Hydrus et Binns (pv binns, pepper, juno)

Demeter eut un sourire incrédule.
Quoi ?
Il se retourna plissant des yeux presque amusés tant la déclaration de James était absurde. Mais cela n’avait rien de drôle. C’était même presque inquiétant et Demeter dévisageait son ami, avec une expression interloquée. Puis il se contenta de faire non de la tête et de se retourner avec un peu de mauvaise humeur car il n’avait pas le temps pour ce genre de plaisanterie de mauvais goût. Il pardonna à James cependant son petit écart car il lui pardonnait tout donc il ne lui en tiendrait pas rigueur. Désireux de poursuivre son chemin, il continua à avancer.
Au bout de quelques pas, Demeter remarqua cependant sa solitude. Légèrement agacé en se retourna cette fois-ci, il fronça les sourcils en fixant James Taylor. Il n’aimait guère perdre son temps de la sorte et il s’apprêtait à le lui faire savoir mais quand il remarqua l’air grave de son ami, Demeter se sentit soudainement inquiet. Habituellement, James se contenait de les suivre sans bruit, glissant quelques remarques de temps à autres sans jamais faire d’histoire. Quelque chose aujourd’hui semblait le tracasser et en y pensant bien, Demeter se rappela Juniper s’inquiétant pour lui.
Mais Demeter n’était pas d’humeur à s’occuper des états d’âme de James et il se contenta de le fixer attendant patiemment que celui cesse sur le champ d’essayer de lui faire croire ce qu’il avait osé dire. Au bout de trente secondes cependant, Demeter obstiné, refusait toujours autant la portée de ses mots. Puis le temps fila, s’écoula et le silence planant entre les deux garçons devint presque solide. L’atmosphère sembla s’épaissir alors que Demeter sentit l’odieuse vérité commençant à pointer le bout de son nez. A nouveau un sourire incrédule se dessina sur ses lèvres. Ce n’était pas possible. C’était une blague.
Pas James.
Pourtant il avait toujours cet air aussi grave, cet air d’honnêteté et cela devint insupportable. Pas lui. Pas lui.
Pas toi James.
Souris même si c’est pour te faire engueuler juste après. Dis-lui que tu plaisantes et il oubliera toute cette farce sordide.
S’il te plaît James. Il suffit d’un mot d’un geste.
Mais i restait là, immobile, figé. Ses yeux noirs derrière ses lunettes le fixaient et Demeter ne parvint plus à fuir d’avantage cette accablante vérité. Il y eu une seconde ou tout sembla se figer, quand un vent glacial souffla tout à l’intérieur de lui, gelant son sang dans ses veines. Quand il sembla qu’un vide vertigineux s’étendit de sa trachée à son estomac. La bouche de Demeter s’entrouvrit, pendant légèrement.
Puis tout explosa.
La haine avait grondé, le frappant en un éclair. Le corps de Demeter ne s’agitait plus de raison, mais sous les éruptions brèves de ses impulsions. Il était furieux et souhaitait écraser le visage de James, voir son sang écarlate perler de ses lèvres, le bleu violacé rougir les pommettes de l’odieux traître. Plaquant brusquement James au mur, Demeter referma ses mains avec violence contre sa chemise. Il planta son regard dans le sien, le visage déformé par la colère.

James James James.

