"La Mascarade des Clowns" [ft Alice McOwell]

« On va tomber malade... » fut la réponse d'Alice.

Tu m'étonnes qu'on allait tomber malade, il commençait à faire froid, même pour un ours tel que moi. Et puis entre nous, c'était pas sérieux le coup du plongeon, mais peut-être qu'Alice n'avait pas compris le second degré. C'est ce qu'on dit non ? "Trop d'alcool tue le second degré"?
Elle s'écarta doucement et me proposa:

« On pourrait... Faire un vœu ? »

Instinctivement je regardai le ciel, à la recherche d'une quelconque étoile filante. Mais à ma grande déception il n'y en avait pas. J'avais toujours aimé les étoiles filantes, la symbolique, tout ça. Un truc qui a traversé tout l'espace pour venir mourir dans un monde de merde. Bien qu'une étoile filante était le plus souvent une caillasse, et que par conséquent elle mourrait pas vu qu'elle vivait pas, mais vous voyez le concept quoi.
Alice sortit son porte-feuille de son sac et me tendit une pièce que je refusai, comprenant enfin à quoi elle faisait allusion quand elle parlait de voeu. Ouais, j'allais pas lui gratter une pièce, je l'avais fait pleurer, et puis j'étais un gentleman, je ne pouvais pas accepter. Je sortis une piècette qui traînait dans ma poche et jetai un coup d'oeil à la dame de la soirée qui me dit:

« Autant vouloir de bonne chose maintenant, c'est une belle façon de... Garder espoir je suppose. »

Mmh garder espoir. L'espoir c'est la vie mon cul oui. Vous connaissez la légende de la boîte de Pandore? Bah n'oubliez pas qu'au fond de la boîte de Pandore y avait l'espoir. Le pire des maux selon moi. Espérer ça ne servait à rien, il fallait agir pour que les choses arrivent, ou laisser tomber, mais espérer non.
Je haussai les épaules en guise de réponse, et Alice sourit avant de fermer les yeux, cherchant certainement quoi souhaiter. Elle devait probablement penser à Cassidy. Bah, je ne lui en voulais pas, elle était encore jeune, elle ne comprenait pas bien toutes les ficelles de l'amour. L'avais-je déjà vu en couple? Pas de souvenir, ou alors les fois où c'était le cas je devais avoir trop fumé pour m'en rappeler.
Je refléchis moi aussi à mon voeu. Mmh, qu'est-ce que j'aurais pû demander? Un beau balai? J'aimais pas particulièrement le Quidditch. La Justice dans le monde? Pas assez personnel, et puis j'en faisais mon affaire personnelle de toute façon. Je me décidai finalement à souhaiter qu'Alice finisse cette soirée avec le sourire. C'était simple, efficace, et si je le disais je gratterais probablement quelques points auprès d'elle. Je ne m'étais toujours pas pardonné de l'avoir fait pleuré, et je ne me le pardonnerais probablement jamais.

Elle fit une pichenette à sa pièce et prononça son voeu:

« … Je veux un café. »

Je ricanai doucement. Je savais que c'était pas ça menteuse, mais pas grave, je ne lui en voulais pas. Elle se ferait à l'idée un jour.
Je jetai à mon tour la pièce dans la fontaine, un peu plus maladroitement, et répondit:

"Je veux qu'Alice finisse la soirée avec un sourire sincère."

Les deux pièces coulèrent vers le fond de la fontaine, prêtes à réaliser nos voeux. L'un était plus facile que l'autre, mais je comptais bien me charger des deux vœux.
Elle me sourit et enchaîna:

« On va en prendre un ? Histoire de garder la pêche. Parce que je sais pas pourquoi mais... J'ai sommeil là... »

Je souris en coin. La défonce probablement. La plupart du temps ça rendait amorphe, Alice s'en sortait bien de ce que je voyais, ça faisait plaisir. Elle bâilla - c'était mignon comme tout - alors que je rangeai ma bourse. Si un café elle voulait, un café elle aura.
J'entamai la marche, Alice à ma suite, lui proposant mon bras en guise d'appui, et je lui dis alors qu'on déambulait dans les jardins:

"Si tu sens que tu n'en peux vraiment plus on peut revenir ici et dormir. Promis j'essaierais de pas te violer dans ton sommeil."

