long de son dos jusqu’à l’arrière de sa cuisse pour la frôler. Rien d’autre, ou peut-être un peu plus quand il y reste trop longtemps, quelques secondes, pour trouver des cicatrices qu’il a trop caressé dans le passé. Puis finalement Anselm attrape son poignet, sans délicatesse, il s’écarte de sa joue et tire sur son bras, farfouillant dans sa poche. Tranquillement, il tire sur son poignet pour que sa paume soit tournée vers le ciel en fredonnant. Il extirpe de sa poche un bracelet contenu dans une boite, toujours sans parler, mais depuis le début c’est sa façon à lui de dire comment il la trouve. C’est qu’il a toujours l’habitude d’user à tord et à travers de compliments pour pécho tranquillement, mais là c’est différent et il le sait bien. Il relâche son poignet pour ouvrir le bracelet et le lui attacher sans jamais lui demander son avis. Quand il l’attache il s’assure que l’oiseau retombe bien sur l’intérieur du poignet et ne perd qu’une demie seconde à le tapoter.
Il attend pas de merci, il a pas non plus envie de perdre son temps à expliquer pourquoi il le lui a acheté, il est trop beau parleur pour avoir franchement envie d’user sa salive. Alors à la place il se contente de saisir de nouveau son poignet, moins brutalement cette fois pour l’emmener vers l’entrée du fameux château. C’est à ce moment qu’il se décide à dire : « J’espère vraiment que tu t’attends pas à ce que je t’emmène danser, parce que je me porte pas garant pour tes pieds. » |