L’enfant de Liverpool aurait mieux fait de se taire plutôt que de finalement avouer ce secret. Pourtant il l’a fait bien conscient qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. C’est une impulsion momentanée qui a fait fuser cette phrase de ses lèvres car fatigué, fatigué de faire comme si de rien n’était devant Demeter. Demeter qu’il trahissait en restant silencieux. Demeter qu’il trahissait en révélant la nature de son sang. Il n’y a pas d’échappatoire et son meilleur ami, mérite la vérité. Tant pis pour la haine, tant pis pour la colère, James n’aime pas mentir alors il a parlé après avoir longuement hésité. C’est finalement Juniper et sa chevelure de feu, sa confiance innée qui lui a donné le courage de tout avouer.
Alors il a parlé.
Il tortille ses mains. Pince son indexe entre deux doigts alors que la gêne l’étouffe. Il voudrait disparaître et se volatiliser, quitter ce par cet air trop frais qui y souffle. Mais il est là, grand et gauche alors qu’il s’arrête et que Demeter continue.
James a peur. C’est son estomac qui se retourne, sa poitrine qui se compresse mais il fait de son mieux pour ne pas regarder ses pieds et il observe son ami si cher. Intérieurement, il ose croire que Demeter ne le croira pas et qu’il continuera d’avancer comme si de rien n’était. Il ose aussi croire, qu’il lui dira que ce n’est pas grave mais il sait pourtant que ce n’est pas le cas.
Il est tout ce que Demeter déteste. Une petite vermine, saleté de sang-de-bourbe qu’il passe son temps à martyriser. Mais de Demeter James ne connait qu’un visage doux et sincère. Une main tendue vers lui et une compassion dans le fond du regard, car ils sont un peu pareils, ses orphelins en quête d’amour. Il est son ami, le meilleur avec Argus et Juniper et James l’admire. Ce Demeter que rien ne fait trembler.
Et puis la colère a explosé en Demeter. James sent son cœur qui se serre, qui se serre dans sa poitrine et il est désolé. Désolé de n’avoir rien dit, désolé de causer ce problème, lui qui de base ne méritait même pas qu’on le remarque. Mais on l’avait vu. On l’avait adopté. Et James ne s’était jamais senti aussi heureux d’être enfin accepté.
Mais il se rend compte que tout cela est fini quand Demeter le plaque avec violence contre le mur du château. Par sa faute. Et il n’a rien à dire. Ne peut se défendre. James est coupable d’avoir menti pendant quelques semaines, car avant cela il ignorait tout de ses parents. Et il l’implore répétant désolé, sa voix tremblante, rauque dans sa poitrine, alors que Demeter déchaîne sa colère contre lui. Et dans les yeux bleus de son ami, la colère enfle et face à cette expression, l’être entier de James se recroqueville.
Il voudrait disparaître.

James était un sang-de-bourbe.
Furieux, Demeter continuait de fixer son ami avec férocité. Il ne s’était jamais battu comme un moldu mais en ce moment rien ne lui semblait plus tentant que de laisser son poing aller s’écraser sur le visage de James et briser ces satanées lunettes.
Presque animé d’une volonté propre, l’étau de ses mains se resserra autour du col de James, s'arrêta à sa clavicule, tirant abruptement sa chemise vers le haut. L’air anéanti et triste de son ami ne servit qu'à faire enfler la colère écumante sourdant ses veines. La simple vision de son visage le révulsait profondément car c’était un né-moldu et car surtout, James avait trahi. Après tant d’années passées ensemble, à le considérer comme un frère, à l’avoir même invité à passer des vacances au Manoir, cette vérité avait disloqué quelque chose en Demeter. Il était blessé qu’on lui ait caché cette terrible révélation mais il était furieux de voir que James, dont il avait toujours admiré la retenue et l’intelligence, n’était en réalité qu’un immonde sang-de-bourbe. S’être attaché à lui le faisait vomir.
Hors de lui, Demeter souhaitait effacer James Taylor de son existence. Il rêvait de laisser ses phalanges aller et venir contre le visage de James, comme si le tabasser aurait pu effacer tout ce qui venait de se produire. Pourtant il y avait quelque chose qui le faisait hésiter. Ses mains tremblaient avec violence et ses lèvres incontrôlables frémissaient tandis que James continuer de s’excuser avec confusion. Finalement un ultime pardon et cela en fut trop pour Demeter qui ne voulait pas de ses excuses. Il ne voulait plus voir et dans un geste violent il poussa James contre le mur tout en le lâchant et il fit un grand pas vers l’arrière, s’éloignant de ce dernier. D’un grand geste et sans un instant d’hésitation, Demeter sortit sa baguette la pointant sur James. Une envie bestiale déformait à présent ses traits furibonds et ses cheveux blonds en bataille trahissaient son agitation. Il n’avait jamais eu autant envie de faire mal à quelqu’un. Il voulait faire mal à James pour lui faire payer cet odieux mensonge, cette inacceptable trahison. Il voulait faire mal à James pour réaffirmer ses convictions ébranlées. Le bousiller pour se prouver qu’il détestait bel et bien ces répugnants sang-de-bourbe. Il fut si en colère qu’il n’entendit pas les cris qui retentirent dans son dos.
Et réfléchir une seule seconde à ses actions, Demeter agita sa baguette vociférant l’incantation avec rage :