Je lui fis un sourire malsain, mais que je savais qu'elle comprendrait. J'étais comme ça, les limites j'en avais pas, et Alice le savait. C'était sûrement pour mon attitude qu'Alice avait décidée de passer la soirée avec moi. Max la déconne était toujours là pour aider une amie à s'ambiancer dans une soirée de nobliaud.
Je ricanai néanmoins à ma propre blague, et enchaînai:

"Tu sais mon lynx, c'est pas la peine de te prendre la tête avec tes soucis. Tu te les crées tout seul ces soucis. Fais comme moi, agis à l'instinct. Envoie balader les hypothèses, et vis ta vie, même si elle est loin de Cassidy."

Il fallait bien que je parles de lui, lui aussi l'avait fait pleuré. Et je lui pardonnerais pas plus qu'à moi. A part peut être autour d'une bière, sait-on jamais.

« Non ça ira, je tiens vraiment à boire un café pour tenir la soirée. C'est trop tôt pour dormir et puis, la fatigue va passer avec l'effet je suppose. » me dit Alice avec son sourire en coin. Au moins elle avait de nouveau le sourire ça faisait plaisir, même très plaisir.

Néanmoins elle avait la bonne manière de procéder, et ça c'était bien. Boire du café c'était peut être le mieux quand on voulait survivre à une soirée avec moi. Je fis un rapide check up de moi même alors qu'on marchait. Ma foi j'avais l'air d'aller bien, mon taux de fatigue était raisonnable, je réussissais à pas trop tituber, et l'alcool évacuait doucement. Ah si, j'avais besoin d'aller vidanger tiens!
Alice répondt à ma précédente diatribe sur l'amour. Elle semblait se résigner à son sort:

« Tu as raison... Je dois avancer quoi qu'il arrive... De toute façon, ça ne marchera pas entre lui et moi. Je devrais arrêter de m'accrocher à lui. C'est malsain... Faut que je tourne la page. »

Je savais que c'était des paroles dures à encaisser, mais je savais aussi que c'était la meilleure chose à faire. C'était dur, certes, mais juste. Je caressai son épaule, compatissant, écoutant ce qu'elle avait à dire:

« Ça a fini avant d'avoir commencé. C'est peut-être mieux. Je vais suivre ton conseil... Il vaut mieux oublier.»

Je secouai la tête. On n'oubliait jamais, ça c'était peine perdue. Mais on pouvait vivre avec avec de plus en plus d'aisance, ça oui. Alice me dit alors que je venais de me rendre compte qu'on était à l'arrêt:

« Bon, on va le chercher ce café ? J'ai pas envie de tomber de sommeil à cause de ce joint. »

Je soupirai en faisant une mine faussement blasée et lui répondit:

"Cafféinomane va."

Mais je repris néanmoins la marche, lui offrant toujours mon bras en soutien alors que je devais avoir une démarche aussi chaloupée qu'elle. Le château d'Hiver apparraissait petit à petit dans notre champ de vision à mesure qu'on se rapprochait de la fin - ou plutôt du début - des jardins. Alice rigola doucement puis dit:

« [color=plum]J'espère juste que je vais vite oublier... Tu oublies vite toi ? [/color}»

Je fis une moue en guise de réponse. Moi oublier? Jamais. Je lui répondis:

