confidences de renard
Le vent hurlait à travers les arbres. Il gémissait entre leurs branches, contant au silence son malheur et sa peine dans de vaines lamentations qui se perdaient à travers la forêt. Perceval ne l'écoutait pas. Cela faisait longtemps qu'il avait cessé de prêter attention au zéphyr, le laissant simplement jouer avec lui et lui envoyer ses bourrasques se perdre dans sa fourrure. Mais il ne l'écoutait plus non ; Perceval n'en avait pas le temps. La forêt toute entière s'exprimait, ses murmures grondant comme le roulement d'un torrent en furie. Lui se trouvait là, au cœur de ce brouhaha. Les humains ne pouvaient l'entendre, créatures toujours pressées, toujours les oreilles bouchées et les yeux aveuglés. Lui aussi avait été ainsi.
Puis Perceval était devenu renard —
animagus.
Alors Perceval avait apprit.
Il avait découvert ce que signifiait les clapotis joyeux des ruisseaux, les murmures discrets de l'herbe frémissante sous ses pattes, le bourdonnement lointain des insectes. Il s'était avancé prudemment dans le cœur battant de la forêt — la forêt si vivante, si exultante d'émotions. Renard en apprentissage, il avait découvert cet univers familier et inconnu à la fois, le redécouvrant. Rapidement, les escapades nocturnes étaient devenues une nécessité. “
Contrôles ton animagus” et les paroles de son instructeur avaient tourné en boucle. Ne pas laisser l'animal prendre le dessus — oui, il connaissait la théorie. Mais c'était si jouissif d'être renard, d'être autre. C'était comme trouver sa place après l'avoir tant cherché, comme découvrir ce qu'il était vraiment.
Il n'était plus Perceval ; le fils de moldus, perdu dans une marée de frères et de sœurs, guettant la reconnaissance parentale sans pouvoir l'effleurer du doigt, cherchant à l'aveugle sa place dans un monde sorcier qui n'était pas totalement le sien. En ces instants, quand il abandonnait son corps d'humain, revêtait sa peau animale, toutes ces choses n'avaient plus d'importance. Il n'était plus qu'un renard au pelage sombre, parcourant à pattes de velours la forêt interdite, la lune pour guide et les frémissements des herbes pour compagnons.
Cette nuit cependant, il ne resta pas longtemps. Il débusqua quelques mulots, répondant à des instincts primaires enfouis en son âme de carnivore — la chasse au début si complexe était désormais un jeu ou il se plaisait à rivaliser d'agilité et de dextérité avec ses proies. Au final, il les croquait rarement ; le dîner dans la grande salle le nourrissait suffisamment. Comme il chérissait d'ailleurs, cette heure passée assis sur les bancs, entouré de ses amis. Darwin racontant sa journée de révision, Anton croquant dans un cuissot de poulet — instants simples d'un bonheur savouré au rituel nécessaire.
La forêt était agitée. Les centaures se réunissaient en ses profondeurs ; le martellement de leurs sabots résonnant à travers la terre molle sous ses coussinets. S'éloignant donc, toujours sous forme d'un renard malicieux, Perceval s'était dirigé vers les abords du parc du château, s'approchant du Saule Cogneur dont les branches pendaient avec mélancolie. Il venait parfois, tenir compagnie à l'arbre presque éteint, qui le laissait faire sous sa forme animale. Une fragrance cependant, fit frémir ses moustaches. Il captait l'odeur, faible, d'un humain tout proche. Rares étaient pourtant, en dehors de lui-même, ceux qui s'aventuraient si loin dehors la nuit — c'était courir bien des risques.
Se tenant sur ses gardes, la méfiance naturelle de son âme de renard dictant les agissements de sa curiosité, Perceval s'approcha de la cabane hurlante, pattes de velours et yeux chatoyants.