Endol-

Mais on le coupa net dans son élan. Sa baguette vibra entre ses doigts avant de s'y échapper et de tomber un peu plus loin. Se retournant aussitôt, il aperçut haineux, Juniper et Argus venant d'arriver.

Juniper était à la fois anxieuse et contente qu’ils se retrouvent enfin tous les quatre. Cela arrivait trop rarement, car depuis la rentrée Demeter restait souvent avec Daphné De Lange et hormis quelques cours en commun, il lui semblait que ça faisait une éternité qu’ils n’avaient pas passé une heure ensemble. Devant le portrait de la grosse dame, elle attendait qu’Argus, qui venait de finir sa retenue, la rejoigne enfin. Quand il arriva enfin, ils se mirent tous les deux en route, se dirigeant vers l’extérieur du château afin d’y retrouver Demeter et James. Marchant d’un pas léger, ses cheveux roux indisciplinés comme toujours, Juniper avançait à une allure hâtive et devançait Argus que jamais rien ne pressait.
Dehors le ciel était clair et cette vision l’emplit de félicité, pressée d’entendre l’éclat de leurs rires y filer avec légèreté. En cette période troublée, ils avaient tous besoin d’enfin se retrouver ensemble et se couper du monde, comme si seuls eux existaient. Elle craignait cependant que cela ne puisse arriver mais elle était résolue à chasser sigma de son esprit lorsqu’elle verrait enfin Demeter, pour ne pas rendre l’atmosphère tendue.
Au loin deux ombres attirèrent son attention, alors qu’Argus et Juniper foulaient le gazon après être sorti du château. Un mauvais pressentiment la fit tressaillir et sans vraiment s’en rendre compte elle commença à courir pour se rapprocher de la scène. Son estomac se contracta quand elle reconnut Demeter plaquant James contre un des murs du château. La raison ne faisait aucun doute ; Il n’y avait qu’une seule chose qui aurait pu mettre son cousin dans cet état-là.
Profondément bouleversée par la réaction de Demeter, son cœur fit un bond dans sa poitrine avant que la colère ne la gagne elle aussi. Pourquoi fallait-il qu’il soit toujours ainsi ? Son visage s’échauffa.
Elle cria leurs noms pour qu’ils arrêtent mais aucun des deux ne sembla l’entendre. Demeter pointa alors sa baguette sur James et à présent assez proche pour entendre, son sang se glaça subitement. D’un extraordinaire elle alla saisir sa baguette et désarma aussitôt Demeter.
Les yeux grands ouverts elle le dévisagea comme si elle le voyait pour la première fois. Il avait osé essayer. Son cœur se déchira et dans tous ses états elle hurla :

▬ Mais ça ne vas pas Demeter !!! COMMENT OSES-TU ?

Sans réfléchir plus longtemps elle alla se planter à côté de James, se mettant à moitié devant lui pour le protéger de Demeter qu’elle ne reconnaissait plus. Furieuse, elle était également effrayée de le voir si hors de lui, mais son emportement la domina et elle le gronda d’une voix agressive :

▬ Que James soit un né-moldu ne change ABSOLUMENT RIEN. Tout ça est ridicule.

