Je m'étais certainement un peu emporté. Je savais qu'au fond c'était certainement pour me taquiner, se foutre de moi pour me renvoyer la balle dans ce duel du plus mesquin et moqueur. Mais quelque part, parler de cet événement me faisait du bien. Je l'avais plutôt gardé pour moi jusqu'ici, sans vraiment savoir pourquoi d'ailleurs. Peut être que c'était encore un peu trop récent. Trop frais dans mon esprit. Ou j'avais simplement pas envie d'y penser. Enfermer ça quelque part dans mon esprit pour faire comme si rien de tout ça n'avait existé. C'était plus simple. Du moins en surface. Je voulais pas que ça m’angoisse, que ça finisse par me ronger. En parler maintenant. Ici. Comme ça, comme si c'était simple. J'avoue que ça me libérait d'un poids. Peut être que Ziegler était pas le meilleur prof du monde. Peut être même que c'était simplement le pire, mais dans l'intimité de cette pièce, c'était une oreille attentive, et contre attente, compréhensive.
Il comprend. Il laisse de coter ses remarques ou ses moqueries. Peut être qu'il comprend que tout ça est plus important quelques plaisanteries bien placées pour se distraire. Car ça l'était réellement. Absorbé par ses mots, je ne le quitte plus des yeux, m'accrochant désespérément à ses réconforts, ou ce qui semble en être. Une fois de plus, c'était la première fois que je le voyais si humain. Sincère et vrais. Une autre homme. Un visage que j’étais peut être le seul à avoir put contempler. Je me sentais fier tout d'un coup. Fier, mais aussi idiot. L'espace d'une seconde, mes yeux s'étaient soudainement arrondis à ses mots. Ses vérité. Il avait une tout autre visions des choses. Une vision plus adulte. Plus mature mais aussi plus juste. Comment est ce que j'ai put passé à coté de ça ?
« Je.. Je crois que.. j'avais jamais vus ça... comme ça.. »
J'en avait un peu honte. J'en rougissais discrètement, contrarié de ma propre intolérance. Agacé par ma propre bêtise. Ces créatures étaient ici chez elle. Elles n'avaient rien demandé à personne. Pourtant, simplement parce qu'elles étaient menaçante ou simplement pas très jolie à regarder, on voulait les dégager. C'était injuste. Si je m'étais confié à Aili, je suis certain qu'elle aurait tenue le même discours. Que les nuisances ici c'était simplement nous. Mon regard se détourna finalement du grand blond et ses plumes roses, il vint se perdre un instant au hasard du vide. Le temps d'une réflexion. Réaliser la simplicité de la chose, et sa gravité.
J'aurais jamais du entrer dans cette foret. J'avais rien à y faire, et si cette Acromentule m'avait bouffé ça aurait simplement été justifié. C'est bête mais j'avais envie de m'excuser sans trop savoir pourquoi. Parce qu'il avait raison. Qu'on était que des sales gamin qu'écoutent rien et qui n'en font qu'à leurs tête. Ils nous répètent mille fois de ne pas y entrer.. mais on est jeunes, on est con et on s'imagine qu'on sait parfaitement ce qu'on fait. On se lance dans la vie, inconscient ou innocent, et puis elle nous rattrape, nous met quelque claque pour nous forger cette carapace qu'on appel maturité. Je savais une chose maintenant. Je n'irais plus dans cette foret à moins d'avoir une très bonne raison de le faire.
J'accroche un sourire à mes lèvre et relève le nez vers lui, osant une seconde tirer la langue en exhibant la boule métallique qui l'ornait. Le sérieux passe et laisse place à d'autres confidences enrobé d'un esprit taquin.
« Si on était pas là, nous, les sales gosses, votre quotidien serait ennuyeux à en mourir... Avouez le. »
On est quand même bon publique. Est puis je le voyais pas frapper ses collègues comme il le faisait régulièrement sur ma tête. Ce serait étrange et je crois que les gens l'accepteraient pas aussi bien que je le faisais ! Finalement on se complète bien, j'avais d’ailleurs anticipé une éventuelle claque en rentrant la tête dans mes épaule après un léger ricanement. Avec lui on sait jamais, mais j'étais satisfait d'avoir ce genre de discussion. Parce que c'est un prof, mais aussi parce que j'aimais découvrir les gens sous les masques qu'ils portent. J'étais satisfais. Satisfait mais aussi curieux. Cette fois c'était sa faute, pour une fois c'est lui qui avait trop parlé et je comptait bien en profiter encore un peu.