"Je n'oublies jamais Alice. J'assimiles et je fais disparaître l'amour. Et en général ça met du temps oui: pour arrêter d'avoir cette boule au coeur, deux mois. Pour arrêter de penser constamment à elle, quatre cinq mois. En général, après c'est pas une science exacte, ça varie, mais chez moi c'est comme ça. Il faut essayer de rationnaliser au pire, de te dire que c'était une faiblesse passagère mais que c'est toujours rattrapable. Regarde moi, je me prends pas la tête et en contre partie on me prends pas la tête. Parfois ça me fait du tort mais parfois je pense bien agir en faisant comme ça.
L'essence de tout les maux c'est trop réfléchir, c'est pour ça que quand je suis en couple, j'agis à l'instinct. Je ne suis pas le genre de gars à t'assomer de cadeau, de "Oh mon coeur blabla" et tout ça. Je suis le genre de gars affectueux, mais sans être collant. Aux petits soins sans qu'on le remarque forcément. Mais surtout un mec qui se prends pas la tête. Rien que le mot "couple" tu regardes. Ou "amour". Y en a à qui ça fait tellement peur ces concepts. Bah pour ces gens là, je leur dis que ce n'est que des mots. Je sais pas, si je me sens bien avec une fille, qu'on se sent complet, qu'on s'embrasse et qu'on se caresse, bah en soit j'ai pas besoin qu'on me mette une étiquette de couple pour être heureux. J'ai même pas vraiment besoin de fidélité si tu veux mon avis, mais au moins d'honnêteté quand même. Et puis en général je suis pas le genre de type à courir plusieurs lièvre si tu vois ce que je veux dire. Mais je sais qu'il y en a elles peuvent pas s'en empêcher, donc je laisse faire tant qu'elle me dit les détails salaces.
Puis elles partent, comprenant que je suis insensible à leur manipulation du cerveau, que je ne me prends pas assez la tête. Ou alors elles partent parceque je ne suis pas une bonne personne, je sais pas..."

Je haussai les épaules. Putain j'en avais enchaîné des mots là, je devenais bavard. J'espèrais que ça dérangerait pas trop ma douce féline.

« J'évite juste les mecs qui ne pensent qu'au sexe, ou alors ceux qui pensent que je suis accessible facilement. J'ai pas eu beaucoup de relations, mais je m'en plains pas. » me répond-elle en reprenant la marche.

Tiens donc, je ne m'attendais pas à ce qu'Alice soit une frigide. Non, en vrai je la comprenais, c'était comme ça que pensaient la plupart des filles normales. C'est à dire aucune de celles avec qui je suis sorti. Je n'avais jamais eu la chance de sortir avec une intello, ou ne serait-ce qu'une fille banale. Je devais toujours me retrouver avec une skin head qui tapes aussi fort que moi ou une hippie qui fumes plus que moi.
Je haussai les épaules en lui disant cependant:

"Tu sais, y a pas de mal à se faire du bien selon moi. Ca veut pas dire qu'on doit offrir son boule à tout le monde, mais qu'on doit pas être frigide."

Je soufflai du nez, amusé. Alice grimaça et me résuma:

« Ça va me prendre du temps en gros quoi. »

Je haussai à nouveau les épaules alors qu'on rentrait dans le château. Certainement que ça lui prendrait du temps, j'étais sûr qu'Alice était une sentimentale au fond d'elle.
Alors qu'on montait les marches pour arriver dans la salle de bal, Alice me dit en se tournant vers moi:

« J'espère qu'ils ont du café, j'ai besoin de distractions. Tu crois qu'ils en font ici ?»

Je regardai rapidement dans la salle pour vérifier, mais je ne vis rien de semblable à du café. Je lui répondis:

"Je ne pense pas qu'ils en servent maintenant, mais on peut toujours demander à un serveur. Pssst, excusez-moi !"

Je tapotai l'épaule d'un serveur qui discutait avec un des invités, que je ne reconnus pas. Le serveur se retourna et me jeta un drôle de regard. Probablement avait-il été mis au courant de ma tentative de kidnapping d'Alice. Enfin, de ma tentative d'évasion plutôt. Je lui demandai:

"Vous pourriez apporter un café à madame quand vous aurez le temps? Elle souhaite rester éveillée."