Et elle était profondément déçue. Elle n’arrivait pas à croire qu’il était prêt à aller aussi loin…

Désarmé par sa cousine, il l’observa une seconde sans la reconnaître puis il retroussa les lèvre. Fulminant, il fit quelques pas rageur sur le côté et alla ramasser sa baguette sombre qu’il ne rangea pas, la gardant près de son corps. L’apparition soudaine d’Argus et de Juniper l’avait légèrement refroidi mais il ne regrettait pas le moins du monde ce geste. Bien au contraire. Demeter grognait d’avoir été stoppé aussi net dans son élan car faire souffrir James le démangeait.
La haine insidieuse le rendait mauvais. Son souffle était saccadé et il dévisageait Juniper, farouche.
Sa cousine s’était placée un peu devant James, comme pour le protéger. Demeter se mordit l’intérieur de la bouche avec violence, révolté de la voir prendre son parti. Il fallait s’y attendre cependant. Juniper et ses parents si nobles, si justes, si différents de leurs familles. Et pourtant c’était elle qu’on aimait et qu’on acclamait le plus. Malgré toutes ses bêtises, toutes ses erreurs on lui pardonnait tout car sa naissance était noble. Au contraire de lui. Le vilain petit canard qui malgré tous ses efforts, n’aurait jamais droit à la tendresse naturelle qu’on réservait à Juniper. Et elle ne s’en rendait même pas compte. Préférant protéger James et le foudroyer de son regard accusateur. Cela le rendit malade et il se sentit bouillonner à nouveau. Elle ne pouvait pas comprendre. Un minime instant il hésita avant de laisser libre cours à sa rage.

- IL M’A MENTI.

Demeter hurla sans en avoir conscience, fixant James les yeux emplis d’un profond dégoût.

- IL M’A MENTI.

Il cria de nouveau, plus fort, d’une voix sombre et mauvaise, les traits complètements enflammés. Animée toujours de l’envie viscérale de briser James, il leva sa baguette droit vers eux :

- Ca ne te regarde pas de toute manière Pepper.

Et derrière la jeune fille il y avait encore et toujours James qui se cachait de son regard. Révulsé de le réaliser si proche d’elle il reporta toute son attention sur lui :

- Et toi comment oses-tu rester près d’elle, sale sang-de-bourbe.

Réalisait-il seulement à quel point il n’avait pas le droit d’être proche d’une personne à la naissance aussi noble que celle de Juniper ?

- ELOIGNE-TOI D’ELLE.

Personne ne semblait bouger. L’air semblait presque irrespirable. Mais Demeter n’en avait que faire de ce malaise soudain. De cette terreur qui glaçait le sang de ses amis. Il était en colère et dans sa rage c’était le monde entier qu’il souhaitait écorcher.

- ECARTE-TOI JUNIPER.

Ne parvenant à se maitriser plus longtemps Demeter fit mouvoir sa baguette. Lashlabask. Un bang sonore retentit et les corps de James et de Juniper se repoussèrent avec violence. Pointant cette fois sa baguette sur le garçon, Demeter s’apprêtait à jeter un nouveau maléfice quand un trait rouge fila sous son nez.

Ramenant son bras à lui il se retourna sèchement.