« Comment c'était votre vie de traqueur. Ça vous manque pas ? Pourquoi vous êtes profs maintenant... y'a une raison ou c'est simplement que vous en aviez marre de crapahuter après des grosses bestioles ? »
Un peu trop audacieux peut être ? Mais puisqu'on en était à parler de nous, autant essayer de gratter quelques informations de plus. Qu'est ce que je risque après tout ? A part une claque derrière la tête je veux dire...
Le gamin semblait réfléchir à ce que disait son aîné, laissant ce dernier assez content de cette situation. Les plumes roses n'avaient pas l'habitude de s'ouvrir si aisément, mais elles jugeaient que c'était possible de le faire maintenant. Peut-être pour lui montrer qu'il n'avait pas eu faux, le réconforter un peu aussi quelque part. C'était l'un de ses devoirs même si bien souvent ce dernier passait à la trappe. Orhan vivait comme bon lui semblait alors, laissant ses humeurs aller et venir, jongler dans ce monde. Un fin sourire perlait sur ses traits à nouveau dès lors que le gamin réalisait, le laissant réfléchir encore un instant. Puis une main venait tomber sur le haut de son crâne, légère.
« Un jour t'auras plus besoin de moi pour comprendre ça tout seul. T'inquiète, t'es encore qu'un gamin, mais tu vas évoluer peut-être. »
Un rire. Brusque et soudain, bruyant également. Le quotidien revenait au galop, se moquant de son cadet une seconde avant de l'entendre lui expliquer que sans eux, il se sentirait bien seul. C'était probablement une vérité quelque part. La crinière blonde se verrait bien lasse sans eux, sans cette ambiance, sans aucun public pour admirer son côté lunatique et le craindre autant que s'en amuser. Bien seul de ne pouvoir laisser ses claques tomber derrière les crânes, sans pouvoir les punir et gueuler ou bien simplement déconner quand l'humeur y était. Oui c'était vrai sans nul doute.
« Te donnes pas autant d'importance morveux, j'pourrais survivre sans vous ! Mais bon... j'dois avouer que cette baraque serait moins amusante si seul les profs s'y trouvaient. Tellement rigide et sérieux pour certains, c'est fatiguant. Alors ouais, on va dire que vous êtes un bon passe-temps. »
Une main passait sa crinière alors et la curiosité du jeune garnement survenait violemment. Les questions qui s'ensuivaient le laissait perplexe un instant. Pourquoi était-il devenu professeur hein ? Une question qui devait bien tomber un jour ou l'autre. Que ce soit un élève ou enseignant qui demande, l'homme s'y attendait. Parce que l'ancien traqueur n'était pas bon pédagogue, loin de là. Pourtant la réponse n'était pas si évidente. Les pensées s'évadaient alors à nouveau, ses orbes s'assombrissant une nouvelle fois. Orhan ne pouvait pas répondre à cela, loin de là.
Le silence se faisait pesant alors, un instant, une seconde. Il englobait son monde. Et les souvenirs revenaient, flous comme dans le temps, comme il en serait peut-être toujours ainsi. Aucune échappatoire à ce néant qui subsistait. Un soupir perlait ses lippes, se redressant jusqu'à toucher dos au mobilier.
« C'était... excitant d'être traqueur j'dirais. Toujours de nouvelles choses à voir, toujours de nouvelles choses à découvrir, des situations difficiles parfois et l'adrénaline. C'était bien, enfin j'aimais bien l'être en tout cas. C'est tout ce que je peux te dire. »
Son sérieux disparaissait rapidement alors, retrouvant un côté moqueur.