Il acquiesça en pliant légèrement l'échine avant de revenir à sa discussion. J'emmenai Alice un peu à l'écart, devant l'un des murs du hall, et je m'y posai, jambe recourbée et bras croisés.
Je jetai un coup d'oeil à Alice. Elle me semblait aller relativement bien, je l'espérais en tout cas. Je lui demandai:

"En vrai Alice tu as relevée quelque chose d'intéressant tout à l'heure. Quand comptez vous me faire passer votre sorte de "test" vous autres les téméraires?"

Eh oui, bien que ça ne faisait pas partie de mes objectifs principaux, j'aurais bien aimé rentrer chez les téméraires. J'étais relativement apprécié, sinon respecté, chez eux, notamment parceque je connaissais Alice mais pas que. N'est pas Max qui veut après tout.

Alice me sourit en me répondant:

« Je vais voir pour te faire passer les teste bientôt. Tu seras un Téméraire aussi, ne t'en fais pas. Tu vas t'y plaire, les gens de ce club sont géniaux. »

Je lui répondis par un sourire de la même teneur. Je ne m'inquiétais pas, je penses avoir déjà démontré mes talents de casseur rebelle, plusieurs fois. Et puis je connaissais certains membres des Téméraires, et toujours en bon terme.
Le serveur arriva alors qu'Alice me faisait un clin d'oeil complice. Il apportait un café chantilly, et je ne pus que m'incliner devant la qualité du service. Y avait du bon dans ses soirées de nobliauds en réfléchissant bien.

« Tu es là depuis plus longtemps que moi, pourquoi tu n'a pas fait une demande avant ? » me demanda Alice.
Je haussai les épaules et lui répondit:

"Bah écoutes je suis pas le genre de type à m'imposer, et puis tu me connais, je veux pas être le centre de l'attention après avoir fait explosé le château pour réussir le test."

Je lui fis un clin d'oeil à mon tour et un sourire amical. Alice, quant à elle, semblait savourer son café à la chantilly:

« Bon sang c'est excellent dis donc ! »

J'hésitai à lui piquer son café pour goûter, mais je me retins. J'étais un enfoiré, mais je demeurais un gentleman quand même. Je me contentai donc de hausser les épaules, comme souvent en y réfléchissant bien.
Alice me coupa dans ma réflexion avec son petit rire qui semblait jaune:

« Après mon café, je vais aller me reposer. J'ai besoin de... De me poser. De mettre mes idées au clair. Je pense que le café ne va pas vraiment m'aider à tenir la soirée, je vais dormir un peu... Une heure, ça devrait suffire je pense. »

Je fis une petite moue. Alice était déjà fatiguée? Ce qui me poussait à finir la soirée seul, car je savais comment étaient les perosnnes qui partaient des soirées en plein milieu. Alice reviendrait sûrement, mais le lendemain, quand la soirée aura été consumée.
Je lui répondis simplement:

"Alice, si t'as besoin de te poser, fais donc. Sache que je suis là si jamais tu as besoin de quelque chose, que ça soit de compagnie ou d'aide."

Je lui tapotai l'épaule instinctivement et lui fis un sourire bienveillant. Bah ouais, j'allais pas lui dire de rester contre son gré. Elle me répondit:

« Désolée de te laisser comme ça... Mais je pense que ça me fera du bien. »

Je secouai vivement ma tête de gauche à droite en lui disant rapidement:

"Non non non non non ! Ca me dérange pas t'inquiètes, je vais aller voir comment vont les autres, repose toi et reviens si le coeur t'en dis, sinon repose toi."

Je m'approchai d'elle pour lui faire un baisemain et m'inclinai légèrement. Gentleman jusqu'au bout les cocos.