Argus…

Sous la chape des terribles colères embrasant ses traits, Argus peina à reconnaitre Demeter dont la voix hurlante grondait comme l’orage, formant un chasme entre tous. L’air était devenu solide, l’ambiance électrique.
Demeter alla reprendre sa baguette alors que Juniper accourait au côté de James et se plaça légèrement devant lui avant de s’énerver elle aussi, se mettant à crier. Dans le ton de sa voix on pouvait percevoir le profond outrage qui l’asphyxiait mais cela sembla risible face à la douleur de Demeter dont la rage suintait de chaque phrase alors qu’il lui rétorquait de plus belle. Il était effrayant avec ses yeux révulsés et ses cheveux blonds défaits, agitant ses membres comme un diable. Ses propos désordonnés trahissaient la violence et surtout le désordre des émotions le submergeant. En son cœur il était aisé de deviner le cataclysme y prenant place, terrassant tout l’ordre habituel et froid dont Demeter savait se parer. Mais il était là, abrupt et nu dans toutes ses émotions. Le gamin blond de Manchester semblait surgir derrière ses traits, celui dont le visage dévasté par les larmes avait choisi de se réfugier dans une colère froide pour ignorer toute sa souffrance.
Profondément désolé Argus ne savait agir, ni même bouger. Lui habituellement vivace et impulsif, n’avait même pas eu l’esquisse d’un geste depuis qu’il était arrivé sur place. Evidemment il avait entendu l’acte terrible qu’il s’était apprêté à commettre mais la profonde déception que cela avait entraîné, ne l’avait pas enflammé comme Juniper, parce qu’il aimait trop Demeter pour s’élever contre lui. Il était comme un frère. Et il en oubliait toutes leurs valeurs diamétralement opposées et donc son cœur, son esprit lui ordonnant de lui faire face et d’affronter l’inévitable. Mais se tenait de l’autre côté de cette fracture lézardant entre eux, Juniper et James, tout aussi important à ses yeux. Partagé dans le fruit de ses affections, cette scène était une torture et Argus se refusait à faire un choix. Ses yeux avaient oscillés allant de l’un à l’autre dans un ballet incessant tandis que la voix de Demeter prit des accents plus houleuses et l’inévitable arriva lorsqu’un sortilège fusa de sa baguette.

Bang !

Juniper et James furent séparés avec violence, leurs corps au sol contre le gazon vert. La gorge d’Argus se contracta et son cœur battit à tout rompre. Ses doigts partirent chercher sa baguette presque d’eux même, car il ne pouvait plus rester là à ne rien faire. Il devait protéger James même si pour cela il devait faire face à son meilleur ami de toujours. Et volontairement il manqua Demeter, son sortilège le manquant d’un rien, comme un avertissement.
Le blond se retourna immédiatement, impétueux, le regard orageux. Déglutissant Argus sentit son cœur se fracturer alors qu’ils levaient leurs baguettes l’un contre l’autre alors qu’ils avaient juré que quoiqu’il en coûte ils resteraient toujours unis, quitte à dresser le monde contre eux. Mais il y avait des limites qu’Argus ne franchirait pas car Demeter n’était pas son seul ami. Ils étaient quatre.

- Arrête je t’en prie Demeter. Calme-toi.

Ce n’était pas la première fois qu’il pointait sa baguette sur Argus, mais jamais auparavant il ne l’avait fait avec de telles intentions et il n’avait pas pensé le faire un jour. Cependant, en ce moment sa colère n’avait pas de raison et elle était bien décidée à trouver un tort à tout, peu importe la personne lui faisant face et l’affection qu’il lui portait. Alors que ce soit lui ou un autre, l’issue n’aurait sans doute pas été différente. Mais qu’il s’agisse Argus, rendait toute cette lutte plus corrosive et surtout douloureuse. C’était son compagnon d’enfance se tenant devant lui, baguette dressée contre la sienne. Quelque chose sembla alors se briser en lui, alors qu’il plantait son regard incisif dans le brun de ses yeux. Argus ne le suivrait pour une fois pas.

Il aurait dû s’y attendre.

Un rire coléreux sans bruit le secoua brièvement, désabusé. Argus si beau, si noble était tout son contraire et c’était quelque chose qu’il ne savait que trop bien. Au final, cette opposition avait toujours été inévitable.
Et les insécurités qu’Argus lui avait toujours évoqué, ressurgirent toutes en même temps sous le coup de l’émotion et Demeter qui s’était toujours senti inférieur à son talentueux ami, n’eut soudain plus une once de sympathie pour lui et souhaitait faire disparaître de son visage cet arrogant et désinvolte sourire. Ce mépris l'avait rendu plus froid bien que sa colère était toujours là, prompte à exploser au moindre moment.