« Quant à savoir pourquoi j'suis prof, c'est pour reluquer les gamines et les attraper quand elles seront femmes, c'est évident. C'est le meilleur endroit pour voir les femmes de demain et s'en approcher ! »
Un passe temps. C'était pas si mal, c'était aussi sa façon de dire que dans le font il nous kiff bien. Sinon il serait parti en courant depuis longtemps de toute manière, mais il est encore là. Chiant, carrément désagréable par moments. Mais quand même là. Je commençais à avoir une assez bonne maîtrise de ce genre d’individus vus ma frangine et les gens que je m’évertue à stalker. Assez pour savoir qu'ils perdent pas leurs temps avec des gens s'ils en ont pas un minimum envie. Il était venus de son plein grès, et il était resté. C'est la première fois qu'on parlait aussi longtemps en dehors des cours, et je crois que je me serais jamais attendu à autant de sympatrie et de paluches qui m’ébouriffent la tignasse de sa part. Je vais pas m'en peindre, bien au contraire.
Ma question se heurte à un mur. Peut être qu'il ne fallait pas que je sois si curieux, c'était simplement plus fort que moi. Emporter par l’enthousiasme comme toujours, incapable de réfléchir avant d'ouvrir la bouche. Les mots sortaient tout seul, me faisant parfois regretter cet empressement. Un jour j'arriverais certainement à installer un philtre entre mon cerveau et ma bouche pour m'éviter ce genre de situation. D'ici là j'allais me contenter de sourire comme maintenant, attendre que le moment passe, enchaîner sur autre chose pour ne pas laisser la gêne installé. Mais il avait finalement répondu. Un peu embêté, soupirant de tout son être avant de répondre un peu détaché. Le visage de nouveau fermé, sérieux face à ses pensées et souvenirs. Peut être que quelque chose s'était produit. Il disait aimer ce qu'il faisait, pourtant il était là aujourd'hui. Est ce que ça lui manquait à ce point ? Passé d'une vie d'aventure, d'inattendu et de danger à celui de professeur bien rangé... ça expliquait pas mal de choses. Même les conneries qu'il disait.
J'en avais simplement éclaté de rire, levant les yeux au ciel une seconde face à ses conneries sortis un peu trop brusquement après cet instant spécial. Comment est ce qu'on passer si facilement d'un extrême à l'autre. Mon sourire s’élargissait tandis que ma tête se secouer de droite à gauche dans un soupir faussement blasé.
« Monsieur.. vous êtes désespèrent... et vous êtes aussi un pervers mais ça étrangement ça m'étonne pas trop. »
Il avait le style et le profil de ces hommes qui se fichent bien de l'age des demoiselles tant qu'elles sont jolie, de plus, la moitié de l'école était majeur, la vingtaine ça faisait rêver tout le monde, surtout ceux qui l'ont laissé derrière eux. Alors, non, ça n'avait rien d’étonnant même si l'entendre le dire si facilement était un peu déstabilisant. Et pas très légale.
« Vous savez que vous allez être viré à force.. Et si je balance hein ? Vous avez de la chance que je sois cool »
De toute manière j'avais aucune raison de dire quoi que ce soit. Après tout les histoire de profs qui se font des élèves y'en à tout le temps, doit bien y'en avoir quelques une de vrais dans le ramassis de rumeurs qu'on entend. Du coup ça m'intriguait un peu, ça m'amusait même. Peut être qu'il a dit ça juste pour faire genre. Ou me faire peur, si c'est le cas dommage pour lui il est tombé sur le mauvais élève. On me disait souvent que j’étais trop tolèrent, ou que j'avais l'esprit un peu trop ouvert simplement parce que je ne jugeais pas ce que faisaient les autres. Ça les regarde, et si ça leurs convient, tans mieux pour eux.
« Alors.. dite moi.. Promis je dirais rien mais... vous avez attrapé beaucoup de gamines ? Ou de gamins... qui sait.. ça doit en intéresser aussi j'en suis quasi certain... »
Je franchissais certainement la limite de l'étique en osant la question. C'est pas tellement le genre de discution qu'on devrait avoir avec son prof. On en était même carrément loin mais j'étais certain qu'il s'en fichait complètement. Ziegler était pas du genre à se soucier des bonnes manière ou de la moral, à vrais dire il devait se faire un plaisir de tout enfreindre. C'est sa nouvelle façon de se mettre en danger, une autre forme d'adrénaline. Qui pouvait réellement le blâmer pour ça ? Alors je m'approchais un peu curieux de la réponse, le regard fixé sur le blond et ses plumes roses, un peu avide et amusé. Elles devaient pas être beaucoup à lui refuser de toute manière, faudrait sacrément manquer de goût.
Accueil
1, 2