- Tu vas t’y mettre toi aussi Argus hein. Tu préfères défendre Taylor hein ? Quoi de plus normal.

Il eut un rictus moqueur et mauvais.

- Le lion de Gryffondor.

Demeter n’avait jamais autant exécré Argus qu’à ce moment-là. Sous le coup de la colère, d’un je ne sais trop quoi d’impulsif, sa main fendit l’espace de nouveau et l’air s’illumina de rouge quand il lança son maléfice. Il céda soudainement à tout l’allant de sa haine brûlante, sans se soucier des conséquences de son acte. Quelque chose de véreux avait enflé dans son estomac et il avait cette profonde envie de dégueuler à la face du premier venu toute sa colère.
Et c’était Argus à présent, le récipient de toute sa rage. Tant pis. Tant mieux.
Ses pieds foulaient le gazon au rythme effréné de leurs duels alors qu’ils se rendaient sortilèges pour sortilèges et ne pas trouver rapidement la faille, rappela à Demeter à quel point Argus avait toujours était meilleur que lui. D’avantage échauffé, il se mordit les gencives en faisant filer un énième maléfice vers Argus.

James souhaite disparaitre, pour réparer tout le tort qu’il a causé, enlever tous les éclats de verres qu’il a planté dans le cœur de Demeter. Il s’en veut à la mort de n’être qu’un misérable né-moldu et de l’avoir côtoyé si longtemps, lui déjà si gentil d’avoir tendu une main et de lui avoir fait grâce de sa compagnie quand il se sentait vilain petit canard. James se maudit et maudit son sang. Il accepte les coups sans broncher. Il a mal mais c’est comme pour se repentir et ce n’est sans doute rien face à la rage qui tord les boyaux de Demeter. Alors James ne réplique pas, il n’en a de toute façon pas la volonté. Et il se recroqueville toujours un peu plus à chaque fois que Demeter lui hurle sa haine. Il se sent projeté contre le mur avec force. Une douleur le traverse puis il y a la terre qui rentre dans ses narines quand il retombe. Le souffle un peu court, James voit des étoiles et peine à retrouver le nord. Les larmes aux yeux, il entend des bruits de pas précipités et Pepper arrive, s’interpose elle et ses cheveux roux.

Protégé comme toujours, James se sent faible et inutile quand elle pose sur lui un regard inquiet. Il est la raison de toute cette scène et toute l’animosité subite qui se matérialise comme des éclairs entre les yeux des deux cousins. Tout ça à cause de lui. Il est si minable et n’arrive plus à bouger quand Juniper accourt à ses côtés et se place à moitié devant lui comme pour le protéger. Nerveux, le regard de James est fuyant. Il voudrait partout sauf à sa place pour se dérober de la colère orageuse de Demeter qu’il n’a pas le courage d’affronter. Soudain l’espace éclate et il est projeté dans l’air, comme un torchon. Son dos s’abat une fois de plus contre le mur du château sous la force du sortilège accompagné d’un craquement sinistre. La douleur lui arrache un hoquet alors qu’il est la tête contre terre, roulant dans le gazon. James entrouvre les yeux sonnés et voit Demeter revenant à la charge. Il plisse des yeux pour se préparer au choc mais il ne vient pas.

Car Argus s’est joint à la mêlée. Et rien n’est plus déchirant que de voir les deux se dévisager, eux d’ordinaires unis peu importe les circonstances puis se déchirer soudainement. James a causé un cataclysme. Les éclairs fusent entre les deux adversaires qui se battent en duel de manière féroce. Qu’a-t-il fait ?

James voudrait fondre, se volatiliser, ne jamais avoir été né plutôt que de semer autant de problèmes.

Sa voix s’étrangle alors qu’il veut leur crier d’arrêter cette folie mais James nerveux n’a jamais été des plus courageux et tout en lui fond alors qu’Argus et Demeter s’affrontent avec furie.

De toute sa vie, Juniper avait toujours été l’enfant choyée et protégée. On le ressentait d’ailleurs bien dans le comportement que Demeter avait pour elle, refusant toujours toute opposition et agissant toujours comme si elle était une petite fille. De ce fait elle avait toujours vouée une confiance extraordinaire et sans limite à Demeter qui avait été comme un grand frère durant son enfance. Et avec le temps et les liens inévitables et profonds qui s’étaient tissés avec le temps, la joie, les rires mais aussi les peines, les chagrins et les tristesses, Juniper s’était toujours dit que quoiqu’il arrive, elle arriverait à le résonner car elle pensait être spéciale et à part pour lui.
Mais dans cet état-là, personne n’arriverait à faire entendre raison à Demeter.
Il lui hurlait dessus toute sa haine et toute sa colère. Offensée, Juniper sentit son visage s’empourprée mais elle n’arrivait pas à trouver les mots pour exprimer toute son indignation. Et alors qu’elle cherchait ses phrases, Demeter fit mouvoir sa main. Elle écarquilla des yeux, choquée. Il n’oserait pas… L’air se déchira alors qu’elle sentit sa peau la brûler. Touchée de plein fouet par le sortilège, ses jambes battirent l’air et soulevée du sol, Juniper s’écrasa un peu plus loin. L’impact lui coupa le souffle. Traversée d’une vive douleur, le cœur de Juniper accéléra sa cadence mais ce n’était pas à cause de son corps qui lui faisait mal. Elle était horrifiée que Demeter soit allé si loin et la désillusion lui donna presque envie de fondre en larmes.
Sa déception était sans fond mais Juniper ne se laissa pas abattre et se remit sur pieds. Elle s’exclama aussitôt en voyant ce qu’il allait se produire :

▬ James !

Alors que Demeter s’apprêtait à se prendre de nouveau à James sans défense, elle remercia Merlin quand Argus intervint finalement. Trop préoccupée par James elle n’écouta pas leurs dialogues se pressant au côté de son ami pour voir s’il allait bien. Apparemment il avait quelque chose de cassé et elle l’aida à se remettre sur pieds en le soutenant par l’épaule. Juniper força un sourire compatissant :

▬ Il faut t’emmener à l’infirmerie.

Mais elle ne put accorder d’avantage d’attention à James puisque la scène qui prenait à présent place la scindait intérieurement. Il n’y avait rien de pire que voir Argus et James se battre et le ciel moqueur, sans doute cruel, s’était couvert de gris pour l’occasion riant au nez de leurs peines à tous. Dépassée par les évènements, impuissante, elle les observa échanger maléfices après maléfices dans un ballet fratricide et frénétique. Prise de panique à l’idée que l’un des deux finisse par se blesser car un accident était si vite arrivé et semblait donné vu la tournure des évènements, un sentiment d’urgence la fit s’époumoner :

▬ ARRETEZ.

Mais ils ne l’entendirent pas et continuèrent cet affrontement stupide. Alors elle continua à crier devant sans doute paraître hystérique mais c’était le dernier de ses soucis. Il fallait qu’ils arrêtent. Et à bout Juniper s’approcha dangereusement du no man’s land séparant ses deux amis. Puis elle porta sa baguette à sa gorge et sa voix explosa avec force suite à son sortilège d’amplification.
Ils s’arrêtèrent enfin mais elle ne fut pas soulagée. Le silence suivant fut d’autant plus terrible, quand elle constata tout ce qu’il venait de se produire. Elle en revenait à peine et folle de rage elle se tourna vers Demeter :

▬ COMMENT AS-TU PU.

Sous l’emprise de ses émotions, Juniper avait la voix tremblante alors qu’elle peinait à exprimer toute sa déception et toute sa colère. Elle respira un grand coup pour se calmer avant de poursuivre :

▬ James est ton ami. Tu l’as aimé et tu l’aimes encore. Son sang n’a aucun rôle.
Cependant était toujours profondément choquée par ses actes et on pouvait le voir sur son visage complètement terrifiée alors qu’elle le dévisageait en grimaçant, les yeux grand ouverts et larmoyants. Trop énervée, elle ne put se retenir d’avantage.

▬ Je n’arrive pas à croire tout ce que tu viens de faire. Tu es horrible.

Et Juniper se rendit compte qu’elle ne pouvait pas rester plus longtemps en face de Demeter car à cet instant, il provoquait en elle une douleur aigue et insupportable. Elle voulait s’éloigner de lui le plus tôt possible. Encore choquée, elle passa le bras de James autour de son cou afin de le soutenir et elle regagna l’enceinte du château sans un mot. Avant de partir elle accorda un ultime regard à Demeter où était exprimé tout son désarroi.

Au fond, Demeter ne savait pas pourquoi il faisait ça. Peut-être regretterait-il plus tard mais sa haine bouillonnante embrouillait tout semblant de bon sens. Il avait vu rouge quasiment au sens littéral du terme. Et que ce soit Argus, que ce soit Juniper en face, cela n’avait fait qu’empirer les choses car il était furieux de les voir se dresser contre lui et tout ce qu’il avait pu leur reprocher au cours de leurs longues années ensembles, jaillissait de lui comme un torrent acide et scabreux. Trop emporté par le violent effluve de sentiment qu’il éprouvait, sa vision s’était réduite au corps d’Argus et aux vives lueurs qui sifflaient près de ses oreilles. Il se débattait avec furie, presque avec désespoir et n’était animé d’aucune raison, s’étant contenté de frapper la première chose à sa portée. Il avait envie de faire mal, de vomir tout son dégoût et si cela devait se faire sur Argus et bien tant pis.
La voix de Juniper tonna alors soudainement dominant leurs échanges et Demeter s’arrêta au milieu de son geste, subitement, dévisageant sa cousine qui venait de s’interposer. Elle se tenait droite dans le vide les séparant et quelque chose alors le poussa à baisser son bras. Il s’exécuta avec lenteur, le souffle court et les yeux pleins de haine. Juniper arborait une expression complètement défaite. On y lisait tout son choc et toute sa déception puis surtout une pointe d’horreur alors qu’elle ne semblait plus le reconnaître. Cynique, Demeter pensa sur l’instant que cela était voué à arriver depuis longtemps de toute manière, mais il s’énerva d’avantage après qu’elle eut parlé :

- James n’est qu’un sale petit sang de bourbe et toi une immonde lèchebouse.

Il la fixa durement, puis ce fut au tour de James avant qu’il ne revienne à elle. Demeter cracha alors au sol, exprimant tout le dégoût qu’ils lui inspiraient et il les observa partir sans se défaire de son rictus jusqu’à ce que la crinière rousse de Pepper soit engloutie par l’horizon. Son départ l’affecta mais il ne remarqua pas et s’efforça de croire que c’était tant mieux. Qu’elle parte aussi si elle préférait Jams.
Encore bouleversé Demeter reporta son attention sur Argus. Ses lèvres frémirent comme pour exprimer quelque chose mais rien ne parvint à sortir alors il le dévisagea en silence. L’air était lourd. Sa gorge était serrée. Son estomac semblait se distordre. Tremblant de colère Demeter ne parvint plus à fixer Argus d’avantage et il eut le désir impérieux d’être seul. Son meilleur ami avait lui aussi préféré James et personne ne semblait vouloir le comprendre. Il aurait dû s’y attendre. D’un coup, il tourna les talons et s’en alla d’une démarche coupante, l’esprit en effervescence et vrombissant de pensés parasites qui s’entrechoquaient en un tourbillon coléreux.